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n° 9

13 avril 1996

 

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Item 58 / Éditorial

 

1 - Question

               Faut-il préparer les Rencontres ?

 

2 - Saturation

               La question n’a jamais été posée : la réponse allait de soi. La préparation du thème de la Rencontre domine actuellement, au moins un an sur deux, l’activité d’enseignement et de publication des Écoles. Un seuil a-t-il été atteint ? Il me revient de tous côtés que la préparation à laquelle a donné prétexte le thème de l’interprétation, atteint partout un niveau de saturation. C’est au point que le moment de la Rencontre paraît désormais excédentaire, superfétatoire. Faut-il attendre que le phénomène prenne encore plus d’ampleur ? Barcelone 98 en pâtirait. Si ce tableau est exact - est-il exact ? -, il faut agir maintenant.

 

3 - Réussite

               Pourquoi la question ne s’est-elle jamais posée jusqu’alors ? Faisons retour sur l’histoire. Les Rencontres sont nées il y a quinze ans. À cette époque, l’impératif était d’assurer au Champ freudien une formation théorique de base. Les Rencontres furent inscrites dans cette stratégie. La situation est très différente aujourd’hui : cette stratégie a réussi ; les textes fondamentaux sont connus, lus, décortiqués ; dans mon effort pour élucider les principes de l’enseignement de Lacan et mettre au jour la matrice de ses transformations, j’ai été écouté, suivi ; les enseignants qualifiés se sont multipliés ; le public est maintenant cultivé.

 

4 - Conséquence

               Cessons de préparer les Rencontres - voilà la conséquence que je suis amené à examiner. Cela veut dire : proscrire dans les Écoles l’étude préalable systématique du thème de la Rencontre, les enseignements, les publications, qui le galvaudent à l’avance, le défraîchissent prématurément. L’attente n’en sera que plus grande, la surprise aura ses chances.  Voilà au moins comment on pourrait concevoir Barcelone 98, sans préjuger de la Rencontre suivante.

 

5 - Moyen

               Un moyen bien simple d’obtenir cet effet serait de ne faire connaître le thème de la Rencontre 98 qu’en janvier de la même année.

 

6 - Objection

               Il faut bien peser les effets de cette mesure. Ils ne peuvent être tous positifs. C’est par un effort de dix ans que le temps de préparation  a pu être étendu à deux années pleines ; le “ volume de la Rencontre ”, dont la formule a été plusieurs fois modifiée, est une production importante du Champ freudien ; la préparation de la Rencontre donne dans chaque École une existence manifeste, publique, permanente, au Champ freudien et à l’AMP comme une ; faut-il sacrifier ça à un sentiment de trop-plein qui peut n’être que passager ?

 

7 - Discussion

               Rien n’oblige à sacrifier la synchronisation du travail des Écoles : il suffit de proposer chaque année un thème commun, répercuté à sa manière par chacune des Écoles, le thème de la Rencontre restant à part, venant en plus. Quant au volume, au lieu de venir avant la Rencontre, il pourrait venir après, ou être déconnecté de celle-ci. Si le thème est connu six mois avant la Rencontre, il en restera trois pour rédiger une intervention : n’est-ce pas suffisant ?

 

8 - Consultation

               Qu’en pensez-vous ? Je pose la question aux destinataires de cette Dépêche, et attends les réponses de chacun, voire ses questions. Je ne demande pas mieux que de changer d’avis, en fonction des informations, des arguments, des propositions, que vous apporterez, et dont je ferai volontiers un résumé dans la prochaine Dépêche. Je précise que je ne saisis pas officiellement les Conseils en tant que tels, mais que je m’adresse à chacun de ceux qui lisent cette Dépêche. L’importance de ce débat ne leur échappera pas. Je sais sa difficulté. — Jacques-Alain Miller, 11-04-96

 

PS — Je demande aux Conseils de communiquer cet éditorial aux Directoires, dont j’aimerais que les membres, à titre individuel, prennent parts également à cette réflexion.

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Item 59 / Rappel de la composition du Conseil

 

               Le Conseil de l’Association est actuellement composé de huit membres, dont la moitié, entrée en 1992, permutera cette année à l’issue de l’Assemblée générale, tandis que l’autre, entrée en 1994, demeure en fonction jusqu’en 1998.

               Les entrants de cette année ont été désignés par les Conseils des Écoles, qui sont maintenant au nombre de cinq. Le Conseil 1998-2000 comprendra donc neuf membres.

 

Membres du Conseil

 

1992-94 :

Chamorro Jorge, Clastres Guy, Laurent Éric, Miller Jacques-Alain

 

1992-96 :

Basz Samuel, Kizer Manuel, Leguil François, Salinas-Rosés Joan

 

1994-98 :

Di Ciaccia Antonio, Forbes Jorge, Indart Juan-Carlos, Silvestre Danièle

 

1996-2000 :

Cevasco Rithée, Horne Bernardino, Klotz Jean-Pierre, Leon Vivas Eduardo, Sawicke Oscar

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Item 60 / Rendez-vous de Buenos Aires

 

            Joan Salinas-Roses, Secrétaire du Conseil AMP, a communiqué aux membres de celui-ci le calendrier des réunions AMP prévues à Buenos Aires, en fonction des décisions prises à Rio de Janeiro l’an dernier, et de sa correspondance avec moi. Le lieu de toutes ces réunions est l’Hôtel Sheraton.

 

            - Réunion A - Mercredi 17 juillet à 10h.

Réunion des Conseils des cinq Écoles avec le Conseil AMP. La convocation a été envoyée ; les Présidents des Écoles ont reçu l’annonce, et ont convoqué les membres de leurs Conseils respectifs.

 

            - Réunion B - Vendredi 19 juillet, au début de l’après-midi.

Réunion du Conseil AMP. Il est entendu avec Ricardo Seldes et la Commission d’organisation qu’aucun des participants à cette réunion n’aura à prendre part cette après-midi aux activités de la Rencontre.

 

            - Assemblée générale AMP - Lundi 22 juillet.

Accueil à 14h30. Début à 15h.

 

            - Réunion C - Lundi 22 juillet, après l’Assemblée.

Réunion du Conseil AMP, dans sa nouvelle composition après permutation.

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Item 61 / Échos

 

EOL

                - J’ai indiqué au Conseil de l’École, sur sa demande, que la qualité de membre d’une ACF pouvait être considérée comme équivalente à celle de membre associé de l’EOL.

 

EEP

               - Le second numéro de la revue “Mental” est paru. Une Journée “santé mentale” s’est tenue à Venise.

 

EBP

                - À l’occasion de son prochain voyage au Brésil, François Leguil se réunira avec le cartel chargé de l’entrée par la passe, et participera au “ Relevé de conclusions ” qui me sera adressé.

                - J’ai répondu à un membre de l’École qui m’interrogeait : “ En règle générale, un membre de l’EBP fait la passe à l’EBP. Par exception, et pour des raisons précises à détailler, un membre de l’EBP peut demander à ne pas faire la passe à l’EBP, mais dans une autre École. En ce cas, il écrit au délégué général, qui avise. ” Je précise ce que veut dire “ aviser ” : ou bien je fais barrage, ou bien je transmets la demande au Secrétariat de la passe de l’autre École, qui avise à son tour.

 

EOL, EBP

                - J’ai été amené à indiquer ceci : en temps normal, il n’y a pas lieu qu’une Section d’une École prenne directement contact avec le Conseil de l’AMP ou avec le délégué général. Bien entendu, je suis toujours disposé à répondre à des questions et à discuter des projets dans le cadre du Champ freudien. Mais les interlocuteurs naturels d’une Section, ce sont le Conseil et le Directoire de l’École dont elle est Section.

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Item 62 / Diffusion de “ La Dépêche ” aux Écoles

 

                La diffusion de “ La Dépêche ” aux membres du Conseil de l’EBP est assurée le même jour par Jorge Forbes. Graciela Brodsky traduit le numéro en espagnol aussitôt qu’elle le reçoit, veille à sa diffusion dans l’EOL, et le fait parvenir au Président de l’ECFC, actuellement Ronald Portillo, qui le diffuse sur l’heure aux membres du Conseil de l’ECFC.

                Je me chargeais jusqu’à présent de l’envoi par courrier aux membres des Conseils ECF et EEP : Dominique Miller pour la première École, Luis Solano pour la seconde, prendront maintenant le relais, ce dont je les remercie.

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n° 10

10 mai 1996

 

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Item 63 / Éditorial

 

               L'Éditorial du numéro précédent a suscité des réponses, que j'ai lues et relues, par dessus et par dessous, à l'endroit et à l'envers. On trouvera le produit de cette lecture dans l'item 65 de ce numéro. Le débat se poursuivra de vive-voix à Buenos Aires. — Jacques-Alain Miller, 10-05-96

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Item 64 / Rappel de la composition du Bureau

 

               Le Bureau 1994-96 comprend deux Secrétaires, M. Bassols et É. Laurent, et une Trésorière, C. Soler. Des collègues ont été chargés de mission spécifique : J. Chamorro prépare un rapport à l’Assemblée générale, sur “ État et société ” ; G. Clastres a été en mission au Brésil ; J.C. Indart et D. Bleger en Bolivie ; Le n° 1 de la Newsletter a été confié pour sa réalisation à L. Rodriguez ; ont participé à la rédaction : M. Bassols, S. Basz, J. Forbes, L. Luongo, C. Soler, désignés par les Conseils.

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Item 65 / Débat dans l'AMP, par J.-A. Miller

 

               À la date du 6 mai, j’avais reçu 25 réponses, toutes par fax. Au mois d’avril :

               15 — F. Leguil (ECF) ; J. Gerbase (EBP)

               16 — D. Miller (ECF) ; O. Sawicke ((EOL)

               17 — A. Quinet (EBP)

               19 — S. Szwarc (EOL) ; ML Solimano (EOL) ; F. Grasser (ECF)

               21 — J. Chamorro (EOL)

               22 — A. Roldan (EEP)

               23 — R. Nepomiachi (EOL) ; J.C. Indart (EOL)

               24 — E. Sinatra (EOL)

               26 — S. Basz (EOL)

               29 — R.  Seldes (EOL) ; F. Nemirovsky (EOL) ; C. Soler (ECF)

               30 — B. Novotny (EOL)

 

Au mois de mai :

                 1 — R. Portillo (ECFC)

                 2 — G. Garcia (EOL) ; S. Geller (EOL)

                 3 — B. Udenio (EOL) ; A. Stevens (ECF)

                 4 — L. Gorostiza (EOL)

                 5 — C. Chouraqui-Sepel (ECF)

 

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               Première surprise : quel que soit le diagnostic (saturation : oui ; saturation : non), la conclusion est à peu près identique : préparation : bien sûr ; resserrée : pourquoi pas ? Ceux qui admettent le phénomène de la saturation, ou même renchérissent sur sa description, n’en concluent pas, pour la plupart, à la suppression de la préparation ; ceux qui nient le phénomène n’en admettent pas moins que le raccourcissement peut être bienvenu. La valeur de vérité de la conclusion pragmatique semble indifférente à celle de la prémisse diagnostique : la même conclusion est toujours impliquée.

               Seconde notation : la position prise concernant la publication est relativement indépendante des positions concernant la saturation et la préparation.

               Troisième remarque : l’implication des responsables de l’EOL dans la consultation.

               Dernier point : ces 25 réponses se lisent très bien à la suite, il y a beaucoup d’allant et de verve, et quelques véritables études ; l’ensemble contient de quoi faire avancer la réflexion. Je répondrai au travail par le travail, et ferai dialoguer les réponses entre elles et avec moi.

 

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               Je commencerai par la question de la saturation, et par les positions non-EOL à ce sujet, car elles sont, dans l’ensemble, plus tranchées que celles des collègues argentins.

               Comment apprécie-t-on la question en France et Belgique francophone ? Sur les 6 réponses parvenues, 4 admettent le fait comme d’évidence, une le met en doute, une ne se prononce pas nettement.

               François Leguil se dit “ complètement accordé ” aux quatre premiers paragraphes de mon éditorial ; Dominique Miller écrit : “ C’est vrai, nous saturons ” ; Fabien Grasser précise qu’il y a “ une extension de la saturation ”, et indique que “ partout dans l’ACF, on ne travaille parfois plus que sur ce thème, et même dans les cartels ” ; Colette Chouraqui-Sepel abonde dans le sens de la saturation : “ Oui, trop c’est trop ! En témoigne la désaffectation générale des soirées du Mercredi soir (sauf cas exceptionnel(s)), l’assistance y est clairsemée et les membres de l’École présents s’y comptent sur les doigts des deux mains. Ce n’était pas le cas l’an dernier, ces soirées avaient retrouvé un nouveau souffle, sans doute du fait de la “fraîcheur” du thème et de la série d’interventions de Serge Cottet ”. Les remarques de Colette Soler vont au contraire dans le sens de mettre en doute le fait de la saturation : “ Les plus moroses, dit-elle, sont plutôt du côté des vieux habitués des Rencontres ”. Alexandre Stevens, depuis Bruxelles, formule un principe général : “ à trop préparer, nous risquons de ne plus laisser surgir aucun moment fort, aucune trouvaille, aucune surprise, ou alors aucun auditeur assez éveillé pour l’entendre ”.

               De Bahia, Jairo Gerbase ne ressent pas de saturation (“ Je ne pense pas, écrit-il, que le thème de l’interprétation atteigne un niveau de saturation ”) alors que, de Caracas, Ronald Portillo va en sens contraire : “ le modèle de préparation des Rencontres a progressivement atteint un niveau de saturation ”. Antonio Quinet, quant à lui, depuis Rio, ne se prononce pas sur la saturation : il considère comme “ très stimulante pour le travail ” l’abondance des publications sur l’interprétation, tout en notant que, de ce fait, “ on attend moins de la Rencontre comme événement thématique ”. Enfin, de Madrid, Arturo Roldan sans se prononcer directement sur la saturation, considère qu’il faut rechercher des moyens de l’éviter.

 

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               “ Le danger, ce serait la dispersion ”, écrit Silvia Szwarc. Et, en effet, le souci principal qui se fait jour dans les réponses en provenance d’Argentine (toutes, sauf une, de Buenos Aires) ne concerne pas tant la saturation que la dispersion.

               L’essentiel pour les responsables argentins, c'est que les Écoles restent arrimées à l’AMP, coordonnées entre elles, et participent d’une même impulsion. C’est ainsi que l’on observe dans nombre de contributions une même dialectique : 1) saturation : oui, sans doute, peut-être, si l’on veut ; 2) mais surtout, préservons l’unité, notre convergence.

               Maria Leonor Solimano n’admet la saturation que pour insister aussitôt sur le caractère “ imprescindible ” de la coordination inter-Écoles. Jorge Chamorro, qui dit le contraire de Maria Leonor sur la saturation (“Je ne suis pas d’accord que l’on ait atteint un niveau de saturation sur le thème de l’interprétation”), insiste aussi bien qu’elle sur l’importance de travailler ensemble “ notre orientation lacanienne ”. Le même mouvement se retrouve chez Ernesto Sinatra : tout en reconnaissant qu’“ il se pourrait qu’existe une saturation ” étant donné que “ presque toute la production paraît tourner autour des Rencontres ”, il insiste sur la Rencontre comme moyen de “ faire passer la ligne ” (bajar linea) de l’orientation lacanienne. Ricardo Seldes admet lui aussi qu’“ il y a un sentiment de saturation qui se focalise dans le moment antérieur à la Rencontre, dans sa préparation ”, mais la relativise : “ L’École ne consacre que quelques-unes de ses activités seulement au thème de la Rencontre ” ; lorsque le volume est paru, “ un nouvel enthousiasme ” est apparu, et la saturation s’est “ évanouie ”. Même dialectique chez Frida Nemirovsky : la préparation pourrait se faire “ peut-être de façon moins standardisée, en s’en remettant davantage à la recherche de chacun ou bien des groupes qui s’organisent ”, mais il faut, à côté d’“ un thème ample, intéressant beaucoup de monde ”, un autre thème, “ ordenador ”, “ qui ordonne le travail, et permette aux Écoles de converger sur les questions de doctrine ”.

               Le raisonnement de Leonardo Gorostiza n’est pas différent quand il se demande si “ “le sentiment de saturation” est justifié ”, et s’inquiète de ce que l’activité des Écoles puisse en venir à se dérouler “ sans orientation thématique de l’AMP ” : “ le risque serait de précipiter une sorte de dispersion non orientée ”.

               Sur le thème de la saturation, les opinions diffèrent parfois du tout au tout. Pour Beatriz Udenio, “ il est certain et vérifiable qu’un grand nombre de personnes arrivent à la Rencontre avec une sensation de saturation ”, que “ beaucoup ne veulent plus rien savoir de la question de l’interprétation ”, que “ le moteur a cramé ”. Au contraire, Silvia Geller récuse franchement l’importance du phénomène : “ je ne crois pas que la saturation constitue un argument suffisant dans ce cas. Je crois que ce n’est souvent que le nom donné aux obstacles qui se présentent à chacun en relation au thème de la Rencontre ”. Baby Novotny a une position plus nuancée, plus cordobaise : elle admet que la préparation est “ peut-être aujourd’hui un peu ritualisée ” sans croire pour autant que “ nous ayons atteint un seuil ”. Quant à Juanqui, s'il nie la saturation du thème, il en décrit une autre, qui lui paraît plus avérée et plus fondamentale. German Garcia pourrait mettre tout le monde d’accord quand il note avec sagesse que : “ entre la saturation — déjà le mot circule — et la surprise, il existe une gamme fort étendue ”.

               D’autres collègues enfin laissent purement et simplement de côté le thème de la saturation pour souligner l’importance du Un que représente la Rencontre pour les Écoles : c’est l’accent principal de la réponse d’Oscar Sawicke, qui voit dans la Rencontre aussi bien “ le lien où chaque École présente les répercussions en chacune d’elle d’un thème commun à tous ”, qu’une “ caisse de résonance pour les questions particulières à chaque région ” ; Ricardo Nepomiachi souligne surtout que “ avoir réussi à être d’une École du Champ freudien est la réalisation d’un vœu ” ; Samuel Basz démontre pour sa part la nécessité d’un thème commun, et d’une instance unique pour confronter les résultats.

               En résumé, il est frappant de constater que les contributions argentines, qui expriment pour la plupart des opinions diverses et nuancées sur la saturation, se retrouvent sur la nécessité de la préparation, tout en admettant qu'elle puisse être à rénover.

 

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               Je ferai une petite pause dans ma lecture, pour remarquer que l’on avancerait dans la discussion en distinguant ce qui est actuellement en question et ce qui ne l’est pas.

               - Ne sont pas en question : l’existence des Rencontres internationales, leur périodicité, leur caractère de retrouvailles des cinq Écoles, et ce, d’autant moins que désormais leurs membres sont membres d’une même association, l’AMP, qui tient tous les deux ans son Assemblée générale statutaire ; l’existence du volume paraissant à l’occasion de la Rencontre.

               - Sont en question : la préparation des Rencontres, sa durée, son ampleur, son style, l’articulation préparation-Rencontre : y a-t-il saturation, et, si oui, à quoi est-elle due, et comment y remédier ? ; le bon usage du volume : quand le préparer ? quand l’éditer ? quel contenu lui donner ? ; plusieurs collègues mettent en discussion le déroulement même des Rencontres, et émettent des idées à ce propos.

               Donc, trois questions : la préparation ; le volume ; le déroulement. Je commence par la dernière, parce que je ne l’avais pas mise moi-même en discussion.

 

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               Je n’avais pas mis en débat le schéma du déroulement même de la Rencontre, pour deux raisons : la première, c’est que j’avais déjà mis à l’étude la possibilité matérielle de distinguer Congrès réservé à l’AMP/Rencontre ouverte au public ; la seconde, c’est que le déroulement me paraissait devoir être repensé à chaque Rencontre.

               Néanmoins, deux idée me semblent à retenir.

               - Antonio Quinet distingue la “Rencontre-prétexte” (au travail de recherche sur un thème) et la “Rencontre-événement” (le rendez-vous tous les deux ans). Souhaitant ne rien perdre des bénéfices de la première tout en restituant à la seconde “l’impact de la surprise”, il propose de recevoir des travaux individuels, hors du thème général, et de leur donner “ une large place ”, à côté des travaux sur le thème. Par ailleurs, les rapports des Écoles seraient “ discutés inter-Écoles ”. Dans le même sens, Arturo Roldan évoque la possibilité d’ouvrir un espace pour les “ interventions personnelles ”, à condition qu’il s’agisse de “ travaux rigoureux, produits d’une recherche ”.

               C’est, à mon avis, une idée simple, élégante, pratique. Elle est aussi équivoque : tout dépendrait du tact de la sélection. Et surtout : selon l’accent que l’on mettrait à promouvoir cette rubrique “ thèmes libres ”, on pourrait avoir 10 ou 100 travaux. En tous les cas, c’est à garder en mémoire comme possibilité pour Barcelone.

               - Samuel Basz définit “ une communauté ” qu’il appelle “ épistémique ”, à savoir qui “ admet une reconstruction rationnelle permanente et consensuelle, des principes qui justifient sa pratique ”. Il en déduit la nécessité d’un thème commun, de la Rencontre, du volume, c’est-à-dire de ce qui existe déjà, mais il ajoute : “ un rapport par École ”, et “ il se forme pour chaque rapport des équipes de discutants appartenant à chacune des autres Écoles, et qui, dans les séances plénières, discutent avec les rapporteurs ” ; il prévoit ainsi, puisqu’il y a 5 Écoles, 5 plénières : le rapport de l’École 1 est présenté, et les discutants des Écoles 2, 3, 4 et 5, le discutent ; etc. Le volume serait fait des 5 rapports d’École. La proposition d'Indart est voisine : 5 rapports d'Écoles ; le Conseil AMP choisit pour chacun l'École qui le discutera ; cette École choisit son équipe de discutants.

               L’idée met en œuvre le concept d’une “ Rencontre des Écoles ” sous la forme d’une sorte de “ Tournoi des Écoles ”. N'est-ce pas aussi bien ce qui fait comprendre le surgissement, à côté de la prochaine Rencontre, d’un match de football ? Dès lors que chacun est muni d’une identification solide en tant que membre de l’École X, “ réalisation d’un vœu ”, comme dit Nepomiachi, il peut se mesurer avec les autres de l'École Y. Il y a certainement là un dynamisme à exploiter, avec mesure.

               On touche à une question essentielle qui ne se posait pas jusqu’ici, et avec laquelle nous entrons dans la nouvelle époque : devons-nous participer à la Rencontre en tant que “ membres de l’École X ” qui n’est pas l’École Y, ou plutôt en tant que nous sommes tous membres de la même AMP ? Est-ce les Écoles qui viendront “ una por una ”, ou est-ce les membres “ uno por uno ” ? Quel est le trait, le Zug, qui prévaudra ?

               Je sais bien que l’on répondra : “ Ce n’est pas incompatible ; au contraire, c’est dialectiquement lié ; il y a entre les deux, comme le dit German Garcia à un autre propos, "une gamme fort étendue" ”. Sans doute. Il n’empêche que ce sont deux termes bien distincts. Dire qu'ils sont solidaires, c'est dire qu’il faut les articuler de façon fine, mais pour ce faire, il faut savoir lequel des deux devrait l’emporter sur l’autre.

 

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               Considérons ensemble l'idée Quinet-Roldan et l'idée Basz-Indart. L’idée des “ thèmes libres ”, avec ses effets démassifiants, n’est pas du tout incompatible avec l’idée des “ rapports d’École ”, où l’on arrive à la Rencontre sous le drapeau de son École ; on peut même dire qu’elles se complètent, et d'ailleurs, les deux figurent souvent côte à côte.

               Il est certain que, à l'avenir, les Rencontres s’appuieront bien davantage sur les Écoles. En particulier, il est prévu depuis deux ans que les inscriptions pour Barcelone passeront en priorité par les Directoires.

               Remettre les rapports aux mains des Écoles et en composer le volume irait dans le même sens. Inversement, plusieurs réponses envisagent la parution du volume après la Rencontre comme des Actes, avec sélection des travaux présentés. Et très logiquement, des collègues, dont Indart, combinant les deux notions, sont conduits à envisager deux publications : l’une avant, celle des rapports d’École ; l’autre après, avec la sélection des travaux individuels. En revanche, Arturo Roldan, lui, propose de “ desvincular ” la rédaction du volume et les Écoles.

               À mes yeux, ce qui se cherche ainsi, sans se trouver encore, c’est la formule d’un équilibre entre le “ un par un ” des membres et le “ une par une ” des Écoles. C'est ainsi que German Garcia propose de laisser s'exprimer dans la Rencontre “ l'extension dans sa variété ”, et d'y répondre par des tables rondes en séance plénière sur un thème “ ordinal ”.

 

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               J'insère ici quelques réflexions sur la saturation

               J’admets parfaitement que l’on relativise la portée de ce sentiment, comme le fait  Seldes, que l’on soupçonne le caractère déplacé de cet affect (Silvia Geller), qu’on le réserve aux vieux de la vieille (Colette Soler), qu’on s’en déclare personnellement immune (Jairo Gerbase). Je suis moi aussi attaché à la convergence des travaux au sein de l’AMP, comme y insistent les collègues argentins. Je veux bien que le seuil de tolérance ne soit pas encore atteint (Baby).

               Je retiens aussi le dit de German, qui m'agrée, sur toute la gamme qui s’étend entre saturation et surprise. J’y joins des notations cueillies dans les fax de Frida (“ la surprise n’a pas à être dans le thème, mais dans le produit ”) et de Baby (“ tout n’a pas à être trouvaille et surprise ”), qui relativisent la valeur de la surprise. Le culte de la tuké aurait des conséquences fâcheuses pour l’organisation : il la détruirait, tout simplement.

               Nous en sommes loin, reconnaissons-le. Ce qu’il ne faudrait pas, c’est que le culte exclusif de l’automate étouffe toute possibilité de chance hasardeuse, alors que, dans la cure, l’automate analytique est justement fait pour la favoriser. Un passage frappant du fax d’Alexandre Stevens décrit bien le phénomène : “ J’ai assisté il y a quelques années avec H. Wachsberger à un colloque sur Ferenczi organisé par des gens proches de l’IPA. Il y avait certes des moments intéressants, mais toute trouvaille possible était érodée par un académisme endormant. Nous ne risquons pas d’en arriver là pour l’instant, mais l’hypothèse doit déjà être envisagée comme vous le faites ”.

               Je ne crois pas que les réserves, interprétations, doutes, exprimés plus haut, sur l’affect de saturation, disqualifient les descriptions de Fabien Grasser, Colette Chouraqui-Sepel ou Beatriz Udenio, par exemple, qui ont pour moi un accent de vérité. C'est aussi bien le cas de la vivante description d'Indart, quand il souligne le caractère saturant du discours “ éducatif ” à la française, et singulièrement du mien. Je vais jusqu'à interpréter dans ce sens la discrétion de la plupart des réponses argentines concernant la saturation : insister sur les affects de saturation risquerait de provoquer un découplage avec Paris, voire la désorientation thématique dont parle Gorostiza.

               Sans doute la saturation est-elle loin de menacer l'Italie, traditionnellement moins impliquée dans les Rencontres, ni l'Espagne, unité un peu fictive qu'il faudrait étudier Section par Section. Quant au Brésil, l'École y est encore jeune, et, là aussi, il faut regarder Section par Section.

 

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               Peut-on aller beaucoup plus loin sur la question de la saturation ?

               - Les collègues qui nient le fait, ou l'importance du fait, admettront que, pour nombre de collègues, la question se pose.

               - Ceux qui ressentent vivement la saturation seront sensibles au souci prioritaire qui anime d'autres collègues, de préserver et renforcer le lien de travail inter-Écoles au sein de l'AMP.

               Il apparaît aussi que la question ne se pose pas de la même façon pour la paire ECF-EOL, et pour chacune des trois autres Écoles.

               Tout semble affaire de mesure. Les Conseils et Directoires sont désormais alertés. À eux d'apprécier s’ils doivent accroître la préparation, la maintenir à son niveau actuel, ou réduire sa durée ou son ampleur. Pour autant qu’ils y puissent quelque chose : les membres sont libres de faire comme ils l’entendent dans une “ gamme fort étendue ” d’activités.

 

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               J'en étais à ce point de mon commentaire quand j'ai fait lire ce qui précède à Judith Miller, qui m'a remis en réponse le texte que je reproduis ci-dessous :

             Il faut tenir compte du fait que la question de la saturation s'inscrit dans une logique.

             Le Champ freudien est un réseau, par opposition à une construction pyramidale. L'AMP est aussi un réseau, mais d'Écoles, non plus de groupes. La question de la saturation intervient au moment où émerge l’AMP, c'est-à-dire où la préparation est prise en main par des Écoles, organismes beaucoup plus puissants que les anciens groupes.

             L'ECF existait déjà comme École. Mais elle est devenue un organisme différent comme ECF-ACF.

             À mon avis, l'ensemble ECF-ACF ne perçoit vraiment ce qu'est le Champ freudien que depuis deux ans, c'est-à-dire depuis qu’a été mise en chantier la préparation du thème de la Rencontre internationale .

             C'est ce que traduit le nombre des inscrits français à la IXe Rencontre : 130, c'est-à-dire le double des VIIe (Caracas, 1992) et Ve (Buenos Aires, 1988) RI. Je considère que ce nombre signe la connaissance par l’ECF-ACF de l’existence de l’ensemble du Champ freudien dont elle fait partie. L'existence des Journées sur l'interprétation (“ Vous ne dîtes rien ”) n'a pas du tout nui à l'inscription à la Rencontre, elle l'a favorisée.

             Je ne peux prévoir quels seront les effets de la préparation jusqu’à “ saturation ” lors de la tenue de la IXe Rencontre, mais je peux dire que, en France, même ceux qui n’y seront pas s’en tiennent partie prenante pour la première fois.

             Pour la Xe Rencontre (Barcelone), cette mobilisation me semble indispensable. Il faut l’obtenir, et, pour cela, maintenir une préparation qui ne fait que commencer à entrer dans les mœurs.

             Cette préparation est à mesurer, de sorte qu’elle n’envahisse pas tout le programme d’enseignement et d’études, mais l’idée de cartels sur le thème de la Rencontre me semble très justifiée.

             La préparation risque-t-elle de grever l’effet de surprise qui ne doit pas manquer dans une Rencontre ? La surprise n’est pas le spontané, elle est l’imprévu accueilli. La préparation en rend possible le repérage, et les restructurations qu’elle requiert.

             Je pourrais développer les raisons différentes qui justifient le travail de préparation par chacune des autres Écoles.

             Chaque École ne peut discuter avec les autres que si elles ont travaillé sur le même thème. Et chaque École doit entendre d’autres voix et être entendue par d’autres oreilles. Chaque École doit s'y préparer en consacrant une partie de ses activités (pas toutes) et de ses publications (pas toutes) au thème de la Rencontre. Chaque École peut jalonner à son gré les deux années qui séparent une Rencontre de l’autre de façon à éviter une saturation qui pourrait nuire.

             Mais il y a aussi le contre-exemple de l’EEP, où la non-saturation va de pair avec une inscription réduite à la IXe Rencontre. Que cela se reproduise nuirait à coup sûr à la Xe Rencontre.

             Je suis moins inquiète du côté EOL, ECFC et EBP, qui entretiennent un rapport différent au CF, dont elles se savent issues, alors que, en un sens, l'EEP n'a pas encore découvert le Champ freudien : c'est une appréciation objective, fondée sur les chiffres. Quant à l’ECF-ACF, elle n'a vraiment découvert que récemment la dimension mondiale du CF. Ce n'est pas le moment de se recroqueviller sur son hexagone.

             Note sur le volume : il ne saurait être des Actes, ni une sélection de travaux de la Rencontre. S’il paraît après juillet 98, le délai doit être relativement court (3 mois, ce qui est difficile). S’il n’anticipe plus sur l’événement, il faut lui donner un nouvel attrait, et lequel si ce n’est de faire caisse de résonance des “surprises” de la Rencontre ? Sinon, il n’est plus l’avant, ni l’après de la Rencontre, et je vois mal comment il serait connecté à son thème. Mais je ne crois pas qu'il y aura assez de “ surprises ”.

             Le volume en français de la VIIIe a été vendu à 4 950 exemplaires. Le chiffre inclut les 1 300 exemplaires des inscrits, ce qui veut dire qu'il a été acheté par trois fois plus de personnes que les inscrits francophones à la Rencontre. Il faut voir ce qu’il en sera du dernier volume, qui est malheureusement trop gros.

 

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                La contribution de Judith Miller me semble exprimer une sensibilité proche de la plupart des responsables argentins, sous une forme plus tranchée. C’est ça, le Champ freudien. C’est dans cet esprit que nous agissons depuis quinze ans. Mais justement, il y a changement d’époque, ne serait-ce que, comme Judith le souligne, parce que nous n’avons plus affaire à des groupes, mais à des Écoles.

                Évidemment, les données qu'elle apporte ont de quoi faire réfléchir. S’il est vrai que participer à des Journées sur l'interprétation à Paris "cause le désir" de recommencer un an plus tard à Buenos Aires, il faudra bien en tenir compte. Si le volume reçoit un tel écho (5 000 exemplaires, c'est un exploit), on hésitera avant de modifier la formule.

                Concernant l'EEP, les faits demandent à être replacés “ dans une logique ”. Le rapport au Champ freudien prend des formes différentes en Europe et en Amérique latine, et ne se réduit pas à la question : “ Combien d'inscrits ? ”. Cela dit, il n'y a certainement “ saturation ” ni en Espagne, ni en Italie. Attendons que nos collègues de Barcelone entrent dans un débat qui les concerne au plus près, puisque nous discutons d'une Rencontre prévue pour se tenir dans leur ville.

 

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                Je reprends, après cette intervention de la Présidente du Champ freudien, la liasse des fax reçus, et les relis un par un, pour cueillir une dernière fois dans chacun les remarques qui me paraissent les plus intéressantes, dans le désordre cette fois.

                1 - Je m’aperçois maintenant que le raisonnement de François Leguil a en fait la même dialectique que les fax argentins : saturation : oui ; mais “ aurions-nous 150 personnes pour se décider à traverser l’Océan, alors même que le titre des Journées n’aurait pas cet effet d’appel permettant des décisions qui ne peuvent être prises plus tard ? ”. Par ailleurs, François Leguil évoque la possibilité d’une publication du volume post-Rencontre, pour dé-saturer.

                2 - Jairo Gerbase : “ Le thème n’est pas saturé, au contraire. La question, c’est peut-être que partout on dépend de votre orientation ”. Voir Indart.

                3 - À relire le fax de Dominique Miller, je m’aperçois qu’il obéit aussi au “balancement argentin” : “ C’est vrai, nous saturons (...). Cependant, ce principe (la préparation du thème sur deux ans) a l’avantage de donner une consistance et une unité à notre communauté de travail, qui soit concrète théoriquement et pas seulement sur le plan de nos références ”.

                4 - Silvia Szwarc pense qu’il n’y a saturation que là où on travaille le thème de façon mécanique, pour répondre à la demande de l’Autre. Ce n’est pas le cas, assure-t-elle, si chaque École trouve “ son chemin à elle, en coordination avec les autres ”, si elle “ impulse de façon créative le thème de la Rencontre ”. Elle ajoute : “ Il y a un temps pour comprendre (la préparation de la Rencontre) et un moment de conclure (la Rencontre). Synchroniser les Écoles sans produire la Rencontre, c’est-à-dire l’espace où mettre à ciel ouvert les conclusions auxquelles chaque École est parvenue, et où débattre à partir d’un point commun selon des perspectives différentes, ce serait perdre “l’hétérogénéité dirigée”. Ce n’est pas pour autant que les surprises en seraient exclues. L’automaton antérieur est, à mon avis, indispensable pour établir une communauté de travail ; l’improvisation ne me paraît pas compatible avec la recherche. Pourquoi aurions-nous à sacrifier la production du volume, et l’existence publique et permanente du Champ freudien et de l’AMP, que les Rencontres rendent possible ? ”. Elle conclut : “ À chaque École de réfléchir à sa manière d’inciter au travail tout en évitant les effets de “saturation” qu’on signale. C’est une Rencontre, la IIIe, à Buenos Aires (1984) qui m’a conduite à m’engager dans le Champ freudien. Et chaque nouvelle Rencontre réveille la surprise, et le désir de soutenir activement cet engagement ”. C’est puro Campo.

                5 - Maria Leonor Solimano souligne l’intérêt que toute l’École ne fonctionne pas en rapport à la Rencontre, pour que l’enthousiasme se maintienne davantage.

                6 - Fabien Grasser insiste sur le caractère structural du phénomène : “ Je ne crois pas que cela soit seulement passager. Le phénomène semble très influencé par la “dilution” du travail dans le grand nombre, et l’appel à une orientation unique de l’Autre ”. Voir aussi Indart. Grasser signale également : “ Attention ! Habitude et saturation semblent prêtes parfois dès avant l’innovation ”.

                7 - Jorge Chamorro souligne l’importance essentielle “ de tout ce que la Rencontre transmettra, pour la communauté analytique argentine au sens le plus large ”. Il n’est pas hostile à l’idée d’une préparation resserrée.

                8 - Arturo Roldan tient à ce que l’on conserve le volume de la Rencontre, qui s’inscrit dans une série dont l’effet est “ d’historiser la production du Champ freudien ”. Il souligne que les volumes sont largement diffusés et fréquemment consultés hors du Champ freudien. Je retiens pour ma part l’introduction dans le débat du terme d’“historisation“.

                9 - Pour Nepomiachi, la Rencontre est “ l’occasion de confronter notre travail en tant que membres d’Écoles ”. C’est là que je pose la question : membre d’une École ou membre de l’AMP ? On pourrait dire au contraire : toute l’année, on est membre d’une École, mais cinq jours tous les deux ans, on est avant tout membre de l’AMP. Ainsi, par exemple, on pourrait promouvoir, plutôt que des “ rapports d’Écoles ”, des travaux préparés par des collectifs de membres AMP de différents continents et Écoles. Il va de soi que l’on arrive désormais à la Rencontre comme membre d’une École, ayant surtout travaillé avec d’autres membres de cette Écoles (ou d’une Section de cette École), et c’est en effet “ la réalisation d’un vœu ”. Mais si nous voulons faire un peu exister l’AMP comme une, ne faut-il pas maintenant un effort spécial ?

                10 - Ernesto Sinatra souligne dans les travaux l’excès de citations, et le manque d’argumentations. Il propose de faire connaître le thème au moins un an et demi avant la Rencontre, et de publier le volume après.

                11 - Basz énumère les trois instruments principaux dont nous disposons : le réseau international du Champ freudien, l’AMP, et mon cours. Il propose une manière de s’en servir. Ce qui apparaît à Gerbase comme un obstacle, à Juanqui comme un étouffoir, Basz le prend tout simplement comme instrument.

                12 - Colette Soler évoque, entre autres, la possibilité suivante : “ on pourrait aussi penser à synchroniser le travail des Écoles sur le thème de la Rencontre pendant l’année qui la suit. L’intérêt pour la Rencontre, qui donnerait le coup d’envoi, y gagnerait, surprise et étude méthodique y trouveraient aussi leur compte ”. L’idée, juge Colette, est amusante, et donc stimulante.

                13 - Je reproduis une phrase frappante de Baby : “ donner à connaître le thème avec tant d’anticipation renforce l’AMP, et en tend la corde ”.

                14 - Portillo propose une autre façon de préparer, et pense à séparer le thème propre de la Rencontre du thème commun annuel qui synchronise le travail des Écoles.

                15 - Beatriz Udenio, qui n’est pas touchée elle-même par la saturation, regrette que les autres ne soient pas assez ouverts à l’“ hétéro ”, et pensent qu’il convient de chercher le moyen de rénover la préparation.

                16 - L’idée suivante d’Alexandre Stevens paraît fort astucieuse, et à retenir pour la discuter : “ Ne pourrait-on dès lors faire ainsi : un thème annoncé et préparé par les Écoles pendant un à deux ans et un titre annoncé seulement six mois avant la Rencontre sur le même thème, mais un peu décalé ou articulé à un second terme pour relancer dès lors un débat renouvelé. Il s'agirait alors d'un travail de préparation, et visant bien le thème de la Rencontre, mais en introduisant pour celle-ci un petit décalage qui ferait surprise et relance ”. Le terme de relance convient très bien à ce dont il s'agit, et je l'adopte volontiers, de préférence à celui de surprise. Cela converge avec ce que note Seldes : l'effet de relance qu'a produit à Buenos Aires la parution du volume. Celle-ci constitue en quelque sorte le point de capiton de la préparation. Pour que la “ Rencontre-événement ” (Quinet) conserve son impact, il faut peut-être l'inscrire dans une seconde série, un peu décalée, comme le propose Stevens. Mais quelle horlogerie délicate à monter !

                17 - J’extrais du fax de Leonardo Gorostiza les remarques suivantes : “ Il y a quelque chose de vrai dans la plainte au sujet de la saturation. En ce qui concerne l’EOL, les deux années qui séparent les Rencontres sont en totalité “dominées” par le thème de la Rencontre suivante. C’est, à mon avis, excessif ”. D’un autre côté, Leonardo recommande de ne pas négliger que cette plainte pourrait bien témoigner d'une impatience visant la présence de l’AMP dans l’École. “ C’est pourquoi je considère que nous devons être prudents quant aux mesures à prendre, et maintenir cette présence de manière mesurée, sur le terrain de l’orientation thématique ”.

                18 - Colette Chouraqui-Sepel propose que le thème de la Rencontre soit connu avec anticipation, et que chaque École, et aussi, ajoute-t-elle, chacun, le prépare à sa guise : en deux ans, un an, six mois. “ Tout le monde, remarque-t-elle, n’est pas obligé de faire pareil ”. Elle relève également “ l’exacerbation de la rivalité fraternelle dans la surenchère ”, et pense que la publication “après” pourrait y faire obstacle.

 

*

                Le débat ne fait que commencer. Je suis tout disposé à recevoir de nouveaux messages avec de nouvelles idées, mais je préviens qu'il me sera peut-être difficile de les résumer et d'y répondre avant la Rencontre. Nous avons, avec ce premier dialogue, des thèmes tout trouvés à discuter de vive voix à Buenos Aires, lors des diverses réunions AMP qui sont prévues, dont l’Assemblée générale, qui nous permettra de recueillir une opinion plus large. Auparavant, il me semble que les membres des Conseils et Directoires seraient bien avisés de sonder informellement des membres et associés.

                Rien n’est décidé. Rendez-vous à Buenos Aires. — Paris, le 9 mai 1996

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Item 66 / Fax de Juanqui Indart

 

                                Cher Jacques-Alain,

                Je réponds à la question sur laquelle tu consultes dans la dernière Dépêche. J’ai quelques idées à ce sujet (et peut-être bien que je me soucie de ta position en ce point de croisement).

1 - Sur la saturation

                À mon avis, il vaut la peine d’approfondir les causes de ce malaise. Je ne crois pas que l’on puisse seulement l’attribuer à l’établissement tous les deux ans d’un thème de travail commun à toutes les Écoles, qui a, de plus, de nombreuses diversifications.

                Il me semble que le problème touche à la relation au savoir.

                Je me guide à ce sujet sur un enseignement de Lacan, qui, tout en étant bien connu, n’en demeure pas moins difficile à propager aussi bien dans l’intension que dans l’extension : “ (...) la conquête de ce savoir se renouvelle chaque fois qu'il est exercé, le pouvoir qu'il donne restant toujours tourné vers sa jouissance. (...) la fondation d'un savoir est que la jouissance de son exercice est la même que celle de son acquisition ”, Encore, chap. VIII.

                N’exige pas de moi d’avoir saturé jusqu’au mathème le sens des paragraphes de Lacan que délimitent ces citations !

                Mais essayons de partir de quelque chose de simple.

                Il est évident que, dans le cadre de la relation au savoir dont parle Lacan, on peut travailler à de multiples reprises un même thème, sans jamais s’ennuyer.

                En revanche, si la relation au savoir est sèche, varier les thèmes ne change rien de fondamental.

                Et, attention, donner un sujet libre, ou un sujet d’examen surprise, a toujours servi à aérer un peu l’atmosphère... éducative, scolaire, voire universitaire, sans que cela ne change en rien les conditions de fond qui assèchent la relation au savoir. Cela peut être un jour de joie, cela peut motiver à inventer, mais cela ne fait que redoubler en l’Autre la position du professeur.

                J’utiliserai ce dernier terme pour décrire le malaise tel que je l’entrevois dans le contexte argentin, bien qu’il me paraisse plus ample, sans compliquer encore la réflexion avec des références au discours universitaire.

 

A

                La stratégie selon laquelle il était nécessaire d’aller contre la Babel des commentaires de Lacan et les déviations qui s’ensuivaient dans la pratique, a pour signifiant ton nom, avec ton cours, tes enseignements, tes actes de fondation, que je résume dans l’AMP.

                La bataille est gagnée.

                Ce succès, il ne s’agit pas ici d’en pondérer le sentiment, mais de se charger du reste inévitable de ce qui ne fonctionne pas.

                Au départ, une communauté dispersée, désorientée, un peu de paresse, un peu de superbe, ignorante surtout, avec des fulgurances. En quinze ans, le niveau s’est élevé, la communauté s’est éduquée, disciplinée, elle écrit mieux, etc. Mais cela s’est fait justement au prix d’un nivellement brutal que ni les bonnes manières, ni l’abnégation, ne me feront occulter. On a coupé la tête à tout ce qui se trouvait à contretemps de ton propre temps dans la production de savoir. Bien. Il y a ceux qui sont restés en chemin, et le reste t’a donné son soutien pour prendre le relais d’une fonction cruciale que supportait Lacan, et cette fois sur une échelle encore plus étendue. Mais l’accumulation de savoir dans le même lieu, celui de l’agent, le monopole de fait, effectivement gagné de haute lutte, tout cela est écrasant, et s’impose au-delà de tout effort pour le démentir, s’impose au-delà de la générosité même avec laquelle se distribue ce savoir.

 

B

                En quinze ans, il n’y a pas une seule phrase produite dans l’espace qui va de Caracas à Buenos Aires, ou de Barcelone à Grenade, qui ait été citée par quelqu’un de l’École (en français dans le texte) comme on cite simplement la phrase d’un collègue parce qu’elle pousse à penser, à réfuter, à inventer. Quelque hirondelle, s’il en est une, ne fait pas le printemps. C’est le cas dixit zéro. Quinze ans, c’est trop long.

                Il est évident que l’énorme quantité actuelle de publications ne suscite aucun intérêt sur ce plan. Ou on lit ça en tant qu’analyste, et ce sont des symptômes, ou on lit ça en tant que professeur, et ce sont des copies d’examen, ou on ne s’y intéresse pas le moins du monde. ? Quel intérêt de lire des copies d’examen ? Chez nous, on garde les pages des dixit, et le reste, on le met à la poubelle. Et avec le truc des dixit on prépare de nouveaux examens.

                Quel ennui !

                J’ai accepté l’abolition de ce type de citation entre “ mathématiciens ” à l’époque où l’on pouvait craindre les effets d’infatuation. J’ai fait ce que j’ai pu pour reprendre cela quand il me parut que ce n’était plus la même époque. Je pensais aussi qu’il valait la peine de lancer cela, bien que je fusse le premier, à titre de semblant. Je m’en suis fatigué, et je me suis adapté. Il y a quelque chose de français qui à la fois éduque et obsède, et qui est irréductible (algo educativo frances obsesionante e irreductible).  Un collectif d’élèves avancés décide à Barcelone de commenter le texte de Lacan, “ Introduction à l’édition allemande... ”. C’est intéressant, aussi bien là où ça vole que là où ça accroche (tanto en los aciertos como en los tropiezos). Ça pourrait donner envie d’intervenir, même à distance, donner à cela un peu d’envergure (un poco de vuelo). Mais non. Ils font appel au Miller dixit, et c’est ce qu’ils publient. Miller s’évertue à laisser des trous, un peu d’air, mais tout en reste écrasé, car cela ne se peut résoudre de façon autoréférentielle. Ni dans Microscopie, ni dans L’oubli de l’interprétation.

 

C

                À mon avis, ce qui ne fonctionne pas à l’heure actuelle, ce n’est pas la saturation d’un thème, sinon la saturation du Miller dixit. Certes, il y a aussi un C. Soler dixit, un Laurent dixit. D’ici peu on verra peut-être s’esquisser un Brousse, Bruno, Cottet, Morel, dixit, etc, mais la liste ne s’allonge que très lentement, et même ainsi, seulement dans l’École de la Cause. Et cela ne parvient pas non plus à animer le débat, car le Miller dixit se tient inflexible par derrière, et les moments féconds du “ on ne sait pas ” ne se produisent qu’à huis clos à Paris. Quelques-uns, qui voyagent par là, entendent quelque chose dans les couloirs, mais ça ne sert à rien. Ce sont des élèves qui ont écouté quelque chose dans la salle des professeurs, et ils répandent une expectative qui se réduit à attendre la réponse Miller dixit.

                Il se passera la même chose avec cette consultation. Une solution ou une autre finira par faire l’unanimité. Tu te casseras la tête pour ne pas tomber dans les panneaux, pour lire entre les lignes, pour inventer un plus, afin que la solution ne consiste pas seulement à souscrire aux diverses demandes, tu auras des conciliabules avec des collègues de confiance pour que, au moment de donner la solution, ils l’appuient sans réserve, et ils considéreront ses effets comme autant de conséquences à élaborer analytiquement. Grand enthousiasme pour la nouvelle ligne. Nous attendrons tes enseignements à ce sujet pendant les deux ans qui viennent. Nous la ferons fonctionner comme Miller dixit, y compris comme Miller dixit qu’il ne faut plus employer le Miller dixit.

 

2 - Sur les propositions

                Ma proposition est de prendre des risques, car l’AMP est déjà assez solide pour ça. Non seulement sortir le volume après, à partir des résultats, mais toi aussi, tu te places après. Un rapport par École, avec un thème qui articule à fond un problème particulier, d’ordre théorique et clinique. On a les thèmes en juillet. Les membres AMP ont connaissance par avant de ces cinq rapports. À la date de remise de ces cinq rapports, le Conseil de l’AMP, par tirage au sort ou par choix, désigne immédiatement une autre École pour discuter, analyser, peser, critiquer, prolonger ce rapport, et c’est ça qui se présente comme surprise, en direct, à la Rencontre AMP (le reste étant : enseignements de la passe, AE, et cartels). Chaque École décide du collectif rédacteur du rapport, et du collectif (différent) qui, lors de la Rencontre, présente un travail effectif sur le travail des autres collègues. ¿ Quel intérêt peut prendre à cela l’École de la Cause, dans cette poussée qui la conduit au vide de sa propre compacité ? Je ne sais.

                Au revoir, Jacques-Alain, un abrazo y suerte. — Juanqui Indart, 23/04/96

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Item 67 / Réponse à Juanqui

 

                              Cher Juanqui,

               Tu devais avoir l’humeur bien noire, ce jour où tu m’as écrit. Je te connais sous un jour plus enjoué.

               Il est certainement difficile de cohabiter avec son propre dixit. Ta lettre le crie.

               Le principe d’autorité n’a pas de quoi émouvoir, quand on sait qu’il prend sa source là même où surgit le signifiant (“ Le dit premier décrète, légifère, aphorise, est oracle, il confère à l'autre réel son obscure autorité ”, Écrits, p. 808), qu’il est nécessairement appelé à combler le S( ) (“ Mais il n'y a pas d'autre vrai sur le vrai à couvrir ce point vif que des noms propres, celui de Freud ou bien le mien — ou alors des berquinades de nourrice (...) ”, Écrits, p. 868), et qu’on n’y peut mais.

               Il y a bien les Angles (anglo-saxons) qui jouent à philosopher sans principe d’autorité (au moins ceux d’entre eux qui ne sucent pas leur Wittgenstein comme nous mâchons notre Lacan). Mais pourquoi le font-ils ? — sinon pour devenir eux-mêmes des “ sources de vérité ”, dont on recensera les opinions. C’est le régime scolastique de la pensée, à savoir la démocratie des maîtres. C’est ce que tu réclames. Pourquoi pas ? Mais aussi, quelle soupe !

               La triste vérité est que le Champ freudien est fondé sur le Magister dixit, celui de Freud. Cela s’est étendu à Lacan (plus cité que Freud, selon les chiffres de Bekerman dans El Caldero de janvier de cette année, pp. 39-41). Alors, on cherche le troisième homme.

               Il y avait dans une ville du Brésil un monsieur appelé Maximo, qui disait : “ Freud, et Lacan, et Maximo ”, et autour de lui, on répétait : “ Freud, et Lacan, et Maximo ”. Il eut un partisan dans une autre ville du Brésil, qui portait le nom de Humberto. Quelle ne fut pas la fureur de Maximo de découvrir que, dans sa ville, Humberto ne disait pas “ Freud, et Lacan, et Maximo ”, mais “ Freud, et Lacan, et Humberto ”. Ils se fâchèrent. Et c'est pourquoi il n'y eut pas au Brésil de Champ freudien bis.

               S'il y a un Champ freudien, c'est que ni toi, ni moi, ni Éric Laurent, ni German Garcia, ni aucun de nos amis, nous ne voulons être Maximo ni Humberto.

               On n'échappe pas, disais-je, au principe d'autorité. Il s'agit seulement de ne pas en rajouter. Là-dessus, je me donne quitus. Je suis bien tranquille que mon cours n'inhibe pas, mais met au travail, et qu'il a des effets de formation authentiques.

               Il est vrai que les Européens se font plus facilement écouter en Argentine que le contraire, sauf quand les Argentins deviennent Espagnols ou Français. Avec le pragmatisme qui est le mien, je me disais deux choses en te lisant :

               1 - que tu devrais envoyer des articles, des conférences, aux revues européennes, celle de l'ECF, les différentes publications des ACF. De même en Espagne. Tu mâches depuis si longtemps du Lacan dixit qu'on apprend toujours à t'écouter ou à lire tes commentaires.

               2 - que le moment était peut-être venu pour l'EOL d'avoir une grande revue, et que celle-ci pourrait se donner pour discipline de ne publier que des travaux argentins, ou d'Amérique latine. Il est vrai qu'il y a aussi Uno por Uno. Cette revue pourrait-elle mieux exploiter les “ sources de vérité ” potentielles qui se bousculent à Buenos Aires ? Parlons-en avec ses responsables lors de la Rencontre.

               Tu diras peut-être que c'est un emplâtre sur une jambe de bois. Je préfère parodier Gramsci : “ Pessimisme de la structure, optimisme de l'action ”. Te retrouverai-je là ?

               Je reste impressionné par la description que tu donnes de ta rencontre avec le mauvais objet des Français, tel que tu le perçois : algo educativo francès obsesionante e irreductible. Cela a beaucoup d'échos en moi. J'y réfléchis.

                         À bientôt. Un abrazo. — Jacques-Alain, 9-05-96

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Item 68 / Fax de German Garcia

 

                              Cher Jacques-Alain,

               Je vous réponds, avec l'avantage de connaître les réponses que d'autres camarades ont déjà pu faire à votre question sur l'organisation des Rencontres.

               Jacques Lacan dit, quelque part dans ses Écrits, que le transfert, c'est l'introduction du temps-de-savoir. Je le rappelle pour argumenter qu'il n'existe pas un temps homogène, et qu'effectivement, entre la saturation — déjà le mot circule — et la surprise, il y a une gamme fort étendue.

               C'est bien autre chose quand on se contente d'argumenter jusqu'à plus soif sur l'ensemble “ Rencontre ”, sur la sélection à effectuer au nom du thème choisi (plutôt qu'en fonction du choix du thème), sans rien proposer qui touche au déplacement de discours, au sens de Lacan, et en ne pensant qu'à consolider ce qui existe — c'est du moins ce que je suppose, à en voir les effets.

               M. Blanchot, dans La communauté inavouable, montre un peu de dédain à l'égard du Collège de Sociologie, quand il signale : “ (...) il n'engageait ses membres, comme son auditoire, que pour un travail de réflexion et de connaissance sur des thèmes que négligeaient partiellement les institutions officielles, mais qui n'étaient pas incompatibles avec elles ”.

               Cela, selon Blanchot, enlevait son poids à sa “ manifestation exotérique ”.

               C'est de cela qu'il s'agit, me semble-t-il : l'ésotérique, à quoi la passe donne son ordre, et l'exotérique du “ déplacement de discours ”.

               J'imagine que l'articulation Champ freudien/AMP pourrait se traduire dans la pratique de la manière suivante : d'un côté, on laisse parler l'extension dans sa variété ; de l'autre, on répond avec un thème qui ordonne (et qui pourrait être traité, par exemple, dans quelques tables rondes en séance plénière).

               D'autre part, publier le volume après chaque Rencontre permettrait de réguler d'autre façon ce qui se trame (cierta intriga) autour de la réalisation de chacun d'entre eux. Le volume serait la trace de l'événement, plutôt que le livret de l'opéra.

               Quoiqu'il en soit, nous ignorons les “ temps-de-savoir ”, et nous savons qu'une rencontre, c'est ça.

               Un abrazo. — German, le 2 mai 1996

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Item 69 / Réponse à German

 

                              Cher German,

               Si je lis entre les lignes du paragraphe 3 de votre fax, je crois discerner que vous visez ces quelques “ autres camarades ” auxquels, dans le premier paragraphe, vous dîtes être redevable. Tout en savourant le procédé, permettez-moi de relever que c'est seulement à laisser à d'autres la position qui consiste à “ sostener lo instituido ”, que l'on peut le secouer. Je vous le dis en toute sympathie, car j'aimais mieux être Jeune-Turc à l'EFP que faire pilier à l'AMP. En fait, chacun est amené, dans le Champ freudien, à occuper les deux places, successivement, ou simultanément : vous aussi.

               À cette réserve près, je souscris à l'essentiel de votre propos.

 

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               Votre référence à Blanchot est très éclairante, et j'adopte volontiers les termes que vous proposez pour raisonner sur l'ensemble “ Rencontre ” comme "manifestation exotérique" de notre entreprise.

               Cette référence fait bien voir que la communauté psychanalytique, et ce, depuis Freud, n'a jamais bien su si elle était "incompatible avec les institutions officielles", ou si elle s'occupait seulement de ce que celles-ci "négligeaient", mais pourraient bien finir par reconnaître. Cette position de bord est, si l'on y réfléchit, celle même de l'inconscient, c'est-à-dire du refoulé animé d'une demande de reconnaissance par l'instance “ officielle ”. Demander à se faire reconnaître, est-ce le désirer ? Rien qu'à voir comment Lacan s'y est pris avec l'IPA, on peut en douter.

               Je ne peux aller plus loin dans cette lettre. Pourquoi ne pas en faire le thème d'une soirée du Centro Descartes ? J'y participerai volontiers. Et pourquoi ne pas y inviter Bassols, qui parlait de “ communauté avouable ” au dernier Colloque de l'École Européenne ? Et aussi Basz, qui parle, lui, de “ communauté épistémique ” ? Et bien sûr Juanqui, qui parle du “ reste de ce qui ne fonctionne pas ” ?

               Votre rappel du “ temps-de-savoir ” fait vibrer la note la plus juste, et les chiasmes de votre maxime finale m'enchantent : “ Quoiqu'il en soit, nous ignorons les “ temps-de-savoir ”, et nous savons qu'une rencontre, c'est ça ”. On ne peut mieux dire.

 

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               Je vois bien l'articulation que vous proposez entre le Un et le Multiple dans nos Rencontres, et que vous ne voulez de “ rapport d'École ”, ni avant, ni après la Rencontre. Et j'avoue que, à y réfléchir, je doute de la formule “ rapport d'École ”. Je ne crois ni désirable, ni possible, d'identifier les membres d'une École à leur “ rapport d'École ”. Je proposerai plutôt d'écrire au fronton de l'AMP la maxime de Lacan selon laquelle “ Il n'y a pas d'énonciation collective ”. C'est d'ailleurs ce que vous faites bien sentir, par votre style même.

               Il faut noter que le volume, tel qu'il se fait actuellement, et sans aucune "intrigue", n'est pas composé de “ rapports d'École ”. Les coordinateurs des cinq chapitres sont directement choisis par la Fondation, certes au sein des différentes Écoles, et les auteurs également. C'est par erreur que ces chapitres sont encore présentés dans le dernier volume comme des rapports d'École : ce ne sont pas des textes “ officiels ”.

               Vous lirez à propos du volume les remarques de Judith Miller et d'Arturo Roldan. Cela fait hésiter à changer la formule.

 

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               Je profite de l'occasion pour vous remercier de m'avoir fait parvenir, il y a deux jours, le dernier numéro de la revue Descartes. J'y ai lu l'article d'ouverture, d'Éric Laurent. Je vois qu'il ne recule pas devant le Miller dixit (Juanqui dixit), il en remettrait plutôt, et en même temps, son propos est parfaitement original, et on apprend à chaque ligne. C'est autre chose que ces centons où mon cours et mes séminaires sont pompés pendant que le Miller dixit est soigneusement gommé.

               On voit bien la logique du fait. Il y a un mauvais usage de la citation, mais il y en a aussi un bon, quand citer, c'est dire : “ Lui, c'est lui ”, et c'est précisément ce qui permet d'être original, de critiquer, ou de prolonger, ou d'infléchir. Pomper, gommer, c'est dire : “ Lui, c'est moi, moi, c'est lui, je ne vois pas la différence ” : il n'en sort justement rien d'autre que des "petites différences".

 

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               Vous êtes, cher German, un artiste de la référence. Vous multipliez les dixit. Vous les modifiez les uns par les autres. Vous n'êtes prisonnier d'aucun. Je le vérifie encore en lisant dans Descartes votre Presencia de Jorge Aleman. Du coup, j'invite Aleman à entrer dans le débat, en lui remettant votre fax et celui de Juanqui. Et j’aimerais, si le Conseil de l’École en est d’accord, que mon éditorial de la dernière fois et les items 65 à 69 de ce numéro soient diffusés aux membres de l’EOL, au moment opportun.

               C'est promener une torche dans une poudrière ? Très bien. Voilà au moins qui donnerait du mouvement à notre Rencontre...

                         Un abrazo. — Jacques-Alain, 10 mai 1996

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Item 70 / Annonce

 

               La prochaine Dépêche comprendra notamment le texte complet des réponses de Samuel Basz et de Ricardo Seldes.

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n° 11

4 juin 1996

 

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Item 71 / Éditorial

 

               La Rencontre approche. Les membres des Conseils se retrouveront dans une même réunion pour la première fois. La présence des Directeurs et Directeurs adjoints est attendue, même s’ils ne sont pas membres du Conseil de leur École. On trouvera notamment dans ce numéro le texte d’un accord concernant l’organisation de la Rencontre 1998, ainsi qu’un projet de résolution que je compte présenter au Conseil de l’AMP, à Buenos Aires. — J.A.M.

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Item 72 / Les AE à la IXe Rencontre

 

               Les AE nommés dans l’AMP depuis la VIIIe Rencontre ont été invités par le délégué général à présenter une contribution lors de la IXe. Des 9 AE nommés à l’heure d’aujourd’hui, 7 feront le voyage, et ont annoncé les exposés suivants :

 

               - Virginio Baïo, Un champ pauvre, chaste et fidèle

               - Francisco-Hugo Freda, La passe, une nouvelle structure clinique

               - Bernardino Horne, La voie de la perplexité

               - Monique Kusnierek, Une interprétation sans parole

               - Bernard Lecœur, Les pouvoirs du partenaire

               - Josep Monseny, Par le désir de savoir, non par l’amour de la vérité

               - Philippe Stasse, ... jusqu’à l’ultime interprétation

 

               La séquence sera présidée par Oscar Sawicke, Président de la IXe Rencontre ; J.A. Miller y participera au titre de délégué général de l’AMP ; la séquence sera suivie d’une discussion avec la salle, qui sera invitée à faire parvenir ses questions par écrit à la tribune, comme lors de la Rencontre de Paris ( “ La pluie de questions ”).

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Item 73 / Accord sur la Rencontre de Barcelone

 

               Je me suis réuni le dimanche 12 mai à Paris avec Rosa Calvet et Judith Miller, respectivement Présidente de la Xe Rencontre et Présidente de la Fondation. Il a été convenu ce qui suit :

               1 - Les Présidentes assureront en 1998 l’organisation à Barcelone de deux événements successifs : un congrès AMP de deux jours réservé aux membres de l’AMP (21 et 22 juillet), et la Xe Rencontre internationale du Champ freudien sur trois jours (24, 25, 26 juillet), ouverte au public.

               2 - Les membres de l’AMP s’inscriront globalement aux deux événements.

               3 - L’inscription se fera auprès des Écoles.

               4 - Les inscriptions seront closes le 1er octobre 1997.

               5 - Le montant de l’inscription sera, pour ces 5 jours, de 400 USD (référence : Rencontre de Paris 1994, 4 jours, 360 USD). Au cas de forte hausse de la peseta par rapport au dollar, ce montant pourra être révisé à la hausse, par accord entre la Fondation et l’AMP.

               6 - Une affiche, préparée par l’AMP, sera distribuée à Buenos Aires aux membres de l’AMP présents ; cette affiche annoncera le Congrès et la Rencontre, et informera sur les inscriptions.

               7 - Les membres associés, ou adhérents, ou correspondants des Écoles ou de leur Section, ainsi que les membres des ACF (France-Belgique), qui désireraient assister non seulement à la Rencontre, mais aussi au Congrès, devront en faire la demande aux Conseils des Écoles, qui seront habilités à leur donner l’autorisation nécessaire.

               8 - Le délégué général de l’AMP se mettra en contact, au moment opportun, avec les Directeurs des Écoles, afin de préciser les modalités d’inscription des membres.

               9 - La Fondation précisera ultérieurement le montant de l’inscription à la Rencontre seule, pour le public.

               10 - L’AMP assurera les frais de son Assemblée générale en réglant à la Fondation la même somme qu’à Paris 1994. Au cas où il apparaîtrait une prévision de dépenses supplémentaires pour l’Assemblée générale, la Fondation en avisera l’AMP, afin de s’accorder préalablement sur les frais à engager.

               11 - L’AMP n’élève pas de prétentions sur l’éventuel reliquat de l’organisation des 21-26 juillet ; la Fondation déclare que ce reliquat est destiné à être partagé entre la caisse centrale de la Fondation et celle de sa représentation en Catalogne, la Commission d’organisation de la Xe Rencontre.

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Item 74 / Après l’accord en 11 points

 

               - La Commission d'organisation de la Xe Rencontre internationale souscrit avec plaisir à l'Accord en 11 points rédigé par le délégué général de l'AMP. Au nom de la Commission, je vous adresse nos salutations les plus cordiales. C'est avec enthousiasme que nous envisageons le travail qui commence aujourd'hui. Nous vous prions de transmettre à l'AMP notre reconnaissance pour la confiance qui nous est ainsi accordée. Rosa Maria Calvet i Romani - 13-05-96

 

               - Joan Salinas Roses, Secrétaire du Conseil, a informé les membres de celui-ci de l'Accord en 11 points, et du message de la Commission en date du 13 mai.

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Item 75 / Fax de Ricardo Seldes

 

1 - Le temps 1

               Nous sommes tous d’accord, me semble-t-il, sur le fait que les Rencontres sont un événement majeur pour la psychanalyse. C’est aussi bien ce que les membres des Écoles manifestent sans équivoque que ce qu’expriment ceux qui les entourent. On observe que la stratégie du Champ freudien, notamment en ce qui concerne la préparation de l’auditoire, a été couronnée de succès ; on peut aussi relever les effets d’onde expansive que les Rencontres ont produits chez les psychanalystes en général.

               Il y a néanmoins un sentiment de saturation qui se focalise sur le temps préalable à la Rencontre, le temps de préparation, que nous pouvons appeler le temps 1, par opposition au temps 2, celui de la Rencontre proprement dite, et au temps 3, post-Rencontre. Cet effet de saturation semble spécialement affecter les membres des Écoles qui participent au temps 1.

 

2 - Position du problème

               En quoi consiste ce sentiment d'excès ? Il y a saturation quand on s'est livré, pendant 2 ans ou plus, à l’étude systématique du thème. Je dis 2 ou plus, car il y a des collègues pour se mettre au travail dès que commencent à circuler les premières rumeurs ; il arrive même qu’ils anticipent sur le lancement effectif du thème.

               L’École ne consacre que quelques-unes de ses activités au thème de la Rencontre. Il n’y en a pas tellement, et elles ne sont pas tellement suivies. Au moins dans l’EOL, les rédacteurs du rapport pour la Rencontre ont travaillé dans une certaine solitude. Les commissions parallèles ont fixé leur propre calendrier, et elles ont remis leurs conclusions à la fin de l’année dernière. Cette date coïncidait à peu de choses près avec celle de l’envoi des propositons d’intervention personnelle (ou d’ateliers, ou de commissions) pour les salles simultanées de la Rencontre.

               Réfléchissons sur ce dernier point. Tout un chacun était-il donc, à cette date, véritablement prêt pour la Rencontre ? Pouvons-nous jurer que oui ? Qu’il s’était déjà décanté un moment de conclusion ? Moment “ collectif ”, il va sans dire. On pourra toujours dire que chaque commission a fixé la date de sa dissolution par avance pour qu'elle coïncide avec la date de clôture de l’envoi des propositions d’intervention.

               À mon sens, cette donnée montre que les moments de conclure sont fonction du calendrier que nous nous donnons : ils peuvent venir plus tôt ou plus tard, c’est selon. Qu’ils viennent trop tôt, et ce sera l’effet de saturation. Qu’ils viennent trop tard (et je mets la surprise au registre du retard excessif), et on se trouvera obligé à sacrifier la rédaction du volume, alors qu'il a pourtant toujours plus de poids conceptuel, à sacrifier la préparation alors qu'elle se fait toujours plus rigoureuse.

               D’autre part, retarder au maximum l’annonce du thème, n’est-ce pas inviter les gens à se dire rassasiés de plus en plus rapidement ? Comment sortir de cette impasse ?

 

3 - Un diagnostic possible

               Il se pourrait que ce que nous appelons effet de saturation n’ait pas pour cause d’avoir atteint un seuil de savoir. Cet “ ennui ” semble se dissoudre quand paraît le volume de la Rencontre. Le livre apporte avec lui un enthousiasme nouveau, comme il est facile de le vérifier. Pourquoi la saturation s’évanouit-elle à ce moment-là ? On pourrait attendre au contraire qu’elle s’accentue encore. Et pourtant, tout un chacun veut avoir le livre en mains le plus tôt possible. On vérifie des hypothèses, on les réfute, on les accepte, on s’indigne, on réfléchit... On dirait que l’on sort enfin d’un point d’indétermination. C’est la mise noir sur blanc de l’orientation lacanienne. Dans cette perspective, une Rencontre sans volume serait pour moi impensable.

               Déconnecter les deux produirait un volume sans Rencontre. On peut l’imaginer... La formule reste à inventer. Pourtant, quelque chose me fait penser que cette occasion de nous rencontrer tous ensemble (Champ freudien) une fois tous les deux ans a des effets sur la production de chaque École (AMP). Si l’on séparait le thème commun aux Écoles et celui de la Rencontre, ne risquerait-on pas de réduire au minimum la responsabilité effective de chacun, tout le poids retombant alors sur les épaules des Conseils ?

 

4 - Essais de solution

               Ma proposition fondamentale est de ne pas innover, mais d’améliorer. De quelle manière ?

               - Faire connaître le thème de la Rencontre suivante 3 mois après la fin de la Rencontre précédente (octobre).

               - Maintenir l’actuelle structure d’élaboration du volume, mais réduire la durée de la réalisation. Le livre devra être prêt un an après : chaque École aura six mois pour remettre son rapport à la coordination générale. Compter six mois de plus pour établir la version définitive, traduire et éditer les volumes. Les diffuser aussitôt (octobre de l’année suivante).

               - D’octobre à fin janvier, les membres (et adhérents) des Écoles présentent leurs exposés individuels à l’instance de sélection ; suppression des résumés d’arguments préliminaires. À partir de ce moment, temps supplémentaire pour : composer le programme de la Rencontre, centraliser les salles, réunir les interprètes, mettre en place les coordinations de tables rondes, etc.

               Durée du temps 1 : 18 mois. Cela ne me paraît pas excessif. — Ricardo Seldes, 29 avril 1996

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Item 76 / Fax de Samuel Basz

 

               À mon avis, nous sommes, pour la première fois dans l’histoire du lien social que produit le discours psychanalytique, en situation de constituer une communauté épistémique d’envergure transgroupale et internationale.

               J’appelle “ épistémique ” une communauté qui admet une reconstruction rationnelle permanente et consensuelle des principes qui justifient sa pratique. La logique de la disputatio lui donne son cadre, la conclusion conceptuelle son horizon.

               En revanche, l’IPA, à refuser Lacan, se recroqueville dans les limites d’une communauté “doxastique” (plus ou moins orthodoxe, plus ou moins hétérodoxe).

 

               À l’approche de l’an 2000, nous pouvons faire fonds sur l’œuvre de Freud et sur l’enseignement de Lacan, et nous disposons en plus de trois instruments principaux, et d’une tactique, dont l’efficacité est prouvée dans le contexte de cette communauté épistémique.

               Les trois instruments principaux sont :

               a) l’existence du Champ freudien comme réseau institutionnel ;

               b) le cours de J.A. Miller sur l’orientation lacanienne ;

               c) l’AMP, édifiée sur le fonctionnement de la passe, peut se constituer — grâce à l’accumulation des résultats de la procédure — en une Archive du Mathème Psychanalytique, comparable aux archives scientifiques accessibles au public.

               Quant à la tactique, c’est la suivante :

               d) Une orientation thématique commune, itérative et faisant série, qui met l’ensemble des membres en position de travailler exhaustivement un axe théorico-clinique déterminé.

               Ce n’est que depuis peu que nous disposons de ces quatre conditions (a+b+c+d) en tant qu’agissant synchroniquement. Il s’agit d’un quaternaire de termes hétérogènes et logiquement articulés.

 

               Si l’on accepte ces prémisses, la consultation de J.A. Miller dans la Dépêche n° 10 se réduit à une question technique, qui n’en est pas négligeable pour autant, mais qui a des réponses.

               1) Un thème commun est nécessaire.

               2) Il est nécessaire que la communauté considérée dans son ensemble puisse se réunir pour rendre compte des conclusions, et pour confronter les résultats au sein d’une instance unique.

               3) “Le” texte est le volume de la Rencontre, diffusé très à l’avance, pour permettre à tous les membres de l’AMP d’en faire une lecture critique.

               4) Chaque École assure un rapport.

               5) Il se forme, pour chaque rapport, des équipes de discutants appartenant à chacune des Écoles, et qui débattent en séance plénière avec les rapporteurs du travail en question.

               Les discussions, dont les Actes seront établis, peuvent être publiées dans un volume post-Rencontre, ou bien être mises à la disposition du public dans les bibliothèques du Champ freudien.

               6) Les inscrits à la Rencontre peuvent présenter leurs travaux, dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui, en salles simultanées.

 

               De cette manière, il n’y a pas besoin de changer grand’chose, il s’agit de faire circuler le volume entre six et huit mois avant la Rencontre (on pourrait l’acheter, et son coût serait déduit du montant de l’inscription).

               Dans cet intervalle de six à huit mois, les équipes de discutants préalablement constituées dans chaque École travaillent chacune pour leur compte, après avoir coordonné — pour éviter la superposition — la distribution thématique avec les équipes de discutants du même rapport, appartenant aux autres Écoles.

               Et la surprise ?

               La bonne : une discussion vivace et de bon niveau.

               La mauvaise : le risque à connaître le volume tant de temps à l’avance, seuls s’inscrivent à la Rencontre rapporteurs et discutants, plus ceux qui présentent des travaux individuels.

               Le pire qui puisse nous arriver, c’est d’avoir une communauté très épistémique, mais un peu anémique.

               Je parierai volontiers que si l’on travaille bien durant le processus préparatoire, et si l’on s’assure que les membres les plus connus de l’AMP se consacrent full-time à animer les plénières de la Rencontre, les choses iront bien à tous égards. — Samuel Basz, 26 avril1996

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Item 77 / Fax de Manuel Kizer

 

               1 - Maintenir une formation théorique de base, qui peut, pour une part, ne pas être liée aux Rencontres.

               2 - Ouvrir dans la Rencontre un espace où chaque École puisse proposer et présenter un thème de recherches et un apport qui lui soit propre. Chaque École tenterait ainsi de développer une ligne de travail, et d’en rendre compte.

               3 - Sur la base de cette activité menée par une École, on évitera des Rencontres “ préparées jusqu’à saturation ”. — Manuel Kizer R., 14-05-96

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Item 78 / Fax de François Leguil

 

                              Cher Monsieur,

               La Dépêche n° 10 est un événement pour ceux et celles qui ne doutent pas que l’AMP existe bel et bien : ils en aimaient l’idée, ils en soutenaient les promesses, ils savent désormais que la preuve est là pour montrer — en usant du vocabulaire de nos “Chevaliers du Tastevin” — qu’elle a “du corps”.

               Il est encore trop tôt pour analyser convenablement la longue série des remarques et des suggestions que vous examinez, que vous mettez en série pour les articuler. Afin de me donner un premier repère, je vous dirais que la proposition “mixte” d’une rencontre internationale où se partageraient le traitement d’un sujet commun et des exposés “libres” de travaux retenus pour leur qualité, sans lien thématique nécessaire avec les “rapports d’École” (soit, à la page 5, l’ensemble formé par “l’idée Quinet-Roldan et l’idée Basz-Indart) me paraît vraiment séduisante et stimulante.

               Je voudrais plutôt vous livrer ma réaction immédiate devant votre échange de lettres avec Juanqui Indart. J’ai été touché par le ton de ce qu’il vous écrivait et il m’est apparu qu’il soulevait un vrai problème, et profond. Irais-je jusqu’à oser vous avouer que j’ai moins aimé le ton de la réponse que vous lui faites ; du moins celui de votre première phrase (“tu devais avoir l’humeur bien noire, ce jour où tu m’as écrit...”). Je ne pense pas que Juanqui était sombre et, sans être persuadé qu’il était juste tout du long, je suis convaincu qu’il était vrai. Quand bien même l’eût-il été, sombre, votre réplique initiale m’a fait songer à un vers célèbre d’Eluard : “Quand l’homme n’a plus de langue pour lécher sa mélancolie, ses images sont au secret”.

               Aussi vais-je tenter de poursuivre en convoquant d’autres images. Vous connaissez assurément la forte lucidité qu’on prête au Libertador, dont la légende affirme qu’à la nuit tombée, dans les bivouacs de l’Orénoque jusqu’à la veille de l’incroyable audace de Boyaca, il faisait lire Rousseau et Montesquieu (ce qui ne gâchait en rien l’implacable et quelquefois effrayante rudesse de ses actions). Informé au début des années 1820 de la doctrine du Président Monroe, dont le condensé lapidaire a passé les ans sous la forme d’un : “l’Amérique aux Américains, l’Europe aux Européens”, Simon Bolivar, presque seul, a critiqué cette déclaration qu’il aurait ainsi stigmatisée sans se laisser davantage abuser par cette “era of good feelings” que prétendait instaurer officiellement l’ami de Thomas Jefferson : “l’Amérique aux Américains, c’est le Sud qui devient la proie du Nord !” Nos amis vénézuéliens sentent, depuis le funeste corollaire de Théodore Roosevelt, combien l’amant de la belle Manuela Saenz avait vu juste avant qu’elle ne lui sauve la vie dans une demeure que nos camarades du Champ freudien à Bogota savent montrer, tout à côté d’une maison où le grand Humboldt... Mon dieu ! Nous n’en finirions jamais entre les berges de cet océan alors que ne cinglait ni ne voguait encore aucun de nos fax.

               En une phrase, la prescience de Bolivar était : non au “Yankee dixit”. Juanqui témoigne d’une sensibilité que nous serions bien mal inspirés de négliger, même si nous pouvons ne pas suivre son avis, lorsque l’un des éclairages qu’il propose s’appuie sur ce : “J.A.M. dixit”. L’affaire n’est pas assez simple pour que nous progressions avec une argumentation “ad hominem”. Aucun cours n’est en cause, c’est l’histoire de l’AMP qui commence.

               C’est vrai : il y a l’avance toute relative des Français qui sont nés dans la langue du Séminaire et des Écrits ; mais il y a aussi les manières engoncées des Parisiens qui considèrent parfois que l’aisance d’une parole sobre s’arrête une fois sorti des vingt arrondissements, sans concevoir que leur rigoureuse illusion les enferme dans leurs arrondissements bien plus que Lavoisier avec son mur. Mais quoi ? Allons-nous changer tout cela par décret, décider contre toute vraisemblance que nous sommes hospitaliers, que nous ne cultivons pas à l’excès le concept ombrageux, que nous ne sommes pas du pays où Pangloss rabâchait : “je suis philosophe, et ne peux me dédire”.

               Il le faudrait. Une politique d’encouragement systématique de publications d’Amérique du Sud dans toutes nos revues (celles des ACF incluses) n’est pas inimaginable. Cela se faisait à Ornicar?, du temps où Ornicar? se faisait. La dissymétrie, que repère bien Juanqui, est paradoxalement plus dommageable ici, qu’elle n’est amère là-bas : elle nous prive d’une fraîcheur institutionnelle que nous avons perdue, quoique nous en ayons. À la façon des villes qui pratiquent le jumelage, ne pourrait-on pas suggérer à telle ou telle agglomération d’une des ACF de se mettre en expérience de manière réglée en associant ses activités avec telle ou telle autre agglomération d’une ville d’Amérique du Sud, d’imaginer des échanges, d’inventer, de rendre compte régulièrement... Tout cela peut faire sourire, mais je vois mal qu’une politique “volontariste” ne sache répondre à la perche que la lettre de Juan Carlos nous tend et dont il faut lui savoir gré.

               Votre. — François Leguil, ce 30 mai 96

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Item 79 / Fax de Jorge Chamorro

 

                              Cher Jacques-Alain,

               Le premier sentiment que j’ai eu à la lecture de ta Dépêche n° 10 a été de déplaisir.

               Je dis “j’ai eu” parce qu’il n’y a pas d’énonciation collective. Le fait d’avoir entendu un certain nombre, ou même un grand nombre, me témoigner qu’ils étaient en harmonie avec ce que je pense, ne m’autorise pas à parler au nom de l’École, ou des Argentins, ou des Latino-américains, ni bien entendu, en substituant l’œil à la bouche, la lecture à la conversation, au nom des Français ou des Boliviens.

 

               “À ciel ouvert”, certes - mais n’est-il donc pas marqué, ce “ciel ouvert”, de quelque “impossible à dire” ? À mon sens, oui. Officialiser publiquement (dar estatuto publico) une discussion portant sur ta place, et, pire encore, proposer que la prochaine Rencontre soit agitée par ces questions, je ne peux y voir, dans le meilleur des cas, qu’une déviation. Certes, nous pourrions réunir autour de ce thème un grand nombre de Latino-américains, auxquels se joindraient sûrement pas qu’un peu de Français. Et alors ? En arrière toute ?

               Ce n’est pas le premier mouvement dans cette direction. Il y en a eu un autre. Une logique assez claire mène du Champ freudien à l’AMP, et conduit à réserver les Rencontres aux membres des Écoles. Très bien, c’est clair : l’AMP est métaphore du Champ freudien ; si des lieux plus ouverts sont nécessaires, aux Écoles de s’en charger avec leurs Journées. Mais pourquoi donc ne pas le faire à partir de l’AMP, avec une Rencontre ouverte tous les cinq ans par exemple ? Nous voilà au contraire aujourd’hui avec l’AMP et le Champ freudien à négocier un moment complexe (en una complicada transaccion), dont il ne sortira que du malaise (malestar).

 

               J’ai cru, jusqu’à ta Dépêche, que le moment était autre. Pour moi, ta position, celle de ton cours, ne tenait pas à des actes de volonté, ni aux tiens, ni à ceux d’autres, mais bien à la construction des Écoles, à celle de l’AMP, et en particulier de la procédure de la passe. Cela n’excluait pas que certains, dans leur “intimité” communiquée à toi par écrit, ne pensent que rien ne puisse être fait ni pensé sans toi, ou, en sens inverse, qu’il serait bien préférable que tu disparaisses, avec tes cours et publications sous le bras. Tu ne serais sûrement pas le dernier ; après viendrait Lacan, puis Freud ; et si Heidegger a raison quand il dit que la pensée d’Aristote détermine toute la pensée occidentale moderne, on peut penser que les livres d’Aristote eux aussi seraient menacés. Et de ce “nettoyage” qu’émergerait-il ? Tu dis : une société des Maîtres. Je ne le crois pas : cette logique esquisse plutôt un personnage qui serait “l’intellectuel de la Horde”. On peut y voir, me semble-t-il, et comme dirait German, une espèce de lutte pour le “marché” des imbéciles. Cette espèce se définirait, à ce que je vois, par deux traits : “s’analyser”... à Paris, et citer Miller.

               Ma question : n’est-ce pas la passe qui devait introduire une bombe au sein de l’École ? Était-il nécessaire d’agiter les choses de cette façon, et de manifester ainsi l’existence de différences très difficiles à réduire ? Ces différences, nous acceptons dans un esprit de solidarité de les laisser de côté pour donner consistance à l’École. Nous acceptons ce qu’il y peut y avoir d’inacceptable dans certaines de ces différences parce que nous parions sur les 10 années à venir du fonctionnement de la passe, et sur la permutation qui fera place à d’autres. Mais au fond, certaines des questions posées ne sont plus de l’ordre de la différence, mais de l’incompatibilité avec la psychanalyse.

               Je repense à la réponse que tu m’as faite il y a quelques mois, quand je te communiquais mes inquiétudes concernant les agissements, “irresponsables” selon moi, de certains responsables de l’École. : “ Où est la nouveauté ? L’avenir appartient à ceux qui s’identifient à l’École et non pas à ceux qui s’identifient aux groupes. ” Je suis bien d’accord.

               Au jour d’aujourd’hui, je crois de toute façon qu’il n’est pas suffisant de ne pas faire groupe et de “travailler pour l’École”. Ce qui a été fait pour l’École, fruit d’un long labeur, a été en partie détruit par la virulence avec laquelle certains y ont réagi pour défendre leurs positions personnelles.

 

               Conclusion.

               Aujourd’hui, la passe fait ses premiers pas dans la majorité des Écoles ; on peut déjà noter les effets qu’elle a dans l’EOL, par son fonctionnement effectif comme par la possibilité qu’elle offre, et qui fait sentir sa présence. Des analystes rejoignent maintenant l’EOL parce que, dans l’EOL, il y a la passe. La passe interroge les analystes sur l’état actuel des cures qu’ils dirigent comme elle fait s’interroger les analysants sur le moment où ils en sont de leur analyse, et sur la distance qui les séparent de sa fin. Dès lors qu’ils se trouvent en analyse, beaucoup se demandent s’ils peuvent se soumettre à cette épreuve, et comment le faire. Dans le même temps, les cartels de la passe travaillent à préciser ce sur quoi ils se fondent pour écouter les passeurs ; les passeurs s’attachent à bien formuler ce qu’ils ont à écouter du passant ; les passants, eux, réfléchissent à la manière de transmettre.

               Au milieu de tout cela, nous n’allons tout de même pas nous mettre à discuter si tu dois être devant ou derrière. Que chacun te mette où il veut ! Nous n’allons pas recommencer encore une fois le vote de la clause de l’extime !* Du point de vue de la structure, ta place t’est déjà assignée par la création de l’AMP, la fondation des Écoles, et l’introduction de la passe.

               Comme tu peux le voir, mon avis, avec les éléments dont je dispose, est que cela a été une erreur de ta part que de donner pareil écho à un tel thème. Le Conseil de l’EOL, ne faisant ni une ni deux, a déjà diffusé ta Dépêche à tous les membres de l’EOL.

               Voilà la situation, du moins comme je la vois. Je n’exclus pas qu’il y ait des données que j’ignore. Avec celles dont je dispose, je ne peux penser autrement que ce que je viens d’écrire.

               Un gran abrazo, y hasta pronto. — Jorge, 3-06-96

 

* Note de J.A.M. : Jorge Chamorro fait ici allusion à une disposition figurant dans le règlement de la procédure de la passe à l’EOL comme dans les autres Écoles du Champ freudien à l’exception de l’ECF, disposition qui fit l’objet en Argentine d’un vote spécial. L’introduction d’un collègue extérieur venant s’installer dans le dedans intime de l’expérience, avait paru au Conseil de l’École requérir une approbation particulière, qui fut donnée par un Congrès extraordinaire à une ample majorité (340 pour, 27 contre, 2 blancs). Voir la Dépêche n° 3, item 22, pages 3 et 4.

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Item 80 / Affectio Societatis, par J.A. Miller

 

                Rio de Janeiro, un soir d’août l’année dernière. À la fin du mois, ce sera l’École Brésilienne. Une collègue, Nelisa Pinheiro, me propose d’expliquer la présence de l’expression latine dans le projet de statuts : je rappelle qu'elle a été suggérée par mon ami l’avocat Carlos Forbes. J’ai retraduit, en la resserrant, la suite de l’improvisation (texte intégral publié en son temps par le bulletin de la Section Rio et par le Correio de l’EBP), et l’ai proposée à La Lettre mensuelle en contrepoint à la récente carte blanche, qui me l’a remise en mémoire, de J.P. Klotz sur “ La haine de groupe ”.  — J.A.M., 5-5-96

 

L’affect et le contrat

                Que le Droit fasse place à l'affect, surprend. Rien ne semble plus éloigné du Droit que le registre des affects. Nous signons un contrat. Nous ne pouvons dire le lendemain : “ La tête de ce monsieur ne me revient plus, je déchire le contrat ” — au moins sans pénalité. Le Droit est précisément fait pour que les affects n'affectent pas les contrats. Les affects passent, le contrat demeure. S'il faut pourtant mentionner dans le contrat associatif une condition affective, c'est peut-être que “l'ordre symbolique“ ne suffit pas, qu’il y a un “au-delà du contrat“, avec quoi le Droit même doit composer.

 

Est-ce imaginaire ?

                Cet “ autre chose ” est-il de nature imaginaire ? Au niveau imaginaire, la relation standard n'est pas le contrat, ni l’affection, c'est l'assassinat — ou toi ou moi, moi ou les autres. Voir le stade du miroir. L'agressivité perdure, sous une forme ou une autre, dans le lien social, elle surgit dès que fléchit le discours qui la contient. Certes, il y a l'amour, enraciné dans l'imaginaire. Mais l'affectio societatis n'est certainement pas l'amour.

 

Les incompatibilités

                Disons un mot du mariage, qui n’est pas l’amour non plus. Le mariage est un contrat. On admet comme motif de divorce ce que l'on nomme en français l'incompatibilité d'humeur. Voyez Charles et Diana : quand elle veut danser, lui monte à cheval, quand il rentre, elle sort, et vice versa. Dans incompatibilité — Lacan parle du mot dans sa Radiophonie —, il y a pathos : il s'agit de souffrance, d'une certaine manière de souffrir. Le mariage n'est pas qu'un contrat, c'est peut-être le désir de souffrir ensemble, de souffrir l'un par l'autre, avec l’autre. La vérité : c'est que l'un est toujours incompatible avec l'autre. Quand on ne veut plus l'être, c'est alors qu'on divorce.

                L’humeur de l’un et celle de l’autre sont dites incompatibles. Mais l’incompatibilité s’établit surtout entre humeur et contrat : un certain état de l’humeur est incompatible avec le contrat. Et c’est ce que le contrat prévoit : la condition d'humeur.

 

L’impuissance des statuts

                Il s’est développé dans le Champ freudien une importante industrie statutaire. Les statuts ne peuvent rien sans affectio societatis. J’entends bien que la pulsion de mort et le stade du miroir jettent une ombre sur la validité de cette notion. Il se pourrait que ce ne soit qu’une fiction sans incidence pratique. Pourtant, Lacan invite les analystes de son École à être bons camarades. Est-ce de l'humour ? Est-ce à prendre au sérieux ? Chacun choisit.

 

Seul ou ensemble

                Distinguons deux versants : que fait-on seul et que fait-on ensemble ?

                Dans le domaine sexuel, il vaut mieux, pense Freud, être deux. L’acte solitaire n’est pas recommandé dans la psychanalyse comme il l’était chez les cyniques. Pourtant, la pulsion atteint son but en se bouclant sur elle-même. Mais justement, est-elle sexuelle ?

                Le discours analyste prescrit d’aller tout seul chez son analyste. Quand on vient accompagné, comme c’est le cas pour les enfants, ou certains phobiques, c’est spécial. Quand on est plusieurs à entrer dans le cabinet, c’est une thérapie de groupe, non l’analyse. L’analyste, de son côté, est seul. Il peut être en contrôle, mais le contrôleur ne vient pas s’asseoir à côté de lui, lui apprendre à piloter la cure. L’analyste, seul, et l’analysant, seul, font couple néanmoins, mais seulement pour l’analysant. Ainsi, en tant que seul, a-t-il rapport avec l’association de ces deux solitudes. Du côté analysant, l’affectio societatis s’appelle “transfert”. Le “contre-transfert”, en revanche, n’est pas convénient : l’analyste ne s’associe pas.

                Dans une École telle que nous l’entendons, de quel côté est l’enseignement ? Plutôt du côté du “ seul ”. Il serait dangereux de le collectiviser. Les statuts le précisent : “ Quiconque enseigne le fait à ses risques. ”

 

Le pas-moi

                Nous avons certainement à protéger le versant de la solitude : celle du patient, celle de l’analyste, celle de l’enseignant. Simultanément, affirmons la dignité de ce que nous faisons ensemble : des colloques, des publications, des bibliothèques, des cartels, des jurys. L’être-ensemble, le Mitsein, est-il plus difficile entre analystes ? Lacan le pensait. Ce qui fait l’analyste rebelle à l’identification est cela même qui lui rendrait insupportables ses collègues. Mais c’est aussi de la position de moins-un, de sauf moi, que le névrosé assure volontiers sa jouissance. Il se décompte. Position qui a sa dignité, et qui apparaît souvent à l’origine de “ la vocation psychanalytique ”.

 

Le pour-tous

                Une École est établie sur des règles universelles, sur le pour tous, comme l’a rappelé ce soir Jorge Forbes, ce pour tous véritable fascinum des pas-moi. L’affectio societatis introduit un élément supplémentaire, qui se loge dans une défaillance de l’universel. Tout du lien social ne peut être capturé par l’universel, le Droit en témoigne. Là où le Droit dit affectio societatis, Freud dit Eros. Voyez la Massenpsychologie. L’identification symbolique à un signifiant-maître ne sature pas tout ce qu'il en est du groupe. Il faut y ajouter le facteur pulsionnel, dont le versant agrégatif est désigné comme érotique. En tant qu’il s’inscrit comme un élément supplémentaire dans l’ensemble, donnons-lui le nom qu’il doit à Lacan : l’objet (a).

 

L’objet (a) de l’École

                Allons-nous parler de l’objet (a) de l’École ? C’est certainement problématique. Pourtant, ce soir, à Rio, essayons.

                Nous nous comprenons. Au moins, nous pensons nous comprendre. Tout à l’heure, on a applaudi. C’était d’ailleurs la première fois : hier, à Sao Paulo, on n’a pas applaudi. Peut-être n’est-ce qu’à Rio qu’il y a l’objet (a) de l’École.

                Ce petit apologue est pour localiser dans le groupe l’objet (a) au niveau du “ on se comprend ” : ce sont les significations que les membres ont en commun, c’est le pain et le vin qu’on se partage.

                Il y a deux soirs, à Curitiba, Jorge Forbes commençait son intervention en disant : “ La terre est bleue. ” On a souri. Tous, sauf moi. Je n’avais pas la moindre idée de ce que cela voulait dire. Je saisissais le sens “ littéral ”, mais non pas sa valeur. Il a fallu qu’on m’explique que la phrase était de Gagarine dans son Spoutnik, et qu’elle était célèbre au Brésil, par des voies que je ne sais pas. Vous la connaissiez ? (oui). Parfait, vous vous entendez avec les collègues de Curitiba (rires). Je savais seulement que A terra é azul se traduit en français par La terre est bleue, sans savoir que cela venait du russe, et que c’était proverbial, ou au moins lexicalisé, au Brésil. J’ignorais sur quelles bases Jorge Forbes s’entendait avec son public. Donc, il y avait là de l’objet (a). L’objet (a) est présent chaque fois qu’“ ils se comprennent entre eux ”.

 

L’effet sectaire

                L’ordre symbolique a pour horizon le discours universel. Ce qui y fait obstacle, c’est l’objet (a), qui toujours particularise. L’Association qui nous réunit a beau être “ mondiale ” — au moins est-ce son nom, son vœu —, nous nous comprenons entre nous d’une façon qui nous distingue des autres, par des références, des allusions, des non-dits, qui sont les nôtres, et qui donnent l’impression à ceux qui ne sont pas de la paroisse, qui ne relèvent pas de notre affectio societatis, que nous sommes une secte parlant son jargon. N’est-ce pas vrai ? Chaque fois qu’il y a affectio societatis, qu’il y a groupe et objet du groupe, il y a particularisation, effet sectaire. On peut bien le combattre, il naît tous les jours, il sourd du groupe par tous ses pores.

 

Ne pas fatiguer l’objet (a)

                Ne misons pas trop sur ces affaires de statuts. Pour qu’il y ait une École, il s’agit d’abord qu’il y ait affectio societatis. Le peintre Braque disait : “ Les preuves fatiguent la vérité. ” Il ne faut jamais fatiguer l’objet petit (a). — Rio de Janeiro-Paris, août 1995-avril 1996

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Item 81 / La justesse de l’ostracisme

 

                Ce texte est extrait de la préface au n° 1 de  la  Newsletter de l’AMP, à paraître en juillet prochain :

 

                (...) Je souligne la qualité de ce moment, qui est d’harmonie, d’équilibre.

                En sera-t-il toujours ainsi ? Je me permettrai d’être optimiste : il en sera ainsi aussi longtemps que les principes qui assurent cette paix institutionnelle générale seront admis et respectés.

                Pour l’heure, l’AMP a encore besoin que quelqu’un y joue un rôle de prud’homme, de juge de paix. Mais une institution ne s’avère telle qu’à se passer de tout “ homme fort ”. C’est la justesse de l’ostracisme. Aussi la principale contribution que j’ai faite à la construction des Écoles, a-t-elle été de me soustraire à leur direction. Aussi suis-je maintenant impatient de quitter mes fonctions à l’AMP ; j’attends seulement que la jurisprudence de l’Association soit assez étendue, et les tâches de sa gestion suffisamment routinisées.

                Si je tiens la pérennité des Écoles pour assurée, il n’en va pas de même de l’AMP. Comme bureaucratie, elle a de quoi survivre. Mais elle est autre chose aussi, un réseau palpitant de savoir et de transfert. Cela, elle ne l’est vraiment que pour un trop petit nombre de collègues, polyglottes et voyageurs. Là devra porter l’effort de l’Association dans les prochaines années : multiplier, croiser les liens de travail entre ses membres. — J.A.M., Paris, le 11 avril 1996

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Item 82 / Convocation à l’Assemblée générale

 

                L’Assemblée générale de l’Association se tiendra le 22 juillet prochain à l’Hôtel Sheraton de Buenos Aires, salon Golden Horn. Accueil à 14h30, fin prévue à 18h00. Joan Salinas-Roses adressera le texte de la convocation qu’il a rédigée au Président et au Directeur de chaque École, en indiquant le processus à suivre.

                Jacques-Alain Miller demandera que, par un vote à bulletin secret, l’Assemblée lui renouvelle sa confiance pour deux ans ; les autres candidats éventuels à la fonction de délégué général devront se faire connaître par fax (34.3.459.22.88) à Joan Salinas-Roses avant le 9 juillet à 12h45.

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Item 83 / Correspondance

 

               - Depuis la clôture de l’enquête ouverte dans la Dépêche n° 9, des messages me sont parvenus de : A. Waisman (EOL) ; A. Simonetti (EOL) ; A. Morales (EOL) ; D. Paulozky (EOL) ; Amilcar Gomez (ECFC) ; Gabriela (illisible) (EOL) ; Raquel Narbona (EOL) ; C. Vigano (EEP) ; LH Vidigal (EBP) ; Adela Fryd (EOL) ; J.P. Klotz (ECF) ; Luigi Luongo (ECFC) ; A. Katsuda (EOL) ; M. Bassols (EEP) ; D. Kamieny-Boczkowski (ECF) ; D. Silvestre (ECF) ; E. Solano-Suarez (ECF) ; etc. Je remercie bien sincèrement mes correspondants de leur envoi.

               - Je prie le Conseil de l’EOL de bien vouloir diffuser les items 72 à 83 aux membres de l’EOL.

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Item 84 / Échos des Écoles

 

EBP

               Consulté par Jorge Forbes sur les titres à faire figurer dans le second Annuaire, j’ai indiqué que le titre d’AME n’étant pas encore en vigueur au Brésil, il n’y avait pas lieu d’indiquer ce titre ; que le titre d’AE, en revanche, était en vigueur ; que les membres pourraient demander à figurer avec la qualité d’AP (ce n’est pas un titre, mais une auto-déclaration) pour peu que le Conseil de l’École décide de leur ouvrir cette possibilité dès à présent.

               Permutation de la Présidence : Jairo Gerbase succède à Bernardino Horne.

 

ECFC

               J'ai reçu dimanche 12 mai les épreuves du prochain Annuaire de l'École, avec une demande d'E. Leon Vivas de les relire et corriger. Je lui ai retourné quelques heures plus tard 12 pages avec corrections. La parution est maintenant attendue, s'agissant du premier Annuaire de l'École conforme au modèle commun.

 

EEP

               Le Conseil de l’École, réuni le 12 mai, a consacré une heure à la lecture et au commentaire de la Dépêche n° 10. Tous ses membres se sont déclarés favorables à la préparation. La discussion s’est centrée sur la relation à établir entre le Un et le Multiple. Le Conseil a constaté une certaine tendance de l’EEP à se fermer sur elle-même, en raison de son étendue, qui oblige à une organisation décentralisée favorisant le localisme. Il faut arriver à lui faire percevoir l’ensemble du Champ freudien et à la faire travailler avec les autres Écoles.

 

ECF

               J’ai eu plusieurs échanges avec le Conseil de l’École à propos de la rédaction d’une étude sur la question des psychothérapies.

               Nouveaux AE : Hugo Freda ; Anne Lopez.

 

EOL

               Le Conseil a pris connaissance de la Dépêche n° 10 ; ses membres ont témoigné de leur satisfaction à voir se manifester le caractère de communauté internationale de l’AMP.

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Item 85 / Projet de résolution pour le Conseil de l’AMP

 

                Vu les rapports réalisés tant par les Écoles du Champ freudien que par le Bureau des études de l’Association, et attendu :

 

                1) - que la seule formation valable aux techniques à finalité thérapeutique faisant fonds sur les pouvoirs de la parole est la formation psychanalytique, pour autant qu’elle est seule à prendre en compte les effets de transfert, que les psychothérapies méconnaissent, nient, ou rabattent sur l’effet de suggestion ;

                2) - que les pratiques les plus différentes, depuis les plus proches de la psychanalyse jusqu’aux plus éloignées de celle-ci, voire opposées, usent couramment de la dénomination “psychothérapie” ;

                3) - que les dites psychothérapies mettent en œuvre les méthodes les plus variées, font usage d’une gamme de références extrêmement diversifiées, dispensent des formations parfaitement distinctes, et ne relèvent en aucun cas d’une même discipline, qui serait dotée d’une identité épistémologique et clinique ;

                4) - que, dès lors, la mise en circulation d’un titre universitaire attestant la qualité de psychothérapeute ne saurait se justifier ;

                5) - que, en revanche, la délivrance universitaire d’un tel titre à des personnes dépourvues de formation psychanalytique serait de nature à abuser le public, et présenterait pour les patients des risques engageant la responsabilité des instances ayant délivré ce type d’attestation officielle de compétence ;

                6) - que, aussi bien, l’obligation faite, dans un cursus universitaire, d’effectuer un nombre déterminé d’heures de psychanalyse en vue de l’obtention d’un diplôme faisant titre de travail, serait incompatible avec la structure de l’acte psychanalytique, et de nature à inhiber tous les effets pouvant être attendus de la formation psychanalytique ;

 

                le Conseil de l’Association Mondiale se déclare :

 

- opposé aux projets d’institution d’un diplôme universitaire de psychothérapie, tant au niveau national qu’à celui des organisations continentales ;

- résolu à manifester cette opposition par tous les moyens appropriés ;

 

et invite les Écoles du Champ freudien à prendre, le cas échéant, tous contacts utiles avec les responsables ou les membres d’autres institutions, regroupant aussi bien des psychanalystes que des psychiatres, des psychologues, ou des psychothérapeutes, ayant des positions voisines sur cette question, afin de participer à des actions communes.

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n° 12

18 juin 1996

 

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Item 86 / Éditorial

 

               La Rencontre s’approche. Les échanges s’accélèrent. Le rythme de la Dépêche s’y adapte. J’essayerai de préciser dans le prochain numéro l’ordre du jour de l’Assemblée générale. — J.A.M., 18.06.96

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Item 87 / Lettre aux plus-un des cartels A, B, C, D

 

À Marie-Hélène Brousse, François Leguil,

Danièle Silvestre, Esthela Solano-Suarez

Copie à Antonio Di Ciaccia

 

                                Chers collègues,

               Comme vous le savez, les quatre Écoles composantes de l’AMP avec l’École de la Cause freudienne, ont introduit la procédure de la passe, avec l’approbation de leurs membres et sous la direction de l’Association Mondiale.

               Les AE nommés par les différents cartels depuis la dernière Rencontre seront invités à prendre la parole à Buenos Aires, dans les mêmes conditions que les AE antérieurs à la Rencontre de Paris.

               Dans le contexte actuel, il apparaît opportun de donner également la parole, par le biais de leur plus-un, aux cartels qui les ont nommés. Antonio Di Ciaccia, retenu de voyager, sera remplacé par l’ancien plus-un, Danièle Silvestre. Voilà donc ce qui motive ce courrier.

 

               Vous trouverez ci-joint l’état actuel de la programmation de la séquence. Trois AE ne voyagent pas : A. Lopez, A. Nguyen, A. Szulzynger.

 

               Il s’agit maintenant pour moi de vous préciser ce qui est prévu et attendu, puisque cette séquence est nouvelle dans sa conception.

               1 - Vous prenez la parole dans les mêmes conditions que les AE que vous avez nommés, sur un pied d’égalité parfait avec eux : c’est le sens même de la nomination.

               2 - De ce fait, vous ne vous exprimez pas en tant qu’administrateurs de la procédure (avec chiffres, pourcentage, etc, comme vous avez à le faire, au moins pour une part, dans vos rapports à l’École où s’inscrit votre cartel, et comme vous aurez à le faire lors de l’Assemblée générale de l’AMP). Vous vous exprimez à l’instar des AE, comme vivant une expérience subjective spéciale, consistant en particulier à juger - juger tant le résultat de l’élaboration d’un sujet analysant que celui de l’acte d’un analyste. Il s’agit de transmettre cette expérience : comme elle vous affecte, ce qu’elle vous apprend, ce qu’elle modifie ou éclaire de votre rapport à l’analyse, aux analystes, au désir de l’analyste, ce que vous avez à censurer, aussi bien qu’à louer, de la pratique actuelle telle que vous la percevez.

               3- Vous avez, pour faire vibrer cette note, le même temps que les AE. Je reproduis en annexe les recommandations que je leur ai faites cette année comme à leurs prédécesseurs de 1994.

               4 - Je vous prie de m’indiquer par un fax à moi adressé jeudi prochain 20 juin avant 9h30, le titre de votre communication, qui sera transmis aussitôt à Buenos Aires pour impression dans le programme.

               5 - Quant au texte lui-même, vous avez trois semaines. J’attends de le recevoir au plus tard le jeudi 4 juillet à 9h30.

               6 - Je vous prie de ne pas hésiter à me faxer ou à me téléphoner si vous avez quelque difficulté que ce soit en relation avec votre communication.

 

               Bien cordialement. — JAM, le 13 juin 1996

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Item 88 / Fax de Diana Kamienny-Boczkowski

 

               Vous m’avez demandé mon avis sur le contenu de la Dépêche n° 10. Après avoir réfléchi et aussi m’être informée auprès de participants à d’autres types de congrès notamment scientifiques et médicaux, l’idée de G. Garcia me paraît convenir.

               Je l’interprète de la manière suivante. Chaque Rencontre sollicite des membres du Champ et de l’AMP des travaux. C’est ensuite le comité scientifique qui choisit le thème central et la distribution d’espaces de parole lors de la Rencontre, en fonction des propositions de travail envoyées. Parallèlement, il y a des conférences sur commande demandées à des membres de l’AMP. Avec ce type d’organisation, il est difficile d’imaginer la pratique d’un Rapport précédant les Rencontres qui soit publié avant celle-ci.

               Ceci garantirait l’effet surprise, découverte, etc., mais ôterait  l’aspect systématique de traitement d’un sujet donné. Le point évoqué par plusieurs membres de l’AMP concernant le savoir m’interroge. L’articulation de la psychanalyse comme différente du mythe et de la science, mais difficilement détachable du nom propre, m’ont paru des moments vertigineux du séminaire “L’objet de la psychanalyse”.

               Personnellement, je ne souffre pas de l’effet de saturation. Comme en chimie, cet effet s’obtient à une température donnée, qui correspond peut-être à la position subjective des participants, ainsi qu’à leur rapport au savoir. D’où se déduit que le modèle de fonctionnement utilisé jusqu’à présent me paraît encore pouvoir nous réserver de bons résultats, c’est-à-dire adaptés à notre discipline, en gardant le souci de transmissibilité que d’autres disciplines possèdent.

               Je partage donc la position moins “tranchée” de mes compatriotes, malgré mon appartenance à l’ECF. — Paris, le 31 mai 1996

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Item 89 / Fax de Jorge Bekerman

 

Au Conseil statutaire de l’EOL. À J.A. Miller

 

Intervention dans le Débat international sur l’ensemble des Rencontres

 

               Comme je vois les choses, la question de Jacques-Alain Miller “ faut-il préparer les Rencontres ? ”, met en jeu la question de savoir comment nous continuerons à l’avenir à inventer toujours davantage l’AMP.

               L’IPA, qui est fille de la doctrine (dixit) et de la gestion de Freud, organise des Congrès qui prennent pour modèles ceux des sociétés scientifiques. L’AMP, en revanche, mise sur des Rencontres qui n’ont pas de modèle. En dépit de son Alcance, la différence n’est pas seulement terminologique.

               Comment préparer nos Rencontres de façon à ce qu’elles continuent d’être autre chose que des Congrès scientifiques ? Autre chose, mais pas n’importe laquelle : des événements reflétant l’articulation du savoir et de la vérité qu’exige le discours analytique.

               Il existe dans l’EOL un espace qui s’appelle Nuit des points chauds. Je propose que, à côté des aspects scientifiques dont la forme organisationnelle peut être celle-ci ou celle-là, il y ait dans les Rencontres un espace similaire, permettant de traiter les points chauds de l’Association.

               À Barcelone 1998, le thème de cet espace pourrait être Les analyses “transocéaniques”. À mon avis, c’est là le plus nouveau et le plus intéressant de ce qui se passe parmi nous, et cela mérite d’ouvrir la possibilité d’une réflexion collective.

               Enfin, au moment où je prends mes fonctions dans la commission d’actualisation informatique de l’EOL, permettez-moi de souligner que le support qui convient à un tel débat, c’est le courrier électronique. — Buenos Aires, 10.06.96

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Item 90 / Création d’une commission spéciale

 

                Destinataires :

                EBP : Jorge Forbes ; ECF : François Leguil ; ECFC : Ronald Portillo ; EEP : Éric Laurent ; EOL : Graciela Brodsky, Leonardo Gorostiza.

 

                                Chers collègues,

                Ceci est une communicaton importante.

 

                Vous avez certainement noté dans le n° 11 de la Dépêche de l'AMP, daté du 4 juin dernier, le texte de l'Accord en 11 points entre l'AMP et la Fondation, concernant l'organisation à Barcelone, du 21 au 26 juillet 1998, du I° Congrès des membres de l'AMP et de la X° Rencontre internationale du Champ freudien.

                Le point 3 précise que l'inscription se fera, pour la première fois, auprès des Écoles.

                En effet, il était nécessaire de donner maintenant l’occasion aux membres des Écoles de se retrouver entre eux, orientation que le Conseil de l’AMP avait approuvée lors de sa réunion de Paris 94, et qu’il était prévu de mettre en œuvre pour Barcelone 98.

                Une difficulté demeurait : sacrifier l’ouverture des Rencontres peinait et divisait chacun d’entre nous. Mon idée de distinguer deux réunions successives, le Congrès et la Rencontre, visait à lever cette difficulté. Dès lors que la Fondation du Champ freudien et la Commission catalane, par la bouche de leurs Présidentes respectives, Judith Miller et Rosa Calvet, ont pu confirmer qu'il était matériellement possible de réaliser cette idée, la difficulté a été effectivement levée.

                Deux ans avant "le Rendez-vous de Barcelone", le moment est arrivé de préparer méthodiquement l'événement.

                Une réunion nouvelle, le Congrès, est à penser : ce seront deux jours d'une grande importance pour la vie de l'Association et des cinq Écoles durant les deux années suivantes. Le modèle de la Rencontre, déjà ancien, est à repenser et à resserrer sur trois jours.

                Les discussions à ce sujet commenceront lors de la Réunion de tous les Conseils le mercredi 17 juillet à Buenos Aires ; elles se poursuivront à l'Assemblée générale du 22 juillet, puis par fax, par la Dépêche, etc.

                L'organisation sur place est la mission de la Commission d'organisation installée à Barcelone et présidée par Rosa Calvet. Les rapports avec l'AMP et les cinq Écoles passeront par la Fondation, sa Présidente, et un comité ad hoc qui sera installé à Paris au retour de Buenos Aires.

                Il s'agit maintenant de mettre en place, côté AMP et Écoles, les organes qu'appelle l'organisation de Barcelone 98.

                Les organes fondamentaux existent : ce sont les différents Directoires (un par École, sauf dans le cas de l'École Européenne, qui en compte trois : EEP-Espagne, EEP-Italie, EEP-Développement). Le futur comité ad hoc de la Fondation pourra entrer en contact avec eux pour traiter le problème des inscriptions, des voyages, de la documentation, etc.

                Néanmoins, il m'apparaît nécessaire de prévoir une coordination exécutive au sein de l'AMP. Comment allons-nous aborder cette mission nouvelle ? Faudra-t-il que chaque Directeur crée, sous sa responsabilité, une commission particulière chargée de ces tâches ? Ou les Directoires pourront-ils les assurer directement ? Comment allons-nous mobiliser par le biais de leur École les membres de l'AMP ? La question, devenue fameuse, de la préparation saturée ou non, ne manquera pas de se poser également dans ce cadre, comme elle se posera au niveau des Conseils. Etc. Pour examiner, traiter, résoudre, ces problèmes nouveaux et passionnants, qui inaugurent le coming of age de l'AMP, il m'apparaît indispensable d'établir pour la première fois un lien direct entre le délégué général de l'AMP et l'exécutif de chaque École.

                C'est pourquoi je m'adresse à vous cinq, et vous demande de vous réunir avec moi dans un comité exécutif spécial de l'AMP pour Barcelone 98. Ce comité, où seront représentées les cinq Écoles et l'AMP, portera le nom de Sextus.

                Je vous prie de bien vouloir m'indiquer la date et l'heure de votre arrivée à Buenos Aires et celles de votre départ, afin que je puisse dans les prochains jours vous adresser la convocation à la première réunion de Sextus.

                Lors de cette première réunion, nous établirons les grandes lignes de notre action pro-Barcelone durant les deux prochaines années ; nous aurons à convoquer une seconde réunion à Buenos Aires, où R. Calvet et J. Miller nous exposeront le point où elles en sont de l'organisation. Nous verrons comment tenir compte des permutations pouvant intervenir dans les Écoles avant 98.

                Je vous demande une réponse rapide.

                Bien cordialement, et avec confiance dans notre collaboration. — Jacques-Alain Miller, 17 juin 1996

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Item 91 / Réunion de tous les Conseils

 

               Les Conseils des 5 Écoles et le Conseil de l’AMP se retrouveront le 17 juillet à 10h00. La réunion débutera à 10h15 précises. Les Directeurs et Directeurs-adjoints présents à Buenos Aires sont également conviés.

 

               Les Conseils des Écoles ont été invités par Joan Salinas-Roses à indiquer avant le 16 juin trois thèmes sur lesquels ils souhaitaient intervenir lors de cette réunion. Voici les réponses reçues :

               ECF : les ACF : trois ans après, les répercussions sur l’École ; vers une permutation maximale : conséquences des nouveaux statuts de l’ECF ; l’usage des cartels.

               EEP : les résultats de la passe à l’EEP ; l’orientation des refontes statutaires dans l’EEP ; vers la refonte du catalogue des cartels.

               EOL : la question des publications à l’EOL ; les rapports de l’EOL avec le Champ freudien et l’Institut ; le recrutement des membres à l’EOL.

               EBP : thème non communiqués.

               ECFC : thèmes non communiqués.

 

               Chaque Conseil disposera précisément de 15 mn en tout pour présenter les trois thèmes qu’il a choisis ; il serait préférable qu’un seul orateur par Conseil prenne la parole : ce serait plus rapide, même si les rédacteurs sont multiples. J.A. Miller fera un exposé de la même durée sur les trois thèmes suivants : le premier Congrès des membres de l’AMP ; la préparation des Rencontres ; l’AMP comme espace associatif convivial. Une discussion générale suivra.

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Item 92 / La séquence “ Passe ” de la Rencontre

 

               Les titres demandés à l’item 87 sont parvenus le 17 juin : M.H. Brousse, Nouvel éclairage sur la pulsion ; F. Leguil, Attente, surprises, et contagion ; D. Silvestre, Ce que j’ai cru lire... ; E. Solano-Suarez, Retour à l’état de sujet.

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n° 13

27 juin 1996

 

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Item 93 / Éditorial

 

               Comme prévu, l’accélération des choses accélère la Dépêche. — J.A.M.

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Item 94 / Homologations des admissions

 

               Le Conseil de l’ECF et celui de l’EEP ont transmis leur liste annuelle de nouveaux membres pour homologation par l’AMP, représentée par le délégué général.

               Les nouveaux membres de l’EEP sont au nombre de 5, dont 2 ont été recommandés par les cartels de la passe ; les 3 autres ont été admis via entretien d’admission avec des membres du Conseil ; l’homologation a été accordée le 18 juin.

                 1 - Carro Susana (Madrid)

                 2 - Garavelli Beatriz (Madrid)

                 3 - Laforce Guido (Flandres)

                 4 - Martinez Carmen (Barcelone)

                 5 - Viera Marcus A. (Paris)

 

               Le Conseil de l’ECF a admis 18 nouveaux membres, en nombre égal médecins et non-médecins, conformément aux principes posés dès les commencements de l’École. 7 de ces membres étaient recommandés par les cartels de la passe ; 1 avait été nommé AE par un de ces cartels ; 4 avaient été passants, et n’avaient pas été recommandés par les cartels de la passe ; 4 étaient auparavant membres associés ; 2 (médecins) ont été nommés après entretien avec des membres du Conseil. Tous les nouveaux adhérents, sauf l’AE, ont été reçus par un membre du Conseil. Homologation accordée le 23 juin.

                 1 - Belon Danièle (Toulouse)

                 2 - Bonnaud Hélène (Paris)

                 3 - De Halleux Bruno (Bruxelles)

                 4 - Drapier Jean-Pierre (Corbeil-Essonnes)

                 5 - Gasser Fernand (Paris)

                 6 - Guey Nicole (Marseille)

                 7 - Lopez Anne (Paris)

                 8 - Miech Michèle (Nantes)

                 9 - Monribot Patrick (Begles)

               10 - Morel Henri (Talence)

               11 - Morel-Wagner Monique (Bordeaux)

               12 - Morizot Jean-Louis (Toulon)

               13 - Neycensas Michel (Talence)

               14 - Noël Jean-Luc (Montélimar)

               15 - Perazzi Sylvette (Marseille)

               16 - Pera Valérie (Rouen)

               17 - Perez Maria-Sueli (Bruxelles)

               18 - Rambeau José (L’Hay-les-Roses)

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Item 95 / Réunion de tous les Conseils

 

Date : 17 juillet 1996

Heure : accueil à 10h00 ; début à 10h15 précises.

Lieu : Hôtel Sheraton, salle Martin Fierro

Convocation : membres des Conseils ECF, ECFC, EEP, EOL, EBP et AMP ; Directeurs et                             Directeurs-adjoints des Écoles.

Ordre du jour : 6 exposés de 15 minutes et discussion générale

 

Liste et thèmes des exposés :

               - ECF : Les ACF : trois ans après, les répercussions sur l’École ; vers une permutation maximale : conséquences des nouveaux statuts de l’ECF ; l’usage des cartels.

               - ECFC : Problèmes de l’École élargie ; la création de l’ACF-Caracas ; les rapports avec l’Université, avec l’Institut de recherches psychanalytiques sur l’art.

               - EEP : Les résultats de la passe à l’EEP ; l’orientation des refontes statutaires dans l’EEP ; vers la refonte du catalogue des cartels.

               - EOL : La question des publications à l’EOL ; les rapports de l’EOL avec le Champ freudien et l’Institut ; le recrutement des membres à l’EOL.

               - EBP : La Xe Rencontre à Barcelone ; l’admission des membres par la voie du Conseil ; la garantie à l’École.

               - AMP (délégué général) : le Ier Congrès des membres de l’AMP ; la préparation des Rencontres ; l’AMP comme espace associatif convivial.

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Item 96 / Sextus

 

               - La première réunion de Sextus aura lieu le 17 juillet, après la Réunion de tous les Conseils, et après le déjeuner. Lieu : Hôtel Sheraton.

               - Composition de Sextus (8 membres) : G. Brodsky, J. Forbes, L. Gorostiza, É. Laurent, F. Leguil, J.A. Miller, R. Portillo, J. Ravard.

               - Note : Julieta Ravard, directrice de l’ECFC, avait annoncé qu’elle serait absente de la Rencontre ; après l’annonce par la Dépêche n° 12 de la création de Sextus, elle m’a prévenu de sa venue à Buenos Aires.

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Item 97 / Temps logique

 

               Le premier numéro de Temps logique, bulletin intérieur de l’AMP, vient de sortir à Paris. Ce numéro est composé d’un choix de textes des récentes Dépêches, avec un éditorial que j’ai composé vendredi 21 juin.                J’en ai eu l’idée la semaine dernière, après l’envoi de la Dépêche n° 12, au moment de recevoir l’appel de cotisations adressé aux membres français de l’AMP par la Secrétaire et le Trésorier de l’ECF : cet appel laissait aux membres 10 jours pour régler leur cotisation. J’ai pensé que cela n’était pas fait pour inspirer aux membres de l’ECF de bons sentiments à l’endroit de l’AMP, et qu’il fallait rattraper le coup en envoyant un bulletin, qui, de fil en aiguille, est devenu Temps logique.

               J’ai demandé à Graciela Brodsky, qui traduit la Dépêche en espagnol, de sortir Temps logique pour la Rencontre. La présence à Paris d’Ana Lydia B. Santiago m’a permis, dimanche 23 juin, d’arranger la traduction en portugais (une équipe d’une dizaine de collègues, animée par Jésus Santiago à Belo Horizonte).

               - Item 59, dans la Dépêche n° 9, Rappel de la composition du Conseil, avant-dernière ligne : au lieu de “ 1998-2002 ”, lire “ 1996-2000 ”. Cette erreur est reproduite dans l’édition en français du premier numéro de Temps logique.

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Item 98 / La scène improbable, par Jorge Bekerman

 

               Avant la sortie de la prochaine Dépêche, je tiens à saluer l’existence de ce débat, son contenu aussi bien que sa forme. Ce qui en résulte avant tout, c’est un effet de réveil.

               Il s’agit de lire ce que les autres écrivent, et des conséquences de ce fait. Ou bien : de ne pas lire ce qu’écrivent les autres, et des conséquences de ce fait. Et aussi : de se faire lire (ou non) par les autres, et des conséquences de ce fait.

               “Les autres” ? Qui sont les autres ? Ceux qui sont de l’autre côté de l’océan ? Pas seulement. J’ai publié dans El Caldero, en manière de blague, une “ mini-recherche empirique ” pour que nous sachions ce que nous savions déjà : que nous ne nous lisons pas entre nous.

               Comme l’enseigne l’expérience psychanalytique, il n’est rien qui vaille plus pour un sujet que de s’appliquer avec persévérance à élaborer sa position propre. C’est ici que j’invoquerai un texte de Jorge Luis Borges, qui vient comme bague au doigt s’agissant de cet aspect du débat. Le texte s’intitule “Notre pauvre individualisme”, et fait partie du recueil des Autres inquisitions, que l’on trouve dans n’importe quelle édition des Œuvres complètes. À quoi en arrive Borges ? Disons : à jeter un peu de lumière sur la scène improbable (mais, en définitive, possible, Borges en est la meilleure preuve) d’un Européen lisant, avec un intérêt véritable, un Argentin. — Buenos Aires, le 23 juin 1996

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Item 99 / Pour des “cartels euro-américains” de l’AMP, par Juanqui Indart

 

               Une évidence : l’accélération du changement social, la désidentification désordonnée qu’elle produit.

               Pour cette raison, en très peu de temps, l’isolement de chacune des Écoles au sein de l’AMP conduit à une inertie identificatoire croissante, et à une profonde déviation de la relation au savoir.

               Il s’agit d’un problème urgent. Pourquoi ?

               Parce que le retour croissant dans le réel de ce qui est forclos dans le symbolique, se présente sous sa face de diversification, comme bouts de réel, selon des temporalités et des contingences propres à chaque région. L’inertie et la déviation plus haut mentionnées obturent toute élaboration d’un savoir original dont la définition exigerait qu’il soit transmissible au moins à quelques autres, différents.

               La question est très aiguë pour les communautés de travail organisées sous forme d’Écoles en Amérique Latine, par comparaison avec celles qui sont organisées pareillement en Europe. L’articulation qui permet de rompre l’isolement, est due à un transfert de travail que ne soutiennent en Europe qu’un très petit nombre de collègues. Cette articulation, certes, est, a été, et sera cruciale, et c’est à elle que l’on doit à peu près tout. Mais il s’avère déjà que pour la soutenir, il est souhaitable d’élargir les liens de travail entre les collègues des deux côtés de l’Océan.

 

               Pourquoi des cartels ?

               Non pas seulement en raison des principes déjà connus qui mettent en relation la structure de ce dispositif et une authentique production de savoir, mais parce qu’un réseau de “ cartels euro-américains ” de l’AMP ferait avancer la fonction du plus-un sur deux points essentiels :

               - inscrire la singularité de chaque thème de travail dans une relation objective aux possibilités de son élaboration, qui sont différentes dans chaque région, et dissiper ainsi l’illusion, que détermine l’isolement, quant à la possibilité de sortir de celui-ci par la voie de la reconnaissance de l’Autre ;

               - rendre effective la responsabilité du plus-un dans la sélection et la transmission des résultats du travail dans des contextes différents, de manière à ce qu’un usage réel en soit fait, que ce soit pour les réfuter, les prolonger, ou en prendre son départ.

 

               De plus, il s’agit d’un dispositif bon marché, qui peut se soutenir non seulement par fax ou courrier électronique, mais aussi bien par courrier postal. De même, on peut considérer qu’il suffit pour la transmission de disposer dans le réseau d’ordinateurs et de photocopies, tout en comptant sur le grand nombre des publications du Champ freudien, aussi bien en Europe qu’en Amérique Latine, lesquelles peuvent certainement donner une place de temps en temps aux textes pour lesquels on désire une diffusion plus ample.

               Il n’est pas non plus difficile de penser à une publication propre au réseau, bon marché, qui comprendrait une sélection des résultats.

               On peut suggérer au Conseil de l’AMP de composer et de diffuser une liste de plus-uns considérés comme capables de mettre en œuvre cette proposition et ses objectifs, avec leur caractère spécifique. On offrirait à tous les intéressés une liste de thèmes bien choisis. Chaque cartel comprendrait 2 membres européens et 2 membres latino-américains.

               Il faudrait, au commencement, que la décantation des résultats se produise en un an, non en deux. — Buenos Aires, le 26 juin 1996

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Item 100 / Sur la formation du psychanalyste, par Éric Laurent

 

               “ Il n’y a pas de formation du psychanalyste, disait Jacques Lacan, il n’y a que des formations de l’inconscient. ” Aujourd’hui plus que jamais, nous avons à bien apprécier la portée de cet aphorisme — aujourd’hui où de multiples pouvoirs voudraient légiférer à la place des sociétés de psychanalyse sur les titres qu’elles donnent, et où la multiplication des sources de légitimation institutionnelles, de l’université aux dispositifs de soins, pousse à l’autorisation sauvage.

               En un premier sens, la phrase de Lacan signifie que l’analyste doit se former avant tout à comprendre la rhétorique de l’inconscient. En un second, elle signifie qu’il doit se faire aux formations de son propre inconscient, et donc, avant tout, s’analyser. En un troisième, que l’analyste fait partie de l’inconscient et qu’il doit le réaliser.

               La phrase de Lacan se comprend mieux à partir de la thèse formulée par J.A. Miller, que l’inconscient interprète. L’analyste n’interprète que parce qu’il fait partie de l’inconscient, et qu’il s’est fait le produit de cette opération. Comment nous faire à cet être-là, voilà ce que veut dire “formation du psychanalyste”.

               Dans chaque pays, la psychanalyse s’est installée en liaison et en dérivation sur les homologations sociales du désir de guérir. Freud s’est montré prêt à négocier avec les pouvoirs publics la sauvegarde de la dimension thérapeutique de la psychanalyse, à condition de ne pas renoncer à sa mission la plus haute : celle qu’il donne à la science psychanalytique.

               Freud met sans cesse en garde contre l’idéologie thérapeutique. Il le formule de façon décisive dans son texte de 1926, La Question de l’analyse profane.  “ Je veux seulement être sûr qu’on empêchera la thérapeutique de tuer la science. ” Il évoque aussi le contrepoint à cette dérive thérapeutique de la psychanalyse : “ Les représentants des diverses sciences de l’esprit doivent apprendre la psychanalyse (...). Il faut qu’ils apprennent à comprendre l’analyse (...) en se soumettant eux-mêmes à une analyse. ”

               L’analyste didacticien, le lehranalytiker, n’est pas à l’origine le formateur des analystes thérapeutes, mais l’analyste de ces représentants des sciences humaines. Il doit avoir reçu une “formation soignée” pour se consacrer à celui qui choisirait la psychanalyse comme discipline d’enquête sur la civilisation. Entendons bien le paradoxe : il ne s’agit pas d’enseigner la psychanalyse, mais bien d’un type de cure, une par une, avec pour but de transmettre à d’autres l’apport de la psychanalyse sur la civilisation comme telle, quelque chose comme un transfert de travail. Pour la “formation soignée” de ces analystes cependant, il faudrait qu’ils fassent leurs premières armes dans le champ de la thérapeutique.

               Freud n’est donc pas pour l’existence de deux catégories d’analystes : “ Tout cela requiert une certaine dose de liberté de mouvement et ne supporte aucune restriction mesquine. ”

               On connaît l’accueil fait aux propositions de Freud dans les sociétés psychanalytiques existantes. (...) — Paris, le 26 juin 1996

 

Extrait de l’allocution présidentielle d’Éric Laurent pour l’EEP, à l’ouverture de la IXe Rencontre.

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Item 101 / Projet de rapport de trésorerie, par Colette Soler

 

Plan du rapport :

                 I - Les dispositions réglementaires

                II - Le fonctionnement 1995

              III - Bilan du règlement des cotisations 1995

              IV - Perspectives 1996

               V - Les Rapports financiers 1995

             VI - Annexe : Règlement de la trésorerie en date du 24 juin 1996

 

I - Les dispositions réglementaires

               Les cotisations annuelles des membres de l’AMP sont perçues par l’École reconnue à laquelle ils appartiennent, qui en transfère le montant à l’AMP, conformément à l’article 4 de ses statuts.

               Le montant de la cotisation est fixé pour chaque année par le Conseil de l’AMP. Il a été arrêté jusque-là à la valeur de 100 $ US.

               Une commission financière comprenant un représentant de chacune des Écoles, assure le fonctionnement en collaboration avec la trésorière.

               Un règlement de trésorerie, dont on trouvera en annexe le texte actualisé, fixe les dispositions minimales propres à assurer le fonctionnement dans chaque École et la connexion avec l’AMP. Il prévoit que l’encaissement des cotisations et le transfert des sommes correspondantes à l’AMP doivent être achevés à la fin de chaque année, les modalités d’appel des cotisations restant par ailleurs à la discrétion de chaque École.

 

II - Le fonctionnement 1995

               1 - Les modalités d’appel des cotisations

               Dans chaque École, l’appel de la cotisation AMP s’est fait annuellement et a été disjoint de l’appel de cotisation de l’École concernée, sauf pour l’EEP-Italie, où les cotisations EEP, Section italienne, et AMP ont été appelées conjointement.

 

               2 - Les échéances

               Le règlement de trésorerie prévoyait une clôture des comptes au 31 décembre de l’année civile. Cette échéance n’a pas toujours pu être tenue. Là où les dates d’appel des cotisations ont été respectées, le bilan a pu être établi pour la fin de l’année. Ailleurs, les retards ont été parfois importants, obligeant par voie de conséquence à reporter l’appel de cotisation 1996. C’est le cas notamment pour l’ECF.

 

               3 - La commission financière

               La commission financière telle que mentionnée dans l’annuaire AMP 1995, n’a fonctionné que partiellement.

               - Dans l’EOL, l’EEP-Espagne, l’EEP-Italie, les membres de la commission appartenant à chacune de ces Écoles ont continué à assurer le fonctionnement au-delà de la permutation des trésoriers avec lesquels ils ont collaboré.

               - Au contraire, dans l’ECFC et l’ECF, du fait des permutations, le relais a été passé aux nouveaux trésoriers ou secrétaires du Directoire.

               - Quant à l’EBP et à l’EEP-Développement, créées en 1995, elles n’avaient pas de représentants dans l’ancienne commission financière et ce sont les trésoriers qui y ont suppléé, en collaboration avec la trésorière de l’AMP.

À suivre

 

Le texte est non définitif, et réservé à la Dépêche. Suite à paraître dans le n° 14.

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Item 102 / Fax de Bernard Nominé

 

                              Cher Jacques-Alain Miller,

               Vous me demandez ce que je pense de ce bulletin de l’AMP que je viens de recevoir. J’en termine la lecture et voici ce que j’en retiens.

 

               Premier mouvement : de l’enthousiasme.

               Ça parle, on y dit clairement des choses qui sont habituellement réservées aux couloirs. Ça fait écho au fameux : “ Acier l’ouvert ”, par ce bulletin, peut-être anticipez-vous une crise. En tout cas vous réveillez.

               Vivement Buenos Aires !

               Deuxième mouvement : un peu de lassitude.

               Pourquoi espère-t-on soigner ce malaise dans la civilisation analytique en bricolant des changements dans les modes de fonctionnement ? Je n’y crois pas beaucoup ; la communauté trouvera toujours le moyen de recouvrir le creux que certains, comme vous, s’escriment à laisser ouvert.

               Troisième mouvement : une réflexion sur la surprise.

               Je remercie Indart pour sa franchise, je suis d’accord avec lui, ce qu’il dit me rappelle tout à fait ce que j’ai constaté l’été dernier en Amérique du Sud. Cependant je ne pense pas que vous soyez personnellement en cause dans sa critique. C’est le transfert des Sud-américains vers Paris qui est à interroger. C’est sans doute plus facile de situer le sujet supposé savoir loin de chez soi : de l’autre côté de l’Atlantique pour les Sud-américains mais aussi bien derrière les Pyrénées pour les Espagnols. (Je prends ces exemples parce que c’est dans ces pays que le Champ freudien m’envoie.) On met ainsi la surprise loin de chez soi. Partout tout est fait pour limiter la surprise et s’emparer du pouvoir.

               C’est quand même curieux qu’à l’avance on évoque un futur ennui pour cette Rencontre qui n’a pas encore eu lieu.

               Est-ce le volume qui ennuie ?

               Moi, il ne m’ennuie pas. C’est un trésor de références comme chaque volume de nos Rencontres. Certes il pourrait être un peu moins homogène, il n’y a pas de raison pour que nous pensions partout la même chose, mais si on le lit bien, on s’aperçoit qu’il y a des différences d’accents.

               A-t-on peur de tout savoir sur l’interprétation ?

               On aurait bien tort, ce n’est pas parce que quelqu’un énonce quelque chose d’une certaine place qu’aussitôt ça devient une vérité. C’est parfois vrai mais pas toujours.

               Par exemple il ne m’apparaît pas si évident que l’interprétation en soit partout à son déclin. Ce qui est vrai pour Paris, vaut-il pour le monde entier ?

               Il est certain que, pour le petit monde que nous sommes, il devient difficile de créer la surprise. Or la surprise est un des effets qu’on attend légitimement de l’interprétation.

               Eh bien voilà qu’au Congrès de l’AMP sur l’interprétation les analystes ont peur de s’ennuyer ; ils craignent de ne plus pouvoir se surprendre, donc ils craignent pour leur outil de travail, ce qui n’est pas une mince affaire.

               Face à l’ampleur du problème, c’est assez comique d’en voir certains proposer qu’on ne fasse paraître le volume qu’après la Rencontre pour restaurer la surprise. La surprise, n’est-ce pas à l’analysant de ne pas reculer à la rencontrer dans sa cure et n’est-ce pas à l’analyste de savoir la susciter ? Je ne vais pas à la Rencontre internationale dans l’idée d’y trouver de la surprise, mais dans l’espoir d’y rencontrer des collègues dont j’ai lu les travaux, qui auront lu les miens, ou d’autres encore que je serai content de revoir. Ensemble, pendant quelques jours, nous formerons une communauté, le travail ne se fera pas forcément là-bas, nous le savons tous, mais former cette communauté, lui donner corps, c’est quelque chose qui compte. C’est à l’aide de ce semblant que nous nous sommes mis à travailler.

               Vivement Buenos Aires !

               Encore merci pour ce bulletin qui réveille, et à bientôt.

               Avec mes amitiés. — Pau, le 25-06-96

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Item 103 / Programme de la Rencontre

 

               Le programme de la Rencontre sera, pour la première fois, précédé d’une “présentation raisonnée”, rendant compte de la logique des choix effectués, tant pour les séances plénières que pour les simultanées. Par erreur, un document de travail de la Commission d’organisation a été diffusé dans le Courrier du Champ freudien en France, pour lequel des excuses ont été présentées aux intéressés. On trouvera ci-joint la composition de la première séquence de la Rencontre. J’ai proposé aux Présidents de s’inspirer de l’exemple de Jairo Gerbase, qui a rédigé un texte théorique, et d’abandonner le style jusqu’alors convenu pour les allocutions d’ouverture, en réduisant au minimum les salamalecs.

Jeudi 18 juillet 1996

Grande salle

9h - 10h 30

PrÉsidents

Judith Miller (Fundación), Aux lumières de Descartes

Jairo Gerbase (EBP), Reconquista del Campo freudiano

Maria Novotny de Lopez (EOL), La interpretación en el tiempo del pase

Éric Laurent (EEP), Sur la formation du psychanalyste

Ronald Portillo (ECFC), Lo qué aun no existe debe advenir

Joseph Attié (ECF), Un tournant

Oscar Sawicke (IXe Encuentro internacional), El eje

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Item 104 / Les membres de l’AMP

 

                À la date du 24 juin 1996, les cotisations acquittées pour 1995 par les membres de l’Association étaient au nombre de 685.

                Les cotisations impayées étaient 32.

                On peut donc considérer, sous réserve d’ultimes vérifications, que l’AMP comptait en décembre 1995 717 membres.

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n° 14

2 juillet 1996

 

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Item 105 / Éditorial

 

               Plutôt que de laisser grossir la Dépêche, je préfère vous adresser des numéros plus petits et fréquents, du moins dans cette période particulière. Par ailleurs, en préparation de notre réunion du 17 juillet (Réunion de tous les Conseils), je vous adresserai un numéro spécial recueillant les items pertinents parus dans les Dépêches depuis Rio de Janeiro. — J.A.M.

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Item 106 / Dégager un acte, par Rosine et Robert Lefort

 

                              Cher ami,

               Vous dire ce que nous ressentons à la lecture de Temps logique témoignant de l’immense travail accompli, c’est de l’admiration, une admiration motivée psychanalytiquement : car il s’agit d’un acte, un acte psychanalytique, et Dieu sait — puisque d’énonciation collective il n’y a pas — combien la tâche est ardue pour dégager un tel acte d’un groupe aussi vaste et, qui plus est, transocéanique.

               C’est ainsi que nous percevons votre mise en premier plan de “L’Autre n’existe pas”, nécessaire à cette place pour qu’il y ait transfert de travail, c’est-à-dire qu’il ne soit pas sur la plus haute marche du podium des “dixit” — ce qui a motivé la dissolution —, pas plus que sa non-existence trop réelle le renvoie à l’être, auquel cas la tentation peut être de prendre sa place. C’est ce que nous essayons actuellement de cerner dans le concept de “personnalité autistique”.

               Merci, et bien cordialement. — Rosine, Robert, Paris, le 1er juillet 1996

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Item 107 / La  gaîté des certitudes, par Éric Laurent

 

                              Cher Jacques-Alain,

               Je reçois à l’instant le fruit de certaines des heures des nuits d’Idumée. Temps logique est une véritable assertion de certitudes gaies.

               À toi. — Éric, Paris, le 25 juin 1996

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Item 108 / Travaux, par Anne Szulzynger

 

                              Cher Jacques-Alain,

               Je viens de recevoir Temps logique, et je me permets de vous indiquer que je suis prête à y collaborer pour des travaux de traduction.

               Bonne IXe Rencontre (avec, je l’espère, plus de surprises que de saturation), et bien cordialement à vous. — Anne Szulzynger, Perpignan, le 27 juin 1996

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Item 109 / La maison et les cartels, par Alexandre Stevens

 

                              Cher Jacques-Alain Miller,

               Je lis toujours avec beaucoup d’attention la Dépêche. Faire exister l’AMP est une entreprise passionnante.

               Je veux donc souligner l’intérêt que j’éprouve pour la proposition de Juanqui Indart (item 99 - n° 13) de former des cartels euro-américains qui fonctionneraient par l’écrit.

               Cela me semble un bon moyen pour habiter la maison, selon le vœu que vous exprimez dans Temps logique n° 1.

               Je participerais volontiers à de tels cartels.

               Bien cordialement à vous. — A. S., Bruxelles, 27-06-96

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Item 110 / Pour un travail mondial, par Sonia Alberti

 

                              Cher Jacques-Alain Miller,

               Je me dépêche encore de vous faire parvenir quelques lignes sur ma réflexion à propos des deux Dépêches dont j’ai eu une copie d’Antonio Quinet.

               Les grands thèmes des Rencontres internationales et nationales font, à mon avis, école au Brésil. D’une telle façon que les autres groupes psychanalytiques, les autres institutions, essaient après, de les reprendre. Ce qui veut dire aussi que beaucoup de psychanalystes nous suivent, nous lisent, nous écoutent. Dans notre École, les débats sont permanents sur ces sujets, je suis donc très en accord avec Mme Judith Miller quand elle dit qu’il ne faut pas toucher à ce qui est en train de gagner.

               Pourtant, c’est vrai aussi : 1) que pour ceux qui travaillent au centre du tourbillon, le temps de conclure se fait attendre beaucoup ; 2) que les voix d’Outre-mer (de Paris) s’imposent — ce qui n’est pas si mal que ça en principe, mais — , quelques fois d’une telle façon que n’importe quoi qui se dit, si on peut citer un Français bien connu, se justifie. Je me demande quelquefois si la psychanalyse y gagne. Il me semble que la meilleure façon de modifier cela est de prendre les textes de Paris, ainsi que ceux des autres parts du Champ freudien — Écoles, groupes, revues locales —, comme objets de recherche sur le thème.

               Alors, pourquoi ne pas proposer un thème de travail pour les deux années suivantes, faire travailler ce thème dans chaque instance de l’AMP — Écoles, analystes, membres, instituts, etc. —, promouvoir la publication et les séminaires, etc. au niveau “mondial” et, finalement, après un an et demi de travail, choisir ceux qui, dans chaque instance de l’AMP, feront des comptes rendus sur ce travail “mondial”, comptes rendus qui constitueront les Rapports à être discutés pendant les Rencontres. La différence avec ce qui arrive en ce moment est que l’objet des Rencontres serait la production du Champ freudien dans le monde pendant un an et demi de travail sur un thème. Évidemment, pour cette production, on aura déjà fait toute la relecture de Freud et de Lacan sur le sujet, de façon  qu’on pourra même discuter certaines positions déjà prises dans l’AMP à partir de cette relecture, dans la mesure où les textes qui seront travaillés pour les Rapports, auront été écrits par des membres du monde entier. Il serait même intéressant que le Rapport d’une École fasse référence à des textes des membres de plusieurs Écoles, et les discute.

               Finalement, il me semble aussi intéressant : 1) qu’à côté du thème central, les Rencontres visent la discussion de la passe — comme à Paris la dernière fois — puisque cela fait partie aujourd’hui de la doctrine, et 2) qu’il y ait des travaux (sans thème a priori) de recherche personnelle, faits dans un cartel ou ailleurs, à être analysés par un comité scientifique de la Rencontre, qui les acceptera ou pas. Cela permettra aussi du nouveau à paraître.

               Très respectueusement, un abraço. — Sonia Alberti, Rio de Janeiro, le 23 juin 1996

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Item 111 / Prise de langue, par Marie-Jean Sauret

 

                              Cher Jacques-Alain Miller,

               Vous avez sollicité mon avis sur Temps logique, le Bulletin intérieur de l’AMP. Je n’ai pas répondu tout de suite, pris jusqu’à hier. Mais j’ai pu parcourir plusieurs fois le Bulletin de l’AMP.

 

               1 - D’abord me frappe le ton, la franchise brutale et néanmoins amicale d’une part, l’échange orchestré par vous d’autre part : il me semble que cela fait déjà exister une “prise de langue” et une envie d’y participer, et qu’en ce sens l’AMP existe donc.

 

               2 - C’est de ce point de vue — l’existence d’une communauté de “prise de langue” — que je réponds sur les journées internationales :

               - Certes, nous rêvons tous d’une organisation des débats les plus vifs et les plus intéressants : donc toute amélioration réelle est bonne à prendre...

               - Mais nous tenons ces rencontres : seul moment où je puis parler avec quelques-uns que je ne rencontre qu’à cette occasion, seul moment où je peux entendre ce que cet événement de discours va produire. Je ne crois pas qu’il faille moins travailler (préparer) pour avoir des chances d’être surpris davantage : c’est en tout cas le contraire dans le champ de la science où l’invention requiert le désir du savant de s’affranchir à certains moments du savoir existant à condition de l’avoir copieusement balisé.

               - La saturation : j’ai éprouvé de la fatigue, oui, à cette période de l’année, comme beaucoup sans doute. Mais la fatigue n’est pas la saturation. Je ne doute pas de l’expérience de ce qui en témoigne. Elle m’interroge comme un symptôme : ne suppose-t-elle pas un effet de compacité du savoir difficilement compatible avec le discours analytique ?

               - Le volume des prérapports : je suis heureux et fier d’y avoir participé ; sans doute son contenu est le meilleur auquel on pouvait s’attendre au moment de sa rédaction ; mais mon sentiment, c’est que, pour une part seulement, il est déjà daté du fait de l’interprétation de Jacques-Alain Miller lors des dernières Journées de l’ECF. C’est comme ça : je suis plus satisfait d’enregistrer le dérangement opéré par votre “interprétation” — gage d’un déplacement de discours dont nous examinerons les conséquences sans doute à Buenos Aires — qu’insatisfait de mon propre travail !

 

               3 - Miller dixit :

               - Sans doute la limitation des références à quelques-uns est-elle un autre symptôme. Mais de quoi ?

               - Fera-t-on plus cas des références de ce que nous lisons, des notes de bas de page ou de fin d’article, que du contenu de ce que nous lisons ? J’ose espérer que si nous nous plaignons de cette limitation des références, c’est parce que nous lisons nos collègues.

               - Dans le cas contraire, si nous ne nous lisions pas, si nous ne lisions que les notes (!), ce serait un autre symptôme... Mais de quoi ?

               - C’est sans doute une banalité d’affirmer qu’il convient de citer celui dont la référence est à tel moment incontournable, y compris dans ses termes à lui. Oui, l’enseignement de Jacques-Alain Miller m’oriente : c’est un fait. J’imagine mal quelqu’un suivant le séminaire de Jacques Lacan récriminant contre le fait qu’il ne peut s’en passer...

               - Sans doute existe-t-il un moyen non pas d’interpréter le symptôme (défaut de lecture, limitation abusive ou dissimulation des références) mais de le traiter : il réside non pas dans les prescriptions (“tu citeras ton prochain comme toi-même !”), mais dans les effets mêmes de déplacement du discours auquel chacun est appelé à contribuer. De ce point de vue, j’espère beaucoup de réactivation des cartels notamment à l’ECF : est-ce un effet de lecture, mais il me semble que les cartels restent au second plan dans les débats rapportés dans le bulletin ? Comment faire, sinon exister le cartel de l’AMP, du moins que l’AMP profite du cartel des Écoles ?

 

               4 - La passe dont plusieurs évoquent leur attente :

               - Les AE de l’ECF n’arrivent à mobiliser le transfert sur leur travail respectif que soutenus par l’École : colloque de Strasbourg et de Biarritz, Journées du Champ freudien à Paris (et, je l’espère, à Buenos Aires, pour ceux qui auront la chance d’y parler), à quoi j’ajoute leurs interventions en tant que membre des cartels de la passe et l’invitation d’Horne à la soirée organisée pour l’entendre au local de l’École à Paris. Il semble que l’on se dérange difficilement au-delà pour vérifier qu’ils ne font pas groupe malgré le séminaire commun à Paris. Ils réussissent mieux en Province. Bref, ils ont à mériter leur transfert !

               - Mais les effets de la passe ne se mesurent pas à ce transfert ni, pour l’instant, à une évaluation du travail produit par les seuls AE : la passe a déjà changé quelque chose dans l’École, et sans doute dans les Écoles, donc à l’AMP ; cet effet d’allégement, de soulagement même du surmoi psychanalytique, qui se traduit aussi bien par le colloque sur “La cité analytique” que... votre bulletin, démontre que la passe pourrait bien constituer l’antidote structural à l’effet de saturation.

 

               Je m’excuse si cette réponse n’est pas aussi brève que je l’aurais souhaitée. J’en profite pour vous remercier tout simplement de ce que vous faites.

               Bien à vous. — Marie-Jean Sauret, Toulouse, le 1er juillet 1996

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Item 112 / Réunion de tous les Conseils

 

               Lors de la réunion de tous les Conseils, l’exposé de 15 mn fait au nom du Conseil de l’EEP sera lu par Miquel Bassols ; pour le Conseil de l’EOL, par Maria Novotny de Lopez ; pour le Conseil de l’EBP, par Jorge Forbes.

               Pour les autres Conseils, les noms me seront communiqués dans les meilleurs délais, et publiés dans la Dépêche.

               Une traduction simultanée est prévue, en français, espagnol et portugais.

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Item 113 / Projet de rapport de trésorerie (2), par Colette Soler

 

               4 - L’encaissement. L’Association dispose d’un compte bancaire ouvert à son nom à Paris, où l’ensemble des cotisations est transféré.

               Deux exceptions : les membres espagnols, dispensés par le Bureau de régler leur cotisation à Paris, cotisent à une caisse associative de Barcelone, de droit espagnol, gérée par E. Paskvan ; il en va de même à Buenos Aires, avec R. Seldes.

 

III - Bilan de l’encaissement des cotisations 1995

               Chaque responsable a transmis à la trésorière le bilan des cotisations acquittées et restant dues pour son École. À la date du 2 juillet 1996, il était le suivant :

 

Cotisations acquittées                     impayées             montant               valeur en $US

 

ECF                           213                  4                    1 17 150 FF                   21 300

ECFC                          22                    10                     10 181 FF                     2 200

EEP-Espagne    111                  7                    1 43 000 Ptas                11 100

EEP-Italie                 30                    5                       13 251,76 FF         3 000

EEP-Dév                    20                    2                       10 385,66 FF         2 200

EOL                          215                  5                                                   21 500

EBP                             75                    1                       34 868 FF                     7 500

 

Total                          685                  32                                                 68 800

 

IV - Perspectives pour 1996

               1 - La commission financière. Il paraît nécessaire d’homogénéiser son fonctionnement pour l’ensemble des Écoles sur le modèle qui a prouvé son efficacité à l’EOL, l’EEP-Espagne et l’EEP-Italie, à savoir : un membre de la commission responsable pour chaque École, et qui travaille éventuellement en liaison avec le trésorier local et avec celui de l’AMP.

               La composition de la Commission à partir de l’AG du 22 juillet 1996 sera la suivante : ECF : F. Grasser ; ECFC : Betty Abadi ; EEP-Espagne : E. Paskvan ; EEP-Italie : M. Daubresse ; EEP-Dév. : C. Dewambrechies-La Sagna ; EOL : R. Seldes ; EBP : S. Grostein.

               Chaque responsable veille aux échéances de l’appel de cotisation, puis de deux rappels pour les retardataires ; il transmet s’il y a lieu les sommes correspondantes à l’AMP au début décembre de l’année considérée ; il établit la liste nominale des membres qui ont acquitté leur cotisation et de ceux qui la doivent, pour l’année en cours et pour deux années consécutives ; il transmet le bilan de trésorerie AMP propre à son École.

 

               2 - La clôture du bilan. Pour l’année 1996 elle doit pouvoir se faire au 31 décembre. Les Écoles dont l’appel de cotisation 1996 a été tardif devront veiller à envoyer leur premier rappel début septembre, et le second à la mi-octobre, afin que le dernier délai pour le règlement de la cotisation puisse être fixé début décembre, et que l’ensemble des échéances soit respecté. La trésorière se mettra à cette fin en contact avec les responsables au début du mois de septembre. — Paris, le 2 juillet 1996

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Item 114 / Préparation de la Rencontre de Barcelone

 

               La Présidente de la Fondation du Champ freudien s’est déplacée à Barcelone le 21 juin dernier pour tenir une réunion avec l’ensemble de la Section de Catalogne de l’EEP. Cette réunion a constitué le coup d’envoi de la préparation de la Xe Rencontre internationale du Champ freudien, qui aura lieu à Barcelone en 1998.

               Judith Miller commença par résumer l’histoire des Rencontres antérieures, depuis la première à Caracas, en présence et avec la participation de Jacques Lacan, jusqu’à celle qui se tiendra ce mois de juillet à Buenos Aires.

               Comme on sait, le siège de la Rencontre passe alternativement de l’Amérique Latine à l’Europe. La Xe Rencontre aura lieu pour la première fois dans une ville européenne qui ne sera pas Paris. Selon la Présidente de la Fondation, Barcelone à la fois mérite cet honneur, et a la capacité d’assumer la partie du poids de l’organisation qui lui revient, et ce, dès cette réunion.

               Le rendez-vous de Barcelone aura ceci d’inédit, qu’il sera l’occasion de deux rendez-vous différents. D’abord, ce sera le Ier Congrès des membres de l’AMP. Y seront admis les membres des Écoles, ainsi que ceux de leurs Sections, moyennant autorisation donnée par les Conseils des Écoles. Ensuite, il y aura la Xe Rencontre proprement dite, ouverte à tous ceux qui désireront s’y inscrire.

               Ce double rendez-vous “répond - dans les termes de Judith Miller - à la nécessité pour les membres de l’AMP de travailler en tant que formant un ensemble, après que les cinq Écoles du Champ freudien ont été créées, et alors que des liens sont désormais établis entre l’AMP et les groupes qui inscrivent leur travail dans le Champ freudien ; il répond en même temps à l’exigence d’ouverture qui est celle du Champ freudien depuis qu’il existe, et qui s’étend à tous ceux qui réfèrent leur pratique à l’œuvre de Freud et à l’enseignement de Lacan”.

               La Présidente a annoncé, dans le même sens, la création du bulletin intérieur de l’AMP, qui s’intitulera Temps Logique.

               La responsabilité organisationnelle de ces deux événements aura un point d’appui quadruple.

               1) Une instance de l’AMP a été constituée, sous le nom de Sextus, à laquelle appartiennent en particulier les responsables exécutifs des cinq Écoles (les Directeurs de l’ECF, de l’ECFC, de l’EOL, et de l’EBP, et le Président de l’EEP), ainsi que le délégué général de l’AMP, JA Miller.

               2) La Fondation établira à Paris un Bureau ex profeso pour la Rencontre.

               3) La Commission d’organisation, présidée par Rosa Maria Calvet, sera formée à Barcelone.

               4) La Section de Catalogne de l’EEP, hôte de la Rencontre, se fait solidaire de son organisation.

               RM Calvet a commencé son intervention par la lecture intégrale de l’Accord en 11 points, signé à Paris le 12 mai dernier, sur la base de la décision prise en mai 1995 par le Conseil de l’AMP de tenir la Xe Rencontre à Barcelone, et de l’acceptation de cette décision par José Monseny, en tant que Président de la Section de Catalogne.

               Cet Accord confirme la possibilité d’organiser les deux événements, et répartit le travail entre, d’une part, la Fondation et sa Commission, et d’autre part, l’AMP et les Écoles.

               La Commission a proposé de tenir compte du fait que la tenue de la Xe Rencontre coïncidera avec le 40e anniversaire de la présentation par Jacques Lacan de son intervention “La psychanalyse vraie, et la fausse”, lors d’un Congrès de psychothérapie tenu à Barcelone en 1958.

               RM Calvet a détaillé  la composition de la Commission d’organisation, qu’elle compte présenter pour accord au Conseil de l’AMP à Buenos Aires. La distribution des tâches, a-t-elle précisé, s’est faite sur le modèle des Rencontres antérieures. Les modifications introduites pour la Xe Rencontre se sont répercutées sur le schéma de la Commission.

 

Schéma proposé

Présidente : Rosa Maria Calvet i Romani

Conseil-assesseur de la Présidente : Horacio Casté, José Monseny, Vicente Palomera,                                                                                                             Montserrat Puig, Victoria Vicente

Composition du volume : Vicente Palomera, Antoni Vicens

Réalisation du volume : Shula Eldar, Enric Berenguer

Accueil logements, voyages : Lucia d’Angelo, Roser Casalprim, Ana  Martinez Westerhausen

Fichier : Carmen Prada, Jesús Bargiela

Matériel : María Sanchez, Xavier Campanà

Auspices : José Monseny, Francesc Vilà

Festivités : Montserrat Puig, Clara Bardón

Presse et media : José Ramón Ubieto (Barcelone), avec des correspondants de toute l’Espagne

Programme : Miquel Bassols, Rithée Cevasco

Relations extérieures : Carmen Lafuente, Luis Miguel Carrión

Librairie du Congrès : Anna Aromi

Librairie de la Rencontre :  José Manuel Alvarez

Trésorerie : Victoria Vicente, Angels Petit

Palais des Congrès : Horacio Casté, Xavier Esqué, Juan Ramón Lairisa

Journal de la Rencontre : Nilda Estrella, Miriam Chang, Alicia Calderón de la Barca, Ana                                                         Canedo, Dolors Camós, Ramon Miralpeix, Josep Maria Panés.

               RM Calvet a déjà présenté plusieurs données prévisionnelles concernant les locaux, le nombre de participants, le prix de l’inscription, etc.

               Au cours de la discussion où prirent la parole de nombreux membres de la Section, surgit le projet de réaliser un numéro spécial de Cursor, bulletin de la Section, contenant une présentation de la ville de Barcelone.

               La Présidente de la Fondation a rappelé le besoin d’obtenir des organismes compétents, comme pour les Rencontres antérieures, des subventions permettant à des citoyens de pays en situation de particulière précarité économique de voyager à Barcelone et de participer à la Rencontre.

               Le lendemain, le Samedi 22 juin, eut lieu une première réunion informelle de Judith Miller avec les membres de la Commission d’organisation  présents à Barcelone. La discussion porta sur la définition de chacune des tâches, une après l’autre, et des suggestions de travail furent faites. Concrètement, il fut décidé de tenir des réunions plénières de la Commission une fois par mois, Judith Miller venant participer à ces réunions une fois tous les deux mois.

               La Présidente de la Fondation annonça son intention de demander à la Commission de la IXe Rencontre de faire projeter à Buenos Aires une video sur Barcelone, et de mettre à sa disposition dans la librairie de la Rencontre, un petit stand consacré à Barcelone, afin d’éveiller l’intérêt des présents pour la ville qui accueillera la Rencontre de 1998.

 

Cet item reprend pour l’essentiel le compte-rendu établi par Antoni Vicens, de la Section de Catalogne de l’EEP.

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Dépêche n° Spécial

17 juillet 1996

 

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Item S.1 / Éditorial

 

           Ce numéro spécial de la Dépêche est destiné aux participants à la Réunion de tous les Conseils, le 17 juillet prochain. On y trouve une sélection d’items des Dépêches parues depuis mai 1995. — J.A.M., le 1er juillet 1996

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Item S.2 / Communiqué de Rio de Janeiro, le 3 mai 1995

 

            Le présent communiqué résume l’ensemble des décisions acquises à l’occasion des réunions tenues à Rio de Janeiro par le délégué général avec les membres du Conseil et du Bureau de l’AMP, ainsi qu’avec le Conseil de l’EBP.

 

1 - Brésil

            Création de l’École Brésilienne. Les membres du Conseil et du Bureau de l’Association ont ratifié la décision du délégué général de tenir pour achevée la période de formation de l’EBP, et de procéder à sa fondation le 30 avril, ce qui a été fait comme prévu.

            Entrée par la passe. Sur la proposition du Conseil de l’AMP, l’entrée par la passe a été instituée au sein de l’EBP, après un vote consultatif unanime, à bulletins secrets, de ses membres réunis le 1er mai.

            Présence brésilienne à l’AMP. Les membres de l’EBP sont maintenant membres de l’AMP. La Fondation du Champ freudien a choisi Jorge Forbes comme membre du Conseil de l’AMP jusqu’en 1998. Invité à procéder à l’élection d’un membre du Conseil de l’AMP pour la période 1996-2000, le Conseil de l’EBP, réuni le 1er mai, a choisi Bernardino Horne, actuel Président de l’École.

 

2 - Vie de l’Association

            Trésorerie. Le rapport présenté par la trésorière a été approuvé ; sur sa proposition, il a été décidé de maintenir, en dépit de la baisse du dollar, le montant actuel de la cotisation annuelle (100 USD), et de procéder aux radiations prévues pour non-paiement de la cotisation.

            Permutation. Une lettre sera adressée par le délégué aux Présidents des Écoles ; le schéma en a été approuvé par le Conseil.

            Réunion du Conseil de l’Association. Il est prévu de tenir la prochaine réunion du Conseil à Buenos Aires le 19 ou le 20 juillet, le matin ou l’après-midi, en fonction du programme. Le Conseil renouvelé se réunira à l’issue de l’Assemblée Générale pour la première fois. Celle-ci se tiendra le lendemain de la clôture de la Rencontre.

            Réunion des Conseils des Écoles. Il est prévu de réunir à Buenos Aires les membres des Conseils des Écoles, afin de procéder avec eux à un tour d’horizon de la situation de l’Association Mondiale ; cette réunion devrait avoir lieu la veille de la Rencontre, le 17 juillet.

            Courrier de l’Association. Il a été décidé de publier un Courrier qui sera diffusé à l’ensemble des membres par le canal des Écoles : ce sera “La Lettre de l’AMP” ; les informations réservées aux Conseils continueront de leur être communiquées par ailleurs.

            Newsletter. Le premier numéro de la “Newsletter” de l’AMP, “The Knot”, paraîtra à l’occasion de la Rencontre de Buenos Aires ; il sera édité en Australie, sous la responsabilité de L. Rodriguez, par le “Australian Centre for Psychoanalysis in the Freudian Field” ; il comprendra un texte en provenance de chaque École, présentant le vif de son expérience au cours de la période écoulée depuis la Rencontre de Paris ; il publiera également les modifications et corrections de l’Annuaire 1995 de l’Association, et différentes données qui seront demandées aux Directoires des Écoles. La date limite pour l’envoi des textes et disquettes à Paris est fixée au 15 janvier 1996.

 

3 - Passe et admission

            La passe à l’ECF et à l’EEP. Deux demandes de passe sont parvenues à l’ECFC, cinq à l’EEP, en provenance d’Espagne.

            La passe à l’EBP. Le délégué général a promulgué le règlement de l’entrée par la passe.

            La passe à l’EOL. Le Conseil de l’Association a approuvé les principes adoptés par le Conseil de l’EOL concernant la sélection des membres des cartels de la passe et celle des passeurs ; il a rappelé que le principe dit de “ l’extime ” devra figurer dans le règlement définitif ; pour la période initiale, il a accepté la suspension de ce principe au cas où le Conseil de l’EOL le souhaiterait ; il a accepté également que la décision sur ce point revienne au Congrès, si le Conseil de l’École le préfère. Une lettre rédigée par le délégué général a été adressée au Conseil de l’EOL sur tous ces points.

            Les admissions de Colombie. Le Conseil a été informé des échanges entre le délégué général et le Conseil de l’ECFC par l’intermédiaire de son Président, E. Leon Vivas. Le projet prévoit l’admission des collègues colombiens à titre de “membres à l’étranger” ; ils constitueront le “ Collège colombien de l’ECFC ”, premier pas vers la création de la Section colombienne de l’École. Ce projet sera soumis à l’approbation de l’ACFC.

            Les admissions à l’AMP. Le Conseil de l’AMP demande aux Conseils des Écoles de lui communiquer la liste de leurs admissions avant de la rendre publique, afin qu’il puisse leur adresser ses observations en temps utile, et entamer si nécessaire un dialogue avec eux. L’admission prononcée par le Conseil d’une École emporte en effet l’admission dans l’AMP, et implique de ce fait la responsabilité du Conseil de l’AMP. Cette responsabilité est de veiller au sens et à la valeur attachés à la qualité de membre de l’AMP ; cette qualité ne saurait être assurée que par une politique d’exigence.

            IPA. Les difficultés actuelles de l’IPA ont fait l’objet d’une information de la part d’É. Laurent.

 

4 - Extension

            Australie. Le délégué général a donné lecture d’un rapport de R. Nepomiachi sur le récent “ Lacan Symposium in Australia III ”.

            Bolivie. J.C. Indart a informé le Conseil du succès de la récente rencontre de Cochabamba ; des Journées sont prévues en novembre.

            Cuba. À la suite d’une information apportée par J. Miller, le Conseil confirme l’intérêt de l’AMP pour le développement de la psychanalyse à Cuba ; il est disposé à soutenir une mission régulière d’un collègue vénézuélien auprès des collègues cubains ; J. Miller suivra l’affaire.

            Guatemala. Une information est apportée par É. Laurent, retour du Guatemala. Le Conseil est favorable au regroupement des collègues guatémaltèques d’orientation lacanienne.

            Italie. Le Conseil a pris connaissance de la proposition émise par le délégué général concernant la création, à long terme, d’une École italienne, restant liée à l’École Européenne, tout en jouissant d’une large autonomie administrative.

            Japon. Le Conseil souhaite la création d’une publication régulière liée à l’AMP.

            Mexique. Le Conseil souligne l’importance qu’il attache à la prochaine mission d’É. Laurent au Mexique.

            Pérou. Le délégué général a informé le Conseil de ses entretiens à Paris et à Rio avec des collègues péruviens. Le Conseil confirme le désir de l’AMP de les réunir dans une structure unique. Le délégué prendra des initiatives.

            Québec. Il serait utile d’établir une instance de concertation de l’AMP avec les collègues québécois.

 

5 - Rencontre internationale de 1998

            Concept. La Présidente de la Fondation du Champ freudien a confirmé que la Rencontre de 1998 devrait marquer une coupure avec les précédentes : elle sera celle des Écoles et de l’AMP. Il a été convenu qu’elle serait réservée aux membres et adhérents des Écoles, et fermée au public ; des dérogations pourront être accordées par des commissions spéciales, mais en nombre limité ; une procédure particulière sera prévue pour les zones géographiques non couvertes par une École.

            Lieu. J. Miller et J. Salinas ont fait état du désir des membres et des responsables de la Section de Catalogne de l’École Européenne, d’organiser la Rencontre de 1998. Ils ont confirmé que nos collègues de Barcelone avaient la compétence requise, qu’ils étaient animés d’un grand enthousiasme pour ce projet, qu’ils étaient soutenus par les responsables de l’EEP. Dans ces conditions, le Conseil a ratifié la décision de tenir la Xe Rencontre internationale à Barcelone en juillet 1998, et a adressé un message aux membres de la Section de Catalogne.

            Thème. Les premiers échanges à propos du thème de la Xe Rencontre vont dans la direction de la “ symptomatologie lacanienne ” : désir de discussions concrètes sur la clinique, mais en évitant la dispersion. Les échanges se poursuivront par le moyen du fax.

            Perspective. Les rapports à long terme de la Fondation et de l’AMP ont fait l’objet d’un premier échange d’idées : ces rapports sont destinés à évoluer. Faute de temps, la question informatique dans l’AMP n’a pu être abordée : F. Leguil préparera un rapport écrit sur ce point.

 

6 - Prochains rendez-vous

            La prochaine réunion du Conseil aura lieu à Buenos Aires le 19 ou le 20 juillet. Le Secrétaire du Conseil est chargé d’en fixer le jour, l’heure et le lieu, en concertation avec R. Seldes, responsable de la Commission d’organisation de la Rencontre, et d’en avertir les membres du Conseil.

            La seconde Assemblée générale aura lieu le 22 juillet à partir de 14h30 à l’Hôtel Sheraton de Buenos Aires. La convocation sera adressée par le Secrétaire du Conseil. — Jacques-Alain Miller, Rio de Janeiro, le 3 mai 1995

 

 

Rapport de Trésorerie présenté le 30 avril 1995

 

1 - Cotisations perçues en 1994

                - ECF : 183 cotisations, 6 impayées (100 650FF) :                                                18 300 USD

                - ECFC : 23 cotisations, 4 impayées (12 273FF) :                                     2 300 USD

                - EEP

                      . EEP-Espagne : 101 cotisations, 8 impayées (1 360 954P) :        9 800 USD

                                . EEP-Francophone : 6 cotisations, 1 impayée (2737,93FF) :               600 USD

                                . EEP-Italie : 31 cotisations, 1 impayée (4 650 000L) :                       2 000 USD

                - EOL : 206 cotisations, 3 impayées :                                                                         20 600 USD

 

2 - Cotisation à percevoir en 1995

            - Montant de la cotisation : en dépit de la baisse du dollar, il n’apparaît pas nécessaire d’augmenter la cotisation.

            - Date d’appel de la cotisation : en 1994, la cotisation a été appelée tardivement dans l’année en raison de la Rencontre internationale de juillet. Une partie des cotisations n’a donc été encaissée qu’au début de l’année 1995. Il faudrait à l’avenir que les comptes de toutes les Écoles soient arrêtés au 31 décembre de chaque année, et que les cotisations soient rentrées à cette date.

 

3 - Radiations pour non-paiement de la cotisation

            La radiation doit intervenir après un dernier appel par lettre recommandée pour les membres qui n’ont pas payé leurs deux dernières cotisations de 1993 et 1994. La question se pose pour un membre de l’EEP-Espagne, un membre de l’EEP-Italie, un membre de l’EOL. La question ne se pose pas encore à l’ECF, puisque n’ont été admis à l’AMP que ceux qui en ont fait la demande et qui ont payé en 1993.

 

            La trésorière se propose d’adresser aux trésoriers de chaque École une lettre précisant le montant de la cotisation 1995, donnant quelques instructions pour que les comptes puissent être clos à la fin de l’année civile, et rappelant la procédure à suivre pour les mises en instance de radiation. — Colette Soler

 

 

Le Conseil de l’AMP aux collègues de Barcelone

 

            Le Conseil de l’AMP, réuni dans la ville de Rio de Janeiro ce même jour, peu avant la cérémonie de fondation de l’École Brésilienne de Psychanalyse, a le plaisir de vous informer qu’il a ratifié le choix de Barcelone comme siège de la Xe Rencontre internationale du Champ freudien.

            Nous souhaitons aux collègues de la Section de Catalogne, dont nous connaissons les compétences et l’enthousiasme, un travail fécond. — Rio de Janeiro, le 30 avril 1995

 

            J.A. Miller, délégué général - M. Kizer, Président du Conseil - J. Salinas-Roses, Secrétaire du Conseil - S. Basz, J.C. Indart, F. Leguil, membres du Conseil - C. Soler, membre du Bureau

            Pour accord : J. Miller, Présidente de la Fondation

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Item S.3 / Rappel de la composition du Conseil et Bureau

 

               Le Conseil de l’Association est actuellement composé de huit membres, dont la moitié, entrée en 1992, permutera cette année à l’issue de l’Assemblée générale, tandis que l’autre, entrée en 1994, demeure en fonction jusqu’en 1998.

               Les entrants de cette année ont été désignés par les Conseils des Écoles, qui sont maintenant au nombre de cinq. Le Conseil 1998-2000 comprendra donc neuf membres.

 

Membres du Conseil

 

1992-94 :

Chamorro Jorge, Clastres Guy, Laurent Éric, Miller Jacques-Alain

 

1992-96 :

Basz Samuel, Kizer Manuel, Leguil François, Salinas-Rosés Joan

 

1994-98 :

Di Ciaccia Antonio, Forbes Jorge, Indart Juan-Carlos, Silvestre Danièle

 

1996-2000 :

Cevasco Rithée, Horne Bernardino, Klotz Jean-Pierre, Leon Vivas Eduardo, Sawicke Oscar

 

               Le Bureau 1994-96 comprend deux Secrétaires, M. Bassols et É. Laurent, et une Trésorière, C. Soler. Des collègues ont été chargés de mission spécifique : J. Chamorro prépare un rapport à l’Assemblée générale, sur “ État et société ” ; G. Clastres a été en mission au Brésil ; J.C. Indart et D. Bleger en Bolivie ; Le n° 1 de la Newsletter a été confié pour sa réalisation à L. Rodriguez ; ont participé à la rédaction : M. Bassols, S. Basz, J. Forbes, L. Luongo, C. Soler, désignés par les Conseils.

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Item S.4 / Accord sur la Rencontre de Barcelone

 

               Je me suis réuni le dimanche 12 mai à Paris avec Rosa Calvet et Judith Miller, respectivement Présidente de la Xe Rencontre et Présidente de la Fondation. Il a été convenu ce qui suit :

               1 - Les Présidentes assureront en 1998 l’organisation à Barcelone de deux événements successifs : un congrès AMP de deux jours réservé aux membres de l’AMP (21 et 22 juillet), et la Xe Rencontre internationale du Champ freudien sur trois jours (24, 25, 26 juillet), ouverte au public.

               2 - Les membres de l’AMP s’inscriront globalement aux deux événements.

               3 - L’inscription se fera auprès des Écoles.

               4 - Les inscriptions seront closes le 1er octobre 1997.

               5 - Le montant de l’inscription sera, pour ces 5 jours, de 400 USD (référence : Rencontre de Paris 1994, 4 jours, 360 USD). Au cas de forte hausse de la peseta par rapport au dollar, ce montant pourra être révisé à la hausse, par accord entre la Fondation et l’AMP.

               6 - Une affiche, préparée par l’AMP, sera distribuée à Buenos Aires aux membres de l’AMP présents ; cette affiche annoncera le Congrès et la Rencontre, et informera sur les inscriptions.

               7 - Les membres associés, ou adhérents, ou correspondants des Écoles ou de leur Section, ainsi que les membres des ACF (France-Belgique), qui désireraient assister non seulement à la Rencontre, mais aussi au Congrès, devront en faire la demande aux Conseils des Écoles, qui seront habilités à leur donner l’autorisation nécessaire.

               8 - Le délégué général de l’AMP se mettra en contact, au moment opportun, avec les Directeurs des Écoles, afin de préciser les modalités d’inscription des membres.

               9 - La Fondation précisera ultérieurement le montant de l’inscription à la Rencontre seule, pour le public.

               10 - L’AMP assurera les frais de son Assemblée générale en réglant à la Fondation la même somme qu’à Paris 1994. Au cas où il apparaîtrait une prévision de dépenses supplémentaires pour l’Assemblée générale, la Fondation en avisera l’AMP, afin de s’accorder préalablement sur les frais à engager.

               11 - L’AMP n’élève pas de prétentions sur l’éventuel reliquat de l’organisation des 21-26 juillet ; la Fondation déclare que ce reliquat est destiné à être partagé entre la caisse centrale de la Fondation et celle de sa représentation en Catalogne, la Commission d’organisation de la Xe Rencontre.

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Item S.5 / Création de Sextus

 

                Destinataires :

                EBP : Jorge Forbes ; ECF : François Leguil ; ECFC : Ronald Portillo ; EEP : Éric Laurent ; EOL : Graciela Brodsky, Leonardo Gorostiza.

 

                                Chers collègues,

                Ceci est une communication importante.

 

                Vous avez certainement noté dans le n° 11 de la Dépêche de l'AMP, daté du 4 juin dernier, le texte de l'Accord en 11 points entre l'AMP et la Fondation, concernant l'organisation à Barcelone, du 21 au 26 juillet 1998, du I° Congrès des membres de l'AMP et de la Xe Rencontre internationale du Champ freudien.

                Le point 3 précise que l'inscription se fera, pour la première fois, auprès des Écoles.

 

                En effet, il était nécessaire de donner maintenant l’occasion aux membres des Écoles de se retrouver entre eux, orientation que le Conseil de l’AMP avait approuvée lors de sa réunion de Paris 94, et qu’il était prévu de mettre en œuvre pour Barcelone 98.

                Une difficulté demeurait : sacrifier l’ouverture des Rencontres peinait et divisait chacun d’entre nous. Mon idée de distinguer deux réunions successives, le Congrès et la Rencontre, visait à lever cette difficulté. Dès lors que la Fondation du Champ freudien et la Commission catalane, par la bouche de leurs Présidentes respectives, Judith Miller et Rosa Calvet, ont pu confirmer qu'il était matériellement possible de réaliser cette idée, la difficulté a été effectivement levée.

                Deux ans avant "le Rendez-vous de Barcelone", le moment est arrivé de préparer méthodiquement l'événement.

                Une réunion nouvelle, le Congrès, est à penser : ce seront deux jours d'une grande importance pour la vie de l'Association et des cinq Écoles durant les deux années suivantes. Le modèle de la Rencontre, déjà ancien, est à repenser et à resserrer sur trois jours.

                Les discussions à ce sujet commenceront lors de la Réunion de tous les Conseils le mercredi 17 juillet à Buenos Aires ; elles se poursuivront à l'Assemblée générale du 22 juillet, puis par fax, par la Dépêche, etc.

                L'organisation sur place est la mission de la Commission d'organisation installée à Barcelone et présidée par Rosa Calvet. Les rapports avec l'AMP et les cinq Écoles passeront par la Fondation, sa Présidente, et un comité ad hoc qui sera installé à Paris au retour de Buenos Aires.

                Il s'agit maintenant de mettre en place, côté AMP et Écoles, les organes qu'appelle l'organisation de Barcelone 98.

                Les organes fondamentaux existent : ce sont les différents Directoires (un par École, sauf dans le cas de l'École Européenne, qui en compte trois : EEP-Espagne, EEP-Italie, EEP-Développement). Le futur comité ad hoc de la Fondation pourra entrer en contact avec eux pour traiter le problème des inscriptions, des voyages, de la documentation, etc.

                Néanmoins, il m'apparaît nécessaire de prévoir une coordination exécutive au sein de l'AMP. Comment allons-nous aborder cette mission nouvelle ? Faudra-t-il que chaque Directeur crée, sous sa responsabilité, une commission particulière chargée de ces tâches ? Ou les Directoires pourront-ils les assurer directement ? Comment allons-nous mobiliser par le biais de leur École les membres de l'AMP ? La question, devenue fameuse, de la préparation saturée ou non, ne manquera pas de se poser également dans ce cadre, comme elle se posera au niveau des Conseils. Etc. Pour examiner, traiter, résoudre, ces problèmes nouveaux et passionnants, qui inaugurent le coming of age de l'AMP, il m'apparaît indispensable d'établir pour la première fois un lien direct entre le délégué général de l'AMP et l'exécutif de chaque École.

                C'est pourquoi je m'adresse à vous cinq, et vous demande de vous réunir avec moi dans un comité exécutif spécial de l'AMP pour Barcelone 98. Ce comité, où seront représentées les cinq Écoles et l'AMP, portera le nom de Sextus.

                Je vous prie de bien vouloir m'indiquer la date et l'heure de votre arrivée à Buenos Aires et celles de votre départ, afin que je puisse dans les prochains jours vous adresser la convocation à la première réunion de Sextus.

                Lors de cette première réunion, nous établirons les grandes lignes de notre action pro-Barcelone durant les deux prochaines années ; nous aurons à convoquer une seconde réunion à Buenos Aires, où R. Calvet et J. Miller nous exposeront le point où elles en sont de l'organisation. Nous verrons comment tenir compte des permutations pouvant intervenir dans les Écoles avant 98.

                Je vous demande une réponse rapide.

                Bien cordialement, et avec confiance dans notre collaboration. — Jacques-Alain Miller, 17 juin 1996

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Item S.6 / Temps logique

 

               Le premier numéro de Temps logique, bulletin intérieur de l’AMP, vient de sortir à Paris. Ce numéro est composé d’un choix de textes des récentes Dépêches, avec un éditorial que j’ai composé vendredi 21 juin.                J’en ai eu l’idée la semaine dernière, après l’envoi de la Dépêche n° 12, au moment de recevoir l’appel de cotisations adressé aux membres français de l’AMP par la Secrétaire et le Trésorier de l’ECF : cet appel laissait aux membres 10 jours pour régler leur cotisation. J’ai pensé que cela n’était pas fait pour inspirer aux membres de l’ECF de bons sentiments à l’endroit de l’AMP, et qu’il fallait rattraper le coup en envoyant un bulletin, qui, de fil en aiguille, est devenu Temps logique.

               J’ai demandé à Graciela Brodsky, qui traduit la Dépêche en espagnol, de sortir Temps logique pour la Rencontre. La présence à Paris d’Ana Lydia B. Santiago m’a permis, dimanche 23 juin, d’arranger la traduction en portugais (une équipe d’une dizaine de collègues, animée par Jésus Santiago à Belo Horizonte).

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Item S.7 / Pour des “cartels euro-américains” de l’AMP, par Juanqui Indart

 

               Une évidence : l’accélération du changement social, la désidentification désordonnée qu’elle produit.

               Pour cette raison, en très peu de temps, l’isolement de chacune des Écoles au sein de l’AMP conduit à une inertie identificatoire croissante, et à une profonde déviation de la relation au savoir.

               Il s’agit d’un problème urgent. Pourquoi ?

               Parce que le retour croissant dans le réel de ce qui est forclos dans le symbolique, se présente sous sa face de diversification, comme bouts de réel, selon des temporalités et des contingences propres à chaque région. L’inertie et la déviation plus haut mentionnées obturent toute élaboration d’un savoir original dont la définition exigerait qu’il soit transmissible au moins à quelques autres, différents.

               La question est très aiguë pour les communautés de travail organisées sous forme d’Écoles en Amérique Latine, par comparaison avec celles qui sont organisées pareillement en Europe. L’articulation qui permet de rompre l’isolement, est due à un transfert de travail que ne soutiennent en Europe qu’un très petit nombre de collègues. Cette articulation, certes, est, a été, et sera cruciale, et c’est à elle que l’on doit à peu près tout. Mais il s’avère déjà que pour la soutenir, il est souhaitable d’élargir les liens de travail entre les collègues des deux côtés de l’Océan.

               Pourquoi des cartels ?

               Non pas seulement en raison des principes déjà connus qui mettent en relation la structure de ce dispositif et une authentique production de savoir, mais parce qu’un réseau de “ cartels euro-américains ” de l’AMP ferait avancer la fonction du plus-un sur deux points essentiels :

               - inscrire la singularité de chaque thème de travail dans une relation objective aux possibilités de son élaboration, qui sont différentes dans chaque région, et dissiper ainsi l’illusion, que détermine l’isolement, quant à la possibilité de sortir de celui-ci par la voie de la reconnaissance de l’Autre ;

               - rendre effective la responsabilité du plus-un dans la sélection et la transmission des résultats du travail dans des contextes différents, de manière à ce qu’un usage réel en soit fait, que ce soit pour les réfuter, les prolonger, ou en prendre son départ.

               De plus, il s’agit d’un dispositif bon marché, qui peut se soutenir non seulement par fax ou courrier électronique, mais aussi bien par courrier postal. De même, on peut considérer qu’il suffit pour la transmission de disposer dans le réseau d’ordinateurs et de photocopies, tout en comptant sur le grand nombre des publications du Champ freudien, aussi bien en Europe qu’en Amérique Latine, lesquelles peuvent certainement donner une place de temps en temps aux textes pour lesquels on désire une diffusion plus ample.

               Il n’est pas non plus difficile de penser à une publication propre au réseau, bon marché, qui comprendrait une sélection des résultats.

               On peut suggérer au Conseil de l’AMP de composer et de diffuser une liste de plus-uns considérés comme capables de mettre en œuvre cette proposition et ses objectifs, avec leur caractère spécifique. On offrirait à tous les intéressés une liste de thèmes bien choisis. Chaque cartel comprendrait 2 membres européens et 2 membres latino-américains.

               Il faudrait, au commencement, que la décantation des résultats se produise en un an, non en deux. — Buenos Aires, le 26 juin 1996

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Item S.8 / La Réunion de tous les Conseils

 

                Vous êtes convié(e) à la Réunion de tous les Conseils.

               Date : 17 juillet 1996

               Heure : accueil à 10h00 ; début à 10h15 précises ; fin à 14h15

               Lieu : Hôtel Sheraton, salle Martin Fierro

                Convoqués : membres des Conseils ECF, ECFC, EEP, EOL, EBP, AMP, présents à Buenos Aires ; Directeurs et Directeurs-adjoints des Écoles (ou équivalents) ; invités du délégué général

               Ordre du jour : 6 exposés de 15 minutes et discussion générale

               Traduction simultanée : espagnol, français, portugais

 

Jean-Pierre Klotz, Secrétaire du Conseil ECF

               Les ACF : trois ans après, les répercussions sur l’École ; vers une permutation maximale : conséquences des nouveaux statuts de l’École ; l’usage des cartels.

 

Ronald Portillo, Président ECFC

               Problèmes de l’École élargie ; la création de l’ACF-Caracas ; les rapports avec l’Université, avec l’Institut de recherches psychanalytiques sur l’art.

 

Miquel Bassols, Secrétaire du Conseil EEP

               Les résultats de la passe à l’École ; l’orientation des refontes statutaires dans l’École ; vers la refonte du catalogue des cartels.

 

Maria Novotny de Lopez, Présidente EOL

               La question des publications à l’École ; les rapports de l’École avec le Champ freudien et l’Institut ; le recrutement des membres à l’École.

 

Jorge Forbes, Directeur EBP

               La X° Rencontre à Barcelone ; l’admission des membres par la voie du Conseil ; la garantie à l’École.

 

Jacques-Alain Miller, Délégué général AMP

               Le Ier Congrès des membres de l’Association ; la préparation des Rencontres ; l’AMP comme espace associatif convivial.

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Item S.9 / Convocations Sextus

 

                Vous êtes convié(e) à la première réunion de Sextus.

                Date : 17 juillet 1996

                Heure : 16h à 19h

                Lieu : Hôtel Sheraton, salle Polo

                Convoqués : les membres de Sextus : G. Brodsky, J. Forbes, L. Gorostiza, É. Laurent, F. Leguil, J.A. Miller, R. Portillo, J. Ravard ; de 18h à 19h : Rosa Calvet, Judith Miller

                Ordre du jour : 16h-18h : mise en place de Sextus ; calendrier des réunions de Sextus à Buenos Aires ; le moment actuel de l’AMP et des Écoles ; le concept et la préparation de Barcelone 98 par l’AMP et par chacun des Directoires ; discussion générale. 18h-19h : présentation de l’organisation de Barcelone 98 par Rosa Calvet et Judith Miller

                Convoquant : délégué général AMP

Paris, le 10 juillet 1996

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Item S.10 / Convocation du Conseil et du Bureau

 

                Vous êtes convié(e) à la réunion du Conseil de l’AMP.

                Date : 19 juillet 1996.

                Heure : 15h à 17h30.

                Lieu : Hôtel Sheraton, salle Polo.

                Convoqués : membres du Conseil de l’AMP (6) et membres du Bureau (4) présents à Buenos Aires :

                1 - S. Basz, J. Forbes, M. Kizer, J.C. Indart, F. Leguil, J. Salinas-Roses ;

                2 - J.A. Miller, délégué général ; M. Bassols, É. Laurent, Secrétaires ; C. Soler, trésorière.

                Ordre du jour : déroulement de l’Assemblée générale du 22 juillet après-midi ; problème des cotisations ; résolution sur les réglementations des psychothérapies ; problèmes divers des Écoles ; transmission au nouveau Conseil ; nouvelle composition du Bureau ; nouveaux délégués ; le moment actuel de l’Association.

                Convoquant : délégué général AMP.

Paris, le 10 juillet 1996

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Item S.11 / Liste participants à la Réunion de tous les Conseils

 

  1. - Aramburu Javier                  31. - Indart Juan Carlos

  2. - Attié Joseph                           32. - Kizer Manuel

  3. - Aureo Beneti Antonio               33. - Klein Richard

  4. - Bassols Miquel            34. - Klotz Jean-Pierre

  5. - Basz Samuel                           35. - Laurent Éric

  6. - Binasco Mario                             36. - Lefort Robert

  7. - Bleger Dudy                              37. - Leguil François

  8. - Borie Jacques                          38. - Leon Vivas Eduardo

  9. - Briole Guy                                        39. - Miller Judith

10. - Brodsky Graciela                          40. - Miller Dominique

11. - Brousse Marie-Hélène 41. - Molina Andrès

12. - Bruno Pierre                              42. - Nemirovsky Frida

13. - Calvet Rosa                               43. - Nepomiachi Ricardo

14. - Cevasco Rithée              44. - Novotny de López Maria

15. - Chamorro Jorge               45. - Paskvan Estela

16. - Clastres Guy                 46. - Perez Silvina

17. - Do Rêgo Barros Romildo          47. - Portillo Ronald

18. - Eiras José                                         48. - Quinet Antonio

19. - Forbes Jorge                              49. - Ravard Julieta

20. - Gallano Carmen           50. - Salinas-Rosès Joan

21. - García German            51. - Sauret Marie-Jean

22. - Gerbase Jairo                               52. - Sawicke Oscar

23. - Godino Cabas Antonio               53. - Seldes Ricardo

24. - Gomez Amilcar                          54. - Solano-Suarez Esthela

25. - Gorostiza Leonardo                        55. - Soler Colette

26. - Grasser Fabien             56. - Stevens Alexandre

27. - Grasser Yasmine                        57. - Strauss Marc

28. - Grostein Sandra             58. - Trobas Guy

29. - Harari Angelina                        59. - Vidigal Luiz Henrique

30. - Horne Bernardino                     60. - Vigano Carlo

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Item S.12 / Convocation à l’Assemblée générale

 

Salon Golden Horn, Hôtel Sheraton à Buenos Aires, le 22 juillet 1996, Accueil à 14h30

 

                L’Assemblée générale de l’Association Mondiale de Psychanalyse se réunit statutairement tous les deux ans, à l’occasion des Rencontres internationales du Champ freudien.

                Tous les membres de l’Association y sont conviés.

                La première Assemblée a eu lieu à Paris en juillet 1994. La deuxième se tiendra à Buenos Aires, à l’issue de la IXe Rencontre internationale.

                La présentation du Rapport d’activité 1994-96 par Jacques-Alain Miller, délégué général, sera à l’ordre du jour. Puis J.A. Miller demandera que, par un vote à bulletin secret, l’Assemblée lui renouvelle sa confiance pour deux ans. Les autres candidats éventuels à la fonction de délégué général devront se faire connaître auprès du Conseil de l’Association (par fax : 34 3 459 22 88), avant le 9 juillet à 12h45, heure de Barcelone.

                Les autres points de l’ordre du jour seront annoncés par Manuel Kizer, Président de l’Assemblée, lors de l’ouverture.

                Les badges et les bulletins de vote pourront être retirés par les membres avant l’Assemblée, à l’extérieur de la salle Golden Horn. — Joan Salinas-Roses, Secrétaire du Conseil, Barcelone, le 4 juin 1996

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n° 15

12 août 1996

 

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Item 115 / Éditorial

 

               Nouvelle époque. Cela ne se décide pas. Cela est dans la chose même, relève de l’objectivité de l’Idée. On peut s’y accorder ou non, il n’est pas impossible de l’infléchir, il faut commencer par s’y soumettre.

               Comme c’est devenu intéressant ! Regarder en avant, suivre des yeux la mèche allumée du nouveau. Regarder en arrière, par-dessus le mur qui, désormais, nous sépare des significations d’antan, et lire le sens du passé.

 

*

               Des trois époques du Champ freudien, la première, au moment d’y entrer, nous le savions — et comment !

               La seconde, en revanche, fut toute discrète, presque invisible. Je ne pus la montrer, seulement la démontrer. L’élan initial épuisé, il fallait péricliter désormais, ou remettre en jeu. Le pari fut gagné : le groupe cessa d’être désirable, chacun lui préféra l’École.

               Nous voilà à la troisième, qui ne s’installe pas parmi nous aussi silencieusement que la seconde, petite geisha aux pas menus, mais elle ne vocifère pas non plus comme la première, style Marseillaise de Rude. C’est plutôt une Madame Sans-Gêne qui prend ses aises et houspille son monde.

 

*

               Il me revient une phrase qui me fut écrite peu avant la Rencontre : “ Tu as réussi à réveiller une génération fatiguée et engourdie. ” Je ne voyais pas cela, et certainement pas en Amérique du Sud ; je voyais bien d’où l’Autre paraît toujours trop mort, et ce qui était mis là pour flatter ; — et pourtant, cette phrase avait la frappe de la vérité.

               Voici comment, aujourd’hui, je l’interprète, cette vérité.

               Une génération fatiguée et engourdie ? C’était le Champ freudien qui était engourdi. L’heure fatale s’approchait à quoi Saint-Just, dans son désarroi, donna existence, d’une formule inoubliable : “ La Révolution est glacée. ” Oui, le Champ freudien se glaçait, et il allait entrer dans sa troisième époque, celle de sa glaciation.

               Oh, cela aurait été très animé : dérive des Écoles, comme de grands icebergs coupés de la banquise ; escarmouches, puis guerres générationnelles dans les Écoles ; nationalisme rampant, jeunisme, gérontocratie — je pourrais écrire le scénario à l’avance, comme Isaac Asimov dans sa Fondation à lui.

               La glace a été prise de vitesse. “ ... lapsus calculé, qui gagne à la main l’inconscient ” : quelque chose de cet ordre. Le Champ freudien entre dans sa troisième époque tambour battant, sous son drapeau de toujours, et non sous les trois oriflammes déjà tissées, et qui portaient les noms de Saturation, Ennui, et Dépression. Elles ont été foulées aux pieds à Buenos Aires.

 

*

               A — Donc, c’est gagné ?

               B — Oui, mais pour combien de temps ?

J.A.M., le 12 août 1996

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Item 116 / Questions et projets

 

               Il y a maintenant beaucoup à faire et beaucoup à penser “ ce qui ne constituera pas un progrès, si c’est seulement pour certains ”.

 

I - Questions

               - ECF : la vieille École, qui n’a pas encore réussi à devenir ECF2, comment va-t-elle faire pour se mettre à l’heure de la troisième époque ? Surtout pas en tapant sur ses ACF (deuxième fois).

               - ECFC : les quelques collègues, trop rares, qui ont pu se rendre à la IXe Rencontre, comment arriveront-ils à faire passer le souffle de Buenos Aires à Caracas ? Il leur faudra souffler très fort... Surtout, ne pas taper sur les Colombiens (deuxième fois).

               - EEP : comment arriver, d’une main, à faire entrer l’EEP-Espagne et l’EEP-Italie dans le circuit international, et, de l’autre, à développer l’EEP en Europe centrale et orientale, où elle a lamentablement stagné sous ma Présidence ?

               - EOL : elle est à l’heure de demain.

               - EBP : pour moi, la plus mystérieuse des Écoles, bien que la dernière-née... Un pacte de silence, lui-même tacite... Nous verrons lors des Journées de Sao Paulo, où je serai en avril.

 

II - Projets

               Barcelone. À bien repenser à ce qui a été dit et écrit, je ne vois pas de raison de ne pas essayer la formule dite “Rapport d’École” lors de la Rencontre comme telle (non du Congrès). Cela fait sa place au “désir de particularité” qui est présent dans les Écoles, avec plus ou moins de force ici ou là, tout en l’encadrant dans l’ensemble AMP.

               Encore faut-il préciser la définition du “Rapport d’École”, car constituer l’École en énonciateur collectif, ce serait, nous en sommes d’accord, une imposture.

               Cela veut dire qu’il y aura deux volumes avant la Rencontre :

               1) l’un, comme d’habitude, avec le thème commun, rédigé et signé individuellement par des collègues appartenant aux différentes Écoles, et choisis par la Fondation ;

               2) le second, nouveau, avec un thème par École, thème choisi par les instances responsables de cette École, et rédigés par des collègues de cette École.

 

               Comme point de départ pour la discussion, je propose le texte suivant, qui s’inspire de l’idée de Samuel.

 

Argument du “ Biennal ”

               1 - À l’occasion de la Rencontre de Barcelone, le Champ freudien fera paraître un volume intitulé “ Le Biennal du Champ freudien ”.

               2 - Ce volume comporte cinq chapitres.

               3 - Chaque chapitre est sous la responsabilité d’une École.

               4 - L’École choisit à son gré le titre du chapitre, dans toute l’extension du champ freudien et de ses connexions.

               5 - Elle choisit le coordinateur, et l’équipe de rédaction (10 au maximum) du chapitre (50 pages machine au maximum, soit 75.000 signes).

               6 - Les membres de l’équipe peuvent travailler entre eux ou animer des séminaires, des Colloques, des Journées, etc., au choix de l’École. L’équipe peut appartenir à diverses Sections de l’École, ou à une seule, au choix de l’École.

               7 - La date de remise du texte est fixée par la Fondation ; elle sera comparable à celle du volume Les Pouvoirs de la parole.

               8 - L’ensemble des cinq chapitres sera imprimé sous forme de rapport par chacune des Écoles, et diffusé par elle en son sein. Le texte à composer étant plus court et l’impression plus facile, on pourra en disposer plus rapidement.

               9 - À la parution de l’ensemble, chaque École désigne une équipe de lecture critique, portant sur les cinq chapitres, c’est-à-dire y compris celui de l’École elle-même. Cette équipe rédigera les documents de son choix, et interviendra lors de la Rencontre.

               10 - À la Rencontre, séquence de deux ou trois heures en cinq séances simultanées : présentation et discussion de chaque chapitre.

               11 - Rédaction ultérieure, etc.

               12 - Que faut-il entendre par “l’École”, dans la phrase “L’École choisit...”, “l’École désigne...” ? Ce peut être : une réunion commune Conseil-Directoire. Mais on peut très bien l’élargir, voire s’en remettre à l’AG.

 

Commentaires

               Sur le papier, c’est très bien. Dans les faits, il y aura des problèmes.

               - L’École de Caracas. Si ses membres ont été peu nombreux à Buenos Aires, seront-ils plus nombreux à Barcelone ? Donc : prévoir d’aménager la formule en ce qui les concerne, pour qu’elle leur convienne. La question est posée à son Conseil.

               - L’EEP. À mon avis, il vaut mieux confier la tâche à une seule ville ou Section dont ce sera une tâche prioritaire plutôt que de distribuer 50 pages à travers l’Europe. Si la formule marche, elle durera bien assez de temps pour que ça permute. Pour Barcelone, ne pas choisir une équipe espagnole. Mais la Section italienne ? Ça, c’est une idée.

               - L’EBP. Pour la rédaction, choisir une Section, et une Section dont beaucoup de membres voyageront. Pour la critique, répartir entre les quatre autres Sections.

               - L’EOL comme l’ECF ont le choix entre beaucoup de formules possibles. Il faudra privilégier celles qui évitent l’identification massive au “ Rapport d’École ”. Pour l’ECF, cela veut dire : prendre plutôt pour base de l’équipe de rédaction une solide ACF ou bien L’Envers de Paris, étant entendu que l’équipe ne sera pas étanche par rapport au reste de l’École. Pour l’EOL, où la très grande majorité est ramassée à Buenos Aires, une solution possible pour que ce travail s’inscrive dans le travail de l’École à sa juste place, ni trop, ni trop peu, c’est que Leonardo en soit coordinateur. Mais est-ce compatible avec les tâches de la gestion ? À lui de le dire.

 

Consultation

               Je saisis de cette proposition les cinq Conseils et les cinq Directoires. J’attends leurs réactions. En Europe, la rentrée n’a lieu qu’en septembre. C’est donc d’Amérique du Sud que viendront les premières remarques.

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Item 117 / Temps logique n° 3

 

               Le n° 3 est prêt. Il comprend :

 

               1 - Sous le titre “Le débat mondial”, les actes de la Réunion de tous les Conseils du 17 juillet ;

 

               2 - le rapport du délégué général ;

 

               3 - la rubrique “Technologie” (Internet) ;

 

               4 - enfin, le journal associatif, avec le texte “Nouvelles missions administratives” ; le rapport de trésorerie ; le résumé des réunions institutionnelles de juillet.

 

               Il faut y ajouter le texte sur les cartels euro-américains et la liste de ceux qui existent déjà, que, en partant de Buenos Aires, j’ai demandé à Juanqui de rédiger.

 

               Je lui demande d’en faire l’éditorial du n° 3. Une fois que Graciela l’aura, qu’elle me l’envoie, et je le traduirai pour l’édition française.

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Item 118 / Nouvelles missions administratives

 

I - Missions des Départements

1 - Département ESP (“État, Société, Psychanalyse”)

                Observatoire permanent de l’évolution mondiale des relations entre les États, la Société, et la Psychanalyse ; rédaction d’un rapport synthétique biennal, présenté à l’Assemblée générale. Après É. Laurent (Paris, 1994) et J. Chamorro (Buenos Aires, 1996), le responsable du rapport qui sera présenté à Barcelone en 1998 est J. Monseny.

 

2 - Département Passe

                Observatoire permanent de l’évolution mondiale de l’expérience de la passe ; recueil des informations pertinentes concernant le fonctionnement de la procédure auprès des Secrétariats de la passe appartenant aux différentes Écoles ; rédaction d’un rapport biennal, publié à l’occasion de la tenue de l’Assemblée générale.

 

3 - Département Mental

                Observatoire permanent de l’évolution mondiale en matière de santé mentale, du point de vue théorique et institutionnel ; suivi des questions concernant la réglementation des psychothérapies ; internationalisation de la revue Mental ; études et propositions concernant la politique de l’AMP dans ce domaine.

 

4 - Département Epistémé

                Observatoire permanent de l’évolution mondiale de la communauté associative AMP ; contacts suivis avec les Conseils des Écoles ; évaluation des situations concrètes en rapport avec les objectifs “communauté épistémique” et “espace associatif convivial” ; toutes études et propositions concernant la politique à suivre par l’AMP en ces matières.

 

5 - Département Cartels

                Mise en œuvre de l’objectif “cartels euro-américains” de l’AMP ; projets de règlements concernant cet objectif ; cartels intercontinentaux ; liaison avec le Comité Catalogue.

 

II - Mission des Comités

1 - Comité Internet

                Mise en œuvre du réseau AMP sur Internet ; régulation de ce réseau ; formation des membres à son usage ; perspective technologique.

 

2 - Comité Annuaire

                Suivi de la liste des membres, en liaison avec les Conseils et les Directoires des Écoles, et en collaboration avec la trésorerie ; réalisation du second Annuaire de l’Association, à paraître pour Barcelone 1998.

 

3 - Comité Trésorerie

                Encaissement des cotisations et gestion des fonds de l’Association, sous la responsabilité de la Trésorière de l’AMP.

 

4 - Comité Catalogue

                Réalisation du premier Catalogue de cartels euro-américains et intercontinentaux de l’AMP, en liaison avec le Départements Cartels.

 

III - Mission des Commissions

1 - Commission Liaison

                Suivi des accords directs passés entre l’AMP et différents groupes de collègues à travers le monde.

 

2 - Commission Temps logique

                Rédaction, traduction, édition et diffusion du bulletin intérieur.

 

IV - Liste des responsables

                Les responsables des Départements prendront contact avec des membres de l’Association pour constituer l’équipe de leur Département. Chaque Département préparera un rapport destiné à être publié avant l’Assemblée générale de Barcelone 1998. Le président du Département est nommé en premier, le secrétaire en second.

 

                1 - Département ESP  : J. Chamorro et J. Monseny

                2 - Département Passe : M. Kizer et J. Salinas-Roses

                3 - Département Mental : É. Laurent et A. Stevens

                4 - Département Epistémé : S. Basz et V. Palomera

                5 - Département Cartels : J.C. Indart et L. Solano

 

                Les secrétaires des Comités ont été désignés ; ceux des Comités 1, 2 et 4 prendront contact avec des membres de l’Association pour leur proposer d’intégrer leur Comité.

 

                1 - Comité Internet : M. Bassols, secrétaire

                2 - Comité Annuaire : R. Seldes, secrétaire

                3 - Comité Trésorerie : C. Soler, secrétaire ; B. Abadi, M. Daubresse, C. Dewambrechies-La Sagna, S. Grostein, E. Paskvan, R. Seldes

                4 - Comité Catalogue : L. Mahjoub, secrétaire

 

                La liste des membres des Commissions reste à compléter.

 

                1 - Commission Liaison

                                a) - Australie : M.H. Brousse, P.G. Guéguen, J.P. Klotz, V. Palomera

                                b) - Bolivie : J.C. Indart, responsable ; D. Bleger, G. Mansur

                                c) - Chili : J.C. Indart, responsable ; L. Casenave

                                d) - Cuba : Judith Miller

                                e) - Guatemala

                                f) - Mexique

                                g) - International : G. Clastres

                2 - Commission Temps logique

                Membres : M. Bassols, G. Brodsky, A.L.B. Santiago, J. Santiago (édition) ; G. Briole, C. Gallano, A. Szulzynger (collaboration éditoriale)

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Item 119 / Composition des Comités

 

               C’est au secrétaire, qu’il revient de constituer l’équipe de son Comité pour deux ans, en fonction de la mission précise qui lui a été assignée. Je prie M. Bassols, L. Mahjoub, et R. Seldes de me faire connaître leur choix avant le 15 octobre prochain. Le chiffre de 10 par Comité paraît un maximum. Aussitôt qu’ils m’auront transmis leur liste de propositions, je leur répondrai, avec, éventuellement, des observations. La liste sera ensuite publiée dans la Dépêche, avec, s’ils le jugent utile, un texte d’eux aux membres des Conseils.

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Item 120 / Composition des Départements

 

Aux Présidents des Départements

 

                              Chers collègues,

               Vous trouverez ci-joint la composition des équipes des Départements, telle qu’elle fut discutée et établie lors de la réunion du Conseil en date du 19 juillet dernier.

               C’est au Président et au Secrétaire de chaque Département qu’il revient de prendre contact avec les collègues concernés, et de leur fixer leurs tâches. Il leur appartient également de modifier cette liste comme ils le désirent, en ajoutant ou en retirant des noms, à leur gré.

               Tout ce que je demande, c’est de me faire parvenir avant la fin de l’année (avant le 15 décembre précisément) la liste de chaque équipe, afin qu’elle puisse être publiée dans la Dépêche.

               Bien cordialement. — Jacques-Alain Miller

 

 

Composition provisoire des équipes des Départements

établie le 19 juillet 1996 à Buenos Aires

 

1 - ESP

. Président : J. Chamorro

. Secrétaire : J. Monseny

. Membres (6) : M.H. Brousse, J. Gerbase, D. Miller, F. Pereña,

               R. Portillo, A. Quinet

 

2 - Passe

. Président : M. Kizer

. Secrétaire : J. Salinas-Roses

. Membres (4) : A. Godino Cabas, Ph. La Sagna, V. Mira,

R. Nepomiachi

 

3 - Mental

. Président : É. Laurent

. Secrétaire : A. Stevens

. Membres (9) : M. do Carmo Batista, A. Benetti, G. Briole,

               C. Dewambrechies-La Sagna, C. Gallano, F. Kruger, L. Luongo,

               D. Millas, C. Vigano

 

4 - Epistémé

. Président : S. Basz

. Secrétaire : V. Palomera

. Membres (6) : A. Aflalo, J. Aleman, A. Di Ciaccia, G. Garcia,

               F. Nemirovsky, C. Nicéas

 

5 - Cartels

. Président : J.C. Indart

. Secrétaire : L. Solano

. Membres (8) : H. Castanet, L. D’Angelo, P. Francesconi, A. Harari,

               L. Mahjoub, J. Ravard, A. Roldan, S. Vicente

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Item 121 / Délégations du sigle AMP

 

               1 - Les secrétaires du Conseil, les membres du Bureau, les présidents et secrétaires des Départements et Comités, sont autorisés à utiliser du papier à en-tête AMP, à condition de bien préciser dans l’en-tête l’instance dont ils sont responsables, et d’indiquer leur adresse (voir modèle ci-après).

               2 - Ils ne sont pas autorisés à engager des frais au nom de l’Association sans l’accord du délégué général ou de la trésorière.

 

 

Modèle pour le papier en-tête des responsables AMP

 

AMP

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Conseil de l’Association - Secrétariat de connexion

Rithée Cevasco - 63, rue Léon Frot, 75011 Paris  France

Tél : (33 1) 43 70 80 16 - Fax : 43 70 79 99

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Item 122 / Réunion du nouveau Conseil, 22 juillet

 

                Le nouveau Conseil de l’Association s’est réuni avec le délégué général, le lundi 22 juillet 1996, à l’issue de l’Assemblée générale, de 19h50 à 21h.

                - Joan Salinas-Roses, Secrétaire du Conseil sortant, a fait connaître le résultat du vote à bulletin secret, reconduisant le délégué général dans ses fonctions jusqu’à la prochaine Assemblée générale : 314 oui ; 19 non ; 7 blancs ou nuls.

                - Le délégué général a formé, avec l’accord du Conseil, le nouveau Bureau (comité exécutif) de l’Association : Colette Soler demeure Trésorière, Ricardo Seldes entre comme Secrétaire.

                - Le nouveau Conseil a décidé de ses modalités de travail : il ne désignera pas un Président du Conseil ; le moment venu, il choisira parmi ses membres le Président de l’Assemblée de Barcelone ; il a désigné parmi ses membres trois Secrétaires du Conseil :

                                Rithée Cevasco, Secrétaire de connexion ;

                                Eduardo Leon Vivas, Secrétaire de communication ;

                                Oscar Sawicke, Secrétaire de coordination.

                La Secrétaire de connexion tiendra les actes du Conseil, recueillera les opinions des membres du Conseil, et en composera une lettre-fax mensuelle interne ; elle sera responsable de l’organisation de l’Assemblée de Barcelone, comme J. Salinas-Roses l’avait été pour celle de Buenos Aires.

                Le Secrétaire de communication tiendra une chronique régulière dans le bulletin intérieur, afin de communiquer à l’ensemble des membres l’état des réflexions des membres du Conseil, et faire part de ses réflexions personnelles sur des sujets d’intérêt commun à l’Association.

                Le Secrétaire de coordination s’adressera tous les trois mois, au nom du Conseil de l’AMP, au Président et au Secrétaire du Conseil de chacune des cinq Écoles, afin de leur donner un aperçu de l’AMP, et leur demander des informations sur le fonctionnement interne du Conseil de chaque École, informations qui seront communiquées aux membres du Conseil de l’AMP.

                - Le Conseil se réunira avec le délégué général le dimanche 26 janvier 1997 à Paris, rue d’Assas.

                - La déclaration des changements survenus dans la composition du Conseil et du Bureau, déjà signée par les membres sortants, a été signée par les membres entrants.