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n°
9
13
avril 1996
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Item 58 / Éditorial
1 - Question
Faut-il préparer les Rencontres ?
2 - Saturation
La question n’a jamais été posée : la réponse allait de soi. La préparation
du thème de la Rencontre domine actuellement, au moins un an sur deux,
l’activité d’enseignement et de publication des Écoles. Un seuil a-t-il été
atteint ? Il me revient de tous côtés que la préparation à laquelle a donné
prétexte le thème de l’interprétation, atteint partout un niveau de
saturation. C’est au point que le moment de la Rencontre paraît désormais
excédentaire, superfétatoire. Faut-il attendre que le phénomène prenne
encore plus d’ampleur ? Barcelone 98 en pâtirait. Si ce tableau est exact -
est-il exact ? -, il faut agir maintenant.
3 - Réussite
Pourquoi la question ne s’est-elle jamais posée jusqu’alors ?
Faisons retour sur l’histoire. Les Rencontres sont nées il y a quinze ans. À
cette époque, l’impératif était d’assurer au Champ freudien une formation
théorique de base. Les Rencontres furent inscrites dans cette stratégie. La
situation est très différente aujourd’hui : cette stratégie a réussi ; les
textes fondamentaux sont connus, lus, décortiqués ; dans mon effort pour élucider
les principes de l’enseignement de Lacan et mettre au jour la matrice de ses
transformations, j’ai été écouté, suivi ; les enseignants qualifiés se
sont multipliés ; le public est maintenant cultivé.
4 - Conséquence
Cessons de préparer les Rencontres - voilà la conséquence que je suis
amené à examiner. Cela veut dire : proscrire dans les Écoles l’étude préalable
systématique du thème de la Rencontre, les enseignements, les publications,
qui le galvaudent à l’avance, le défraîchissent prématurément.
L’attente n’en sera que plus grande, la surprise aura ses chances.
Voilà au moins comment on pourrait concevoir Barcelone 98, sans préjuger
de la Rencontre suivante.
5 - Moyen
Un moyen bien simple d’obtenir cet effet serait de ne faire connaître
le thème de la Rencontre 98 qu’en janvier de la même année.
6 - Objection
Il faut bien peser les effets de cette mesure. Ils ne peuvent être tous
positifs. C’est par un effort de dix ans que le temps de préparation a pu être étendu à deux années pleines ; le “ volume de
la Rencontre ”, dont la formule a été plusieurs fois modifiée, est une
production importante du Champ freudien ; la préparation de la Rencontre donne
dans chaque École une existence manifeste, publique, permanente, au Champ
freudien et à l’AMP comme une ; faut-il sacrifier ça à un sentiment de
trop-plein qui peut n’être que passager ?
7 - Discussion
Rien n’oblige à sacrifier la synchronisation du travail des Écoles :
il suffit de proposer chaque année un thème commun, répercuté à sa manière
par chacune des Écoles, le thème de la Rencontre restant à part, venant en
plus. Quant au volume, au lieu de venir avant la Rencontre, il pourrait venir
après, ou être déconnecté de celle-ci. Si le thème est connu six mois avant
la Rencontre, il en restera trois pour rédiger une intervention : n’est-ce
pas suffisant ?
8 - Consultation
Qu’en pensez-vous ? Je pose la question aux destinataires de cette Dépêche,
et attends les réponses de chacun, voire ses questions. Je ne demande pas mieux
que de changer d’avis, en fonction des informations, des arguments, des
propositions, que vous apporterez, et dont je ferai volontiers un résumé dans
la prochaine Dépêche. Je précise que je ne saisis pas officiellement
les Conseils en tant que tels, mais que je m’adresse à chacun de ceux qui
lisent cette Dépêche. L’importance de ce débat ne leur échappera
pas. Je sais sa difficulté. — Jacques-Alain Miller, 11-04-96
PS — Je demande aux Conseils de communiquer cet éditorial
aux Directoires, dont j’aimerais que les membres, à titre individuel,
prennent parts également à cette réflexion.
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Item 59 / Rappel de la composition du Conseil
Le Conseil de l’Association est actuellement composé de huit membres,
dont la moitié, entrée en 1992, permutera cette année à l’issue de
l’Assemblée générale, tandis que l’autre, entrée en 1994, demeure en
fonction jusqu’en 1998.
Les entrants de cette année ont été désignés par les Conseils des Écoles,
qui sont maintenant au nombre de cinq. Le Conseil 1998-2000 comprendra donc neuf
membres.
Membres du Conseil
1992-94 :
Chamorro
Jorge, Clastres Guy, Laurent Éric, Miller Jacques-Alain
1992-96 :
Basz
Samuel, Kizer Manuel, Leguil François, Salinas-Rosés
Joan
1994-98 :
Di Ciaccia Antonio,
Forbes Jorge, Indart Juan-Carlos, Silvestre
Danièle
1996-2000 :
Cevasco
Rithée, Horne Bernardino, Klotz
Jean-Pierre, Leon Vivas Eduardo, Sawicke
Oscar
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Item 60 / Rendez-vous de Buenos Aires
Joan Salinas-Roses, Secrétaire
du Conseil AMP, a communiqué aux membres de celui-ci le calendrier des réunions
AMP prévues à Buenos Aires, en fonction des décisions prises à Rio de
Janeiro l’an dernier, et de sa correspondance avec moi. Le lieu de toutes ces
réunions est l’Hôtel Sheraton.
- Réunion A - Mercredi 17 juillet à 10h.
Réunion des Conseils des cinq Écoles avec le Conseil
AMP. La convocation a été envoyée ; les Présidents des Écoles ont reçu
l’annonce, et ont convoqué les membres de leurs Conseils respectifs.
- Réunion B - Vendredi 19 juillet, au début de l’après-midi.
Réunion du Conseil AMP. Il est entendu avec Ricardo
Seldes et la Commission d’organisation qu’aucun des participants à cette réunion
n’aura à prendre part cette après-midi aux activités de la Rencontre.
- Assemblée générale AMP - Lundi 22 juillet.
Accueil à 14h30. Début à 15h.
- Réunion C - Lundi 22 juillet, après l’Assemblée.
Réunion du Conseil AMP, dans sa nouvelle composition
après permutation.
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Item 61 / Échos
EOL
- J’ai indiqué au Conseil de l’École, sur sa demande, que la qualité
de membre d’une ACF pouvait être considérée comme équivalente à celle de
membre associé de l’EOL.
EEP
- Le second numéro de la revue “Mental” est paru. Une Journée
“santé mentale” s’est tenue à Venise.
EBP
- À l’occasion de son prochain voyage au Brésil, François Leguil se
réunira avec le cartel chargé de l’entrée
par la passe, et
participera au “ Relevé de
conclusions ” qui me sera adressé.
- J’ai répondu à un membre de l’École qui m’interrogeait : “
En règle générale, un membre de l’EBP fait la passe à l’EBP. Par
exception, et pour des raisons précises à détailler, un membre de l’EBP
peut demander à ne pas faire la passe à l’EBP, mais dans une autre École.
En ce cas, il écrit au délégué général, qui avise. ” Je précise ce que
veut dire “ aviser ” : ou bien je fais barrage, ou bien je transmets la
demande au Secrétariat de la passe de l’autre École, qui avise à son tour.
EOL, EBP
- J’ai été amené à indiquer ceci : en temps normal, il n’y a pas
lieu qu’une Section d’une École prenne directement contact avec le Conseil
de l’AMP ou avec le délégué général. Bien entendu, je suis toujours
disposé à répondre à des questions et à discuter des projets dans le cadre
du Champ freudien. Mais les interlocuteurs naturels d’une Section, ce sont le
Conseil et le Directoire de l’École dont elle est Section.
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Item 62 / Diffusion de “ La Dépêche ” aux Écoles
La diffusion de “ La Dépêche ” aux membres du Conseil de l’EBP
est assurée le même jour par Jorge Forbes. Graciela Brodsky traduit le numéro
en espagnol aussitôt qu’elle le reçoit, veille à sa diffusion dans l’EOL,
et le fait parvenir au Président de l’ECFC, actuellement Ronald Portillo, qui
le diffuse sur l’heure aux membres du Conseil de l’ECFC.
Je me chargeais jusqu’à présent de l’envoi par courrier aux membres
des Conseils ECF et EEP : Dominique Miller pour la première École, Luis Solano
pour la seconde, prendront maintenant le relais, ce dont je les remercie.
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n°
10
10
mai 1996
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Item 63 / Éditorial
L'Éditorial du numéro précédent a suscité des réponses, que j'ai
lues et relues, par dessus et par dessous, à l'endroit et à l'envers. On
trouvera le produit de cette lecture dans l'item 65 de ce numéro. Le débat se
poursuivra de vive-voix à Buenos Aires. — Jacques-Alain Miller, 10-05-96
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Item 64 / Rappel de la composition du Bureau
Le Bureau 1994-96 comprend deux Secrétaires, M. Bassols et É. Laurent,
et une Trésorière, C. Soler. Des collègues ont été chargés de mission spécifique
: J. Chamorro prépare un rapport à l’Assemblée générale, sur “ État et
société ” ; G. Clastres a été en mission au Brésil ; J.C. Indart et D.
Bleger en Bolivie ; Le n° 1 de la Newsletter a été confié pour sa réalisation
à L. Rodriguez ; ont participé à la rédaction : M. Bassols, S. Basz, J.
Forbes, L. Luongo, C. Soler, désignés par les Conseils.
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Item 65 / Débat dans l'AMP, par J.-A. Miller
À la date du 6 mai, j’avais reçu 25 réponses, toutes par fax. Au
mois d’avril :
15 — F. Leguil (ECF) ; J. Gerbase (EBP)
16 — D. Miller (ECF) ; O. Sawicke ((EOL)
17 — A. Quinet (EBP)
19 — S. Szwarc (EOL) ; ML Solimano (EOL) ; F. Grasser (ECF)
21 — J. Chamorro (EOL)
22 — A. Roldan (EEP)
23 — R. Nepomiachi (EOL) ; J.C. Indart (EOL)
24 — E. Sinatra (EOL)
26 — S. Basz (EOL)
29 — R. Seldes (EOL) ; F.
Nemirovsky (EOL) ; C. Soler (ECF)
30 — B. Novotny (EOL)
Au mois de mai :
1 — R. Portillo (ECFC)
2 — G. Garcia (EOL) ; S.
Geller (EOL)
3 — B. Udenio (EOL) ; A.
Stevens (ECF)
4 — L. Gorostiza (EOL)
5 — C. Chouraqui-Sepel
(ECF)
*
Première surprise : quel que soit le diagnostic (saturation : oui ;
saturation : non), la conclusion est à peu près identique : préparation :
bien sûr ; resserrée : pourquoi pas ? Ceux qui admettent le phénomène de la
saturation, ou même renchérissent sur sa description, n’en concluent pas,
pour la plupart, à la suppression de la préparation ; ceux qui nient le phénomène
n’en admettent pas moins que le raccourcissement peut être bienvenu. La
valeur de vérité de la conclusion pragmatique semble indifférente à celle de
la prémisse diagnostique : la même conclusion est toujours impliquée.
Seconde notation : la position prise concernant la publication est
relativement indépendante des positions concernant la saturation et la préparation.
Troisième remarque : l’implication des responsables de l’EOL dans la
consultation.
Dernier point : ces 25 réponses se lisent très bien à la suite, il y a
beaucoup d’allant et de verve, et quelques véritables études ; l’ensemble
contient de quoi faire avancer la réflexion. Je répondrai au travail par le
travail, et ferai dialoguer les réponses entre elles et avec moi.
*
Je commencerai par la question de la saturation, et par les positions
non-EOL à ce sujet, car elles sont, dans l’ensemble, plus tranchées que
celles des collègues argentins.
Comment apprécie-t-on la question en France et Belgique francophone ?
Sur les 6 réponses parvenues, 4 admettent le fait comme d’évidence, une le
met en doute, une ne se prononce pas nettement.
François Leguil se dit “ complètement accordé ” aux quatre
premiers paragraphes de mon éditorial ; Dominique Miller écrit : “ C’est
vrai, nous saturons ” ; Fabien Grasser précise qu’il y a “ une extension
de la saturation ”, et indique que “ partout dans l’ACF, on ne travaille
parfois plus que sur ce thème, et même dans les cartels ” ; Colette
Chouraqui-Sepel abonde dans le sens de la saturation : “ Oui, trop c’est
trop ! En témoigne la désaffectation générale des soirées du Mercredi soir
(sauf cas exceptionnel(s)), l’assistance y est clairsemée et les membres de
l’École présents s’y comptent sur les doigts des deux mains. Ce n’était
pas le cas l’an dernier, ces soirées avaient retrouvé un nouveau souffle,
sans doute du fait de la “fraîcheur” du thème et de la série
d’interventions de Serge Cottet ”. Les remarques de Colette Soler vont au
contraire dans le sens de mettre en doute le fait de la saturation : “ Les
plus moroses, dit-elle, sont plutôt du côté des vieux habitués des
Rencontres ”. Alexandre Stevens, depuis Bruxelles, formule un principe général
: “ à trop préparer, nous risquons de ne plus laisser surgir aucun moment
fort, aucune trouvaille, aucune surprise, ou alors aucun auditeur assez éveillé
pour l’entendre ”.
De Bahia, Jairo Gerbase ne ressent pas de saturation (“ Je ne pense
pas, écrit-il, que le thème de l’interprétation atteigne un niveau de
saturation ”) alors que, de Caracas, Ronald Portillo va en sens contraire :
“ le modèle de préparation des Rencontres a progressivement atteint un
niveau de saturation ”. Antonio Quinet, quant à lui, depuis Rio, ne se
prononce pas sur la saturation : il considère comme “ très stimulante pour
le travail ” l’abondance des publications sur l’interprétation, tout en
notant que, de ce fait, “ on attend moins de la Rencontre comme événement thématique
”. Enfin, de Madrid, Arturo Roldan sans se prononcer directement sur la
saturation, considère qu’il faut rechercher des moyens de l’éviter.
*
“ Le danger, ce serait la dispersion ”, écrit Silvia Szwarc. Et, en
effet, le souci principal qui se fait jour dans les réponses en provenance
d’Argentine (toutes, sauf une, de Buenos Aires) ne concerne pas tant la
saturation que la dispersion.
L’essentiel pour les responsables argentins, c'est que les Écoles
restent arrimées à l’AMP, coordonnées entre elles, et participent d’une même
impulsion. C’est ainsi que l’on observe dans nombre de contributions une même
dialectique : 1) saturation : oui, sans doute, peut-être, si l’on veut ; 2)
mais surtout, préservons l’unité, notre convergence.
Maria Leonor Solimano n’admet la saturation que pour insister aussitôt
sur le caractère “ imprescindible ” de la coordination inter-Écoles. Jorge
Chamorro, qui dit le contraire de Maria Leonor sur la saturation (“Je ne suis
pas d’accord que l’on ait atteint un niveau de saturation sur le thème de
l’interprétation”), insiste aussi bien qu’elle sur l’importance de
travailler ensemble “ notre orientation lacanienne ”. Le même mouvement se
retrouve chez Ernesto Sinatra : tout en reconnaissant qu’“ il se pourrait
qu’existe une saturation ” étant donné que “ presque toute la production
paraît tourner autour des Rencontres ”, il insiste sur la Rencontre comme
moyen de “ faire passer la ligne ” (bajar linea) de l’orientation
lacanienne. Ricardo Seldes admet lui aussi qu’“ il y a un sentiment de
saturation qui se focalise dans le moment antérieur à la Rencontre, dans sa préparation
”, mais la relativise : “ L’École ne consacre que quelques-unes de ses
activités seulement au thème de la Rencontre ” ; lorsque le volume est paru,
“ un nouvel enthousiasme ” est apparu, et la saturation s’est “ évanouie
”. Même dialectique chez Frida Nemirovsky : la préparation pourrait se faire
“ peut-être de façon moins standardisée, en s’en remettant davantage à
la recherche de chacun ou bien des groupes qui s’organisent ”, mais il faut,
à côté d’“ un thème ample, intéressant beaucoup de monde ”, un autre
thème, “ ordenador ”, “ qui ordonne le travail, et permette aux Écoles
de converger sur les questions de doctrine ”.
Le raisonnement de Leonardo Gorostiza n’est pas différent quand il se
demande si “ “le sentiment de saturation” est justifié ”, et s’inquiète
de ce que l’activité des Écoles puisse en venir à se dérouler “ sans
orientation thématique de l’AMP ” : “ le risque serait de précipiter une
sorte de dispersion non orientée ”.
Sur le thème de la saturation, les opinions diffèrent parfois du tout
au tout. Pour Beatriz Udenio, “ il est certain et vérifiable qu’un grand
nombre de personnes arrivent à la Rencontre avec une sensation de saturation
”, que “ beaucoup ne veulent plus rien savoir de la question de l’interprétation
”, que “ le moteur a cramé ”. Au contraire, Silvia Geller récuse
franchement l’importance du phénomène : “ je ne crois pas que la
saturation constitue un argument suffisant dans ce cas. Je crois que ce n’est
souvent que le nom donné aux obstacles qui se présentent à chacun en relation
au thème de la Rencontre ”. Baby Novotny a une position plus nuancée, plus
cordobaise : elle admet que la préparation est “ peut-être aujourd’hui un
peu ritualisée ” sans croire pour autant que “ nous ayons atteint un seuil
”. Quant à Juanqui, s'il nie la saturation du thème, il en décrit une
autre, qui lui paraît plus avérée et plus fondamentale. German Garcia
pourrait mettre tout le monde d’accord quand il note avec sagesse que : “
entre la saturation — déjà le mot circule — et la surprise, il existe une
gamme fort étendue ”.
D’autres collègues enfin laissent purement et simplement de côté le
thème de la saturation pour souligner l’importance du Un que représente
la Rencontre pour les Écoles : c’est l’accent principal de la réponse
d’Oscar Sawicke, qui voit dans la Rencontre aussi bien “ le lien où chaque
École présente les répercussions en chacune d’elle d’un thème commun à
tous ”, qu’une “ caisse de résonance pour les questions particulières à
chaque région ” ; Ricardo Nepomiachi souligne surtout que “ avoir réussi
à être d’une École du Champ freudien est la réalisation d’un vœu ” ;
Samuel Basz démontre pour sa part la nécessité d’un thème commun, et
d’une instance unique pour confronter les résultats.
En résumé, il est frappant de constater que les contributions
argentines, qui expriment pour la plupart des opinions diverses et nuancées sur
la saturation, se retrouvent sur la nécessité de la préparation, tout en
admettant qu'elle puisse être à rénover.
*
Je ferai une petite pause dans ma lecture, pour remarquer que l’on
avancerait dans la discussion en distinguant ce qui est actuellement en question
et ce qui ne l’est pas.
- Ne sont pas en question : l’existence des Rencontres
internationales, leur périodicité, leur caractère de retrouvailles des cinq
Écoles, et ce, d’autant moins que désormais leurs membres sont membres
d’une même association, l’AMP, qui tient tous les deux ans son Assemblée générale
statutaire ; l’existence du volume paraissant à l’occasion de la Rencontre.
- Sont en question : la préparation des Rencontres, sa durée,
son ampleur, son style, l’articulation préparation-Rencontre : y a-t-il
saturation, et, si oui, à quoi est-elle due, et comment y remédier ? ; le bon
usage du volume : quand le préparer ? quand l’éditer ? quel contenu lui
donner ? ; plusieurs collègues mettent en discussion le déroulement même des
Rencontres, et émettent des idées à ce propos.
Donc, trois questions : la préparation ; le volume ; le déroulement. Je
commence par la dernière, parce que je ne l’avais pas mise moi-même en
discussion.
*
Je n’avais pas mis en débat le schéma du déroulement même de la
Rencontre, pour deux raisons : la première, c’est que j’avais déjà mis à
l’étude la possibilité matérielle de distinguer Congrès réservé à
l’AMP/Rencontre ouverte au public ; la seconde, c’est que le déroulement me
paraissait devoir être repensé à chaque Rencontre.
Néanmoins, deux idée me semblent à retenir.
- Antonio Quinet distingue la “Rencontre-prétexte” (au travail de
recherche sur un thème) et la “Rencontre-événement” (le rendez-vous tous
les deux ans). Souhaitant ne rien perdre des bénéfices de la première tout en
restituant à la seconde “l’impact de la surprise”, il propose de recevoir
des travaux individuels, hors du thème général, et de leur donner “ une
large place ”, à côté des travaux sur le thème. Par ailleurs, les rapports
des Écoles seraient “ discutés inter-Écoles ”. Dans le même sens, Arturo
Roldan évoque la possibilité d’ouvrir un espace pour les “ interventions
personnelles ”, à condition qu’il s’agisse de “ travaux rigoureux,
produits d’une recherche ”.
C’est, à mon avis, une idée simple, élégante, pratique. Elle est
aussi équivoque : tout dépendrait du tact de la sélection. Et surtout : selon
l’accent que l’on mettrait à promouvoir cette rubrique “ thèmes libres
”, on pourrait avoir 10 ou 100 travaux. En tous les cas, c’est à garder en
mémoire comme possibilité pour Barcelone.
- Samuel Basz définit “ une communauté ” qu’il appelle “ épistémique
”, à savoir qui “ admet une reconstruction rationnelle permanente et
consensuelle, des principes qui justifient sa pratique ”. Il en déduit la nécessité
d’un thème commun, de la Rencontre, du volume, c’est-à-dire de ce qui
existe déjà, mais il ajoute : “ un rapport par École ”, et “ il se
forme pour chaque rapport des équipes de discutants appartenant à chacune des
autres Écoles, et qui, dans les séances plénières, discutent avec les
rapporteurs ” ; il prévoit ainsi, puisqu’il y a 5 Écoles, 5 plénières :
le rapport de l’École 1 est présenté, et les discutants des Écoles 2, 3, 4
et 5, le discutent ; etc. Le volume serait fait des 5 rapports d’École. La
proposition d'Indart est voisine : 5 rapports d'Écoles ; le Conseil AMP choisit
pour chacun l'École qui le discutera ; cette École choisit son équipe de
discutants.
L’idée met en œuvre le concept d’une “ Rencontre des Écoles ”
sous la forme d’une sorte de “ Tournoi des Écoles ”. N'est-ce pas aussi
bien ce qui fait comprendre le surgissement, à côté de la prochaine
Rencontre, d’un match de football ? Dès lors que chacun est muni d’une
identification solide en tant que membre de l’École X, “ réalisation
d’un vœu ”, comme dit Nepomiachi, il peut se mesurer avec les autres de l'École
Y. Il y a certainement là un dynamisme à exploiter, avec mesure.
On touche à une question essentielle qui ne se posait pas jusqu’ici,
et avec laquelle nous entrons dans la nouvelle époque : devons-nous participer
à la Rencontre en tant que “ membres de l’École X ” qui n’est pas l’École
Y, ou plutôt en tant que nous sommes tous membres de la même AMP ? Est-ce les
Écoles qui viendront “ una por una ”, ou est-ce les membres “ uno por uno
” ? Quel est le trait, le Zug, qui prévaudra ?
Je sais bien que l’on répondra : “ Ce n’est pas incompatible ; au
contraire, c’est dialectiquement lié ; il y a entre les deux, comme le dit
German Garcia à un autre propos, "une gamme fort étendue" ”. Sans
doute. Il n’empêche que ce sont deux termes bien distincts. Dire qu'ils sont
solidaires, c'est dire qu’il faut les articuler de façon fine, mais pour ce
faire, il faut savoir lequel des deux devrait l’emporter sur l’autre.
*
Considérons ensemble l'idée Quinet-Roldan et l'idée Basz-Indart.
L’idée des “ thèmes libres ”, avec ses effets démassifiants, n’est
pas du tout incompatible avec l’idée des “ rapports d’École ”,
où l’on arrive à la Rencontre sous le drapeau de son École ; on peut même
dire qu’elles se complètent, et d'ailleurs, les deux figurent souvent côte
à côte.
Il est certain que, à l'avenir, les Rencontres s’appuieront bien
davantage sur les Écoles. En particulier, il est prévu depuis deux ans que les
inscriptions pour Barcelone passeront en priorité par les Directoires.
Remettre les rapports aux mains des Écoles et en composer le volume
irait dans le même sens. Inversement, plusieurs réponses envisagent la
parution du volume après la Rencontre comme des Actes, avec sélection des
travaux présentés. Et très logiquement, des collègues, dont Indart,
combinant les deux notions, sont conduits à envisager deux publications
: l’une avant, celle des rapports d’École ; l’autre après, avec la sélection
des travaux individuels. En revanche, Arturo Roldan, lui, propose de “
desvincular ” la rédaction du volume et les Écoles.
À mes yeux, ce qui se cherche ainsi, sans se trouver encore, c’est la
formule d’un équilibre entre le “ un par un ” des membres et le “ une
par une ” des Écoles. C'est ainsi que German Garcia propose de laisser
s'exprimer dans la Rencontre “ l'extension dans sa variété ”, et
d'y répondre par des tables rondes en séance plénière sur un thème “ ordinal
”.
*
J'insère ici quelques réflexions sur la saturation
J’admets parfaitement que l’on relativise la portée de ce sentiment,
comme le fait Seldes, que l’on
soupçonne le caractère déplacé de cet affect (Silvia Geller), qu’on le réserve
aux vieux de la vieille (Colette Soler), qu’on s’en déclare personnellement
immune (Jairo Gerbase). Je suis moi aussi attaché à la convergence des travaux
au sein de l’AMP, comme y insistent les collègues argentins. Je veux bien que
le seuil de tolérance ne soit pas encore atteint (Baby).
Je retiens aussi le dit de German, qui m'agrée, sur toute la gamme qui
s’étend entre saturation et surprise. J’y joins des notations cueillies
dans les fax de Frida (“ la surprise n’a pas à être dans le thème, mais
dans le produit ”) et de Baby (“ tout n’a pas à être trouvaille et
surprise ”), qui relativisent la valeur de la surprise. Le culte de la tuké
aurait des conséquences fâcheuses pour l’organisation : il la détruirait,
tout simplement.
Nous en sommes loin, reconnaissons-le. Ce qu’il ne faudrait pas,
c’est que le culte exclusif de l’automate étouffe toute possibilité de
chance hasardeuse, alors que, dans la cure, l’automate analytique est
justement fait pour la favoriser. Un passage frappant du fax d’Alexandre
Stevens décrit bien le phénomène : “ J’ai assisté il y a quelques années
avec H. Wachsberger à un colloque sur Ferenczi organisé par des gens proches
de l’IPA. Il y avait certes des moments intéressants, mais toute trouvaille
possible était érodée par un académisme endormant. Nous ne risquons pas
d’en arriver là pour l’instant, mais l’hypothèse doit déjà être
envisagée comme vous le faites ”.
Je ne crois pas que les réserves, interprétations, doutes, exprimés
plus haut, sur l’affect de saturation, disqualifient les descriptions de
Fabien Grasser, Colette Chouraqui-Sepel ou Beatriz Udenio, par exemple, qui ont
pour moi un accent de vérité. C'est aussi bien le cas de la vivante
description d'Indart, quand il souligne le caractère saturant du discours “
éducatif ” à la française, et singulièrement du mien. Je vais jusqu'à
interpréter dans ce sens la discrétion de la plupart des réponses argentines
concernant la saturation : insister sur les affects de saturation risquerait de
provoquer un découplage avec Paris, voire la désorientation thématique dont
parle Gorostiza.
Sans doute la saturation est-elle loin de menacer l'Italie,
traditionnellement moins impliquée dans les Rencontres, ni l'Espagne, unité un
peu fictive qu'il faudrait étudier Section par Section. Quant au Brésil, l'École
y est encore jeune, et, là aussi, il faut regarder Section par Section.
*
Peut-on aller beaucoup plus loin sur la question de la saturation ?
- Les collègues qui nient le fait, ou l'importance du fait, admettront
que, pour nombre de collègues, la question se pose.
- Ceux qui ressentent vivement la saturation seront sensibles au souci
prioritaire qui anime d'autres collègues, de préserver et renforcer le lien de
travail inter-Écoles au sein de l'AMP.
Il apparaît aussi que la question ne se pose pas de la même façon pour
la paire ECF-EOL, et pour chacune des trois autres Écoles.
Tout semble affaire de mesure. Les Conseils et Directoires sont désormais
alertés. À eux d'apprécier s’ils doivent accroître la préparation, la
maintenir à son niveau actuel, ou réduire sa durée ou son ampleur. Pour
autant qu’ils y puissent quelque chose : les membres sont libres de faire
comme ils l’entendent dans une “ gamme fort étendue ” d’activités.
*
J'en étais à ce point de mon commentaire quand j'ai fait lire ce qui précède
à Judith Miller, qui m'a remis en réponse le texte que je reproduis ci-dessous
:
Il faut tenir compte du fait que la question de la saturation s'inscrit
dans une logique.
Le Champ freudien est un réseau, par opposition à une construction
pyramidale. L'AMP est aussi un réseau, mais d'Écoles, non plus de groupes. La
question de la saturation intervient au moment où émerge l’AMP, c'est-à-dire
où la préparation est prise en main par des Écoles, organismes beaucoup plus
puissants que les anciens groupes.
L'ECF existait déjà comme École. Mais elle est devenue un organisme
différent comme ECF-ACF.
À mon avis, l'ensemble ECF-ACF ne perçoit vraiment ce qu'est le Champ
freudien que depuis deux ans, c'est-à-dire depuis qu’a été mise en chantier
la préparation du thème de la Rencontre internationale .
C'est ce que traduit le nombre des inscrits français à la IXe
Rencontre : 130, c'est-à-dire le double des VIIe (Caracas, 1992) et
Ve (Buenos Aires, 1988) RI. Je considère que ce nombre signe la
connaissance par l’ECF-ACF de l’existence de l’ensemble du Champ freudien
dont elle fait partie. L'existence des Journées sur l'interprétation (“ Vous
ne dîtes rien ”) n'a pas du tout nui à l'inscription à la Rencontre, elle
l'a favorisée.
Je ne peux prévoir quels seront les effets de la préparation jusqu’à
“ saturation ” lors de la tenue de la IXe Rencontre,
mais je peux dire que, en France, même ceux qui n’y seront pas s’en
tiennent partie prenante pour la première fois.
Pour la Xe Rencontre (Barcelone), cette mobilisation me semble
indispensable. Il faut l’obtenir, et, pour cela, maintenir une préparation
qui ne fait que commencer à entrer dans les mœurs.
Cette préparation est à mesurer, de sorte qu’elle n’envahisse pas
tout le programme d’enseignement et d’études, mais l’idée de cartels sur
le thème de la Rencontre me semble très justifiée.
La préparation risque-t-elle de grever l’effet de surprise qui ne doit
pas manquer dans une Rencontre ? La surprise n’est pas le spontané, elle est
l’imprévu accueilli. La préparation en rend possible le repérage, et les
restructurations qu’elle requiert.
Je pourrais développer les raisons différentes qui justifient le
travail de préparation par chacune des autres Écoles.
Chaque École ne peut discuter avec les autres que si elles ont travaillé
sur le même thème. Et chaque École doit entendre d’autres voix et être
entendue par d’autres oreilles. Chaque École doit s'y préparer en consacrant
une partie de ses activités (pas toutes) et de ses publications (pas toutes) au
thème de la Rencontre. Chaque École peut jalonner à son gré les deux années
qui séparent une Rencontre de l’autre de façon à éviter une saturation qui
pourrait nuire.
Mais il y a aussi le contre-exemple de l’EEP, où la non-saturation va
de pair avec une inscription réduite à la IXe Rencontre. Que cela
se reproduise nuirait à coup sûr à la Xe Rencontre.
Je suis moins inquiète du côté EOL, ECFC et EBP, qui entretiennent un
rapport différent au CF, dont elles se savent issues, alors que, en un sens,
l'EEP n'a pas encore découvert le Champ freudien : c'est une appréciation
objective, fondée sur les chiffres. Quant à l’ECF-ACF, elle n'a vraiment découvert
que récemment la dimension mondiale du CF. Ce n'est pas le moment de se
recroqueviller sur son hexagone.
Note sur le volume : il ne saurait être des Actes, ni une sélection de
travaux de la Rencontre. S’il paraît après juillet 98, le délai doit être
relativement court (3 mois, ce qui est difficile). S’il n’anticipe plus sur
l’événement, il faut lui donner un nouvel attrait, et lequel si ce n’est
de faire caisse de résonance des “surprises” de la Rencontre ? Sinon,
il n’est plus l’avant, ni l’après de la Rencontre, et je vois mal comment
il serait connecté à son thème. Mais je ne crois pas qu'il y aura assez de
“ surprises ”.
Le volume en français de la VIIIe
a été vendu à 4 950 exemplaires. Le chiffre inclut les 1 300 exemplaires des
inscrits, ce qui veut dire qu'il a été acheté par trois fois plus de
personnes que les inscrits francophones à la Rencontre. Il faut voir ce qu’il
en sera du dernier volume, qui est malheureusement trop gros.
*
La contribution de Judith Miller me semble exprimer une sensibilité
proche de la plupart des responsables argentins, sous une forme plus tranchée.
C’est ça, le Champ freudien. C’est dans cet esprit que nous agissons depuis
quinze ans. Mais justement, il y a changement d’époque, ne serait-ce que,
comme Judith le souligne, parce que nous n’avons plus affaire à des groupes,
mais à des Écoles.
Évidemment, les données qu'elle apporte ont de quoi faire réfléchir.
S’il est vrai que participer à des Journées sur l'interprétation à Paris
"cause le désir" de recommencer un an plus tard à Buenos Aires, il
faudra bien en tenir compte. Si le volume reçoit un tel écho (5 000
exemplaires, c'est un exploit), on hésitera avant de modifier la formule.
Concernant l'EEP, les faits demandent à être replacés “ dans une
logique ”. Le rapport au Champ freudien prend des formes différentes en
Europe et en Amérique latine, et ne se réduit pas à la question : “ Combien
d'inscrits ? ”. Cela dit, il n'y a certainement “ saturation ” ni en
Espagne, ni en Italie. Attendons que nos collègues de Barcelone entrent dans un
débat qui les concerne au plus près, puisque nous discutons d'une Rencontre prévue
pour se tenir dans leur ville.
*
Je reprends, après cette intervention de la Présidente du Champ
freudien, la liasse des fax reçus, et les relis un par un, pour cueillir une
dernière fois dans chacun les remarques qui me paraissent les plus intéressantes,
dans le désordre cette fois.
1 - Je m’aperçois maintenant que le raisonnement de François Leguil a
en fait la même dialectique que les fax argentins : saturation : oui ; mais
“ aurions-nous 150 personnes pour se décider à traverser l’Océan, alors même
que le titre des Journées n’aurait pas cet effet d’appel permettant des décisions
qui ne peuvent être prises plus tard ? ”. Par ailleurs, François Leguil évoque
la possibilité d’une publication du volume post-Rencontre, pour dé-saturer.
2 - Jairo Gerbase : “ Le thème n’est pas saturé, au contraire. La
question, c’est peut-être que partout on dépend de votre orientation ”.
Voir Indart.
3 - À relire le fax de Dominique Miller, je m’aperçois qu’il obéit
aussi au “balancement argentin” : “ C’est vrai, nous saturons (...). Cependant,
ce principe (la préparation du thème sur deux ans) a l’avantage de donner
une consistance et une unité à notre communauté de travail, qui soit concrète
théoriquement et pas seulement sur le plan de nos références ”.
4 - Silvia Szwarc pense qu’il n’y a saturation que là où on
travaille le thème de façon mécanique, pour répondre à la demande de
l’Autre. Ce n’est pas le cas, assure-t-elle, si chaque École trouve “ son
chemin à elle, en coordination avec les autres ”, si elle “ impulse de façon
créative le thème de la Rencontre ”. Elle ajoute : “ Il y a un temps pour
comprendre (la préparation de la Rencontre) et un moment de conclure (la
Rencontre). Synchroniser les Écoles sans produire la Rencontre, c’est-à-dire
l’espace où mettre à ciel ouvert les conclusions auxquelles chaque École
est parvenue, et où débattre à partir d’un point commun selon des
perspectives différentes, ce serait perdre “l’hétérogénéité dirigée”.
Ce n’est pas pour autant que les surprises en seraient exclues. L’automaton
antérieur est, à mon avis, indispensable pour établir une communauté de
travail ; l’improvisation ne me paraît pas compatible avec la recherche.
Pourquoi aurions-nous à sacrifier la production du volume, et l’existence
publique et permanente du Champ freudien et de l’AMP, que les Rencontres
rendent possible ? ”. Elle conclut : “ À chaque École de réfléchir à sa
manière d’inciter au travail tout en évitant les effets de “saturation”
qu’on signale. C’est une Rencontre, la IIIe, à Buenos Aires
(1984) qui m’a conduite à m’engager dans le Champ freudien. Et chaque
nouvelle Rencontre réveille la surprise, et le désir de soutenir activement
cet engagement ”. C’est puro Campo.
5 - Maria Leonor Solimano souligne l’intérêt que toute l’École ne
fonctionne pas en rapport à la Rencontre, pour que l’enthousiasme se
maintienne davantage.
6 - Fabien Grasser insiste sur le caractère structural du phénomène :
“ Je ne crois pas que cela soit seulement passager. Le phénomène semble très
influencé par la “dilution” du travail dans le grand nombre, et l’appel
à une orientation unique de l’Autre ”. Voir aussi Indart. Grasser signale
également : “ Attention ! Habitude et saturation semblent prêtes parfois dès
avant l’innovation ”.
7 - Jorge Chamorro souligne l’importance essentielle “ de tout ce que
la Rencontre transmettra, pour la communauté analytique argentine au sens le
plus large ”. Il n’est pas hostile à l’idée d’une préparation resserrée.
8 - Arturo Roldan tient à ce que l’on conserve le volume de la
Rencontre, qui s’inscrit dans une série dont l’effet est “ d’historiser
la production du Champ freudien ”. Il souligne que les volumes sont largement
diffusés et fréquemment consultés hors du Champ freudien. Je retiens pour ma
part l’introduction dans le débat du terme d’“historisation“.
9 - Pour Nepomiachi, la Rencontre est “ l’occasion de confronter
notre travail en tant que membres d’Écoles ”. C’est là que je
pose la question : membre d’une École ou membre de l’AMP ? On pourrait dire
au contraire : toute l’année, on est membre d’une École, mais cinq jours
tous les deux ans, on est avant tout membre de l’AMP. Ainsi, par exemple, on
pourrait promouvoir, plutôt que des “ rapports d’Écoles ”, des travaux
préparés par des collectifs de membres AMP de différents continents et Écoles.
Il va de soi que l’on arrive désormais à la Rencontre comme membre d’une
École, ayant surtout travaillé avec d’autres membres de cette Écoles (ou
d’une Section de cette École), et c’est en effet “ la réalisation d’un
vœu ”. Mais si nous voulons faire un peu exister l’AMP comme une, ne
faut-il pas maintenant un effort spécial ?
10 - Ernesto Sinatra souligne dans les travaux l’excès de citations,
et le manque d’argumentations. Il propose de faire connaître le thème au
moins un an et demi avant la Rencontre, et de publier le volume après.
11 - Basz énumère les trois instruments principaux dont nous disposons
: le réseau international du Champ freudien, l’AMP, et mon cours. Il propose
une manière de s’en servir. Ce qui apparaît à Gerbase comme un obstacle, à
Juanqui comme un étouffoir, Basz le prend tout simplement comme instrument.
12 - Colette Soler évoque, entre autres, la possibilité suivante : “
on pourrait aussi penser à synchroniser le travail des Écoles sur le thème de
la Rencontre pendant l’année qui la suit. L’intérêt pour la Rencontre,
qui donnerait le coup d’envoi, y gagnerait, surprise et étude méthodique y
trouveraient aussi leur compte ”. L’idée, juge Colette, est amusante, et
donc stimulante.
13 - Je reproduis une phrase frappante de Baby : “ donner à connaître
le thème avec tant d’anticipation renforce l’AMP, et en tend la corde
”.
14 - Portillo propose une autre façon de préparer, et pense à séparer
le thème propre de la Rencontre du thème commun annuel qui synchronise le
travail des Écoles.
15 - Beatriz Udenio, qui n’est pas touchée elle-même par la
saturation, regrette que les autres ne soient pas assez ouverts à l’“ hétéro
”, et pensent qu’il convient de chercher le moyen de rénover la préparation.
16 - L’idée suivante d’Alexandre Stevens paraît fort astucieuse, et
à retenir pour la discuter : “ Ne pourrait-on dès lors faire ainsi : un thème
annoncé et préparé par les Écoles pendant un à deux ans et un titre annoncé
seulement six mois avant la Rencontre sur le même thème, mais un peu décalé
ou articulé à un second terme pour relancer dès lors un débat renouvelé. Il
s'agirait alors d'un travail de préparation, et visant bien le thème de la
Rencontre, mais en introduisant pour celle-ci un petit décalage qui ferait
surprise et relance ”. Le terme de relance convient très bien à ce dont il
s'agit, et je l'adopte volontiers, de préférence à celui de surprise. Cela
converge avec ce que note Seldes : l'effet de relance qu'a produit à Buenos
Aires la parution du volume. Celle-ci constitue en quelque sorte le point de
capiton de la préparation. Pour que la “ Rencontre-événement ” (Quinet)
conserve son impact, il faut peut-être l'inscrire dans une seconde série, un
peu décalée, comme le propose Stevens. Mais quelle horlogerie délicate à
monter !
17 - J’extrais du fax de Leonardo Gorostiza les remarques suivantes :
“ Il y a quelque chose de vrai dans la plainte au sujet de la saturation. En
ce qui concerne l’EOL, les deux années qui séparent les Rencontres sont en
totalité “dominées” par le thème de la Rencontre suivante. C’est, à
mon avis, excessif ”. D’un autre côté, Leonardo recommande de ne pas négliger
que cette plainte pourrait bien témoigner d'une impatience visant la présence
de l’AMP dans l’École. “ C’est pourquoi je considère que nous devons
être prudents quant aux mesures à prendre, et maintenir cette présence de
manière mesurée, sur le terrain de l’orientation thématique ”.
18 - Colette Chouraqui-Sepel propose que le thème de la Rencontre soit
connu avec anticipation, et que chaque École, et aussi, ajoute-t-elle, chacun,
le prépare à sa guise : en deux ans, un an, six mois. “ Tout le monde,
remarque-t-elle, n’est pas obligé de faire pareil ”. Elle relève également
“ l’exacerbation de la rivalité fraternelle dans la surenchère ”, et
pense que la publication “après” pourrait y faire obstacle.
*
Le débat ne fait que commencer. Je suis tout disposé à recevoir de
nouveaux messages avec de nouvelles idées, mais je préviens qu'il me sera
peut-être difficile de les résumer et d'y répondre avant la Rencontre. Nous
avons, avec ce premier dialogue, des thèmes tout trouvés à discuter de vive
voix à Buenos Aires, lors des diverses réunions AMP qui sont prévues, dont
l’Assemblée générale, qui nous permettra de recueillir une opinion plus
large. Auparavant, il me semble que les membres des Conseils et Directoires
seraient bien avisés de sonder informellement des membres et associés.
Rien n’est décidé. Rendez-vous à Buenos Aires. — Paris, le 9
mai 1996
___________________________________________________________________________
Item 66 / Fax de Juanqui Indart
Cher Jacques-Alain,
Je réponds à la question sur laquelle tu consultes dans la dernière Dépêche.
J’ai quelques idées à ce sujet (et peut-être bien que je me soucie de ta
position en ce point de croisement).
1
- Sur la saturation
À mon avis, il vaut la peine d’approfondir les causes de ce malaise.
Je ne crois pas que l’on puisse seulement l’attribuer à l’établissement
tous les deux ans d’un thème de travail commun à toutes les Écoles, qui a,
de plus, de nombreuses diversifications.
Il me semble que le problème touche à la relation au savoir.
Je me guide à ce sujet sur un enseignement de Lacan, qui, tout en étant
bien connu, n’en demeure pas moins difficile à propager aussi bien dans
l’intension que dans l’extension : “ (...) la conquête de ce savoir se
renouvelle chaque fois qu'il est exercé, le pouvoir qu'il donne restant
toujours tourné vers sa jouissance. (...) la fondation d'un savoir est que la
jouissance de son exercice est la même que celle de son acquisition ”, Encore,
chap. VIII.
N’exige pas de moi d’avoir saturé jusqu’au mathème le sens des
paragraphes de Lacan que délimitent ces citations !
Mais essayons de partir de quelque chose de simple.
Il est évident que, dans le cadre de la relation au savoir dont parle
Lacan, on peut travailler à de multiples reprises un même thème, sans jamais
s’ennuyer.
En revanche, si la relation au savoir est sèche, varier les thèmes ne
change rien de fondamental.
Et, attention, donner un sujet libre, ou un sujet d’examen surprise, a
toujours servi à aérer un peu l’atmosphère... éducative, scolaire, voire
universitaire, sans que cela ne change en rien les conditions de fond qui assèchent
la relation au savoir. Cela peut être un jour de joie, cela peut motiver à
inventer, mais cela ne fait que redoubler en l’Autre la position du
professeur.
J’utiliserai ce dernier terme pour décrire le malaise tel que je
l’entrevois dans le contexte argentin, bien qu’il me paraisse plus ample,
sans compliquer encore la réflexion avec des références au discours
universitaire.
A
La stratégie selon laquelle il était nécessaire d’aller contre la
Babel des commentaires de Lacan et les déviations qui s’ensuivaient dans la
pratique, a pour signifiant ton nom, avec ton cours, tes enseignements, tes
actes de fondation, que je résume dans l’AMP.
La bataille est gagnée.
Ce succès, il ne s’agit pas ici d’en pondérer le sentiment, mais de
se charger du reste inévitable de ce qui ne fonctionne pas.
Au départ, une communauté dispersée, désorientée, un peu de paresse,
un peu de superbe, ignorante surtout, avec des fulgurances. En quinze ans, le
niveau s’est élevé, la communauté s’est éduquée, disciplinée, elle écrit
mieux, etc. Mais cela s’est fait justement au prix d’un nivellement brutal
que ni les bonnes manières, ni l’abnégation, ne me feront occulter. On a
coupé la tête à tout ce qui se trouvait à contretemps de ton propre temps
dans la production de savoir. Bien. Il y a ceux qui sont restés en chemin, et
le reste t’a donné son soutien pour prendre le relais d’une fonction
cruciale que supportait Lacan, et cette fois sur une échelle encore plus étendue.
Mais l’accumulation de savoir dans le même lieu, celui de l’agent, le
monopole de fait, effectivement gagné de haute lutte, tout cela est écrasant,
et s’impose au-delà de tout effort pour le démentir, s’impose au-delà de
la générosité même avec laquelle se distribue ce savoir.
B
En quinze ans, il n’y a pas une seule phrase produite dans l’espace
qui va de Caracas à Buenos Aires, ou de Barcelone à Grenade, qui ait été citée
par quelqu’un de l’École (en français dans le texte) comme on cite
simplement la phrase d’un collègue parce qu’elle pousse à penser, à réfuter,
à inventer. Quelque hirondelle, s’il en est une, ne fait pas le printemps.
C’est le cas dixit zéro. Quinze ans, c’est trop long.
Il est évident que l’énorme quantité actuelle de publications ne
suscite aucun intérêt sur ce plan. Ou on lit ça en tant qu’analyste, et ce
sont des symptômes, ou on lit ça en tant que professeur, et ce sont des copies
d’examen, ou on ne s’y intéresse pas le moins du monde. ? Quel intérêt de
lire des copies d’examen ? Chez nous, on garde les pages des dixit, et
le reste, on le met à la poubelle. Et avec le truc des dixit on prépare
de nouveaux examens.
Quel ennui !
J’ai accepté l’abolition de ce type de citation entre “ mathématiciens
” à l’époque où l’on pouvait craindre les effets d’infatuation.
J’ai fait ce que j’ai pu pour reprendre cela quand il me parut que ce n’était
plus la même époque. Je pensais aussi qu’il valait la peine de lancer cela,
bien que je fusse le premier, à titre de semblant. Je m’en suis fatigué, et
je me suis adapté. Il y a quelque chose de français qui à la fois éduque et
obsède, et qui est irréductible (algo educativo frances obsesionante e
irreductible). Un collectif
d’élèves avancés décide à Barcelone de commenter le texte de Lacan, “
Introduction à l’édition allemande... ”. C’est intéressant, aussi bien
là où ça vole que là où ça accroche (tanto en los aciertos como en los
tropiezos). Ça pourrait donner envie d’intervenir, même à distance,
donner à cela un peu d’envergure (un poco de vuelo). Mais non. Ils
font appel au Miller dixit, et c’est ce qu’ils publient. Miller s’évertue
à laisser des trous, un peu d’air, mais tout en reste écrasé, car cela
ne se peut résoudre de façon autoréférentielle. Ni dans Microscopie,
ni dans L’oubli de l’interprétation.
C
À mon avis, ce qui ne fonctionne pas à l’heure actuelle, ce n’est
pas la saturation d’un thème, sinon la saturation du Miller dixit.
Certes, il y a aussi un C. Soler dixit, un Laurent dixit.
D’ici peu on verra peut-être s’esquisser un Brousse, Bruno, Cottet,
Morel, dixit, etc, mais la liste ne s’allonge que très lentement, et même
ainsi, seulement dans l’École de la Cause. Et cela ne parvient pas non plus
à animer le débat, car le Miller dixit se tient inflexible par derrière,
et les moments féconds du “ on ne sait pas ” ne se produisent qu’à huis
clos à Paris. Quelques-uns, qui voyagent par là, entendent quelque chose dans
les couloirs, mais ça ne sert à rien. Ce sont des élèves qui ont écouté
quelque chose dans la salle des professeurs, et ils répandent une expectative
qui se réduit à attendre la réponse Miller dixit.
Il se passera la même chose avec cette consultation. Une solution ou une
autre finira par faire l’unanimité. Tu te casseras la tête pour ne pas
tomber dans les panneaux, pour lire entre les lignes, pour inventer un plus,
afin que la solution ne consiste pas seulement à souscrire aux diverses
demandes, tu auras des conciliabules avec des collègues de confiance pour que,
au moment de donner la solution, ils l’appuient sans réserve, et ils considéreront
ses effets comme autant de conséquences à élaborer analytiquement. Grand
enthousiasme pour la nouvelle ligne. Nous attendrons tes enseignements à ce
sujet pendant les deux ans qui viennent. Nous la ferons fonctionner comme Miller
dixit, y compris comme Miller dixit qu’il ne faut plus employer le Miller
dixit.
2
- Sur les propositions
Ma proposition est de prendre des risques, car l’AMP est déjà assez
solide pour ça. Non seulement sortir le volume après, à partir des résultats,
mais toi aussi, tu te places après. Un rapport par École, avec un thème qui
articule à fond un problème particulier, d’ordre théorique et clinique. On
a les thèmes en juillet. Les membres AMP ont connaissance par avant de ces cinq
rapports. À la date de remise de ces cinq rapports, le Conseil de l’AMP, par
tirage au sort ou par choix, désigne immédiatement une autre École pour
discuter, analyser, peser, critiquer, prolonger ce rapport, et c’est ça qui
se présente comme surprise, en direct, à la Rencontre AMP (le reste étant :
enseignements de la passe, AE, et cartels). Chaque École décide du collectif rédacteur
du rapport, et du collectif (différent) qui, lors de la Rencontre, présente un
travail effectif sur le travail des autres collègues. ¿ Quel intérêt peut
prendre à cela l’École de la Cause, dans cette poussée qui la conduit au
vide de sa propre compacité ? Je ne sais.
Au revoir, Jacques-Alain, un abrazo y suerte. — Juanqui
Indart, 23/04/96
___________________________________________________________________________
Item 67 / Réponse à Juanqui
Cher Juanqui,
Tu devais avoir l’humeur bien noire, ce jour où tu m’as écrit. Je
te connais sous un jour plus enjoué.
Il est certainement difficile de cohabiter avec son propre dixit.
Ta lettre le crie.
Le principe d’autorité n’a pas de quoi émouvoir, quand on sait
qu’il prend sa source là même où surgit le signifiant (“ Le dit premier décrète,
légifère, aphorise, est oracle, il confère à l'autre réel son obscure
autorité ”, Écrits, p. 808), qu’il est nécessairement appelé à
combler le S(
) (“ Mais il n'y a pas
d'autre vrai sur le vrai à couvrir ce point vif que des noms propres, celui de
Freud ou bien le mien — ou alors des berquinades de nourrice (...) ”, Écrits,
p. 868), et qu’on n’y peut mais.
Il y a bien les Angles (anglo-saxons) qui jouent à philosopher sans
principe d’autorité (au moins ceux d’entre eux qui ne sucent pas leur
Wittgenstein comme nous mâchons notre Lacan). Mais pourquoi le font-ils ? —
sinon pour devenir eux-mêmes des “ sources de vérité ”, dont on
recensera les opinions. C’est le régime scolastique de la pensée, à savoir
la démocratie des maîtres. C’est ce que tu réclames. Pourquoi pas ? Mais
aussi, quelle soupe !
La triste vérité est que le Champ freudien est fondé sur le Magister
dixit, celui de Freud. Cela s’est étendu à Lacan (plus cité que Freud,
selon les chiffres de Bekerman dans El Caldero de janvier de cette année,
pp. 39-41). Alors, on cherche le troisième homme.
Il y avait dans une ville du Brésil un monsieur appelé Maximo, qui
disait : “ Freud, et Lacan, et Maximo ”, et autour de lui, on répétait :
“ Freud, et Lacan, et Maximo ”. Il eut un partisan dans une autre ville du
Brésil, qui portait le nom de Humberto. Quelle ne fut pas la fureur de Maximo
de découvrir que, dans sa ville, Humberto ne disait pas “ Freud, et Lacan, et
Maximo ”, mais “ Freud, et Lacan, et Humberto ”. Ils se fâchèrent. Et
c'est pourquoi il n'y eut pas au Brésil de Champ freudien bis.
S'il y a un Champ freudien, c'est que ni toi, ni moi, ni Éric Laurent,
ni German Garcia, ni aucun de nos amis, nous ne voulons être Maximo ni
Humberto.
On n'échappe pas, disais-je, au principe d'autorité. Il s'agit
seulement de ne pas en rajouter. Là-dessus, je me donne quitus. Je suis bien
tranquille que mon cours n'inhibe pas, mais met au travail, et qu'il a des
effets de formation authentiques.
Il est vrai que les Européens se font plus facilement écouter en
Argentine que le contraire, sauf quand les Argentins deviennent Espagnols ou
Français. Avec le pragmatisme qui est le mien, je me disais deux choses en te
lisant :
1 - que tu devrais envoyer des articles, des conférences, aux revues
européennes, celle de l'ECF, les différentes publications des ACF. De même en
Espagne. Tu mâches depuis si longtemps du Lacan dixit qu'on apprend
toujours à t'écouter ou à lire tes commentaires.
2 - que le moment était peut-être venu pour l'EOL d'avoir une grande
revue, et que celle-ci pourrait se donner pour discipline de ne publier que des
travaux argentins, ou d'Amérique latine. Il est vrai qu'il y a aussi Uno por
Uno. Cette revue pourrait-elle mieux exploiter les “ sources de vérité
” potentielles qui se bousculent à Buenos Aires ? Parlons-en avec ses
responsables lors de la Rencontre.
Tu diras peut-être que c'est un emplâtre sur une jambe de bois. Je préfère
parodier Gramsci : “ Pessimisme de la structure, optimisme de l'action ”. Te
retrouverai-je là ?
Je reste impressionné par la description que tu donnes de ta rencontre
avec le mauvais objet des Français, tel que tu le perçois : algo educativo
francès obsesionante e irreductible. Cela a beaucoup d'échos en moi. J'y réfléchis.
À bientôt. Un abrazo. — Jacques-Alain, 9-05-96
___________________________________________________________________________
Item 68 / Fax de German Garcia
Cher Jacques-Alain,
Je vous réponds, avec l'avantage de connaître les réponses que
d'autres camarades ont déjà pu faire à votre question sur l'organisation des
Rencontres.
Jacques Lacan dit, quelque part dans ses Écrits, que le
transfert, c'est l'introduction du temps-de-savoir. Je le rappelle pour
argumenter qu'il n'existe pas un temps homogène, et qu'effectivement, entre la
saturation — déjà le mot circule — et la surprise, il y a une gamme fort
étendue.
C'est bien autre chose quand on se contente d'argumenter jusqu'à plus
soif sur l'ensemble “ Rencontre ”, sur la sélection à effectuer au nom du
thème choisi (plutôt qu'en fonction du choix du thème), sans rien proposer
qui touche au déplacement de discours, au sens de Lacan, et en ne pensant qu'à
consolider ce qui existe — c'est du moins ce que je suppose, à en voir les
effets.
M. Blanchot, dans La communauté inavouable, montre un peu de dédain
à l'égard du Collège de Sociologie, quand il signale : “ (...) il
n'engageait ses membres, comme son auditoire, que pour un travail de réflexion
et de connaissance sur des thèmes que négligeaient partiellement les
institutions officielles, mais qui n'étaient pas incompatibles avec elles ”.
Cela, selon Blanchot, enlevait son poids à sa “ manifestation exotérique
”.
C'est de cela qu'il s'agit, me semble-t-il : l'ésotérique, à quoi la
passe donne son ordre, et l'exotérique du “ déplacement de discours ”.
J'imagine que l'articulation Champ freudien/AMP pourrait se traduire dans
la pratique de la manière suivante : d'un côté, on laisse parler l'extension
dans sa variété ; de l'autre, on répond avec un thème qui ordonne (et qui
pourrait être traité, par exemple, dans quelques tables rondes en séance plénière).
D'autre part, publier le volume après chaque Rencontre
permettrait de réguler d'autre façon ce qui se trame (cierta intriga)
autour de la réalisation de chacun d'entre eux. Le volume serait la trace de l'événement,
plutôt que le livret de l'opéra.
Quoiqu'il en soit, nous ignorons les “ temps-de-savoir ”, et nous
savons qu'une rencontre, c'est ça.
Un abrazo. — German, le 2 mai 1996
___________________________________________________________________________
Item 69 / Réponse à German
Cher German,
Si je lis entre les lignes du paragraphe 3 de votre fax, je crois
discerner que vous visez ces quelques “ autres camarades ” auxquels, dans le
premier paragraphe, vous dîtes être redevable. Tout en savourant le procédé,
permettez-moi de relever que c'est seulement à laisser à d'autres la position
qui consiste à “ sostener lo instituido ”, que l'on peut le secouer.
Je vous le dis en toute sympathie, car j'aimais mieux être Jeune-Turc à l'EFP
que faire pilier à l'AMP. En fait, chacun est amené, dans le Champ freudien,
à occuper les deux places, successivement, ou simultanément : vous aussi.
À cette réserve près, je souscris à l'essentiel de votre propos.
*
Votre référence à Blanchot est très éclairante, et j'adopte
volontiers les termes que vous proposez pour raisonner sur l'ensemble “
Rencontre ” comme "manifestation exotérique" de notre entreprise.
Cette référence fait bien voir que la communauté psychanalytique, et
ce, depuis Freud, n'a jamais bien su si elle était "incompatible avec les
institutions officielles", ou si elle s'occupait seulement de ce que
celles-ci "négligeaient", mais pourraient bien finir par reconnaître.
Cette position de bord est, si l'on y réfléchit, celle même de l'inconscient,
c'est-à-dire du refoulé animé d'une demande de reconnaissance par
l'instance “ officielle ”. Demander à se faire reconnaître, est-ce le désirer
? Rien qu'à voir comment Lacan s'y est pris avec l'IPA, on peut en douter.
Je ne peux aller plus loin dans cette lettre. Pourquoi ne pas en faire le
thème d'une soirée du Centro Descartes ? J'y participerai volontiers.
Et pourquoi ne pas y inviter Bassols, qui parlait de “ communauté avouable
” au dernier Colloque de l'École Européenne ? Et aussi Basz, qui parle, lui,
de “ communauté épistémique ” ? Et bien sûr Juanqui, qui parle du “
reste de ce qui ne fonctionne pas ” ?
Votre rappel du “ temps-de-savoir ” fait vibrer la note la plus
juste, et les chiasmes de votre maxime finale m'enchantent : “ Quoiqu'il en
soit, nous ignorons les “ temps-de-savoir ”, et nous savons qu'une rencontre,
c'est ça ”. On ne peut mieux dire.
*
Je vois bien l'articulation que vous proposez entre le Un et le Multiple
dans nos Rencontres, et que vous ne voulez de “ rapport d'École ”, ni
avant, ni après la Rencontre. Et j'avoue que, à y réfléchir, je doute de la
formule “ rapport d'École ”. Je ne crois ni désirable, ni possible,
d'identifier les membres d'une École à leur “ rapport d'École ”. Je
proposerai plutôt d'écrire au fronton de l'AMP la maxime de Lacan selon
laquelle “ Il n'y a pas d'énonciation collective ”. C'est d'ailleurs ce que
vous faites bien sentir, par votre style même.
Il faut noter que le volume, tel qu'il se fait actuellement, et sans
aucune "intrigue", n'est pas composé de “ rapports d'École
”. Les coordinateurs des cinq chapitres sont directement choisis par la
Fondation, certes au sein des différentes Écoles, et les auteurs également.
C'est par erreur que ces chapitres sont encore présentés dans le dernier
volume comme des rapports d'École : ce ne sont pas des textes “ officiels
”.
Vous lirez à propos du volume les remarques de Judith Miller et d'Arturo
Roldan. Cela fait hésiter à changer la formule.
*
Je profite de l'occasion pour vous remercier de m'avoir fait parvenir, il
y a deux jours, le dernier numéro de la revue Descartes. J'y ai lu
l'article d'ouverture, d'Éric Laurent. Je vois qu'il ne recule pas devant le Miller
dixit (Juanqui dixit), il en remettrait plutôt, et en même temps,
son propos est parfaitement original, et on apprend à chaque ligne. C'est autre
chose que ces centons où mon cours et mes séminaires sont pompés pendant que
le Miller dixit est soigneusement gommé.
On voit bien la logique du fait. Il y a un mauvais usage de la citation,
mais il y en a aussi un bon, quand citer, c'est dire : “ Lui, c'est lui ”,
et c'est précisément ce qui permet d'être original, de critiquer, ou de
prolonger, ou d'infléchir. Pomper, gommer, c'est dire : “ Lui, c'est moi,
moi, c'est lui, je ne vois pas la différence ” : il n'en sort justement rien
d'autre que des "petites différences".
*
Vous êtes, cher German, un artiste de la référence. Vous multipliez
les dixit. Vous les modifiez les uns par les autres. Vous n'êtes
prisonnier d'aucun. Je le vérifie encore en lisant dans Descartes votre Presencia
de Jorge Aleman. Du coup, j'invite Aleman à entrer dans le débat, en lui
remettant votre fax et celui de Juanqui. Et j’aimerais, si le Conseil de l’École
en est d’accord, que mon éditorial de la dernière fois et les items 65 à 69
de ce numéro soient diffusés aux membres de l’EOL, au moment opportun.
C'est promener une torche dans une poudrière ? Très bien. Voilà au
moins qui donnerait du mouvement à notre Rencontre...
Un abrazo. — Jacques-Alain, 10 mai 1996
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Item 70 / Annonce
La prochaine Dépêche comprendra notamment le texte complet des réponses
de Samuel Basz et de Ricardo Seldes.
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n°
11
4
juin 1996
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Item 71 / Éditorial
La Rencontre approche. Les membres des Conseils se retrouveront dans une
même réunion pour la première fois. La présence des Directeurs et Directeurs
adjoints est attendue, même s’ils ne sont pas membres du Conseil de leur École.
On trouvera notamment dans ce numéro le texte d’un accord concernant
l’organisation de la Rencontre 1998, ainsi qu’un projet de résolution que
je compte présenter au Conseil de l’AMP, à Buenos Aires. — J.A.M.
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Item 72 / Les AE à la IXe Rencontre
Les AE nommés dans l’AMP depuis la VIIIe Rencontre ont été
invités par le délégué général à présenter une contribution lors de la
IXe. Des 9 AE nommés à l’heure d’aujourd’hui, 7 feront le
voyage, et ont annoncé les exposés suivants :
- Virginio Baïo, Un
champ pauvre, chaste et fidèle
- Francisco-Hugo Freda, La
passe, une nouvelle structure clinique
- Bernardino Horne, La
voie de la perplexité
- Monique Kusnierek, Une
interprétation sans parole
- Bernard Lecœur, Les
pouvoirs du partenaire
- Josep Monseny, Par le désir
de savoir, non par l’amour de la vérité
- Philippe Stasse, ...
jusqu’à l’ultime interprétation
La séquence sera présidée par Oscar Sawicke, Président de la IXe
Rencontre ; J.A. Miller y participera au titre de délégué général de
l’AMP ; la séquence sera suivie d’une discussion avec la salle, qui sera
invitée à faire parvenir ses questions par écrit à la tribune, comme lors de
la Rencontre de Paris ( “ La pluie de questions ”).
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Item 73 / Accord sur la Rencontre de Barcelone
Je me suis réuni le dimanche 12 mai à Paris avec Rosa Calvet et Judith
Miller, respectivement Présidente de la Xe Rencontre et Présidente
de la Fondation. Il a été convenu ce qui suit :
1 - Les Présidentes assureront en 1998 l’organisation à Barcelone de
deux événements successifs : un congrès AMP de deux jours réservé aux
membres de l’AMP (21 et 22 juillet), et la Xe Rencontre
internationale du Champ freudien sur trois jours (24, 25, 26 juillet), ouverte
au public.
2 - Les membres de l’AMP s’inscriront globalement aux deux événements.
3 - L’inscription se fera auprès des Écoles.
4 - Les inscriptions seront closes le 1er octobre 1997.
5 - Le montant de l’inscription sera, pour ces 5 jours, de 400 USD (référence
: Rencontre de Paris 1994, 4 jours, 360 USD). Au cas de forte hausse de la
peseta par rapport au dollar, ce montant pourra être révisé à la hausse, par
accord entre la Fondation et l’AMP.
6 - Une affiche, préparée par l’AMP, sera distribuée à Buenos Aires
aux membres de l’AMP présents ; cette affiche annoncera le Congrès et la
Rencontre, et informera sur les inscriptions.
7 - Les membres associés, ou adhérents, ou correspondants des Écoles
ou de leur Section, ainsi que les membres des ACF (France-Belgique), qui désireraient
assister non seulement à la Rencontre, mais aussi au Congrès, devront en faire
la demande aux Conseils des Écoles, qui seront habilités à leur donner
l’autorisation nécessaire.
8 - Le délégué général de l’AMP se mettra en contact, au moment
opportun, avec les Directeurs des Écoles, afin de préciser les modalités
d’inscription des membres.
9 - La Fondation précisera ultérieurement le montant de l’inscription
à la Rencontre seule, pour le public.
10 - L’AMP assurera les frais de son Assemblée générale en réglant
à la Fondation la même somme qu’à Paris 1994. Au cas où il apparaîtrait
une prévision de dépenses supplémentaires pour l’Assemblée générale, la
Fondation en avisera l’AMP, afin de s’accorder préalablement sur les frais
à engager.
11 - L’AMP n’élève pas de prétentions sur l’éventuel reliquat
de l’organisation des 21-26 juillet ; la Fondation déclare que ce reliquat
est destiné à être partagé entre la caisse centrale de la Fondation et celle
de sa représentation en Catalogne, la Commission d’organisation de la Xe Rencontre.
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Item 74 / Après l’accord en 11 points
- La Commission d'organisation de la Xe Rencontre
internationale souscrit avec plaisir à l'Accord en 11 points rédigé par le délégué
général de l'AMP. Au nom de la Commission, je vous adresse nos salutations les
plus cordiales. C'est avec enthousiasme que nous envisageons le travail qui
commence aujourd'hui. Nous vous prions de transmettre à l'AMP notre
reconnaissance pour la confiance qui nous est ainsi accordée. Rosa Maria
Calvet i Romani - 13-05-96
- Joan Salinas Roses, Secrétaire du Conseil, a informé les membres de
celui-ci de l'Accord en 11 points, et du message de la Commission en date du 13
mai.
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Item 75 / Fax de Ricardo Seldes
1 - Le temps 1
Nous sommes tous d’accord, me semble-t-il, sur le fait que les
Rencontres sont un événement majeur pour la psychanalyse. C’est aussi bien
ce que les membres des Écoles manifestent sans équivoque que ce qu’expriment
ceux qui les entourent. On observe que la stratégie du Champ freudien,
notamment en ce qui concerne la préparation de l’auditoire, a été couronnée
de succès ; on peut aussi relever les effets d’onde expansive que les
Rencontres ont produits chez les psychanalystes en général.
Il y a néanmoins un sentiment de saturation qui se focalise sur le temps
préalable à la Rencontre, le temps de préparation, que nous pouvons appeler
le temps 1, par opposition au temps 2, celui de la Rencontre proprement dite, et
au temps 3, post-Rencontre. Cet effet de saturation semble spécialement
affecter les membres des Écoles qui participent au temps 1.
2 - Position du problème
En quoi consiste ce sentiment d'excès ? Il y a saturation quand on s'est
livré, pendant 2 ans ou plus, à l’étude systématique du thème. Je dis 2
ou plus, car il y a des collègues pour se mettre au travail dès que commencent
à circuler les premières rumeurs ; il arrive même qu’ils anticipent sur le
lancement effectif du thème.
L’École ne consacre que quelques-unes de ses activités au thème de
la Rencontre. Il n’y en a pas tellement, et elles ne sont pas tellement
suivies. Au moins dans l’EOL, les rédacteurs du rapport pour la Rencontre ont
travaillé dans une certaine solitude. Les commissions parallèles ont fixé
leur propre calendrier, et elles ont remis leurs conclusions à la fin de
l’année dernière. Cette date coïncidait à peu de choses près avec celle
de l’envoi des propositons d’intervention personnelle (ou d’ateliers, ou
de commissions) pour les salles simultanées de la Rencontre.
Réfléchissons sur ce dernier point. Tout un chacun était-il donc, à
cette date, véritablement prêt pour la Rencontre ? Pouvons-nous jurer que oui ? Qu’il
s’était déjà
décanté un
moment de
conclusion ?
Moment “ collectif ”, il va
sans dire. On pourra toujours dire que chaque commission a fixé la date de sa
dissolution par avance pour qu'elle coïncide avec la date de clôture de
l’envoi des propositions d’intervention.
À mon sens, cette donnée montre que les moments de conclure sont
fonction du calendrier que nous nous donnons : ils peuvent venir plus tôt ou
plus tard, c’est selon. Qu’ils viennent trop tôt, et ce sera l’effet de
saturation. Qu’ils viennent trop tard (et je mets la surprise au registre du
retard excessif), et on se trouvera obligé à sacrifier la rédaction du
volume, alors qu'il a pourtant toujours plus de poids conceptuel, à sacrifier
la préparation alors qu'elle se fait toujours plus rigoureuse.
D’autre part, retarder au maximum l’annonce du thème, n’est-ce pas
inviter les gens à se dire rassasiés de plus en plus rapidement ? Comment
sortir de cette impasse ?
3 - Un diagnostic possible
Il se pourrait que ce que nous appelons effet de saturation n’ait pas
pour cause d’avoir atteint un seuil de savoir. Cet “ ennui ” semble se
dissoudre quand paraît le volume de la Rencontre. Le livre apporte avec lui un
enthousiasme nouveau, comme il est facile de le vérifier. Pourquoi la
saturation s’évanouit-elle à ce moment-là ? On pourrait attendre au
contraire qu’elle s’accentue encore. Et pourtant, tout un chacun veut avoir
le livre en mains le plus tôt possible. On vérifie des hypothèses, on les réfute,
on les accepte, on s’indigne, on réfléchit... On dirait que l’on sort
enfin d’un point d’indétermination. C’est la mise noir sur blanc de
l’orientation lacanienne. Dans cette perspective, une Rencontre sans volume
serait pour moi impensable.
Déconnecter les deux produirait un volume sans Rencontre. On peut
l’imaginer... La formule reste à inventer. Pourtant, quelque chose me fait
penser que cette occasion de nous rencontrer tous ensemble (Champ freudien) une
fois tous les deux ans a des effets sur la production de chaque École (AMP). Si
l’on séparait le thème commun aux Écoles et celui de la Rencontre, ne
risquerait-on pas de réduire au minimum la responsabilité effective de chacun,
tout le poids retombant alors sur les épaules des Conseils ?
4 - Essais de solution
Ma proposition fondamentale est de ne pas innover, mais d’améliorer.
De quelle manière ?
- Faire connaître le thème de la Rencontre suivante 3 mois après la
fin de la Rencontre précédente (octobre).
- Maintenir l’actuelle structure d’élaboration du volume, mais réduire
la durée de la réalisation. Le livre devra être prêt un an après : chaque
École aura six mois pour remettre son rapport à la coordination générale.
Compter six mois de plus pour établir la version définitive, traduire et éditer
les volumes. Les diffuser aussitôt (octobre de l’année suivante).
- D’octobre à fin janvier, les membres (et adhérents) des Écoles présentent
leurs exposés individuels à l’instance de sélection ; suppression des résumés
d’arguments préliminaires. À partir de ce moment, temps supplémentaire pour
: composer le programme de la Rencontre, centraliser les salles, réunir les
interprètes, mettre en place les coordinations de tables rondes, etc.
Durée du temps 1 : 18 mois. Cela ne me paraît pas excessif. — Ricardo
Seldes, 29 avril 1996
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Item 76 / Fax de Samuel Basz
À mon avis, nous sommes, pour la première fois dans l’histoire du
lien social que produit le discours psychanalytique, en situation de constituer
une communauté épistémique d’envergure transgroupale et internationale.
J’appelle “ épistémique ” une communauté qui admet une
reconstruction rationnelle permanente et consensuelle des principes qui
justifient sa pratique. La logique de la disputatio lui donne son cadre,
la conclusion conceptuelle son horizon.
En revanche, l’IPA, à refuser Lacan, se recroqueville dans les limites
d’une communauté “doxastique” (plus ou moins orthodoxe, plus ou moins hétérodoxe).
À l’approche de l’an 2000, nous pouvons faire fonds sur l’œuvre
de Freud et sur l’enseignement de Lacan, et nous disposons en plus de trois
instruments principaux, et d’une tactique, dont l’efficacité est prouvée
dans le contexte de cette communauté épistémique.
Les trois instruments principaux sont :
a) l’existence du Champ freudien comme réseau institutionnel ;
b) le cours de J.A. Miller sur l’orientation lacanienne ;
c) l’AMP, édifiée sur le fonctionnement de la passe, peut se
constituer — grâce à l’accumulation des résultats de la procédure — en
une Archive du Mathème Psychanalytique, comparable aux archives scientifiques
accessibles au public.
Quant à la tactique, c’est la suivante :
d) Une orientation thématique commune, itérative et faisant série,
qui met l’ensemble des membres en position de travailler exhaustivement un axe
théorico-clinique déterminé.
Ce n’est que depuis peu que nous disposons de ces quatre conditions
(a+b+c+d) en tant qu’agissant synchroniquement. Il s’agit d’un quaternaire
de termes hétérogènes et logiquement articulés.
Si l’on accepte ces prémisses, la consultation de J.A. Miller dans la Dépêche
n° 10 se réduit à une question technique, qui n’en est pas négligeable
pour autant, mais qui a des réponses.
1) Un thème commun est nécessaire.
2) Il est nécessaire que la communauté considérée dans son ensemble
puisse se réunir pour rendre compte des conclusions, et pour confronter les résultats
au sein d’une instance unique.
3) “Le” texte est le volume de la Rencontre, diffusé très à
l’avance, pour permettre à tous les membres de l’AMP d’en faire une
lecture critique.
4) Chaque École assure un rapport.
5) Il se forme, pour chaque rapport, des équipes de discutants
appartenant à chacune des Écoles, et qui débattent en séance plénière avec
les rapporteurs du travail en question.
Les discussions, dont les Actes seront établis, peuvent être publiées
dans un volume post-Rencontre, ou bien être mises à la disposition du public
dans les bibliothèques du Champ freudien.
6) Les inscrits à la Rencontre peuvent présenter leurs travaux, dans
les mêmes conditions qu’aujourd’hui, en salles simultanées.
De cette manière, il n’y a pas besoin de changer grand’chose, il
s’agit de faire circuler le volume entre six et huit mois avant la Rencontre
(on pourrait l’acheter, et son coût serait déduit du montant de
l’inscription).
Dans cet intervalle de six à huit mois, les équipes de discutants préalablement
constituées dans chaque École travaillent chacune pour leur compte, après
avoir coordonné — pour éviter la superposition — la distribution thématique
avec les équipes de discutants du même rapport, appartenant aux autres Écoles.
Et la surprise ?
La bonne : une discussion vivace et de bon niveau.
La mauvaise : le risque à connaître le volume tant de temps à
l’avance, seuls s’inscrivent à la Rencontre rapporteurs et discutants, plus
ceux qui présentent des travaux individuels.
Le pire qui puisse nous arriver, c’est d’avoir une communauté très
épistémique, mais un peu anémique.
Je parierai volontiers que si l’on travaille bien durant le processus
préparatoire, et si l’on s’assure que les membres les plus connus de
l’AMP se consacrent full-time à animer les plénières de la
Rencontre, les choses iront bien à tous égards. — Samuel Basz, 26
avril1996
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Item 77 / Fax de Manuel Kizer
1 - Maintenir une formation théorique de base, qui peut, pour une part,
ne pas être liée aux Rencontres.
2 - Ouvrir dans la Rencontre un espace où chaque École puisse proposer
et présenter un thème de recherches et un apport qui lui soit propre. Chaque
École tenterait ainsi de développer une ligne de travail, et d’en rendre
compte.
3 - Sur la base de cette activité menée par une École, on évitera des
Rencontres “ préparées jusqu’à saturation ”. — Manuel Kizer R.,
14-05-96
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Item 78 / Fax de François Leguil
Cher Monsieur,
La Dépêche n° 10 est un événement pour ceux et celles qui ne
doutent pas que l’AMP existe bel et bien : ils en aimaient l’idée, ils en
soutenaient les promesses, ils savent désormais que la preuve est là pour
montrer — en usant du vocabulaire de nos “Chevaliers du Tastevin” —
qu’elle a “du corps”.
Il est encore trop tôt pour analyser convenablement la longue série des
remarques et des suggestions que vous examinez, que vous mettez en série pour
les articuler. Afin de me donner un premier repère, je vous dirais que la
proposition “mixte” d’une rencontre internationale où se partageraient le
traitement d’un sujet commun et des exposés “libres” de travaux retenus
pour leur qualité, sans lien thématique nécessaire avec les “rapports d’École”
(soit, à la page 5, l’ensemble formé par “l’idée Quinet-Roldan et
l’idée Basz-Indart) me paraît vraiment séduisante et stimulante.
Je voudrais plutôt vous livrer ma réaction immédiate devant votre échange
de lettres avec Juanqui Indart. J’ai été touché par le ton de ce qu’il
vous écrivait et il m’est apparu qu’il soulevait un vrai problème, et
profond. Irais-je jusqu’à oser vous avouer que j’ai moins aimé le ton de
la réponse que vous lui faites ; du moins celui de votre première phrase
(“tu devais avoir l’humeur bien noire, ce jour où tu m’as écrit...”).
Je ne pense pas que Juanqui était sombre et, sans être persuadé qu’il était
juste tout du long, je suis convaincu qu’il était vrai. Quand bien même
l’eût-il été, sombre, votre réplique initiale m’a fait songer à un vers
célèbre d’Eluard : “Quand l’homme n’a plus de langue pour lécher sa mélancolie,
ses images sont au secret”.
Aussi vais-je tenter de poursuivre en convoquant d’autres images. Vous
connaissez assurément la forte lucidité qu’on prête au Libertador,
dont la légende affirme qu’à la nuit tombée, dans les bivouacs de l’Orénoque
jusqu’à la veille de l’incroyable audace de Boyaca, il faisait lire
Rousseau et Montesquieu (ce qui ne gâchait en rien l’implacable et
quelquefois effrayante rudesse de ses actions). Informé au début des années
1820 de la doctrine du Président Monroe, dont le condensé lapidaire a passé
les ans sous la forme d’un : “l’Amérique aux Américains, l’Europe aux
Européens”, Simon Bolivar, presque seul, a critiqué cette déclaration
qu’il aurait ainsi stigmatisée sans se laisser davantage abuser par cette “era
of good feelings” que prétendait instaurer officiellement l’ami de
Thomas Jefferson : “l’Amérique aux Américains, c’est le Sud qui devient
la proie du Nord !” Nos amis vénézuéliens sentent, depuis le funeste
corollaire de Théodore Roosevelt, combien l’amant de la belle Manuela Saenz
avait vu juste avant qu’elle ne lui sauve la vie dans une demeure que nos
camarades du Champ freudien à Bogota savent montrer, tout à côté d’une
maison où le grand Humboldt... Mon dieu ! Nous n’en finirions jamais entre
les berges de cet océan alors que ne cinglait ni ne voguait encore aucun de nos
fax.
En une phrase, la prescience de Bolivar était : non au “Yankee
dixit”. Juanqui témoigne d’une sensibilité que nous serions bien mal
inspirés de négliger, même si nous pouvons ne pas suivre son avis, lorsque
l’un des éclairages qu’il propose s’appuie sur ce : “J.A.M. dixit”.
L’affaire n’est pas assez simple pour que nous progressions avec une
argumentation “ad hominem”. Aucun cours n’est en cause, c’est
l’histoire de l’AMP qui commence.
C’est vrai : il y a l’avance toute relative des Français qui sont nés
dans la langue du Séminaire et des Écrits ; mais il y a aussi
les manières engoncées des Parisiens qui considèrent parfois que l’aisance
d’une parole sobre s’arrête une fois sorti des vingt arrondissements, sans
concevoir que leur rigoureuse illusion les enferme dans leurs arrondissements
bien plus que Lavoisier avec son mur. Mais quoi ? Allons-nous changer tout cela
par décret, décider contre toute vraisemblance que nous sommes hospitaliers,
que nous ne cultivons pas à l’excès le concept ombrageux, que nous ne sommes
pas du pays où Pangloss rabâchait : “je suis philosophe, et ne peux me dédire”.
Il le faudrait. Une politique d’encouragement systématique de
publications d’Amérique du Sud dans toutes nos revues (celles des ACF
incluses) n’est pas inimaginable. Cela se faisait à Ornicar?, du temps
où Ornicar? se faisait. La dissymétrie, que repère bien Juanqui, est
paradoxalement plus dommageable ici, qu’elle n’est amère là-bas : elle
nous prive d’une fraîcheur institutionnelle que nous avons perdue, quoique
nous en ayons. À la façon des villes qui pratiquent le jumelage, ne
pourrait-on pas suggérer à telle ou telle agglomération d’une des ACF de se
mettre en expérience de manière réglée en associant ses activités avec
telle ou telle autre agglomération d’une ville d’Amérique du Sud,
d’imaginer des échanges, d’inventer, de rendre compte régulièrement...
Tout cela peut faire sourire, mais je vois mal qu’une politique
“volontariste” ne sache répondre à la perche que la lettre de Juan Carlos
nous tend et dont il faut lui savoir gré.
Votre. — François Leguil, ce 30 mai 96
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Item 79 / Fax de Jorge Chamorro
Cher Jacques-Alain,
Le premier sentiment que j’ai eu à la lecture de ta Dépêche n°
10 a été de déplaisir.
Je dis “j’ai eu” parce qu’il n’y a pas d’énonciation
collective. Le fait d’avoir entendu un certain nombre, ou même un grand
nombre, me témoigner qu’ils étaient en harmonie avec ce que je pense, ne
m’autorise pas à parler au nom de l’École, ou des Argentins, ou des
Latino-américains, ni bien entendu, en substituant l’œil à la bouche, la
lecture à la conversation, au nom des Français ou des Boliviens.
“À ciel ouvert”, certes - mais n’est-il donc pas marqué, ce
“ciel ouvert”, de quelque “impossible à dire” ? À mon sens, oui.
Officialiser publiquement (dar estatuto publico) une discussion
portant sur ta place, et, pire encore, proposer que la prochaine Rencontre soit
agitée par ces questions, je ne peux y voir, dans le meilleur des cas, qu’une
déviation. Certes, nous pourrions réunir autour de ce thème un grand nombre
de Latino-américains, auxquels se joindraient sûrement pas qu’un peu de Français.
Et alors ? En arrière toute ?
Ce n’est pas le premier mouvement dans cette direction. Il y en a eu un
autre. Une logique assez claire mène du Champ freudien à l’AMP, et conduit
à réserver les Rencontres aux membres des Écoles. Très bien, c’est clair :
l’AMP est métaphore du Champ freudien ; si des lieux plus ouverts sont nécessaires,
aux Écoles de s’en charger avec leurs Journées. Mais pourquoi donc ne pas le
faire à partir de l’AMP, avec une Rencontre ouverte tous les cinq ans par
exemple ? Nous voilà au contraire aujourd’hui avec l’AMP et le Champ
freudien à négocier un moment complexe (en una complicada transaccion),
dont il ne sortira que du malaise (malestar).
J’ai cru, jusqu’à ta Dépêche, que le moment était autre.
Pour moi, ta position, celle de ton cours, ne tenait pas à des actes de volonté,
ni aux tiens, ni à ceux d’autres, mais bien à la construction des Écoles,
à celle de l’AMP, et en particulier de la procédure de la passe. Cela
n’excluait pas que certains, dans leur “intimité” communiquée à toi par
écrit, ne pensent que rien ne puisse être fait ni pensé sans toi, ou, en sens
inverse, qu’il serait bien préférable que tu disparaisses, avec tes cours et
publications sous le bras. Tu ne serais sûrement pas le dernier ; après
viendrait Lacan, puis Freud ; et si Heidegger a raison quand il dit que la pensée
d’Aristote détermine toute la pensée occidentale moderne, on peut penser que
les livres d’Aristote eux aussi seraient menacés. Et de ce “nettoyage”
qu’émergerait-il ? Tu dis : une société des Maîtres. Je ne le crois pas :
cette logique esquisse plutôt un personnage qui serait “l’intellectuel de
la Horde”. On peut y voir, me semble-t-il, et comme dirait German, une espèce
de lutte pour le “marché” des imbéciles. Cette espèce se définirait, à
ce que je vois, par deux traits : “s’analyser”... à Paris, et citer
Miller.
Ma question : n’est-ce pas la passe qui devait introduire une bombe au
sein de l’École ? Était-il nécessaire d’agiter les choses de cette
façon, et de manifester ainsi l’existence de différences très difficiles à
réduire ? Ces différences, nous acceptons dans un esprit de solidarité de les
laisser de côté pour donner consistance à l’École. Nous acceptons ce
qu’il y peut y avoir d’inacceptable dans certaines de ces différences parce
que nous parions sur les 10 années à venir du fonctionnement de la passe, et
sur la permutation qui fera place à d’autres. Mais au fond, certaines des
questions posées ne sont plus de l’ordre de la différence, mais de
l’incompatibilité avec la psychanalyse.
Je repense à la réponse que tu m’as faite il y a quelques mois, quand
je te communiquais mes inquiétudes concernant les agissements,
“irresponsables” selon moi, de certains responsables de l’École. : “ Où
est la nouveauté ? L’avenir appartient à ceux qui s’identifient à l’École
et non pas à ceux qui s’identifient aux groupes. ” Je suis bien d’accord.
Au jour d’aujourd’hui, je crois de toute façon qu’il n’est pas
suffisant de ne pas faire groupe et de “travailler pour l’École”. Ce qui
a été fait pour l’École, fruit d’un long labeur, a été en partie détruit
par la virulence avec laquelle certains y ont réagi pour défendre leurs
positions personnelles.
Conclusion.
Aujourd’hui, la passe fait ses premiers pas dans la majorité des Écoles
; on peut déjà noter les effets qu’elle a dans l’EOL, par son
fonctionnement effectif comme par la possibilité qu’elle offre, et qui fait
sentir sa présence. Des analystes rejoignent maintenant l’EOL parce que, dans
l’EOL, il y a la passe. La passe interroge les analystes sur l’état actuel
des cures qu’ils dirigent comme elle fait s’interroger les analysants sur le
moment où ils en sont de leur analyse, et sur la distance qui les séparent de
sa fin. Dès lors qu’ils se trouvent en analyse, beaucoup se demandent s’ils
peuvent se soumettre à cette épreuve, et comment le faire. Dans le même
temps, les cartels de la passe travaillent à préciser ce sur quoi ils se
fondent pour écouter les passeurs ; les passeurs s’attachent à bien formuler
ce qu’ils ont à écouter du passant ; les passants, eux, réfléchissent à
la manière de transmettre.
Au milieu de tout cela, nous n’allons tout de même pas nous mettre à
discuter si tu dois être devant ou derrière. Que chacun te mette où il veut !
Nous n’allons pas recommencer encore une fois le vote de la clause de
l’extime !* Du point de vue de la structure, ta place t’est déjà assignée
par la création de l’AMP, la fondation des Écoles, et l’introduction de la
passe.
Comme tu peux le voir, mon avis, avec les éléments dont je dispose, est
que cela a été une erreur de ta part que de donner pareil écho à un tel thème.
Le Conseil de l’EOL, ne faisant ni une ni deux, a déjà diffusé ta Dépêche
à tous les membres de l’EOL.
Voilà la situation, du moins comme je la vois. Je n’exclus pas qu’il
y ait des données que j’ignore. Avec celles dont je dispose, je ne peux
penser autrement que ce que je viens d’écrire.
Un gran abrazo, y hasta pronto. — Jorge, 3-06-96
* Note de J.A.M. : Jorge Chamorro fait ici allusion à
une disposition figurant dans le règlement de la procédure de la passe à
l’EOL comme dans les autres Écoles du Champ freudien à l’exception de
l’ECF, disposition qui fit l’objet en Argentine d’un vote spécial.
L’introduction d’un collègue extérieur venant s’installer dans le
dedans intime de l’expérience, avait paru au Conseil de l’École
requérir une approbation particulière, qui fut donnée par un Congrès
extraordinaire à une ample majorité (340 pour, 27 contre, 2 blancs). Voir la Dépêche
n° 3, item 22, pages 3 et 4.
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Item 80 / Affectio Societatis, par J.A. Miller
Rio de Janeiro, un soir d’août l’année dernière. À la fin du
mois, ce sera l’École Brésilienne. Une collègue, Nelisa Pinheiro, me
propose d’expliquer la présence de l’expression latine dans le projet de
statuts : je rappelle qu'elle a été suggérée par mon ami l’avocat Carlos
Forbes. J’ai retraduit, en la resserrant, la suite de l’improvisation (texte
intégral publié en son temps par le bulletin de la Section Rio et par le Correio de l’EBP), et l’ai proposée à La Lettre mensuelle
en contrepoint à la récente carte blanche, qui me l’a remise en mémoire, de
J.P. Klotz sur “ La haine de groupe ”.
— J.A.M., 5-5-96
L’affect
et le contrat
Que le Droit fasse place à l'affect, surprend. Rien ne semble plus éloigné
du Droit que le registre des affects. Nous signons un contrat. Nous ne pouvons
dire le lendemain : “ La tête de ce monsieur ne me revient plus, je déchire
le contrat ” — au moins sans pénalité. Le Droit est précisément fait
pour que les affects n'affectent pas les contrats. Les affects passent, le
contrat demeure. S'il faut pourtant mentionner dans le contrat associatif une
condition affective, c'est peut-être que “l'ordre symbolique“ ne suffit
pas, qu’il y a un “au-delà du contrat“, avec quoi le Droit même doit
composer.
Est-ce
imaginaire ?
Cet “ autre chose ” est-il de nature imaginaire ? Au niveau
imaginaire, la relation standard n'est pas le contrat, ni l’affection, c'est
l'assassinat — ou toi ou moi, moi ou les autres. Voir le stade
du miroir. L'agressivité perdure, sous une forme ou une autre, dans le lien
social, elle surgit dès que fléchit le discours qui la contient. Certes, il y
a l'amour, enraciné dans l'imaginaire. Mais l'affectio societatis n'est
certainement pas l'amour.
Les
incompatibilités
Disons un mot du mariage, qui n’est pas l’amour non plus. Le mariage
est un contrat. On admet comme motif de divorce ce que l'on nomme en français l'incompatibilité
d'humeur. Voyez Charles et Diana : quand elle veut danser, lui monte à
cheval, quand il rentre, elle sort, et vice versa. Dans incompatibilité
— Lacan parle du mot dans sa Radiophonie —, il y a pathos : il
s'agit de souffrance, d'une certaine manière de souffrir. Le mariage n'est pas
qu'un contrat, c'est peut-être le désir de souffrir ensemble, de souffrir l'un
par l'autre, avec l’autre. La vérité : c'est que l'un est toujours
incompatible avec l'autre. Quand on ne veut plus l'être, c'est alors qu'on
divorce.
L’humeur de l’un et celle de l’autre sont dites incompatibles. Mais
l’incompatibilité s’établit surtout entre humeur et contrat : un certain
état de l’humeur est incompatible avec le contrat. Et c’est ce que le
contrat prévoit : la condition d'humeur.
L’impuissance
des statuts
Il s’est développé dans le Champ freudien une importante industrie
statutaire. Les statuts ne peuvent rien sans affectio societatis.
J’entends bien que la pulsion de mort et le stade du miroir jettent une ombre
sur la validité de cette notion. Il se pourrait que ce ne soit qu’une fiction
sans incidence pratique. Pourtant, Lacan invite les analystes de son École à
être bons camarades. Est-ce de l'humour ? Est-ce à prendre au sérieux ?
Chacun choisit.
Seul
ou ensemble
Distinguons deux versants : que fait-on seul et que fait-on ensemble ?
Dans le domaine sexuel, il vaut mieux, pense Freud, être deux. L’acte
solitaire n’est pas recommandé dans la psychanalyse comme il l’était chez
les cyniques. Pourtant, la pulsion atteint son but en se bouclant sur elle-même.
Mais justement, est-elle sexuelle ?
Le discours analyste prescrit d’aller tout seul chez son analyste.
Quand on vient accompagné, comme c’est le cas pour les enfants, ou certains
phobiques, c’est spécial. Quand on est plusieurs à entrer dans le cabinet,
c’est une thérapie de groupe, non l’analyse. L’analyste, de son côté,
est seul. Il peut être en contrôle, mais le contrôleur ne vient pas
s’asseoir à côté de lui, lui apprendre à piloter la cure. L’analyste,
seul, et l’analysant, seul, font couple néanmoins, mais seulement pour
l’analysant. Ainsi, en tant que seul, a-t-il rapport avec l’association de
ces deux solitudes. Du côté analysant, l’affectio societatis
s’appelle “transfert”. Le “contre-transfert”, en revanche, n’est pas
convénient : l’analyste ne s’associe pas.
Dans une École telle que nous l’entendons, de quel côté est
l’enseignement ? Plutôt du côté du “ seul ”. Il serait dangereux de le
collectiviser. Les statuts le précisent : “ Quiconque enseigne le fait à ses
risques. ”
Le
pas-moi
Nous avons certainement à protéger le versant de la solitude : celle du
patient, celle de l’analyste, celle de l’enseignant. Simultanément,
affirmons la dignité de ce que nous faisons ensemble : des colloques, des
publications, des bibliothèques, des cartels, des jurys. L’être-ensemble, le
Mitsein, est-il plus difficile entre analystes ? Lacan le pensait. Ce qui
fait l’analyste rebelle à l’identification est cela même qui lui rendrait
insupportables ses collègues. Mais c’est aussi de la position de moins-un,
de sauf moi, que le névrosé assure volontiers sa jouissance. Il se décompte.
Position qui a sa dignité, et qui apparaît souvent à l’origine de “ la
vocation psychanalytique ”.
Le
pour-tous
Une École est établie sur des règles universelles, sur le pour tous,
comme l’a rappelé ce soir Jorge Forbes, ce pour tous véritable fascinum
des pas-moi. L’affectio societatis introduit un élément supplémentaire,
qui se loge dans une défaillance de l’universel. Tout du lien social ne peut
être capturé par l’universel, le Droit en témoigne. Là où le Droit dit affectio
societatis, Freud dit Eros. Voyez la Massenpsychologie.
L’identification symbolique à un signifiant-maître ne sature pas tout ce
qu'il en est du groupe. Il faut y ajouter le facteur pulsionnel, dont le versant
agrégatif est désigné comme érotique. En tant qu’il s’inscrit comme un
élément supplémentaire dans l’ensemble, donnons-lui le nom qu’il doit à
Lacan : l’objet (a).
L’objet
(a) de l’École
Allons-nous parler de l’objet (a) de l’École ? C’est certainement
problématique. Pourtant, ce soir, à Rio, essayons.
Nous nous comprenons. Au moins, nous pensons nous comprendre. Tout à
l’heure, on a applaudi. C’était d’ailleurs la première fois : hier, à
Sao Paulo, on n’a pas applaudi. Peut-être n’est-ce qu’à Rio qu’il y a
l’objet (a) de l’École.
Ce petit apologue est pour localiser dans le groupe l’objet (a) au
niveau du “ on se comprend ” : ce sont les significations que les membres
ont en commun, c’est le pain et le vin qu’on se partage.
Il y a deux soirs, à Curitiba, Jorge Forbes commençait son intervention
en disant : “ La terre est bleue. ” On a souri. Tous, sauf moi. Je n’avais
pas la moindre idée de ce que cela voulait dire. Je saisissais le sens “ littéral
”, mais non pas sa valeur. Il a fallu qu’on m’explique que la phrase était
de Gagarine dans son Spoutnik, et qu’elle était célèbre au Brésil, par des
voies que je ne sais pas. Vous la connaissiez ? (oui). Parfait, vous vous
entendez avec les collègues de Curitiba (rires). Je savais seulement que A
terra é azul se traduit en français par La terre est bleue, sans
savoir que cela venait du russe, et que c’était proverbial, ou au moins
lexicalisé, au Brésil. J’ignorais sur quelles bases Jorge Forbes
s’entendait avec son public. Donc, il y avait là de l’objet (a). L’objet
(a) est présent chaque fois qu’“ ils se comprennent entre eux ”.
L’effet
sectaire
L’ordre symbolique a pour horizon le discours universel. Ce qui y fait
obstacle, c’est l’objet (a), qui toujours particularise. L’Association qui
nous réunit a beau être “ mondiale ” — au moins est-ce son nom, son vœu
—, nous nous comprenons entre nous d’une façon qui nous distingue des
autres, par des références, des allusions, des non-dits, qui sont les nôtres,
et qui donnent l’impression à ceux qui ne sont pas de la paroisse, qui ne relèvent
pas de notre affectio societatis, que nous sommes une secte parlant son
jargon. N’est-ce pas vrai ? Chaque fois qu’il y a affectio societatis,
qu’il y a groupe et objet du groupe, il y a particularisation, effet sectaire.
On peut bien le combattre, il naît tous les jours, il sourd du groupe par tous
ses pores.
Ne
pas fatiguer l’objet (a)
Ne misons pas trop sur ces affaires de statuts. Pour qu’il y ait une École,
il s’agit d’abord qu’il y ait affectio societatis. Le peintre
Braque disait : “ Les preuves fatiguent la vérité. ” Il ne faut
jamais fatiguer l’objet petit (a). — Rio de Janeiro-Paris, août
1995-avril 1996
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Item 81 / La justesse de l’ostracisme
Ce texte est extrait de la préface au n° 1 de la Newsletter
de l’AMP, à paraître en juillet prochain :
(...) Je souligne la qualité de ce moment, qui est d’harmonie, d’équilibre.
En sera-t-il toujours ainsi ? Je me permettrai d’être optimiste : il
en sera ainsi aussi longtemps que les principes qui assurent cette paix
institutionnelle générale seront admis et respectés.
Pour l’heure, l’AMP a encore besoin que quelqu’un y joue un rôle
de prud’homme, de juge de paix. Mais une institution ne s’avère telle qu’à
se passer de tout “ homme fort ”. C’est la justesse de l’ostracisme.
Aussi la principale contribution que j’ai faite à la construction des Écoles,
a-t-elle été de me soustraire à leur direction. Aussi suis-je maintenant
impatient de quitter mes fonctions à l’AMP ; j’attends seulement que la
jurisprudence de l’Association soit assez étendue, et les tâches de sa
gestion suffisamment routinisées.
Si je tiens la pérennité des Écoles pour assurée, il n’en va pas de
même de l’AMP. Comme bureaucratie, elle a de quoi survivre. Mais elle est
autre chose aussi, un réseau palpitant de savoir et de transfert. Cela, elle ne
l’est vraiment que pour un trop petit nombre de collègues, polyglottes et
voyageurs. Là devra porter l’effort de l’Association dans les prochaines
années : multiplier, croiser les liens de travail entre ses membres. — J.A.M.,
Paris, le 11 avril 1996
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Item 82 / Convocation à l’Assemblée générale
L’Assemblée générale de l’Association se tiendra le 22 juillet
prochain à l’Hôtel Sheraton de Buenos Aires, salon Golden Horn.
Accueil à 14h30, fin prévue à 18h00. Joan Salinas-Roses adressera le texte de
la convocation qu’il a rédigée au Président et au Directeur de chaque École,
en indiquant le processus à suivre.
Jacques-Alain Miller demandera que, par un vote à bulletin secret,
l’Assemblée lui renouvelle sa confiance pour deux ans ; les autres candidats
éventuels à la fonction de délégué général devront se faire connaître
par fax (34.3.459.22.88) à Joan Salinas-Roses avant le 9 juillet à 12h45.
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Item 83 / Correspondance
- Depuis la clôture de l’enquête ouverte dans la Dépêche n°
9, des messages me sont parvenus de : A. Waisman (EOL) ; A. Simonetti (EOL) ; A.
Morales (EOL) ; D. Paulozky (EOL) ; Amilcar Gomez (ECFC) ; Gabriela (illisible)
(EOL) ; Raquel Narbona (EOL) ; C. Vigano (EEP) ; LH Vidigal (EBP) ; Adela Fryd
(EOL) ; J.P. Klotz (ECF) ; Luigi Luongo (ECFC) ; A. Katsuda (EOL) ; M. Bassols
(EEP) ; D. Kamieny-Boczkowski (ECF) ; D. Silvestre (ECF) ; E. Solano-Suarez
(ECF) ; etc. Je remercie bien sincèrement mes correspondants de leur envoi.
- Je prie le Conseil de l’EOL de bien vouloir diffuser les items 72 à
83 aux membres de l’EOL.
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Item 84 / Échos des Écoles
EBP
Consulté par Jorge Forbes sur les titres à faire figurer dans le second
Annuaire, j’ai indiqué que le titre d’AME n’étant pas encore en vigueur
au Brésil, il n’y avait pas lieu d’indiquer ce titre ; que le titre d’AE,
en revanche, était en vigueur ; que les membres pourraient demander à figurer
avec la qualité d’AP (ce n’est pas un titre, mais une auto-déclaration)
pour peu que le Conseil de l’École décide de leur ouvrir cette possibilité
dès à présent.
Permutation de la Présidence : Jairo Gerbase succède à Bernardino
Horne.
ECFC
J'ai reçu dimanche 12 mai les épreuves du prochain Annuaire de l'École,
avec une demande d'E. Leon Vivas de les relire et corriger. Je lui ai retourné
quelques heures plus tard 12 pages avec corrections. La parution est maintenant
attendue, s'agissant du premier Annuaire de l'École conforme au modèle commun.
EEP
Le Conseil de l’École, réuni le 12 mai, a consacré une heure à la
lecture et au commentaire de la Dépêche n° 10. Tous ses membres se
sont déclarés favorables à la préparation. La discussion s’est centrée
sur la relation à établir entre le Un et le Multiple. Le Conseil a constaté
une certaine tendance de l’EEP à se fermer sur elle-même, en raison de son
étendue, qui oblige à une organisation décentralisée favorisant le
localisme. Il faut arriver à lui faire percevoir l’ensemble du Champ freudien
et à la faire travailler avec les autres Écoles.
ECF
J’ai eu plusieurs échanges avec le Conseil de l’École à propos de
la rédaction d’une étude sur la question des psychothérapies.
Nouveaux AE : Hugo Freda ; Anne Lopez.
EOL
Le Conseil a pris connaissance de la Dépêche n° 10 ; ses
membres ont témoigné de leur satisfaction à voir se manifester le caractère
de communauté internationale de l’AMP.
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Item 85 / Projet de résolution pour le Conseil de
l’AMP
Vu les rapports réalisés tant par les Écoles du Champ freudien que par
le Bureau des études de l’Association, et attendu :
1) - que la seule formation valable aux techniques à finalité thérapeutique
faisant fonds sur les pouvoirs de la parole est la formation psychanalytique,
pour autant qu’elle est seule à prendre en compte les effets de transfert,
que les psychothérapies méconnaissent, nient, ou rabattent sur l’effet de
suggestion ;
2) - que les pratiques les plus différentes, depuis les plus proches de
la psychanalyse jusqu’aux plus éloignées de celle-ci, voire opposées, usent
couramment de la dénomination “psychothérapie” ;
3) - que les dites psychothérapies mettent en œuvre les méthodes les
plus variées, font usage d’une gamme de références extrêmement diversifiées,
dispensent des formations parfaitement distinctes, et ne relèvent en aucun cas
d’une même discipline, qui serait dotée d’une identité épistémologique
et clinique ;
4) - que, dès lors, la mise en circulation d’un titre universitaire
attestant la qualité de psychothérapeute ne saurait se justifier ;
5) - que, en revanche, la délivrance universitaire d’un tel titre à
des personnes dépourvues de formation psychanalytique serait de nature à
abuser le public, et présenterait pour les patients des risques engageant la
responsabilité des instances ayant délivré ce type d’attestation officielle
de compétence ;
6) - que, aussi bien, l’obligation faite, dans un cursus universitaire,
d’effectuer un nombre déterminé d’heures de psychanalyse en vue de
l’obtention d’un diplôme faisant titre de travail, serait incompatible avec
la structure de l’acte psychanalytique, et de nature à inhiber tous les
effets pouvant être attendus de la formation psychanalytique ;
le Conseil de l’Association Mondiale se déclare :
-
opposé aux projets d’institution d’un diplôme universitaire de psychothérapie,
tant au niveau national qu’à celui des organisations continentales ;
-
résolu à manifester cette opposition par tous les moyens appropriés ;
et
invite les Écoles du Champ freudien à prendre, le cas échéant, tous contacts
utiles avec les responsables ou les membres d’autres institutions, regroupant
aussi bien des psychanalystes que des psychiatres, des psychologues, ou des
psychothérapeutes, ayant des positions voisines sur cette question, afin de
participer à des actions communes.
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n°
12
18
juin 1996
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Item 86 / Éditorial
La Rencontre s’approche. Les échanges s’accélèrent. Le rythme de
la Dépêche s’y adapte. J’essayerai de préciser dans le prochain
numéro l’ordre du jour de l’Assemblée générale. — J.A.M., 18.06.96
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Item 87 / Lettre aux plus-un des cartels A, B, C, D
À Marie-Hélène Brousse, François Leguil,
Danièle Silvestre, Esthela Solano-Suarez
Copie à Antonio Di Ciaccia
Chers collègues,
Comme vous le savez, les quatre Écoles composantes de l’AMP avec l’École
de la Cause freudienne, ont introduit la procédure de la passe, avec
l’approbation de leurs membres et sous la direction de l’Association
Mondiale.
Les AE nommés par les différents cartels depuis la dernière Rencontre
seront invités à prendre la parole à Buenos Aires, dans les mêmes conditions
que les AE antérieurs à la Rencontre de Paris.
Dans le contexte actuel, il apparaît opportun de donner également la
parole, par le biais de leur plus-un, aux cartels qui les ont nommés. Antonio
Di Ciaccia, retenu de voyager, sera remplacé par l’ancien plus-un, Danièle
Silvestre. Voilà donc ce qui motive ce courrier.
Vous trouverez ci-joint l’état actuel de la programmation de la séquence.
Trois AE ne voyagent pas : A. Lopez, A. Nguyen, A. Szulzynger.
Il s’agit maintenant pour moi de vous préciser ce qui est prévu et
attendu, puisque cette séquence est nouvelle dans sa conception.
1 - Vous prenez la parole dans les mêmes conditions que les AE que vous
avez nommés, sur un pied d’égalité parfait avec eux : c’est le sens même
de la nomination.
2 - De ce fait, vous ne vous exprimez pas en tant qu’administrateurs de
la procédure (avec chiffres, pourcentage, etc, comme vous avez à le faire, au
moins pour une part, dans vos rapports à l’École où s’inscrit votre
cartel, et comme vous aurez à le faire lors de l’Assemblée générale de
l’AMP). Vous vous exprimez à l’instar des AE, comme vivant une expérience
subjective spéciale, consistant en particulier à juger - juger tant le résultat
de l’élaboration d’un sujet analysant que celui de l’acte d’un
analyste. Il s’agit de transmettre cette expérience : comme elle vous
affecte, ce qu’elle vous apprend, ce qu’elle modifie ou éclaire de votre
rapport à l’analyse, aux analystes, au désir de l’analyste, ce que vous
avez à censurer, aussi bien qu’à louer, de la pratique actuelle telle que
vous la percevez.
3- Vous avez, pour faire vibrer cette note, le même temps que les AE. Je
reproduis en annexe les recommandations que je leur ai faites cette année comme
à leurs prédécesseurs de 1994.
4 - Je vous prie de m’indiquer par un fax à moi adressé jeudi
prochain 20 juin avant 9h30, le titre de votre communication, qui sera transmis
aussitôt à Buenos Aires pour impression dans le programme.
5 - Quant au texte lui-même, vous avez trois semaines. J’attends de le
recevoir au plus tard le jeudi 4 juillet à 9h30.
6 - Je vous prie de ne pas hésiter à me faxer ou à me téléphoner si
vous avez quelque difficulté que ce soit en relation avec votre communication.
Bien cordialement. — JAM, le 13 juin 1996
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Item 88 / Fax de Diana Kamienny-Boczkowski
Vous m’avez demandé mon avis sur le contenu de la Dépêche n°
10. Après avoir réfléchi et aussi m’être informée auprès de participants
à d’autres types de congrès notamment scientifiques et médicaux, l’idée
de G. Garcia me paraît convenir.
Je l’interprète de la manière suivante. Chaque Rencontre sollicite
des membres du Champ et de l’AMP des travaux. C’est ensuite le comité
scientifique qui choisit le thème central et la distribution d’espaces de
parole lors de la Rencontre, en fonction des propositions de travail envoyées.
Parallèlement, il y a des conférences sur commande demandées à des membres
de l’AMP. Avec ce type d’organisation, il est difficile d’imaginer la
pratique d’un Rapport précédant les Rencontres qui soit publié avant
celle-ci.
Ceci garantirait l’effet surprise, découverte, etc., mais ôterait
l’aspect systématique de traitement d’un sujet donné. Le point évoqué
par plusieurs membres de l’AMP concernant le savoir m’interroge.
L’articulation de la psychanalyse comme différente du mythe et de la science,
mais difficilement détachable du nom propre, m’ont paru des moments
vertigineux du séminaire “L’objet de la psychanalyse”.
Personnellement, je ne souffre pas de l’effet de saturation. Comme en
chimie, cet effet s’obtient à une température donnée, qui correspond peut-être
à la position subjective des participants, ainsi qu’à leur rapport au
savoir. D’où se déduit que le modèle de fonctionnement utilisé jusqu’à
présent me paraît encore pouvoir nous réserver de bons résultats, c’est-à-dire
adaptés à notre discipline, en gardant le souci de transmissibilité que
d’autres disciplines possèdent.
Je partage donc la position moins “tranchée” de mes compatriotes,
malgré mon appartenance à l’ECF. — Paris, le 31 mai 1996
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Item 89 / Fax de Jorge Bekerman
Au Conseil statutaire de l’EOL. À J.A. Miller
Intervention dans le Débat international sur
l’ensemble des Rencontres
Comme je vois les choses, la question de Jacques-Alain Miller “ faut-il
préparer les Rencontres ? ”, met en jeu la question de savoir comment nous
continuerons à l’avenir à inventer toujours davantage l’AMP.
L’IPA, qui est fille de la doctrine (dixit) et de la gestion de
Freud, organise des Congrès qui prennent pour modèles ceux des sociétés
scientifiques. L’AMP, en revanche, mise sur des Rencontres qui n’ont pas de
modèle. En dépit de son Alcance,
la différence n’est pas seulement terminologique.
Comment préparer nos Rencontres de façon à ce qu’elles continuent
d’être autre chose que des Congrès scientifiques ? Autre chose, mais pas
n’importe laquelle : des événements reflétant l’articulation du savoir et
de la vérité qu’exige le discours analytique.
Il existe dans l’EOL un espace qui s’appelle Nuit des points
chauds. Je propose que, à côté des aspects scientifiques dont la forme
organisationnelle peut être celle-ci ou celle-là, il y ait dans les Rencontres
un espace similaire, permettant de traiter les points chauds de l’Association.
À Barcelone 1998, le thème de cet espace pourrait être Les analyses
“transocéaniques”. À mon avis, c’est là le plus nouveau et le plus
intéressant de ce qui se passe parmi nous, et cela mérite d’ouvrir la
possibilité d’une réflexion collective.
Enfin, au moment où je prends mes fonctions dans la commission
d’actualisation informatique de l’EOL, permettez-moi de souligner que le
support qui convient à un tel débat, c’est le courrier électronique. — Buenos
Aires, 10.06.96
___________________________________________________________________________
Item 90 / Création d’une commission spéciale
Destinataires :
EBP : Jorge Forbes ; ECF : François Leguil ; ECFC : Ronald Portillo ;
EEP : Éric Laurent ; EOL : Graciela Brodsky, Leonardo Gorostiza.
Chers collègues,
Ceci est une communicaton importante.
Vous avez certainement noté dans le n° 11 de la Dépêche de
l'AMP, daté du 4 juin dernier, le texte de l'Accord en 11 points entre l'AMP et
la Fondation, concernant l'organisation à Barcelone, du 21 au 26 juillet 1998,
du I° Congrès des membres de l'AMP et de la X° Rencontre internationale du
Champ freudien.
Le point 3 précise que l'inscription se fera, pour la première fois,
auprès des Écoles.
En effet, il était nécessaire de donner maintenant l’occasion aux
membres des Écoles de se retrouver entre eux, orientation que le Conseil de
l’AMP avait approuvée lors de sa réunion de Paris 94, et qu’il était prévu
de mettre en œuvre pour Barcelone 98.
Une difficulté demeurait : sacrifier l’ouverture des Rencontres
peinait et divisait chacun d’entre nous. Mon idée de distinguer deux réunions
successives, le Congrès et la Rencontre, visait à lever cette difficulté. Dès
lors que la Fondation du Champ freudien et la Commission catalane, par la bouche
de leurs Présidentes respectives, Judith Miller et Rosa Calvet, ont pu
confirmer qu'il était matériellement possible de réaliser cette idée, la
difficulté a été effectivement levée.
Deux ans avant "le Rendez-vous de Barcelone", le moment est
arrivé de préparer méthodiquement l'événement.
Une réunion nouvelle, le Congrès, est à penser : ce seront deux jours
d'une grande importance pour la vie de l'Association et des cinq Écoles durant
les deux années suivantes. Le modèle de la Rencontre, déjà ancien, est à
repenser et à resserrer sur trois jours.
Les discussions à ce sujet commenceront lors de la Réunion de tous les
Conseils le mercredi 17 juillet à Buenos Aires ; elles se poursuivront à
l'Assemblée générale du 22 juillet, puis par fax, par la Dépêche, etc.
L'organisation sur place est la mission de la Commission d'organisation
installée à Barcelone et présidée par Rosa Calvet. Les rapports avec l'AMP
et les cinq Écoles passeront par la Fondation, sa Présidente, et un comité ad
hoc qui sera installé à Paris au retour de Buenos Aires.
Il s'agit maintenant de mettre en place, côté AMP et Écoles, les
organes qu'appelle l'organisation de Barcelone 98.
Les organes fondamentaux existent : ce sont les différents Directoires
(un par École, sauf dans le cas de l'École Européenne, qui en compte trois :
EEP-Espagne, EEP-Italie, EEP-Développement). Le futur comité ad hoc de
la Fondation pourra entrer en contact avec eux pour traiter le problème des
inscriptions, des voyages, de la documentation, etc.
Néanmoins, il m'apparaît nécessaire de prévoir une coordination exécutive
au sein de l'AMP. Comment allons-nous aborder cette mission nouvelle ?
Faudra-t-il que chaque Directeur crée, sous sa responsabilité, une commission
particulière chargée de ces tâches ? Ou les Directoires pourront-ils les
assurer directement ? Comment allons-nous mobiliser par le biais de leur École
les membres de l'AMP ? La question, devenue fameuse, de la préparation saturée
ou non, ne manquera pas de se poser également dans ce cadre, comme elle se
posera au niveau des Conseils. Etc. Pour examiner, traiter, résoudre, ces problèmes
nouveaux et passionnants, qui inaugurent le coming of age de l'AMP, il
m'apparaît indispensable d'établir pour la première fois un lien direct entre
le délégué général de l'AMP et l'exécutif de chaque École.
C'est pourquoi je m'adresse à vous cinq, et vous demande de vous réunir
avec moi dans un comité exécutif spécial de l'AMP pour Barcelone 98. Ce comité,
où seront représentées les cinq Écoles et l'AMP, portera le nom de Sextus.
Je vous prie de bien vouloir m'indiquer la date et l'heure de votre arrivée
à Buenos Aires et celles de votre départ, afin que je puisse dans les
prochains jours vous adresser la convocation à la première réunion de Sextus.
Lors de cette première réunion, nous établirons les grandes lignes de
notre action pro-Barcelone durant les deux prochaines années ; nous aurons à
convoquer une seconde réunion à Buenos Aires, où R. Calvet et J. Miller nous
exposeront le point où elles en sont de l'organisation. Nous verrons comment
tenir compte des permutations pouvant intervenir dans les Écoles avant 98.
Je vous demande une réponse rapide.
Bien cordialement, et avec confiance dans notre collaboration. — Jacques-Alain
Miller, 17 juin 1996
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Item 91 / Réunion de tous les Conseils
Les Conseils des 5 Écoles et le Conseil de l’AMP se retrouveront le 17
juillet à 10h00. La réunion débutera à 10h15 précises. Les Directeurs et
Directeurs-adjoints présents à Buenos Aires sont également conviés.
Les Conseils des Écoles ont été invités par Joan Salinas-Roses à
indiquer avant le 16 juin trois thèmes sur lesquels ils souhaitaient intervenir
lors de cette réunion. Voici les réponses reçues :
ECF : les ACF : trois ans après, les répercussions sur l’École ;
vers une permutation maximale : conséquences des nouveaux statuts de l’ECF ;
l’usage des cartels.
EEP : les résultats de la passe à l’EEP ; l’orientation des
refontes statutaires dans l’EEP ; vers la refonte du catalogue des cartels.
EOL : la question des publications à l’EOL ; les rapports de l’EOL
avec le Champ freudien et l’Institut ; le recrutement des membres à l’EOL.
EBP : thème non communiqués.
ECFC : thèmes non communiqués.
Chaque Conseil disposera précisément de 15 mn en tout pour présenter
les trois thèmes qu’il a choisis ; il serait préférable qu’un seul
orateur par Conseil prenne la parole : ce serait plus rapide, même si les rédacteurs
sont multiples. J.A. Miller fera un exposé de la même durée sur les trois thèmes
suivants : le premier Congrès des membres de l’AMP ; la préparation des
Rencontres ; l’AMP comme espace associatif convivial. Une discussion générale
suivra.
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Item 92 / La séquence “ Passe ” de la Rencontre
Les titres demandés à l’item 87 sont parvenus le 17 juin : M.H.
Brousse, Nouvel éclairage sur la pulsion ; F. Leguil, Attente,
surprises, et contagion ; D. Silvestre, Ce que j’ai cru lire... ;
E. Solano-Suarez, Retour à l’état de sujet.
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n°
13
27
juin 1996
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Item 93 / Éditorial
Comme prévu, l’accélération des choses accélère la Dépêche.
— J.A.M.
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Item 94 / Homologations des admissions
Le Conseil de l’ECF et celui de l’EEP ont transmis leur liste
annuelle de nouveaux membres pour homologation par l’AMP, représentée par le
délégué général.
Les nouveaux membres de l’EEP sont au nombre de 5, dont 2 ont été
recommandés par les cartels de la passe ; les 3 autres ont été admis via entretien
d’admission avec des membres du Conseil ; l’homologation a été accordée
le 18 juin.
1 - Carro
Susana (Madrid)
2 - Garavelli
Beatriz (Madrid)
3 - Laforce
Guido (Flandres)
4 - Martinez
Carmen (Barcelone)
5 - Viera
Marcus A. (Paris)
Le Conseil de l’ECF a admis 18 nouveaux membres, en nombre égal médecins
et non-médecins, conformément aux principes posés dès les commencements de
l’École. 7 de ces membres étaient recommandés par les cartels de la passe ;
1 avait été nommé AE par un de ces cartels ; 4 avaient été passants, et
n’avaient pas été recommandés par les cartels de la passe ; 4 étaient
auparavant membres associés ; 2 (médecins) ont été nommés après entretien
avec des membres du Conseil. Tous les nouveaux adhérents, sauf l’AE, ont été
reçus par un membre du Conseil. Homologation accordée le 23 juin.
1 - Belon
Danièle (Toulouse)
2 - Bonnaud
Hélène (Paris)
3 - De
Halleux Bruno (Bruxelles)
4 - Drapier
Jean-Pierre (Corbeil-Essonnes)
5 - Gasser
Fernand (Paris)
6 - Guey
Nicole (Marseille)
7 - Lopez
Anne (Paris)
8 - Miech
Michèle (Nantes)
9 - Monribot
Patrick (Begles)
10 - Morel Henri (Talence)
11 - Morel-Wagner Monique
(Bordeaux)
12 - Morizot Jean-Louis
(Toulon)
13 - Neycensas Michel
(Talence)
14 - Noël Jean-Luc (Montélimar)
15 - Perazzi Sylvette
(Marseille)
16 - Pera Valérie (Rouen)
17 - Perez Maria-Sueli
(Bruxelles)
18 - Rambeau José
(L’Hay-les-Roses)
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Item 95 / Réunion de tous les Conseils
Date : 17 juillet 1996
Heure : accueil à 10h00 ; début à
10h15 précises.
Lieu : Hôtel Sheraton, salle Martin
Fierro
Convocation
: membres des Conseils ECF, ECFC, EEP, EOL, EBP et AMP ; Directeurs et
Directeurs-adjoints
des Écoles.
Ordre du jour : 6 exposés de 15 minutes et
discussion générale
Liste et thèmes des exposés :
- ECF : Les ACF : trois ans après, les répercussions sur l’École
; vers une permutation maximale : conséquences des nouveaux statuts de l’ECF
; l’usage des cartels.
- ECFC : Problèmes de l’École élargie ; la création de
l’ACF-Caracas ; les rapports avec l’Université, avec l’Institut de
recherches psychanalytiques sur l’art.
- EEP : Les résultats de la passe à l’EEP ; l’orientation
des refontes statutaires dans l’EEP ; vers la refonte du catalogue des
cartels.
- EOL : La question des publications à l’EOL ; les rapports de
l’EOL avec le Champ freudien et l’Institut ; le recrutement des membres à
l’EOL.
- EBP : La Xe Rencontre à Barcelone ; l’admission
des membres par la voie du Conseil ; la garantie à l’École.
- AMP (délégué général) : le Ier Congrès des
membres de l’AMP ; la préparation des Rencontres ; l’AMP comme espace
associatif convivial.
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Item 96 / Sextus
- La première réunion de Sextus
aura lieu le 17 juillet, après la Réunion de tous les Conseils, et après le déjeuner.
Lieu : Hôtel Sheraton.
- Composition de Sextus
(8 membres) : G. Brodsky, J. Forbes, L. Gorostiza, É. Laurent, F. Leguil, J.A.
Miller, R. Portillo, J. Ravard.
- Note : Julieta Ravard, directrice de l’ECFC, avait annoncé
qu’elle serait absente de la Rencontre ; après l’annonce par la Dépêche
n° 12 de la création de Sextus,
elle m’a prévenu de sa venue à Buenos Aires.
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Item 97 / Temps logique
Le premier numéro de Temps logique, bulletin intérieur de
l’AMP, vient de sortir à Paris. Ce numéro est composé d’un choix de
textes des récentes Dépêches, avec un éditorial que j’ai composé
vendredi 21 juin.
J’en ai eu l’idée la semaine dernière, après l’envoi de la Dépêche
n° 12, au moment de recevoir l’appel de cotisations adressé aux membres
français de l’AMP par la Secrétaire et le Trésorier de l’ECF : cet appel
laissait aux membres 10 jours pour régler leur cotisation. J’ai pensé que
cela n’était pas fait pour inspirer aux membres de l’ECF de bons sentiments
à l’endroit de l’AMP, et qu’il fallait rattraper le coup en envoyant un
bulletin, qui, de fil en aiguille, est devenu Temps logique.
J’ai demandé à Graciela Brodsky, qui traduit la Dépêche en
espagnol, de sortir Temps logique pour la Rencontre. La présence à
Paris d’Ana Lydia B. Santiago m’a permis, dimanche 23 juin, d’arranger la
traduction en portugais (une équipe d’une dizaine de collègues, animée par
Jésus Santiago à Belo Horizonte).
- Item 59, dans la Dépêche n° 9, Rappel de la composition du
Conseil, avant-dernière ligne : au lieu de “ 1998-2002 ”, lire “
1996-2000 ”. Cette erreur est reproduite dans l’édition en français
du premier numéro de Temps logique.
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Item 98 / La scène improbable, par Jorge Bekerman
Avant la sortie de la prochaine Dépêche, je tiens à saluer
l’existence de ce débat, son contenu aussi bien que sa forme. Ce qui en résulte
avant tout, c’est un effet de réveil.
Il s’agit de lire ce que les autres écrivent, et des conséquences de
ce fait. Ou bien : de ne pas lire ce qu’écrivent les autres, et des
conséquences de ce fait. Et aussi : de se faire lire (ou non) par les autres,
et des conséquences de ce fait.
“Les autres” ? Qui sont les autres ? Ceux qui sont de l’autre côté
de l’océan ? Pas seulement. J’ai publié dans El Caldero, en manière
de blague, une “ mini-recherche empirique ” pour que nous sachions ce que
nous savions déjà : que nous ne nous lisons pas entre nous.
Comme l’enseigne l’expérience psychanalytique, il n’est rien qui
vaille plus pour un sujet que de s’appliquer avec persévérance à élaborer
sa position propre. C’est ici que j’invoquerai un texte de Jorge Luis
Borges, qui vient comme bague au doigt s’agissant de cet aspect du débat. Le
texte s’intitule “Notre pauvre individualisme”, et fait partie du recueil
des Autres inquisitions, que l’on trouve dans n’importe quelle édition
des Œuvres complètes. À quoi en arrive Borges ? Disons : à jeter un
peu de lumière sur la scène improbable (mais, en définitive, possible, Borges
en est la meilleure preuve) d’un Européen lisant, avec un intérêt véritable,
un Argentin. — Buenos Aires, le 23 juin 1996
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Item 99 / Pour des “cartels euro-américains” de
l’AMP, par Juanqui Indart
Une évidence : l’accélération du changement social, la désidentification
désordonnée qu’elle produit.
Pour cette raison, en très peu de temps, l’isolement de chacune des Écoles
au sein de l’AMP conduit à une inertie identificatoire croissante, et à une
profonde déviation de la relation au savoir.
Il s’agit d’un problème urgent. Pourquoi ?
Parce que le retour croissant dans le réel de ce qui est forclos dans le
symbolique, se présente sous sa face de diversification, comme bouts de réel,
selon des temporalités et des contingences propres à chaque région.
L’inertie et la déviation plus haut mentionnées obturent toute élaboration
d’un savoir original dont la définition exigerait qu’il soit
transmissible au moins à quelques autres, différents.
La question est très aiguë pour les communautés de travail organisées
sous forme d’Écoles en Amérique Latine, par comparaison avec celles qui sont
organisées pareillement en Europe. L’articulation qui permet de rompre
l’isolement, est due à un transfert de travail que ne soutiennent en Europe
qu’un très petit nombre de collègues. Cette articulation, certes, est, a été,
et sera cruciale, et c’est à elle que l’on doit à peu près tout. Mais il
s’avère déjà que pour la soutenir, il est souhaitable d’élargir les
liens de travail entre les collègues des deux côtés de l’Océan.
Pourquoi des cartels ?
Non pas seulement en raison des principes déjà connus qui mettent en
relation la structure de ce dispositif et une authentique production de savoir,
mais parce qu’un réseau de “ cartels euro-américains ” de l’AMP ferait
avancer la fonction du plus-un sur deux points essentiels :
- inscrire la singularité de chaque thème de travail dans une relation
objective aux possibilités de son élaboration, qui sont différentes dans
chaque région, et dissiper ainsi l’illusion, que détermine l’isolement,
quant à la possibilité de sortir de celui-ci par la voie de la reconnaissance
de l’Autre ;
- rendre effective la responsabilité du plus-un dans la sélection et la
transmission des résultats du travail dans des contextes différents, de manière
à ce qu’un usage réel en soit fait, que ce soit pour les réfuter, les
prolonger, ou en prendre son départ.
De plus, il s’agit d’un dispositif bon marché, qui peut se soutenir
non seulement par fax ou courrier électronique, mais aussi bien par courrier
postal. De même, on peut considérer qu’il suffit pour la transmission de
disposer dans le réseau d’ordinateurs et de photocopies, tout en comptant sur
le grand nombre des publications du Champ freudien, aussi bien en Europe qu’en
Amérique Latine, lesquelles peuvent certainement donner une place de temps en
temps aux textes pour lesquels on désire une diffusion plus ample.
Il n’est pas non plus difficile de penser à une publication propre au
réseau, bon marché, qui comprendrait une sélection des résultats.
On peut suggérer au Conseil de l’AMP de composer et de diffuser une
liste de plus-uns considérés comme capables de mettre en œuvre cette
proposition et ses objectifs, avec leur caractère spécifique. On offrirait à
tous les intéressés une liste de thèmes bien choisis. Chaque cartel
comprendrait 2 membres européens et 2 membres latino-américains.
Il faudrait, au commencement, que la décantation des résultats se
produise en un an, non en deux. — Buenos Aires, le 26 juin 1996
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Item 100 / Sur la formation du psychanalyste, par Éric
Laurent
“ Il n’y a pas de formation du psychanalyste, disait Jacques Lacan,
il n’y a que des formations de l’inconscient. ” Aujourd’hui plus que
jamais, nous avons à bien apprécier la portée de cet aphorisme —
aujourd’hui où de multiples pouvoirs voudraient légiférer à la place des
sociétés de psychanalyse sur les titres qu’elles donnent, et où la
multiplication des sources de légitimation institutionnelles, de l’université
aux dispositifs de soins, pousse à l’autorisation sauvage.
En un premier sens, la phrase de Lacan signifie que l’analyste doit se
former avant tout à comprendre la rhétorique de l’inconscient. En un second,
elle signifie qu’il doit se faire aux formations de son propre inconscient, et
donc, avant tout, s’analyser. En un troisième, que l’analyste fait partie
de l’inconscient et qu’il doit le réaliser.
La phrase de Lacan se comprend mieux à partir de la thèse formulée par
J.A. Miller, que l’inconscient interprète. L’analyste n’interprète que
parce qu’il fait partie de l’inconscient, et qu’il s’est fait le produit
de cette opération. Comment nous faire à cet être-là, voilà ce que veut
dire “formation du psychanalyste”.
Dans chaque pays, la psychanalyse s’est installée en liaison et en dérivation
sur les homologations sociales du désir de guérir. Freud s’est montré prêt
à négocier avec les pouvoirs publics la sauvegarde de la dimension thérapeutique
de la psychanalyse, à condition de ne pas renoncer à sa mission la plus haute
: celle qu’il donne à la science psychanalytique.
Freud met sans cesse en garde contre l’idéologie thérapeutique. Il le
formule de façon décisive dans son texte de 1926, La Question de
l’analyse profane. “ Je
veux seulement être sûr qu’on empêchera la thérapeutique de tuer la
science. ” Il évoque aussi le contrepoint à cette dérive thérapeutique de
la psychanalyse : “ Les représentants des diverses sciences de l’esprit
doivent apprendre la psychanalyse (...). Il faut qu’ils apprennent à
comprendre l’analyse (...) en se soumettant eux-mêmes à une analyse. ”
L’analyste didacticien, le lehranalytiker, n’est pas à
l’origine le formateur des analystes thérapeutes, mais l’analyste de ces
représentants des sciences humaines. Il doit avoir reçu une “formation soignée”
pour se consacrer à celui qui choisirait la psychanalyse comme discipline
d’enquête sur la civilisation. Entendons bien le paradoxe : il ne s’agit
pas d’enseigner la psychanalyse, mais bien d’un type de cure, une par une,
avec pour but de transmettre à d’autres l’apport de la psychanalyse sur la
civilisation comme telle, quelque chose comme un transfert de travail. Pour la
“formation soignée” de ces analystes cependant, il faudrait qu’ils
fassent leurs premières armes dans le champ de la thérapeutique.
Freud n’est donc pas pour l’existence de deux catégories
d’analystes : “ Tout cela requiert une certaine dose de liberté de
mouvement et ne supporte aucune restriction mesquine. ”
On connaît l’accueil fait aux propositions de Freud dans les sociétés
psychanalytiques existantes. (...) — Paris, le 26 juin 1996
Extrait de l’allocution présidentielle d’Éric
Laurent pour l’EEP, à l’ouverture de la IXe Rencontre.
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Item 101 / Projet de rapport de trésorerie, par
Colette Soler
Plan du rapport :
I - Les dispositions réglementaires
II - Le fonctionnement 1995
III - Bilan du règlement des cotisations 1995
IV - Perspectives 1996
V - Les Rapports financiers 1995
VI - Annexe : Règlement de la trésorerie en date du 24 juin 1996
I - Les dispositions réglementaires
Les cotisations annuelles des membres de l’AMP sont perçues par l’École
reconnue à laquelle ils appartiennent, qui en transfère le montant à l’AMP,
conformément à l’article 4 de ses statuts.
Le montant de la cotisation est fixé pour chaque année par le Conseil
de l’AMP. Il a été arrêté jusque-là à la valeur de 100 $ US.
Une commission financière comprenant un représentant de chacune des Écoles,
assure le fonctionnement en collaboration avec la trésorière.
Un règlement de trésorerie, dont on trouvera en annexe le texte
actualisé, fixe les dispositions minimales propres à assurer le fonctionnement
dans chaque École et la connexion avec l’AMP. Il prévoit que
l’encaissement des cotisations et le transfert des sommes correspondantes à
l’AMP doivent être achevés à la fin de chaque année, les modalités
d’appel des cotisations restant par ailleurs à la discrétion de chaque École.
II - Le fonctionnement 1995
1 - Les modalités d’appel des cotisations
Dans chaque École, l’appel de la cotisation AMP s’est fait
annuellement et a été disjoint de l’appel de cotisation de l’École
concernée, sauf pour l’EEP-Italie, où les cotisations EEP, Section
italienne, et AMP ont été appelées conjointement.
2 - Les échéances
Le règlement de trésorerie prévoyait une clôture des comptes au 31 décembre
de l’année civile. Cette échéance n’a pas toujours pu être tenue. Là où
les dates d’appel des cotisations ont été respectées, le bilan a pu être
établi pour la fin de l’année. Ailleurs, les retards ont été parfois
importants, obligeant par voie de conséquence à reporter l’appel de
cotisation 1996. C’est le cas notamment pour l’ECF.
3 - La commission financière
La commission financière telle que mentionnée dans l’annuaire AMP
1995, n’a fonctionné que partiellement.
- Dans l’EOL, l’EEP-Espagne, l’EEP-Italie, les membres de la
commission appartenant à chacune de ces Écoles ont continué à assurer le
fonctionnement au-delà de la permutation des trésoriers avec lesquels ils ont
collaboré.
- Au contraire, dans l’ECFC et l’ECF, du fait des permutations, le
relais a été passé aux nouveaux trésoriers ou secrétaires du Directoire.
- Quant à l’EBP et à l’EEP-Développement, créées en 1995, elles
n’avaient pas de représentants dans l’ancienne commission financière et ce
sont les trésoriers qui y ont suppléé, en collaboration avec la trésorière
de l’AMP.
À suivre
Le texte est non définitif, et réservé à la Dépêche.
Suite à paraître dans le n° 14.
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Item 102 / Fax de Bernard Nominé
Cher Jacques-Alain Miller,
Vous me demandez ce que je pense de ce bulletin de l’AMP que je viens
de recevoir. J’en termine la lecture et voici ce que j’en retiens.
Premier mouvement : de l’enthousiasme.
Ça parle, on y dit clairement des choses qui sont habituellement réservées
aux couloirs. Ça fait écho au fameux : “ Acier l’ouvert ”, par ce
bulletin, peut-être anticipez-vous une crise. En tout cas vous réveillez.
Vivement Buenos Aires !
Deuxième mouvement : un peu de lassitude.
Pourquoi espère-t-on soigner ce malaise dans la civilisation analytique
en bricolant des changements dans les modes de fonctionnement ? Je n’y crois
pas beaucoup ; la communauté trouvera toujours le moyen de recouvrir le creux
que certains, comme vous, s’escriment à laisser ouvert.
Troisième mouvement : une réflexion sur la surprise.
Je remercie Indart pour sa franchise, je suis d’accord avec lui, ce
qu’il dit me rappelle tout à fait ce que j’ai constaté l’été dernier
en Amérique du Sud. Cependant je ne pense pas que vous soyez personnellement en
cause dans sa critique. C’est le transfert des Sud-américains vers Paris qui
est à interroger. C’est sans doute plus facile de situer le sujet supposé
savoir loin de chez soi : de l’autre côté de l’Atlantique pour les Sud-américains
mais aussi bien derrière les Pyrénées pour les Espagnols. (Je prends ces
exemples parce que c’est dans ces pays que le Champ freudien m’envoie.) On
met ainsi la surprise loin de chez soi. Partout tout est fait pour limiter la
surprise et s’emparer du pouvoir.
C’est quand même curieux qu’à l’avance on évoque un futur ennui
pour cette Rencontre qui n’a pas encore eu lieu.
Est-ce le volume qui ennuie ?
Moi, il ne m’ennuie pas. C’est un trésor de références comme
chaque volume de nos Rencontres. Certes il pourrait être un peu moins homogène,
il n’y a pas de raison pour que nous pensions partout la même chose, mais si
on le lit bien, on s’aperçoit qu’il y a des différences d’accents.
A-t-on peur de tout savoir sur l’interprétation ?
On aurait bien tort, ce n’est pas parce que quelqu’un énonce quelque
chose d’une certaine place qu’aussitôt ça devient une vérité. C’est
parfois vrai mais pas toujours.
Par exemple il ne m’apparaît pas si évident que l’interprétation
en soit partout à son déclin. Ce qui est vrai pour Paris, vaut-il pour le
monde entier ?
Il est certain que, pour le petit monde que nous sommes, il devient
difficile de créer la surprise. Or la surprise est un des effets qu’on attend
légitimement de l’interprétation.
Eh bien voilà qu’au Congrès de l’AMP sur l’interprétation les
analystes ont peur de s’ennuyer ; ils craignent de ne plus pouvoir se
surprendre, donc ils craignent pour leur outil de travail, ce qui n’est pas
une mince affaire.
Face à l’ampleur du problème, c’est assez comique d’en voir
certains proposer qu’on ne fasse paraître le volume qu’après la Rencontre
pour restaurer la surprise. La surprise, n’est-ce pas à l’analysant de ne
pas reculer à la rencontrer dans sa cure et n’est-ce pas à l’analyste de
savoir la susciter ? Je ne vais pas à la Rencontre internationale dans l’idée
d’y trouver de la surprise, mais dans l’espoir d’y rencontrer des collègues
dont j’ai lu les travaux, qui auront lu les miens, ou d’autres encore que je
serai content de revoir. Ensemble, pendant quelques jours, nous formerons une
communauté, le travail ne se fera pas forcément là-bas, nous le savons tous,
mais former cette communauté, lui donner corps, c’est quelque chose qui
compte. C’est à l’aide de ce semblant que nous nous sommes mis à
travailler.
Vivement Buenos Aires !
Encore merci pour ce bulletin qui réveille, et à bientôt.
Avec mes amitiés. — Pau, le 25-06-96
___________________________________________________________________________
Item 103 / Programme de la Rencontre
Le programme de la Rencontre sera, pour la première fois, précédé
d’une “présentation raisonnée”, rendant compte de la logique des choix
effectués, tant pour les séances plénières que pour les simultanées. Par
erreur, un document de travail de la Commission d’organisation a été diffusé
dans le Courrier du Champ freudien en France, pour lequel des excuses ont été
présentées aux intéressés. On trouvera ci-joint la composition de la première
séquence de la Rencontre. J’ai proposé aux Présidents de s’inspirer de
l’exemple de Jairo Gerbase, qui a rédigé un texte théorique, et
d’abandonner le style jusqu’alors convenu pour les allocutions
d’ouverture, en réduisant au minimum les salamalecs.
Jeudi
18 juillet 1996
Grande
salle
9h
- 10h 30
PrÉsidents
Judith
Miller (Fundación), Aux lumières de Descartes
Jairo
Gerbase (EBP), Reconquista del Campo freudiano
Maria
Novotny de Lopez (EOL), La interpretación en el tiempo del pase
Éric
Laurent (EEP), Sur la formation du psychanalyste
Ronald
Portillo (ECFC), Lo qué aun no existe debe advenir
Joseph
Attié (ECF), Un tournant
Oscar
Sawicke (IXe Encuentro internacional), El eje
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Item 104 / Les membres de l’AMP
À la date du 24 juin 1996, les cotisations acquittées pour 1995 par les
membres de l’Association étaient au nombre de 685.
Les cotisations impayées étaient 32.
On peut donc considérer, sous réserve d’ultimes vérifications, que
l’AMP comptait en décembre 1995 717 membres.
___________________________________________________________________________
n°
14
2
juillet 1996
___________________________________________________________________________
Item 105 / Éditorial
Plutôt que de laisser grossir la Dépêche, je préfère vous
adresser des numéros plus petits et fréquents, du moins dans cette période
particulière. Par ailleurs, en préparation de notre réunion du 17 juillet (Réunion
de tous les Conseils), je vous adresserai un numéro spécial recueillant les
items pertinents parus dans les Dépêches depuis Rio de Janeiro. — J.A.M.
___________________________________________________________________________
Item 106 / Dégager un acte, par Rosine et Robert
Lefort
Cher ami,
Vous dire ce que nous ressentons à la lecture de Temps logique témoignant
de l’immense travail accompli, c’est de l’admiration, une admiration motivée
psychanalytiquement : car il s’agit d’un acte, un acte psychanalytique, et
Dieu sait — puisque d’énonciation collective il n’y a pas — combien la
tâche est ardue pour dégager un tel acte d’un groupe aussi vaste et, qui
plus est, transocéanique.
C’est ainsi que nous percevons votre mise en premier plan de
“L’Autre n’existe pas”, nécessaire à cette place pour qu’il y ait
transfert de travail, c’est-à-dire qu’il ne soit pas sur la plus haute
marche du podium des “dixit” — ce qui a motivé la dissolution —, pas
plus que sa non-existence trop réelle le renvoie à l’être, auquel cas la
tentation peut être de prendre sa place. C’est ce que nous essayons
actuellement de cerner dans le concept de “personnalité autistique”.
Merci, et bien cordialement. — Rosine, Robert, Paris, le 1er
juillet 1996
___________________________________________________________________________
Item 107 / La gaîté
des certitudes, par Éric Laurent
Cher Jacques-Alain,
Je reçois à l’instant le fruit de certaines des heures des nuits
d’Idumée. Temps logique est une véritable assertion de certitudes
gaies.
À toi. — Éric, Paris, le 25 juin 1996
___________________________________________________________________________
Item 108 / Travaux, par Anne Szulzynger
Cher Jacques-Alain,
Je viens de recevoir Temps logique, et je me permets de vous
indiquer que je suis prête à y collaborer pour des travaux de traduction.
Bonne IXe Rencontre (avec, je l’espère, plus de surprises
que de saturation), et bien cordialement à vous. — Anne Szulzynger,
Perpignan, le 27 juin 1996
___________________________________________________________________________
Item 109 / La maison et les cartels, par Alexandre
Stevens
Cher Jacques-Alain Miller,
Je lis toujours avec beaucoup d’attention la Dépêche. Faire
exister l’AMP est une entreprise passionnante.
Je veux donc souligner l’intérêt que j’éprouve pour la proposition
de Juanqui Indart (item 99 - n° 13) de former des cartels euro-américains qui
fonctionneraient par l’écrit.
Cela me semble un bon moyen pour habiter la maison, selon le vœu que
vous exprimez dans Temps logique n° 1.
Je participerais volontiers à de tels cartels.
Bien cordialement à vous. — A. S., Bruxelles, 27-06-96
___________________________________________________________________________
Item 110 / Pour un travail mondial, par Sonia Alberti
Cher Jacques-Alain Miller,
Je me dépêche encore de vous faire parvenir quelques lignes sur ma réflexion
à propos des deux Dépêches dont j’ai eu une copie d’Antonio
Quinet.
Les grands thèmes des Rencontres internationales et nationales font, à
mon avis, école au Brésil. D’une telle façon que les autres groupes
psychanalytiques, les autres institutions, essaient après, de les reprendre. Ce
qui veut dire aussi que beaucoup de psychanalystes nous suivent, nous lisent,
nous écoutent. Dans notre École, les débats sont permanents sur ces sujets,
je suis donc très en accord avec Mme Judith Miller quand elle dit qu’il ne
faut pas toucher à ce qui est en train de gagner.
Pourtant, c’est vrai aussi : 1) que pour ceux qui travaillent au centre
du tourbillon, le temps de conclure se fait attendre beaucoup ; 2) que les voix
d’Outre-mer (de Paris) s’imposent — ce qui n’est pas si mal que ça en
principe, mais — , quelques fois d’une telle façon que n’importe quoi qui
se dit, si on peut citer un Français bien connu, se justifie. Je me demande
quelquefois si la psychanalyse y gagne. Il me semble que la meilleure façon de
modifier cela est de prendre les textes de Paris, ainsi que ceux des autres
parts du Champ freudien — Écoles, groupes, revues locales —, comme objets
de recherche sur le thème.
Alors, pourquoi ne pas proposer un thème de travail pour les deux années
suivantes, faire travailler ce thème dans chaque instance de l’AMP — Écoles,
analystes, membres, instituts, etc. —, promouvoir la publication et les séminaires,
etc. au niveau “mondial” et, finalement, après un an et demi de travail,
choisir ceux qui, dans chaque instance de l’AMP, feront des comptes rendus sur
ce travail “mondial”, comptes rendus qui constitueront les Rapports à être
discutés pendant les Rencontres. La différence avec ce qui arrive en ce moment
est que l’objet des Rencontres serait la production du Champ freudien dans le
monde pendant un an et demi de travail sur un thème. Évidemment, pour cette
production, on aura déjà fait toute la relecture de Freud et de Lacan sur le
sujet, de façon qu’on pourra même
discuter certaines positions déjà prises dans l’AMP à partir de cette
relecture, dans la mesure où les textes qui seront travaillés pour les
Rapports, auront été écrits par des membres du monde entier. Il serait même
intéressant que le Rapport d’une École fasse référence à des textes des
membres de plusieurs Écoles, et les discute.
Finalement, il me semble aussi intéressant : 1) qu’à côté du thème
central, les Rencontres visent la discussion de la passe — comme à Paris la
dernière fois — puisque cela fait partie aujourd’hui de la doctrine, et 2)
qu’il y ait des travaux (sans thème a priori) de recherche
personnelle, faits dans un cartel ou ailleurs, à être analysés par un comité
scientifique de la Rencontre, qui les acceptera ou pas. Cela permettra aussi du
nouveau à paraître.
Très respectueusement, un abraço. — Sonia Alberti, Rio de
Janeiro, le 23 juin 1996
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Item 111 / Prise de langue, par Marie-Jean Sauret
Cher Jacques-Alain Miller,
Vous avez sollicité mon avis sur Temps logique, le Bulletin intérieur
de l’AMP. Je n’ai pas répondu tout de suite, pris jusqu’à hier. Mais
j’ai pu parcourir plusieurs fois le Bulletin de l’AMP.
1 - D’abord me frappe le ton, la franchise brutale et néanmoins
amicale d’une part, l’échange orchestré par vous d’autre part : il me
semble que cela fait déjà exister une “prise de langue” et une envie d’y
participer, et qu’en ce sens l’AMP existe donc.
2 - C’est de ce point de vue — l’existence d’une communauté de
“prise de langue” — que je réponds sur les journées internationales
:
- Certes, nous rêvons tous d’une organisation des débats les plus
vifs et les plus intéressants : donc toute amélioration réelle est bonne à
prendre...
- Mais nous tenons ces rencontres : seul moment où je puis parler avec
quelques-uns que je ne rencontre qu’à cette occasion, seul moment où je peux
entendre ce que cet événement de discours va produire. Je ne crois pas qu’il
faille moins travailler (préparer) pour avoir des chances d’être surpris
davantage : c’est en tout cas le contraire dans le champ de la science où
l’invention requiert le désir du savant de s’affranchir à certains moments
du savoir existant à condition de l’avoir copieusement balisé.
- La saturation : j’ai éprouvé de la fatigue, oui, à cette période
de l’année, comme beaucoup sans doute. Mais la fatigue n’est pas la
saturation. Je ne doute pas de l’expérience de ce qui en témoigne. Elle
m’interroge comme un symptôme : ne suppose-t-elle pas un effet de compacité
du savoir difficilement compatible avec le discours analytique ?
- Le volume des prérapports : je suis heureux et fier d’y avoir
participé ; sans doute son contenu est le meilleur auquel on pouvait
s’attendre au moment de sa rédaction ; mais mon sentiment, c’est que, pour
une part seulement, il est déjà daté du fait de l’interprétation de
Jacques-Alain Miller lors des dernières Journées de l’ECF. C’est comme
ça : je suis plus satisfait d’enregistrer le dérangement opéré par
votre “interprétation” — gage d’un déplacement de discours dont nous
examinerons les conséquences sans doute à Buenos Aires — qu’insatisfait de
mon propre travail !
3 - Miller dixit :
- Sans doute la limitation des références à quelques-uns
est-elle un autre symptôme. Mais de quoi ?
- Fera-t-on plus cas des références de ce que nous lisons, des notes de
bas de page ou de fin d’article, que du contenu de ce que nous lisons ?
J’ose espérer que si nous nous plaignons de cette limitation des références,
c’est parce que nous lisons nos collègues.
- Dans le cas contraire, si nous ne nous lisions pas, si nous ne
lisions que les notes (!), ce serait un autre symptôme... Mais de quoi ?
- C’est sans doute une banalité d’affirmer qu’il convient de citer
celui dont la référence est à tel moment incontournable, y compris dans ses
termes à lui. Oui, l’enseignement de Jacques-Alain Miller m’oriente :
c’est un fait. J’imagine mal quelqu’un suivant le séminaire de Jacques
Lacan récriminant contre le fait qu’il ne peut s’en passer...
- Sans doute existe-t-il un moyen non pas d’interpréter le symptôme
(défaut de lecture, limitation abusive ou dissimulation des références) mais
de le traiter : il réside non pas dans les prescriptions (“tu citeras ton
prochain comme toi-même !”), mais dans les effets mêmes de déplacement du
discours auquel chacun est appelé à contribuer. De ce point de vue, j’espère
beaucoup de réactivation des cartels notamment à l’ECF : est-ce un effet de
lecture, mais il me semble que les cartels restent au second plan dans les débats
rapportés dans le bulletin ? Comment faire, sinon exister le cartel de l’AMP,
du moins que l’AMP profite du cartel des Écoles ?
4 - La passe dont plusieurs évoquent leur attente :
- Les AE de l’ECF n’arrivent à mobiliser le transfert sur leur
travail respectif que soutenus par l’École : colloque de Strasbourg et de
Biarritz, Journées du Champ freudien à Paris (et, je l’espère, à Buenos
Aires, pour ceux qui auront la chance d’y parler), à quoi j’ajoute leurs
interventions en tant que membre des cartels de la passe et l’invitation
d’Horne à la soirée organisée pour l’entendre au local de l’École à
Paris. Il semble que l’on se dérange difficilement au-delà pour vérifier
qu’ils ne font pas groupe malgré le séminaire commun à Paris. Ils réussissent
mieux en Province. Bref, ils ont à mériter leur transfert !
- Mais les effets de la passe ne se mesurent pas à ce transfert ni, pour
l’instant, à une évaluation du travail produit par les seuls AE : la passe a
déjà changé quelque chose dans l’École, et sans doute dans les Écoles,
donc à l’AMP ; cet effet d’allégement, de soulagement même du surmoi
psychanalytique, qui se traduit aussi bien par le colloque sur “La cité
analytique” que... votre bulletin, démontre que la passe pourrait bien
constituer l’antidote structural à l’effet de saturation.
Je m’excuse si cette réponse n’est pas aussi brève que je
l’aurais souhaitée. J’en profite pour vous remercier tout simplement de ce
que vous faites.
Bien à vous. — Marie-Jean Sauret, Toulouse, le 1er
juillet 1996
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Item 112 / Réunion de tous les Conseils
Lors de la réunion de tous les Conseils, l’exposé de 15 mn fait au
nom du Conseil de l’EEP sera lu par Miquel Bassols ; pour le Conseil de
l’EOL, par Maria Novotny de Lopez ; pour le Conseil de l’EBP, par Jorge
Forbes.
Pour les autres Conseils, les noms me seront communiqués dans les
meilleurs délais, et publiés dans la Dépêche.
Une
traduction simultanée est prévue, en français, espagnol et portugais.
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Item 113 / Projet de rapport de trésorerie (2), par
Colette Soler
4 - L’encaissement. L’Association dispose d’un compte
bancaire ouvert à son nom à Paris, où l’ensemble des cotisations est transféré.
Deux exceptions : les membres espagnols, dispensés par le Bureau de régler
leur cotisation à Paris, cotisent à une caisse associative de Barcelone, de
droit espagnol, gérée par E. Paskvan ; il en va de même à Buenos Aires, avec
R. Seldes.
III - Bilan de l’encaissement des cotisations 1995
Chaque responsable a transmis à la trésorière le bilan des cotisations
acquittées et restant dues pour son École. À la date du 2 juillet 1996, il était
le suivant :
Cotisations acquittées
impayées
montant
valeur en $US
ECF
213
4
1 17 150 FF
21 300
ECFC
22
10
10 181 FF
2 200
EEP-Espagne
111
7
1 43 000 Ptas
11 100
EEP-Italie
30
5
13 251,76 FF
3 000
EEP-Dév
20
2
10 385,66 FF
2 200
EOL
215
5
21 500
EBP
75
1
34 868 FF
7 500
Total
685
32
68 800
IV - Perspectives pour 1996
1 - La commission financière. Il paraît nécessaire d’homogénéiser
son fonctionnement pour l’ensemble des Écoles sur le modèle qui a prouvé
son efficacité à l’EOL, l’EEP-Espagne et l’EEP-Italie, à savoir : un
membre de la commission responsable pour chaque École, et qui travaille éventuellement
en liaison avec le trésorier local et avec celui de l’AMP.
La composition de la Commission à partir de l’AG du 22 juillet 1996
sera la suivante : ECF : F. Grasser ; ECFC : Betty Abadi ; EEP-Espagne : E.
Paskvan ; EEP-Italie : M. Daubresse ; EEP-Dév. : C. Dewambrechies-La Sagna ;
EOL : R. Seldes ; EBP : S. Grostein.
Chaque responsable veille aux échéances de l’appel de cotisation,
puis de deux rappels pour les retardataires ; il transmet s’il y a lieu les
sommes correspondantes à l’AMP au début décembre de l’année considérée
; il établit la liste nominale des membres qui ont acquitté leur cotisation et
de ceux qui la doivent, pour l’année en cours et pour deux années consécutives
; il transmet le bilan de trésorerie AMP propre à son École.
2 - La clôture du bilan. Pour l’année 1996 elle doit pouvoir
se faire au 31 décembre. Les Écoles dont l’appel de cotisation 1996 a été
tardif devront veiller à envoyer leur premier rappel début septembre, et le
second à la mi-octobre, afin que le dernier délai pour le règlement de la
cotisation puisse être fixé début décembre, et que l’ensemble des échéances
soit respecté. La trésorière se mettra à cette fin en contact avec les
responsables au début du mois de septembre. — Paris, le 2 juillet 1996
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Item 114 / Préparation de la Rencontre de Barcelone
La Présidente de la Fondation du Champ freudien s’est déplacée à
Barcelone le 21 juin dernier pour tenir une réunion avec l’ensemble de la
Section de Catalogne de l’EEP. Cette réunion a constitué le coup d’envoi
de la préparation de la Xe Rencontre
internationale du Champ freudien, qui aura lieu à Barcelone en 1998.
Judith Miller commença par résumer l’histoire des Rencontres antérieures,
depuis la première à Caracas, en présence et avec la participation de Jacques
Lacan, jusqu’à celle qui se tiendra ce mois de juillet à Buenos Aires.
Comme on sait, le siège de la Rencontre passe alternativement de l’Amérique
Latine à l’Europe. La Xe Rencontre
aura lieu pour la première fois dans une ville européenne qui ne sera pas
Paris. Selon la Présidente de la Fondation, Barcelone à la fois mérite cet
honneur, et a la capacité d’assumer la partie du poids de l’organisation
qui lui revient, et ce, dès cette réunion.
Le rendez-vous de Barcelone aura ceci d’inédit, qu’il sera
l’occasion de deux rendez-vous différents. D’abord, ce sera le Ier
Congrès des membres de l’AMP. Y seront admis les membres des Écoles, ainsi
que ceux de leurs Sections, moyennant autorisation donnée par les Conseils des
Écoles. Ensuite, il y aura la Xe Rencontre proprement dite, ouverte
à tous ceux qui désireront s’y inscrire.
Ce double rendez-vous “répond - dans les termes de Judith Miller - à
la nécessité pour les membres de l’AMP de travailler en tant que formant un
ensemble, après que les cinq Écoles du Champ freudien ont été créées, et
alors que des liens sont désormais établis entre l’AMP et les groupes qui
inscrivent leur travail dans le Champ freudien ; il répond en même temps à
l’exigence d’ouverture qui est celle du Champ freudien depuis qu’il
existe, et qui s’étend à tous ceux qui réfèrent leur pratique à l’œuvre
de Freud et à l’enseignement de Lacan”.
La Présidente a annoncé, dans le même sens, la création du bulletin
intérieur de l’AMP, qui s’intitulera Temps Logique.
La responsabilité organisationnelle de ces deux événements aura un
point d’appui quadruple.
1) Une instance de l’AMP a été constituée, sous le nom de Sextus, à laquelle appartiennent en particulier les
responsables exécutifs des cinq Écoles (les Directeurs de l’ECF, de
l’ECFC, de l’EOL, et de l’EBP, et le Président de l’EEP), ainsi que le
délégué général de l’AMP, JA Miller.
2) La Fondation établira à Paris un Bureau ex profeso pour la
Rencontre.
3) La Commission d’organisation, présidée par Rosa Maria Calvet, sera
formée à Barcelone.
4) La Section de Catalogne de l’EEP, hôte de la Rencontre, se fait
solidaire de son organisation.
RM Calvet a commencé son intervention par la lecture intégrale de
l’Accord en 11 points, signé à Paris le 12 mai dernier, sur la base de la décision
prise en mai 1995 par le Conseil de l’AMP de tenir la Xe Rencontre
à Barcelone, et de l’acceptation de cette décision par José Monseny, en
tant que Président de la Section de Catalogne.
Cet Accord confirme la possibilité d’organiser les deux événements,
et répartit le travail entre, d’une part, la Fondation et sa Commission, et
d’autre part, l’AMP et les Écoles.
La Commission a proposé de tenir compte du fait que la tenue de la Xe
Rencontre coïncidera avec le 40e anniversaire de la présentation
par Jacques Lacan de son intervention “La psychanalyse vraie, et la fausse”,
lors d’un Congrès de psychothérapie tenu à Barcelone en 1958.
RM Calvet a détaillé la
composition de la Commission d’organisation, qu’elle compte présenter pour
accord au Conseil de l’AMP à Buenos Aires. La distribution des tâches,
a-t-elle précisé, s’est faite sur le modèle des Rencontres antérieures.
Les modifications introduites pour la Xe
Rencontre se sont répercutées sur le schéma de la Commission.
Schéma proposé
Présidente
: Rosa Maria Calvet i Romani
Conseil-assesseur de la Présidente :
Horacio Casté, José Monseny, Vicente Palomera,
Montserrat Puig, Victoria Vicente
Composition
du volume : Vicente Palomera, Antoni Vicens
Réalisation
du volume : Shula Eldar, Enric Berenguer
Accueil
logements, voyages : Lucia d’Angelo, Roser Casalprim, Ana
Martinez Westerhausen
Fichier
: Carmen Prada, Jesús Bargiela
Matériel
:
María Sanchez, Xavier Campanà
Auspices
:
José Monseny, Francesc Vilà
Festivités
: Montserrat Puig, Clara Bardón
Presse
et media : José Ramón Ubieto (Barcelone), avec des correspondants de
toute l’Espagne
Programme
: Miquel Bassols, Rithée Cevasco
Relations
extérieures : Carmen Lafuente, Luis Miguel Carrión
Librairie
du Congrès : Anna Aromi
Librairie
de la Rencontre : José
Manuel Alvarez
Trésorerie
: Victoria Vicente, Angels Petit
Palais
des Congrès : Horacio Casté, Xavier Esqué, Juan Ramón Lairisa
Journal
de la Rencontre : Nilda Estrella, Miriam Chang, Alicia Calderón de la
Barca, Ana
Canedo, Dolors Camós, Ramon Miralpeix, Josep Maria Panés.
RM Calvet a déjà présenté plusieurs données prévisionnelles
concernant les locaux, le nombre de participants, le prix de l’inscription,
etc.
Au cours de la discussion où prirent la parole de nombreux membres de la
Section, surgit le projet de réaliser un numéro spécial de Cursor,
bulletin de la Section, contenant une présentation de la ville de Barcelone.
La Présidente de la Fondation a rappelé le besoin d’obtenir des
organismes compétents, comme pour les Rencontres antérieures, des subventions
permettant à des citoyens de pays en situation de particulière précarité économique
de voyager à Barcelone et de participer à la Rencontre.
Le lendemain, le Samedi 22 juin, eut lieu une première réunion
informelle de Judith Miller avec les membres de la Commission d’organisation
présents à Barcelone. La discussion porta sur la définition de chacune
des tâches, une après l’autre, et des suggestions de travail furent faites.
Concrètement, il fut décidé de tenir des réunions plénières de la
Commission une fois par mois, Judith Miller venant participer à ces réunions
une fois tous les deux mois.
La Présidente de la Fondation annonça son intention de demander à la
Commission de la IXe Rencontre de
faire projeter à Buenos Aires une video sur Barcelone, et de mettre à sa
disposition dans la librairie de la Rencontre, un petit stand consacré à
Barcelone, afin d’éveiller l’intérêt des présents pour la ville qui
accueillera la Rencontre de 1998.
Cet item reprend pour l’essentiel le compte-rendu établi
par Antoni Vicens, de la Section de Catalogne de l’EEP.
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Dépêche
n° Spécial
17
juillet 1996
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Item S.1 / Éditorial
Ce numéro spécial de la Dépêche est destiné aux participants
à la Réunion de tous les Conseils, le 17 juillet prochain. On y trouve une sélection
d’items des Dépêches parues depuis mai 1995. — J.A.M., le 1er
juillet 1996
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Item S.2 / Communiqué de Rio de Janeiro, le 3 mai 1995
Le présent communiqué résume l’ensemble des décisions acquises à
l’occasion des réunions tenues à Rio de Janeiro par le délégué général
avec les membres du Conseil et du Bureau de l’AMP, ainsi qu’avec le Conseil
de l’EBP.
1 - Brésil
Création de l’École Brésilienne. Les membres du Conseil et du
Bureau de l’Association ont ratifié la décision du délégué général de
tenir pour achevée la période de formation de l’EBP, et de procéder à sa
fondation le 30 avril, ce qui a été fait comme prévu.
Entrée par la passe. Sur la proposition du Conseil de l’AMP,
l’entrée par la passe a été instituée au sein de l’EBP, après un vote
consultatif unanime, à bulletins secrets, de ses membres réunis le 1er
mai.
Présence brésilienne à l’AMP. Les membres de l’EBP sont
maintenant membres de l’AMP. La Fondation du Champ freudien a choisi Jorge
Forbes comme membre du Conseil de l’AMP jusqu’en 1998. Invité à procéder
à l’élection d’un membre du Conseil de l’AMP pour la période 1996-2000,
le Conseil de l’EBP, réuni le 1er mai, a choisi Bernardino Horne,
actuel Président de l’École.
2 - Vie de l’Association
Trésorerie. Le rapport présenté par la trésorière a été
approuvé ; sur sa proposition, il a été décidé de maintenir, en dépit de
la baisse du dollar, le montant actuel de la cotisation annuelle (100 USD), et
de procéder aux radiations prévues pour non-paiement de la cotisation.
Permutation. Une lettre sera adressée par le délégué aux Présidents
des Écoles ; le schéma en a été approuvé par le Conseil.
Réunion du Conseil de l’Association. Il est prévu de tenir la
prochaine réunion du Conseil à Buenos Aires le 19 ou le 20 juillet, le matin
ou l’après-midi, en fonction du programme. Le Conseil renouvelé se réunira
à l’issue de l’Assemblée Générale pour la première fois. Celle-ci se
tiendra le lendemain de la clôture de la Rencontre.
Réunion des Conseils des Écoles. Il est prévu de réunir à
Buenos Aires les membres des Conseils des Écoles, afin de procéder avec eux à
un tour d’horizon de la situation de l’Association Mondiale ; cette réunion
devrait avoir lieu la veille de la Rencontre, le 17 juillet.
Courrier de l’Association. Il a été décidé de publier un
Courrier qui sera diffusé à l’ensemble des membres par le canal des Écoles
: ce sera “La Lettre de l’AMP” ; les informations réservées aux Conseils
continueront de leur être communiquées par ailleurs.
Newsletter. Le premier numéro de la “Newsletter” de l’AMP,
“The Knot”, paraîtra à l’occasion de la Rencontre de Buenos Aires ; il
sera édité en Australie, sous la responsabilité de L. Rodriguez, par le
“Australian Centre for Psychoanalysis in the Freudian Field” ; il comprendra
un texte en provenance de chaque École, présentant le vif de son expérience
au cours de la période écoulée depuis la Rencontre de Paris ; il publiera également
les modifications et corrections de l’Annuaire 1995 de l’Association, et
différentes données qui seront demandées aux Directoires des Écoles. La date
limite pour l’envoi des textes et disquettes à Paris est fixée au 15 janvier
1996.
3 - Passe et admission
La passe à l’ECF et à l’EEP. Deux demandes de passe sont
parvenues à l’ECFC, cinq à l’EEP, en provenance d’Espagne.
La passe à l’EBP. Le délégué général a promulgué le règlement
de l’entrée par la passe.
La passe à l’EOL. Le Conseil de l’Association a approuvé les
principes adoptés par le Conseil de l’EOL concernant la sélection des
membres des cartels de la passe et celle des passeurs ;
il a rappelé
que le
principe dit
de “ l’extime ” devra figurer dans le règlement définitif ;
pour la période initiale, il a accepté la suspension de ce principe au cas où
le Conseil de l’EOL le souhaiterait ; il a accepté également que la décision
sur ce point revienne au Congrès, si le Conseil de l’École le préfère. Une
lettre rédigée par le délégué général a été adressée au Conseil de
l’EOL sur tous ces points.
Les admissions de Colombie. Le Conseil a été informé des échanges
entre le délégué général et le Conseil de l’ECFC par l’intermédiaire
de son Président, E. Leon Vivas. Le projet prévoit l’admission des collègues
colombiens à titre de “membres à l’étranger” ; ils
constitueront le “ Collège
colombien de l’ECFC ”, premier pas vers la création de la Section
colombienne de l’École. Ce projet sera soumis à l’approbation de l’ACFC.
Les admissions à l’AMP. Le Conseil de l’AMP demande aux
Conseils des Écoles de lui communiquer la liste de leurs admissions avant de la
rendre publique, afin qu’il puisse leur adresser ses observations en temps
utile, et entamer si nécessaire un dialogue avec eux. L’admission prononcée
par le Conseil d’une École emporte en effet l’admission dans l’AMP, et
implique de ce fait la responsabilité du Conseil de l’AMP. Cette
responsabilité est de veiller au sens et à la valeur attachés à la qualité
de membre de l’AMP ; cette qualité ne saurait être assurée que par une
politique d’exigence.
IPA. Les difficultés actuelles de l’IPA ont fait l’objet
d’une information de la part d’É. Laurent.
4 - Extension
Australie. Le délégué général a donné lecture d’un rapport
de R. Nepomiachi sur le récent “ Lacan Symposium in Australia III ”.
Bolivie. J.C. Indart a informé le Conseil du succès de la récente
rencontre de Cochabamba ; des Journées sont prévues en novembre.
Cuba. À la suite d’une information apportée par J. Miller, le
Conseil confirme l’intérêt de l’AMP pour le développement de la
psychanalyse à Cuba ; il est disposé à soutenir une mission régulière
d’un collègue vénézuélien auprès des collègues cubains ; J. Miller
suivra l’affaire.
Guatemala. Une information est apportée par É. Laurent, retour
du Guatemala. Le Conseil est favorable au regroupement des collègues guatémaltèques
d’orientation lacanienne.
Italie. Le Conseil a pris connaissance de la proposition émise
par le délégué général concernant la création, à long terme, d’une École
italienne, restant liée à l’École Européenne, tout en jouissant d’une
large autonomie administrative.
Japon. Le Conseil souhaite la création d’une publication régulière
liée à l’AMP.
Mexique. Le Conseil souligne l’importance qu’il attache à la
prochaine mission d’É. Laurent au Mexique.
Pérou. Le délégué général a informé le Conseil de ses
entretiens à Paris et à Rio avec des collègues péruviens. Le Conseil
confirme le désir de l’AMP de les réunir dans une structure unique. Le délégué
prendra des initiatives.
Québec. Il serait utile d’établir une instance de concertation
de l’AMP avec les collègues québécois.
5 - Rencontre internationale de 1998
Concept. La Présidente de la Fondation du Champ freudien a
confirmé que la Rencontre de 1998 devrait marquer une coupure avec les précédentes
: elle sera celle des Écoles et de l’AMP. Il a été convenu qu’elle serait
réservée aux membres et adhérents des Écoles, et fermée au public ; des dérogations
pourront être accordées par des commissions spéciales, mais en nombre limité
; une procédure particulière sera prévue pour les zones géographiques non
couvertes par une École.
Lieu. J. Miller et J. Salinas ont fait état du désir des membres
et des responsables de la Section de Catalogne de l’École Européenne,
d’organiser la Rencontre de 1998. Ils ont confirmé que nos collègues de
Barcelone avaient la compétence requise, qu’ils étaient animés d’un grand
enthousiasme pour ce projet, qu’ils étaient soutenus par les responsables de
l’EEP. Dans ces conditions, le Conseil a ratifié la décision de tenir la Xe
Rencontre internationale à Barcelone en juillet 1998, et a adressé un message
aux membres de la Section de Catalogne.
Thème. Les premiers échanges à propos du thème de la Xe
Rencontre vont dans la direction de la “ symptomatologie lacanienne ” : désir
de discussions concrètes sur la clinique, mais en évitant la dispersion. Les
échanges se poursuivront par le moyen du fax.
Perspective. Les rapports à long terme de la Fondation et de
l’AMP ont fait l’objet d’un premier échange d’idées : ces rapports
sont destinés à évoluer. Faute de temps, la question informatique dans
l’AMP n’a pu être abordée : F. Leguil préparera un rapport écrit sur ce
point.
6 - Prochains rendez-vous
La prochaine réunion du Conseil aura lieu à Buenos Aires le 19 ou le 20
juillet. Le Secrétaire du Conseil est chargé d’en fixer le jour, l’heure
et le lieu, en concertation avec R. Seldes, responsable de la Commission
d’organisation de la Rencontre, et d’en avertir les membres du Conseil.
La seconde Assemblée générale aura lieu le 22 juillet à partir de
14h30 à l’Hôtel Sheraton de Buenos Aires. La convocation sera adressée par
le Secrétaire du Conseil. — Jacques-Alain Miller, Rio de Janeiro, le 3 mai
1995
Rapport de Trésorerie présenté le 30 avril 1995
1 - Cotisations perçues en 1994
- ECF : 183 cotisations, 6 impayées (100 650FF) :
18 300 USD
- ECFC : 23 cotisations, 4 impayées (12 273FF) :
2 300 USD
- EEP
.
EEP-Espagne : 101 cotisations, 8
impayées (1 360 954P) :
9
800 USD
. EEP-Francophone : 6
cotisations, 1 impayée (2737,93FF) :
600
USD
. EEP-Italie : 31
cotisations, 1 impayée (4 650 000L) :
2 000 USD
- EOL : 206 cotisations, 3 impayées :
20
600 USD
2 - Cotisation à percevoir en 1995
- Montant de la cotisation : en dépit de la baisse du dollar, il
n’apparaît pas nécessaire d’augmenter la cotisation.
- Date d’appel de la cotisation : en 1994, la cotisation a été appelée
tardivement dans l’année en raison de la Rencontre internationale de juillet.
Une partie des cotisations n’a donc été encaissée qu’au début de l’année
1995. Il faudrait à l’avenir que les comptes de toutes les Écoles soient arrêtés
au 31 décembre de chaque année, et que les cotisations soient rentrées à
cette date.
3 - Radiations pour non-paiement de la cotisation
La radiation doit intervenir après un dernier appel par lettre recommandée
pour les membres qui n’ont pas payé leurs deux dernières cotisations de 1993
et 1994. La question se pose pour un membre de l’EEP-Espagne, un membre de
l’EEP-Italie, un membre de l’EOL. La question ne se pose pas encore à
l’ECF, puisque n’ont été admis à l’AMP que ceux qui en ont fait la
demande et qui ont payé en 1993.
La trésorière se propose d’adresser aux trésoriers de chaque École
une lettre précisant le montant de la cotisation 1995, donnant quelques
instructions pour que les comptes puissent être clos à la fin de l’année
civile, et rappelant la procédure à suivre pour les mises en instance de
radiation. — Colette Soler
Le Conseil de l’AMP aux collègues de Barcelone
Le Conseil de l’AMP, réuni dans la ville de Rio de Janeiro ce même
jour, peu avant la cérémonie de fondation de l’École Brésilienne de
Psychanalyse, a le plaisir de vous informer qu’il a ratifié le choix de
Barcelone comme siège de la Xe Rencontre internationale du Champ
freudien.
Nous souhaitons aux collègues de la Section de Catalogne, dont nous
connaissons les compétences et l’enthousiasme, un travail fécond. — Rio
de Janeiro, le 30 avril 1995
J.A. Miller, délégué général - M. Kizer, Président du Conseil - J.
Salinas-Roses, Secrétaire du Conseil - S. Basz, J.C. Indart, F. Leguil, membres
du Conseil - C. Soler, membre du Bureau
Pour accord : J. Miller, Présidente de la Fondation
___________________________________________________________________________
Item S.3 / Rappel de la composition du Conseil et
Bureau
Le Conseil de l’Association est actuellement composé de huit membres,
dont la moitié, entrée en 1992, permutera cette année à l’issue de
l’Assemblée générale, tandis que l’autre, entrée en 1994, demeure en
fonction jusqu’en 1998.
Les entrants de cette année ont été désignés par les Conseils des Écoles,
qui sont maintenant au nombre de cinq. Le Conseil 1998-2000 comprendra donc neuf
membres.
Membres du Conseil
1992-94 :
Chamorro
Jorge, Clastres Guy, Laurent Éric, Miller Jacques-Alain
1992-96 :
Basz
Samuel, Kizer Manuel, Leguil François, Salinas-Rosés
Joan
1994-98 :
Di Ciaccia Antonio,
Forbes Jorge, Indart Juan-Carlos, Silvestre
Danièle
1996-2000 :
Cevasco
Rithée, Horne Bernardino, Klotz
Jean-Pierre, Leon Vivas Eduardo, Sawicke
Oscar
Le Bureau 1994-96 comprend deux Secrétaires, M. Bassols et É. Laurent,
et une Trésorière, C. Soler. Des collègues ont été chargés de mission spécifique
: J. Chamorro prépare un rapport à l’Assemblée générale, sur “ État et
société ” ; G. Clastres a été en mission au Brésil ; J.C. Indart et D.
Bleger en Bolivie ; Le n° 1 de la Newsletter a été confié pour sa réalisation
à L. Rodriguez ; ont participé à la rédaction : M. Bassols, S. Basz, J.
Forbes, L. Luongo, C. Soler, désignés par les Conseils.
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Item S.4 / Accord sur la Rencontre de Barcelone
Je me suis réuni le dimanche 12 mai à Paris avec Rosa Calvet et Judith
Miller, respectivement Présidente de la Xe Rencontre et Présidente
de la Fondation. Il a été convenu ce qui suit :
1 - Les Présidentes assureront en 1998 l’organisation à Barcelone de
deux événements successifs : un congrès AMP de deux jours réservé aux
membres de l’AMP (21 et 22 juillet), et la Xe Rencontre
internationale du Champ freudien sur trois jours (24, 25, 26 juillet), ouverte
au public.
2 - Les membres de l’AMP s’inscriront globalement aux deux événements.
3 - L’inscription se fera auprès des Écoles.
4 - Les inscriptions seront closes le 1er octobre 1997.
5 - Le montant de l’inscription sera, pour ces 5 jours, de 400 USD (référence
: Rencontre de Paris 1994, 4 jours, 360 USD). Au cas de forte hausse de la
peseta par rapport au dollar, ce montant pourra être révisé à la hausse, par
accord entre la Fondation et l’AMP.
6 - Une affiche, préparée par l’AMP, sera distribuée à Buenos Aires
aux membres de l’AMP présents ; cette affiche annoncera le Congrès et la
Rencontre, et informera sur les inscriptions.
7 - Les membres associés, ou adhérents, ou correspondants des Écoles
ou de leur Section, ainsi que les membres des ACF (France-Belgique), qui désireraient
assister non seulement à la Rencontre, mais aussi au Congrès, devront en faire
la demande aux Conseils des Écoles, qui seront habilités à leur donner
l’autorisation nécessaire.
8 - Le délégué général de l’AMP se mettra en contact, au moment
opportun, avec les Directeurs des Écoles, afin de préciser les modalités
d’inscription des membres.
9 - La Fondation précisera ultérieurement le montant de l’inscription
à la Rencontre seule, pour le public.
10 - L’AMP assurera les frais de son Assemblée générale en réglant
à la Fondation la même somme qu’à Paris 1994. Au cas où il apparaîtrait
une prévision de dépenses supplémentaires pour l’Assemblée générale, la
Fondation en avisera l’AMP, afin de s’accorder préalablement sur les frais
à engager.
11 - L’AMP n’élève pas de prétentions sur l’éventuel reliquat
de l’organisation des 21-26 juillet ; la Fondation déclare que ce reliquat
est destiné à être partagé entre la caisse centrale de la Fondation et celle
de sa représentation en Catalogne, la Commission d’organisation de la Xe
Rencontre.
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Item S.5 / Création de Sextus
Destinataires :
EBP : Jorge Forbes ; ECF : François Leguil ; ECFC : Ronald Portillo ;
EEP : Éric Laurent ; EOL : Graciela Brodsky, Leonardo Gorostiza.
Chers collègues,
Ceci est une communication importante.
Vous avez certainement noté dans le n° 11 de la Dépêche de l'AMP, daté
du 4 juin dernier, le texte de l'Accord en 11 points entre l'AMP et la
Fondation, concernant l'organisation à Barcelone, du 21 au 26 juillet 1998, du
I° Congrès des membres de l'AMP et de la Xe Rencontre
internationale du Champ freudien.
Le point 3 précise que l'inscription se fera, pour la première fois,
auprès des Écoles.
En effet, il était nécessaire de donner maintenant l’occasion aux
membres des Écoles de se retrouver entre eux, orientation que le Conseil de
l’AMP avait approuvée lors de sa réunion de Paris 94, et qu’il était prévu
de mettre en œuvre pour Barcelone 98.
Une difficulté demeurait : sacrifier l’ouverture des Rencontres
peinait et divisait chacun d’entre nous. Mon idée de distinguer deux réunions
successives, le Congrès et la Rencontre, visait à lever cette difficulté. Dès
lors que la Fondation du Champ freudien et la Commission catalane, par la bouche
de leurs Présidentes respectives, Judith Miller et Rosa Calvet, ont pu
confirmer qu'il était matériellement possible de réaliser cette idée, la
difficulté a été effectivement levée.
Deux ans avant "le Rendez-vous de Barcelone", le moment est
arrivé de préparer méthodiquement l'événement.
Une réunion nouvelle, le Congrès, est à penser : ce seront deux jours
d'une grande importance pour la vie de l'Association et des cinq Écoles durant
les deux années suivantes. Le modèle de la Rencontre, déjà ancien, est à
repenser et à resserrer sur trois jours.
Les discussions à ce sujet commenceront lors de la Réunion de tous les
Conseils le mercredi 17 juillet à Buenos Aires ; elles se poursuivront à
l'Assemblée générale du 22 juillet, puis par fax, par la Dépêche, etc.
L'organisation sur place est la mission de la Commission d'organisation
installée à Barcelone et présidée par Rosa Calvet. Les rapports avec l'AMP
et les cinq Écoles passeront par la Fondation, sa Présidente, et un comité ad
hoc qui sera installé à Paris au retour de Buenos Aires.
Il s'agit maintenant de mettre en place, côté AMP et Écoles, les
organes qu'appelle l'organisation de Barcelone 98.
Les organes fondamentaux existent : ce sont les différents Directoires
(un par École, sauf dans le cas de l'École Européenne, qui en compte trois :
EEP-Espagne, EEP-Italie, EEP-Développement). Le futur comité ad hoc de
la Fondation pourra entrer en contact avec eux pour traiter le problème des
inscriptions, des voyages, de la documentation, etc.
Néanmoins, il m'apparaît nécessaire de prévoir une coordination exécutive
au sein de l'AMP. Comment allons-nous aborder cette mission nouvelle ?
Faudra-t-il que chaque Directeur crée, sous sa responsabilité, une commission
particulière chargée de ces tâches ? Ou les Directoires pourront-ils les
assurer directement ? Comment allons-nous mobiliser par le biais de leur École
les membres de l'AMP ? La question, devenue fameuse, de la préparation saturée
ou non, ne manquera pas de se poser également dans ce cadre, comme elle se
posera au niveau des Conseils. Etc. Pour examiner, traiter, résoudre, ces problèmes
nouveaux et passionnants, qui inaugurent le coming of age de l'AMP, il
m'apparaît indispensable d'établir pour la première fois un lien direct entre
le délégué général de l'AMP et l'exécutif de chaque École.
C'est pourquoi je m'adresse à vous cinq, et vous demande de vous réunir
avec moi dans un comité exécutif spécial de l'AMP pour Barcelone 98. Ce comité,
où seront représentées les cinq Écoles et l'AMP, portera le nom de Sextus.
Je vous prie de bien vouloir m'indiquer la date et l'heure de votre arrivée
à Buenos Aires et celles de votre départ, afin que je puisse dans les
prochains jours vous adresser la convocation à la première réunion de Sextus.
Lors de cette première réunion, nous établirons les grandes lignes de
notre action pro-Barcelone durant les deux prochaines années ; nous aurons à
convoquer une seconde réunion à Buenos Aires, où R. Calvet et J. Miller nous
exposeront le point où elles en sont de l'organisation. Nous verrons comment
tenir compte des permutations pouvant intervenir dans les Écoles avant 98.
Je vous demande une réponse rapide.
Bien cordialement, et avec confiance dans notre collaboration. — Jacques-Alain
Miller, 17 juin 1996
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Item S.6 / Temps logique
Le premier numéro de Temps logique, bulletin intérieur de
l’AMP, vient de sortir à Paris. Ce numéro est composé d’un choix de
textes des récentes Dépêches, avec un éditorial que j’ai composé
vendredi 21 juin.
J’en ai eu l’idée la semaine dernière, après l’envoi de la Dépêche
n° 12, au moment de recevoir l’appel de cotisations adressé aux membres
français de l’AMP par la Secrétaire et le Trésorier de l’ECF : cet appel
laissait aux membres 10 jours pour régler leur cotisation. J’ai pensé que
cela n’était pas fait pour inspirer aux membres de l’ECF de bons sentiments
à l’endroit de l’AMP, et qu’il fallait rattraper le coup en envoyant un
bulletin, qui, de fil en aiguille, est devenu Temps logique.
J’ai demandé à Graciela Brodsky, qui traduit la Dépêche en
espagnol, de sortir Temps logique pour la Rencontre. La présence à
Paris d’Ana Lydia B. Santiago m’a permis, dimanche 23 juin, d’arranger la
traduction en portugais (une équipe d’une dizaine de collègues, animée par
Jésus Santiago à Belo Horizonte).
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Item S.7 / Pour des “cartels euro-américains” de
l’AMP, par Juanqui Indart
Une évidence : l’accélération du changement social, la désidentification
désordonnée qu’elle produit.
Pour cette raison, en très peu de temps, l’isolement de chacune des Écoles
au sein de l’AMP conduit à une inertie identificatoire croissante, et à une
profonde déviation de la relation au savoir.
Il s’agit d’un problème urgent. Pourquoi ?
Parce que le retour croissant dans le réel de ce qui est forclos dans le
symbolique, se présente sous sa face de diversification, comme bouts de réel,
selon des temporalités et des contingences propres à chaque région.
L’inertie et la déviation plus haut mentionnées obturent toute élaboration
d’un savoir original dont la définition exigerait qu’il soit
transmissible au moins à quelques autres, différents.
La question est très aiguë pour les communautés de travail organisées
sous forme d’Écoles en Amérique Latine, par comparaison avec celles qui sont
organisées pareillement en Europe. L’articulation qui permet de rompre
l’isolement, est due à un transfert de travail que ne soutiennent en Europe
qu’un très petit nombre de collègues. Cette articulation, certes, est, a été,
et sera cruciale, et c’est à elle que l’on doit à peu près tout. Mais il
s’avère déjà que pour la soutenir, il est souhaitable d’élargir les
liens de travail entre les collègues des deux côtés de l’Océan.
Pourquoi des cartels ?
Non pas seulement en raison des principes déjà connus qui mettent en
relation la structure de ce dispositif et une authentique production de savoir,
mais parce qu’un réseau de “ cartels euro-américains ” de l’AMP ferait
avancer la fonction du plus-un sur deux points essentiels :
- inscrire la singularité de chaque thème de travail dans une relation
objective aux possibilités de son élaboration, qui sont différentes dans
chaque région, et dissiper ainsi l’illusion, que détermine l’isolement,
quant à la possibilité de sortir de celui-ci par la voie de la reconnaissance
de l’Autre ;
- rendre effective la responsabilité du plus-un dans la sélection et la
transmission des résultats du travail dans des contextes différents, de manière
à ce qu’un usage réel en soit fait, que ce soit pour les réfuter, les
prolonger, ou en prendre son départ.
De plus, il s’agit d’un dispositif bon marché, qui peut se soutenir
non seulement par fax ou courrier électronique, mais aussi bien par courrier
postal. De même, on peut considérer qu’il suffit pour la transmission de
disposer dans le réseau d’ordinateurs et de photocopies, tout en comptant sur
le grand nombre des publications du Champ freudien, aussi bien en Europe qu’en
Amérique Latine, lesquelles peuvent certainement donner une place de temps en
temps aux textes pour lesquels on désire une diffusion plus ample.
Il n’est pas non plus difficile de penser à une publication propre au
réseau, bon marché, qui comprendrait une sélection des résultats.
On peut suggérer au Conseil de l’AMP de composer et de diffuser une
liste de plus-uns considérés comme capables de mettre en œuvre cette
proposition et ses objectifs, avec leur caractère spécifique. On offrirait à
tous les intéressés une liste de thèmes bien choisis. Chaque cartel
comprendrait 2 membres européens et 2 membres latino-américains.
Il faudrait, au commencement, que la décantation des résultats se
produise en un an, non en deux. — Buenos Aires, le 26 juin 1996
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Item S.8 / La Réunion de tous les Conseils
Vous êtes convié(e) à la Réunion de tous les Conseils.
Date
: 17 juillet 1996
Heure : accueil à 10h00 ; début à 10h15 précises ; fin à 14h15
Lieu : Hôtel Sheraton, salle Martin Fierro
Convoqués :
membres des Conseils ECF, ECFC, EEP, EOL, EBP, AMP, présents à Buenos Aires ;
Directeurs et Directeurs-adjoints des Écoles (ou équivalents) ; invités du délégué
général
Ordre du jour : 6 exposés de 15 minutes et discussion générale
Traduction simultanée : espagnol, français, portugais
Jean-Pierre Klotz, Secrétaire du Conseil ECF
Les ACF : trois ans après, les répercussions sur l’École ; vers une
permutation maximale : conséquences des nouveaux statuts de l’École ;
l’usage des cartels.
Ronald Portillo, Président ECFC
Problèmes de l’École élargie ; la création de l’ACF-Caracas ; les
rapports avec l’Université, avec l’Institut de recherches psychanalytiques
sur l’art.
Miquel Bassols, Secrétaire du Conseil EEP
Les résultats de la passe à l’École ; l’orientation des refontes
statutaires dans l’École ; vers la refonte du catalogue des cartels.
Maria Novotny de Lopez,
Présidente EOL
La question des publications à l’École ; les rapports de l’École
avec le Champ freudien et l’Institut ; le recrutement des membres à l’École.
Jorge Forbes, Directeur EBP
La X° Rencontre à Barcelone ; l’admission des membres par la voie du
Conseil ; la garantie à l’École.
Jacques-Alain Miller,
Délégué général AMP
Le Ier Congrès des membres de l’Association ; la préparation
des Rencontres ; l’AMP comme espace associatif convivial.
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Item S.9 / Convocations Sextus
Vous êtes convié(e) à la première réunion de Sextus.
Date : 17 juillet 1996
Heure : 16h à 19h
Lieu : Hôtel Sheraton, salle Polo
Convoqués : les membres de Sextus
: G. Brodsky, J. Forbes, L. Gorostiza, É. Laurent, F. Leguil, J.A. Miller, R.
Portillo, J. Ravard ; de 18h à 19h : Rosa Calvet, Judith Miller
Ordre du jour : 16h-18h : mise en place de Sextus
; calendrier des réunions de Sextus à
Buenos Aires ; le moment actuel de l’AMP et des Écoles ; le concept et la préparation
de Barcelone 98 par l’AMP et par chacun des Directoires ; discussion générale.
18h-19h : présentation de l’organisation de Barcelone 98 par Rosa Calvet et
Judith Miller
Convoquant : délégué général AMP
Paris,
le 10 juillet 1996
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Item S.10 / Convocation du Conseil et du Bureau
Vous êtes convié(e) à la réunion du Conseil de l’AMP.
Date : 19 juillet 1996.
Heure : 15h à 17h30.
Lieu : Hôtel Sheraton, salle Polo.
Convoqués : membres du Conseil de l’AMP (6) et membres du
Bureau (4) présents à Buenos Aires :
1 - S. Basz, J. Forbes, M. Kizer, J.C. Indart, F. Leguil, J.
Salinas-Roses ;
2 - J.A. Miller, délégué général ; M. Bassols, É. Laurent, Secrétaires
; C. Soler, trésorière.
Ordre du jour : déroulement de l’Assemblée générale du 22
juillet après-midi ; problème des cotisations ; résolution sur les réglementations
des psychothérapies ; problèmes divers des Écoles ; transmission au nouveau
Conseil ; nouvelle composition du Bureau ; nouveaux délégués ; le moment
actuel de l’Association.
Convoquant : délégué général AMP.
Paris,
le 10 juillet 1996
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Item S.11 / Liste participants à la Réunion de tous
les Conseils
1. - Aramburu Javier
31. - Indart Juan Carlos
2. - Attié
Joseph
32. - Kizer Manuel
3. - Aureo
Beneti Antonio
33. - Klein Richard
4. - Bassols
Miquel 34.
- Klotz Jean-Pierre
5. - Basz
Samuel
35. - Laurent Éric
6. - Binasco
Mario
36. - Lefort Robert
7. - Bleger
Dudy
37. - Leguil François
8. - Borie
Jacques
38. - Leon Vivas Eduardo
9. - Briole
Guy
39. - Miller Judith
10. - Brodsky
Graciela
40. - Miller Dominique
11. - Brousse
Marie-Hélène 41. - Molina Andrès
12. - Bruno
Pierre
42. - Nemirovsky Frida
13. - Calvet
Rosa
43. - Nepomiachi Ricardo
14. - Cevasco
Rithée
44. - Novotny de López
Maria
15. - Chamorro
Jorge
45. - Paskvan Estela
16. - Clastres
Guy
46. - Perez Silvina
17. - Do Rêgo
Barros Romildo
47. - Portillo Ronald
18. - Eiras
José
48. - Quinet Antonio
19. - Forbes
Jorge
49. - Ravard Julieta
20. - Gallano
Carmen
50. - Salinas-Rosès Joan
21. - García
German
51. - Sauret Marie-Jean
22. - Gerbase
Jairo
52. - Sawicke Oscar
23. - Godino
Cabas Antonio
53. - Seldes Ricardo
24. - Gomez
Amilcar
54. - Solano-Suarez Esthela
25. - Gorostiza
Leonardo
55. - Soler Colette
26. - Grasser
Fabien
56. - Stevens Alexandre
27. - Grasser
Yasmine
57. - Strauss Marc
28. - Grostein
Sandra
58. - Trobas Guy
29. - Harari
Angelina
59. - Vidigal Luiz Henrique
30. - Horne
Bernardino
60. - Vigano Carlo
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Item S.12 / Convocation à l’Assemblée générale
Salon Golden Horn, Hôtel Sheraton à Buenos Aires, le 22
juillet 1996, Accueil à 14h30
L’Assemblée générale de l’Association Mondiale de Psychanalyse se
réunit statutairement tous les deux ans, à l’occasion des Rencontres
internationales du Champ freudien.
Tous les membres de l’Association y sont conviés.
La première Assemblée a eu lieu à Paris en juillet 1994. La deuxième
se tiendra à Buenos Aires, à l’issue de la IXe Rencontre
internationale.
La présentation du Rapport d’activité 1994-96 par Jacques-Alain
Miller, délégué général, sera à l’ordre du jour. Puis J.A. Miller
demandera que, par un vote à bulletin secret, l’Assemblée lui renouvelle sa
confiance pour deux ans. Les autres candidats éventuels à la fonction de délégué
général devront se faire connaître auprès du Conseil de l’Association (par
fax : 34 3 459 22 88), avant le 9 juillet à 12h45, heure de Barcelone.
Les autres points de l’ordre du jour seront annoncés par Manuel Kizer,
Président de l’Assemblée, lors de l’ouverture.
Les badges et les bulletins de vote pourront être retirés par les
membres avant l’Assemblée, à l’extérieur de la salle Golden Horn. — Joan
Salinas-Roses, Secrétaire du Conseil, Barcelone, le 4 juin 1996
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n°
15
12
août 1996
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Item 115 / Éditorial
Nouvelle époque. Cela ne se décide pas. Cela est dans la chose même,
relève de l’objectivité de l’Idée. On peut s’y accorder ou non, il
n’est pas impossible de l’infléchir, il faut commencer par s’y soumettre.
Comme c’est devenu intéressant ! Regarder en avant, suivre des yeux la
mèche allumée du nouveau. Regarder en arrière, par-dessus le mur qui, désormais,
nous sépare des significations d’antan, et lire le sens du passé.
*
Des trois époques du Champ freudien, la première, au moment d’y
entrer, nous le savions — et comment !
La seconde, en revanche, fut toute discrète, presque invisible. Je ne
pus la montrer, seulement la démontrer. L’élan initial épuisé, il fallait
péricliter désormais, ou remettre en jeu. Le pari fut gagné : le groupe cessa
d’être désirable, chacun lui préféra l’École.
Nous voilà à la troisième, qui ne s’installe pas parmi nous aussi
silencieusement que la seconde, petite geisha aux pas menus, mais elle ne vocifère
pas non plus comme la première, style Marseillaise de Rude. C’est plutôt
une Madame Sans-Gêne qui prend ses aises et houspille son monde.
*
Il me revient une phrase qui me fut écrite peu avant la Rencontre : “ Tu
as réussi à réveiller une génération fatiguée et engourdie. ” Je ne
voyais pas cela, et certainement pas en Amérique du Sud ; je voyais bien d’où
l’Autre paraît toujours trop mort, et ce qui était mis là pour
flatter ; — et pourtant, cette phrase avait la frappe de la vérité.
Voici comment, aujourd’hui, je l’interprète, cette vérité.
Une génération fatiguée et engourdie ? C’était le Champ freudien
qui était engourdi. L’heure fatale s’approchait à quoi Saint-Just, dans
son désarroi, donna existence, d’une formule inoubliable : “ La Révolution
est glacée. ” Oui, le Champ freudien se glaçait, et il allait entrer dans sa
troisième époque, celle de sa glaciation.
Oh, cela aurait été très animé : dérive des Écoles, comme de grands
icebergs coupés de la banquise ; escarmouches, puis guerres générationnelles
dans les Écoles ; nationalisme rampant, jeunisme, gérontocratie — je
pourrais écrire le scénario à l’avance, comme Isaac Asimov dans sa Fondation
à lui.
La glace a été prise de vitesse. “ ... lapsus calculé, qui
gagne à la main l’inconscient ” : quelque chose de cet ordre. Le Champ
freudien entre dans sa troisième époque tambour battant, sous son drapeau de
toujours, et non sous les trois oriflammes déjà tissées, et qui portaient les
noms de Saturation, Ennui, et Dépression. Elles ont été
foulées aux pieds à Buenos Aires.
*
A — Donc, c’est gagné ?
B — Oui, mais pour combien de temps ?
J.A.M., le 12 août 1996
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Item 116 / Questions et projets
Il y a maintenant beaucoup à faire et beaucoup à penser “ ce qui
ne constituera pas un progrès, si c’est seulement pour certains ”.
I - Questions
- ECF : la vieille École, qui n’a pas encore réussi à devenir
ECF2, comment va-t-elle faire pour se mettre à l’heure de la troisième époque
? Surtout pas en tapant sur ses ACF (deuxième fois).
- ECFC : les quelques collègues, trop rares, qui ont pu se rendre
à la IXe Rencontre, comment arriveront-ils à faire passer le
souffle de Buenos Aires à Caracas ? Il leur faudra souffler très fort...
Surtout, ne pas taper sur les Colombiens (deuxième fois).
- EEP : comment arriver, d’une main, à faire entrer
l’EEP-Espagne et l’EEP-Italie dans le circuit international, et, de
l’autre, à développer l’EEP en Europe centrale et orientale, où elle a
lamentablement stagné sous ma Présidence ?
- EOL : elle est à l’heure de demain.
- EBP : pour moi, la plus mystérieuse des Écoles, bien que la
dernière-née... Un pacte de silence, lui-même tacite... Nous verrons lors des
Journées de Sao Paulo, où je serai en avril.
II - Projets
Barcelone. À bien repenser à ce qui a été dit et écrit, je ne vois
pas de raison de ne pas essayer la formule dite “Rapport d’École” lors de
la Rencontre comme telle (non du Congrès). Cela fait sa place au “désir de
particularité” qui est présent dans les Écoles, avec plus ou moins de force
ici ou là, tout en l’encadrant dans l’ensemble AMP.
Encore faut-il préciser la définition du “Rapport d’École”, car
constituer l’École en énonciateur collectif, ce serait, nous en sommes
d’accord, une imposture.
Cela veut dire qu’il y aura deux volumes avant la Rencontre :
1) l’un, comme d’habitude, avec le thème commun, rédigé et signé
individuellement par des collègues appartenant aux différentes Écoles, et
choisis par la Fondation ;
2) le second, nouveau, avec un thème par École, thème choisi par les
instances responsables de cette École, et rédigés par des collègues de cette
École.
Comme point de départ pour la discussion, je propose le texte suivant,
qui s’inspire de l’idée de Samuel.
Argument du “ Biennal ”
1 - À l’occasion de la Rencontre de Barcelone, le Champ freudien fera
paraître un volume intitulé “ Le Biennal du Champ freudien ”.
2 - Ce volume comporte cinq chapitres.
3 - Chaque chapitre est sous la responsabilité d’une École.
4 - L’École choisit à son gré le titre du chapitre, dans toute
l’extension du champ freudien et de ses connexions.
5 - Elle choisit le coordinateur, et l’équipe de rédaction (10 au
maximum) du chapitre (50 pages machine au maximum, soit 75.000 signes).
6 - Les membres de l’équipe peuvent travailler entre eux ou animer des
séminaires, des Colloques, des Journées, etc., au choix de l’École. L’équipe
peut appartenir à diverses Sections de l’École, ou à une seule, au choix de
l’École.
7 - La date de remise du texte est fixée par la Fondation ; elle sera
comparable à celle du volume Les Pouvoirs de la parole.
8 - L’ensemble des cinq chapitres sera imprimé sous forme de rapport
par chacune des Écoles, et diffusé par elle en son sein. Le texte à composer
étant plus court et l’impression plus facile, on pourra en disposer plus
rapidement.
9 - À la parution de l’ensemble, chaque École désigne une équipe de
lecture critique, portant sur les cinq chapitres, c’est-à-dire y
compris celui de l’École elle-même. Cette équipe rédigera les
documents de son choix, et interviendra lors de la Rencontre.
10 - À la Rencontre, séquence de deux ou trois heures en cinq séances
simultanées : présentation et discussion de chaque chapitre.
11 - Rédaction ultérieure, etc.
12 - Que faut-il entendre par “l’École”, dans la phrase “L’École
choisit...”, “l’École désigne...” ? Ce peut être : une réunion
commune Conseil-Directoire. Mais on peut très bien l’élargir, voire s’en
remettre à l’AG.
Commentaires
Sur le papier, c’est très bien. Dans les faits, il y aura des problèmes.
- L’École de Caracas. Si ses membres ont été peu nombreux à
Buenos Aires, seront-ils plus nombreux à Barcelone ? Donc : prévoir d’aménager
la formule en ce qui les concerne, pour qu’elle leur convienne. La question
est posée à son Conseil.
- L’EEP. À mon avis, il vaut mieux confier la tâche à une
seule ville ou Section dont ce sera une tâche prioritaire plutôt que de
distribuer 50 pages à travers l’Europe. Si la formule marche, elle durera
bien assez de temps pour que ça permute. Pour Barcelone, ne pas choisir une équipe
espagnole. Mais la Section italienne ? Ça, c’est une idée.
- L’EBP. Pour la rédaction, choisir une Section, et une Section
dont beaucoup de membres voyageront. Pour la critique, répartir entre les
quatre autres Sections.
- L’EOL comme l’ECF ont le choix entre beaucoup de
formules possibles. Il faudra privilégier celles qui évitent
l’identification massive au “ Rapport d’École ”. Pour l’ECF,
cela veut dire : prendre plutôt pour base de l’équipe de rédaction une
solide ACF ou bien L’Envers de Paris, étant entendu que l’équipe ne sera
pas étanche par rapport au reste de l’École. Pour l’EOL, où la très
grande majorité est ramassée à Buenos Aires, une solution possible pour que
ce travail s’inscrive dans le travail de l’École à sa juste place, ni
trop, ni trop peu, c’est que Leonardo en soit coordinateur. Mais est-ce
compatible avec les tâches de la gestion ? À lui de le dire.
Consultation
Je saisis de cette proposition les cinq Conseils et les cinq Directoires.
J’attends leurs réactions. En Europe, la rentrée n’a lieu qu’en
septembre. C’est donc d’Amérique du Sud que viendront les premières
remarques.
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Item 117 / Temps logique n° 3
Le n° 3 est prêt. Il comprend :
1 - Sous le titre “Le débat mondial”, les actes de la Réunion de
tous les Conseils du 17 juillet ;
2 - le rapport du délégué général ;
3 - la rubrique “Technologie” (Internet) ;
4 - enfin, le journal associatif, avec le texte “Nouvelles missions
administratives” ; le rapport de trésorerie ; le résumé des réunions
institutionnelles de juillet.
Il faut y ajouter le texte sur les cartels euro-américains et la liste
de ceux qui existent déjà, que, en partant de Buenos Aires, j’ai demandé à
Juanqui de rédiger.
Je lui demande d’en faire l’éditorial du n° 3. Une fois que
Graciela l’aura, qu’elle me l’envoie, et je le traduirai pour l’édition
française.
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Item 118 / Nouvelles missions administratives
I
- Missions des Départements
1
- Département ESP (“État, Société, Psychanalyse”)
Observatoire permanent de l’évolution mondiale des relations entre les
États, la Société, et la Psychanalyse ; rédaction d’un rapport synthétique
biennal, présenté à l’Assemblée générale. Après É. Laurent (Paris,
1994) et J. Chamorro (Buenos Aires, 1996), le responsable du rapport qui sera présenté
à Barcelone en 1998 est J. Monseny.
2
- Département Passe
Observatoire permanent de l’évolution mondiale de l’expérience de
la passe ; recueil des informations pertinentes concernant le fonctionnement de
la procédure auprès des Secrétariats de la passe appartenant aux différentes
Écoles ; rédaction d’un rapport biennal, publié à l’occasion de la tenue
de l’Assemblée générale.
3
- Département Mental
Observatoire permanent de l’évolution mondiale en matière de santé
mentale, du point de vue théorique et institutionnel ; suivi des questions
concernant la réglementation des psychothérapies ; internationalisation de la
revue Mental ; études et propositions concernant la politique de l’AMP
dans ce domaine.
4
- Département Epistémé
Observatoire permanent de l’évolution mondiale de la communauté
associative AMP ; contacts suivis avec les Conseils des Écoles ; évaluation
des situations concrètes en rapport avec les objectifs “communauté épistémique”
et “espace associatif convivial” ; toutes études et propositions concernant
la politique à suivre par l’AMP en ces matières.
5
- Département Cartels
Mise en œuvre de l’objectif “cartels euro-américains” de l’AMP
; projets de règlements concernant cet objectif ; cartels intercontinentaux ;
liaison avec le Comité Catalogue.
II
- Mission des Comités
1
- Comité Internet
Mise en œuvre du réseau AMP sur Internet ; régulation de ce réseau ;
formation des membres à son usage ; perspective technologique.
2
- Comité Annuaire
Suivi de la liste des membres, en liaison avec les Conseils et les
Directoires des Écoles, et en collaboration avec la trésorerie ; réalisation
du second Annuaire de l’Association, à paraître pour Barcelone 1998.
3
- Comité Trésorerie
Encaissement des cotisations et gestion des fonds de l’Association,
sous la responsabilité de la Trésorière de l’AMP.
4
- Comité Catalogue
Réalisation du premier Catalogue de cartels euro-américains et
intercontinentaux de l’AMP, en liaison avec le Départements Cartels.
III
- Mission des Commissions
1
- Commission Liaison
Suivi des accords directs passés entre l’AMP et différents groupes de
collègues à travers le monde.
2
- Commission Temps logique
Rédaction, traduction, édition et diffusion du bulletin intérieur.
IV
- Liste des responsables
Les responsables des Départements prendront contact avec des membres de
l’Association pour constituer l’équipe de leur Département. Chaque Département
préparera un rapport destiné à être publié avant l’Assemblée générale
de Barcelone 1998. Le président du Département est nommé en premier, le secrétaire
en second.
1 - Département ESP :
J. Chamorro et J. Monseny
2 - Département Passe : M. Kizer et J. Salinas-Roses
3 - Département Mental : É. Laurent et A. Stevens
4 - Département Epistémé : S. Basz et V. Palomera
5 - Département Cartels : J.C. Indart et L. Solano
Les secrétaires des Comités ont été désignés ; ceux des Comités 1,
2 et 4 prendront contact avec des membres de l’Association pour leur proposer
d’intégrer leur Comité.
1 - Comité Internet : M. Bassols, secrétaire
2 - Comité Annuaire : R. Seldes, secrétaire
3 - Comité Trésorerie : C. Soler, secrétaire ; B. Abadi, M.
Daubresse, C. Dewambrechies-La Sagna, S. Grostein, E. Paskvan, R. Seldes
4 - Comité Catalogue : L. Mahjoub, secrétaire
La liste des membres des Commissions reste à compléter.
1 - Commission Liaison
a) - Australie : M.H. Brousse, P.G. Guéguen, J.P. Klotz, V.
Palomera
b) - Bolivie : J.C. Indart, responsable ; D. Bleger, G. Mansur
c) - Chili : J.C. Indart, responsable ; L. Casenave
d) - Cuba : Judith Miller
e) - Guatemala
f) - Mexique
g) - International : G. Clastres
2 - Commission Temps logique
Membres : M. Bassols, G. Brodsky, A.L.B. Santiago, J. Santiago (édition)
; G. Briole, C. Gallano, A. Szulzynger (collaboration éditoriale)
___________________________________________________________________________
Item 119 / Composition des Comités
C’est au secrétaire, qu’il revient de constituer l’équipe de son
Comité pour deux ans, en fonction de la mission précise qui lui a été assignée.
Je prie M. Bassols, L. Mahjoub, et R. Seldes de me faire connaître leur choix
avant le 15 octobre prochain. Le chiffre de 10 par Comité paraît un maximum.
Aussitôt qu’ils m’auront transmis leur liste de propositions, je leur répondrai,
avec, éventuellement, des observations. La liste sera ensuite publiée dans la Dépêche,
avec, s’ils le jugent utile, un texte d’eux aux membres des Conseils.
___________________________________________________________________________
Item 120 / Composition des Départements
Aux Présidents des Départements
Chers collègues,
Vous trouverez ci-joint la composition des équipes des Départements,
telle qu’elle fut discutée et établie lors de la réunion du Conseil en date
du 19 juillet dernier.
C’est au Président et au Secrétaire de chaque Département qu’il
revient de prendre contact avec les collègues concernés, et de leur fixer
leurs tâches. Il leur appartient également de modifier cette liste comme ils
le désirent, en ajoutant ou en retirant des noms, à leur gré.
Tout ce que je demande, c’est de me faire parvenir avant la fin de
l’année (avant le 15 décembre précisément) la liste de chaque équipe,
afin qu’elle puisse être publiée dans la Dépêche.
Bien cordialement. — Jacques-Alain Miller
Composition provisoire des équipes des Départements
établie le 19 juillet 1996 à Buenos Aires
1 - ESP
. Président : J. Chamorro
. Secrétaire : J. Monseny
. Membres (6) : M.H. Brousse, J. Gerbase, D. Miller, F. Pereña,
R. Portillo, A. Quinet
2 - Passe
. Président : M. Kizer
. Secrétaire : J. Salinas-Roses
. Membres (4) : A. Godino Cabas, Ph. La Sagna, V. Mira,
R. Nepomiachi
3 - Mental
. Président : É. Laurent
. Secrétaire : A. Stevens
. Membres (9) : M. do Carmo Batista, A. Benetti, G. Briole,
C. Dewambrechies-La Sagna, C. Gallano, F. Kruger, L. Luongo,
D. Millas, C. Vigano
4 - Epistémé
. Président : S. Basz
. Secrétaire : V. Palomera
. Membres (6) : A. Aflalo, J. Aleman, A. Di Ciaccia, G.
Garcia,
F. Nemirovsky, C. Nicéas
5 - Cartels
. Président : J.C. Indart
. Secrétaire : L. Solano
. Membres (8) : H. Castanet, L. D’Angelo, P. Francesconi,
A. Harari,
L. Mahjoub, J. Ravard, A. Roldan, S. Vicente
___________________________________________________________________________
Item 121 / Délégations du sigle AMP
1 - Les secrétaires du Conseil, les membres du Bureau, les présidents
et secrétaires des Départements et Comités, sont autorisés à utiliser du
papier à en-tête AMP, à condition de bien préciser dans l’en-tête
l’instance dont ils sont responsables, et d’indiquer leur adresse (voir modèle
ci-après).
2 - Ils ne sont pas autorisés à engager des frais au nom de
l’Association sans l’accord du délégué général ou de la trésorière.
Modèle pour le papier en-tête
des responsables AMP
AMP
___________________________________________________________________________
Conseil de l’Association - Secrétariat
de connexion
Rithée Cevasco - 63, rue Léon
Frot, 75011 Paris France
Tél : (33 1) 43 70 80 16 - Fax :
43 70 79 99
___________________________________________________________________________
Item
122 / Réunion du nouveau Conseil, 22 juillet
Le nouveau Conseil de l’Association s’est réuni avec le délégué général,
le lundi 22 juillet 1996, à l’issue de l’Assemblée générale, de 19h50 à
21h.
- Joan Salinas-Roses, Secrétaire du Conseil sortant, a fait connaître
le résultat du vote à bulletin secret, reconduisant le délégué général
dans ses fonctions jusqu’à la prochaine Assemblée générale : 314 oui ; 19
non ; 7 blancs ou nuls.
- Le délégué général a formé, avec l’accord du Conseil, le
nouveau Bureau (comité exécutif) de l’Association : Colette Soler demeure Trésorière,
Ricardo Seldes entre comme Secrétaire.
- Le nouveau Conseil a décidé de ses modalités de travail : il ne désignera
pas un Président du Conseil ; le moment venu, il choisira parmi ses membres le
Président de l’Assemblée de Barcelone ; il a désigné parmi ses membres
trois Secrétaires du Conseil :
Rithée Cevasco, Secrétaire de connexion ;
Eduardo Leon Vivas, Secrétaire de communication ;
Oscar Sawicke, Secrétaire de coordination.
La Secrétaire de connexion tiendra les actes du Conseil, recueillera les
opinions des membres du Conseil, et en composera une lettre-fax mensuelle
interne ; elle sera responsable de l’organisation de l’Assemblée de
Barcelone, comme J. Salinas-Roses l’avait été pour celle de Buenos Aires.
Le Secrétaire de communication tiendra une chronique régulière dans le
bulletin intérieur, afin de communiquer à l’ensemble des membres l’état
des réflexions des membres du Conseil, et faire part de ses réflexions
personnelles sur des sujets d’intérêt commun à l’Association.
Le Secrétaire de coordination s’adressera tous les trois mois, au nom
du Conseil de l’AMP, au Président et au Secrétaire du Conseil de chacune des
cinq Écoles, afin de leur donner un aperçu de l’AMP, et leur demander des
informations sur le fonctionnement interne du Conseil de chaque École,
informations qui seront communiquées aux membres du Conseil de l’AMP.
- Le Conseil se réunira avec le délégué général le dimanche 26
janvier 1997 à Paris, rue d’Assas.
- La déclaration des changements survenus dans la composition du Conseil
et du Bureau, déjà signée par les membres sortants, a été signée par les
membres entrants.