La grandeConversationdeBarcelone
Le mercredi 22 juillet 1998, de 10h à 13h 30 et de 16h à 20h au Palais des Congrès, salle Gaudi
I. - Accueil
II. - Rapport de l’ECF
III. -
Réponses de Florencia Dassen
IV. -
Réponses de Pierre-Gilles Guéguen
I. - Ouverture
II. - Gennie Lemoine
I. - Ouverture
II.
- Jacques-Alain Miller
III. -
Celso Renno Lima, German Garcia, Lilia Mahjoub, Colette
Soler, Pierre-Gilles Gueguen
IV.
- Jacques-Alain Miller, Antonio
Vicens
VII. - Pierre Bruno,
Bernard Lecoeur, Gabriel Lombardi, Colette Soler, Sérgio Laia, Jacques-Alain Miller
texte établi par
fabienne henry et michel jolibois
avec la
collaboration de Marcela Antelo, Hilario Cid Vivas, et J.A. Miller
Jacques-Alain
Miller - J’appelle à la tribune les AE.
Nous allons commencer notre Grande
Conversation, dont le déroulement va être légèrement plus complexe que prévu.
Il y a, d’une part, la thématique informelle mais annoncée de la
Grande Conversation. Il y a d’autre part, la prise de parole prévue des
présidents des Écoles pour résumer brièvement le déroulement des débats dans
les cinq salles simultanées d’hier après-midi à propos des rapport de chaque
École. Il y a, troisièmement, ce que je m’étais permis de prévoir dans le
déroulement de la Conversation, à savoir des petites pauses, pour que, si
besoin est, on se calme en écoutant le texte de grands écrivains de la
littérature française, espagnole, allemande — je n’en ai fait la sélection
qu’au dernier moment. Et il faudra donc manier ces trois fils pour tisser notre
trame.
Gennie m’a dit avoir préparé un
texte concernant le premier point de la thématique, c’est-à-dire le lien.
Avez-vous envie de le dire maintenant, ou voulez-vous le dire un peu plus tard?
Gennie Lemoine - A
propos des AE, il me semble que ça ne s’impose pas, mais je ferai ce que l’on
veut.
Jacques-Alain
Miller - Nous avons d’abord à terminer la séquence d’hier matin,
et il est également prévu une prise de parole des présidents. Je me permettrai
d’insister auprès des présidents sur le point suivant, c’est qu’ils soient
brefs, puisqu’il s’agit de résumer. Ils sont cinq, et s’ils veulent bien
résumer les débats d’hier en cinq minutes, on peut compter que cela ne prendra
qu’une demi-heure sur la durée de la Conversation. Ils me permettront de ne pas
les aligner à la file, mais de faire appel à eux comme pour une certaine
scansion des débats s’ajoutant à la scansion des textes classiques - puisqu’il
n’y a pas de raison d’y déroger.
Gennie, si vous avez envie de parler
maintenant, vous le pouvez.
Gennie
Lemoine - Sûrement pas.
Jacques-Alain Miller - Alors peut-être puis-je inviter le premier des présidents, par l’ordre d’ancienneté des Ecoles, à nous donner son résumé de cinq minutes, après quoi nous poursuivrons la série des réponses des AE en commençant, comme il était prévu hier, par Florencia Dassen et Pierre-Gilles Guéguen. Donc, Guy Briole, président de l’ECF, pour un résumé de cinq minutes des débats de la salle hier après-midi.
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Guy
Briole - Je vais
essayer d’être assez bref. L’École de la Cause freudienne avait choisi comme
titre de son rapport “ La passe et les destins psychanalytiques du
symptôme ”. Elle avait pris l’option de confier, pour la première fois, la
conception et la réalisation de son rapport à une de ses ACF, l’ACF-Aquitania.
C’est donc le Président de cette Section, qui a coordonné, animé et réalisé le
document, à partir duquel nous avons discuté hier et avec un intérêt toujours
soutenu. Il faut bien dire que le travail des équipes critiques de chaque École
y a été pour beaucoup. Et cette formule nouvelle s’est révélée très pertinente,
tout comme d’ailleurs la participation constante des collègues présents dans la
salle a été importante.
Donc de très nombreuses questions
ont été posées sur la passe, dans ses incidences cliniques, épistémiques et
politiques. La matinée d’hier avec des exposés des AE a été très présente dans
tout notre débat.
Dans la dimension clinique, retenons
trois points de la discussion : le symptôme comme métaphore et le symptôme
comme noeud ; le déplacement pour la fin d’analyse du fantasme au symptôme,
avec même le terme avancé de “ construction du symptôme ” ;
l’identification au symptôme, qui a été le point le plus discuté et pour lequel
Philippe La Sagna a fait valoir le traitement du Un par la lettre.
Dans les aspects épistémiques, plus
que sur le savoir accumulatif, il a surtout été invité à insister sur la
question d’un savoir sur le réel. Et un échange très important a eu lieu sur
“ l’amour du réel ”, qui est une formule qu’avait avancée Virginio
Baïo. Mais sur les textes de Lacan, tout comme d’ailleurs sur les élaborations
des AE, Pierre Naveau a fait valoir qu’il n’était pas possible d’extraire, du
contexte et du travail de ceux qui les avaient produites, un certain nombre de
phrases ou un certain nombre de formules, ce qui amenait à leur donner plutôt
une dimension confuse là où ils exprimaient davantage le tranchant de la
transmission d’un AE.
La dimension politique a été abordée
par chaque équipe critique. Il a été parlé notamment de la passe comme symptôme
de l’École ou des Écoles, de la responsabilité des cartels de la passe dans la
nomination des AE, dans la nomination aussi des membres pour la passe à l’entrée
des Écoles, mais aussi la responsabilité des cartels de la passe dans
l’élaboration de savoir à partir des témoignages qu’ils reçoivent dans les
passes.
Trois points ont été plus clairement
précisés.
Tout d’abord la passe au principe de
la constitution même d’une École. C’est le cas par exemple actuellement de
l’École Brésilienne de Psychanalyse. Antonio Quinet a donc aussi fait valoir
que, en plus des critères cliniques, des critères politiques étaient importants
dans la passe, en soulignant que celle-ci n’était pas à l’abri de la politique
institutionnelle. En effet, cette dimension politique de la passe doit être
considérée aussi comme un pari, un pari fait à partir de la passe pour l’entrée
au un par un dans une Ecole. Et d’ailleurs il faut bien dire qu’un accord s’est
fait sur ce point.
Le deuxième point qui a été
particulièrement discuté, c’est celui du gradus et de la hiérarchie. Cette
question a été soulevée particulièrement à partir d’une intervention de Luis
Izcovich, et d’une controverse donnée par Marie-Hélène Brousse. Luis Izcovich
avait entendu que Hilario Cid déduisait le trait clinique à partir du trait
politique. D’autres avaient entendu le contraire, donc que Hilario Cid
déduisait le trait politique du trait clinique, et que c’était ça l’orientation
de son exposé. Ainsi, Marie-Hélène Brousse a particulièrement fait valoir cette
disjonction entre la position hiérarchique et la nomination par les cartels de
la passe. Elle a également souligné que, comme dans l’exposé de Hilario Cid, ce
qui était en question comme moment politique dans les passes, était surtout à
prendre comme moment particulier de la cure de chacun, dans sa singularité.
Enfin, un troisième point a été
débattu à partir de la question de l’extime, de son importance pour la nomination
des AE dans les différentes Écoles : comment ces extimes étaient désignés,
comment fonctionnaient-ils? Mais peut-être laisserai-je le soin à Luis Erneta,
s’il est là et s’il le veut bien, de développer ce point, car sa contribution
dans notre discussion a été tout à fait importante, notamment dans son
témoignage comme le plus-un de l’un des cartels de la passe de l’EOL.
Jacques-Alain
Miller - Luis Erneta n’est pas encore arrivé.
Guy Briole
- Je pourrais dire trois points au moins de son exposé, il les précisera
peut-être tout à l’heure : la contingence de la désignation, l’impératif que
l’extime soit extérieur à l’École dans laquelle cet extime intervient auprès
des cartels de la passe, et enfin, la relation de confiance entre les Écoles
qui est au principe même de l’extime.
Jacques-Alain Miller - Merci, Guy Briole, de ce résumé et de sa concision. Je rappelle aux quatre autres présidents que j’aimerais également pouvoir les féliciter après leur résumé pour leur concision. Nous poursuivons avec les réponses des AE aux réponses qui leur ont été adressées individuellement, et je rappelle qu’il y a une grande question à laquelle ils voudront bien répondre ensuite rapidement, sur les rapports de la passe et de la politique, et de la passe et de l’enseignement. Je donne la parole à Florencia Dassen puis à Pierre-Gilles Guéguen pour répondre aux questions qui leur ont été adressées personnellement hier.
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III. -
Réponses de Florencia Dassen
Florencia
Dassen - Hay dos preguntas, una de Pierre Naveau y otra de
Sagrario García que se refieren directamente a puntos de mi testimonio. La de
Pierre Naveau es una pregunta que dice: “¿Qué es lo que ha hecho que usted haya
cesado de estar ciega, una interpretación del analista, su experiencia ha sido
de golpe o ha sido progresivo?”
Bien.
El punto clave del análisis donde se inscribe el sexo de la posición de
enceguecida fue un momento de realización del fantasma que se inscribe como una
forma de pasaje al acto, momento de bisagra en el análisis, que permite
colocarlo, el fin de la elaboración de un duelo Y en esa prisa de la pulsión,
del pasaje al acto, hay entonces ahí una dimensión de lo que es de golpe,
fulgurante. Lo que no lo es, es decir que implica lo que se agudiza como
progresivo, es la elaboración de saber, que sigue como la lógica del resto de
su pasaje al acto, como localización lógica del real que emerge de allí. Es en
este sentido que hay algo tanto del matiz de lo de la prisa como de una
elaboración de saber que no tenga prisa.
La
pregunta de Sagrario García es, si he entendido bien, si la separación del
analista se produce en el pase. Sí, efectivamente, yo inscribo el momento del
pase como diferente del análisis, diferente a la salida efectiva de la
transferencia, y la conclusión del análisis como separación auténtica de la
presencia del analista se produce en el pase. Aquí lo importante, como distinto
del caso anterior, de la salida efectiva de la transferencia, es que el pase es
el primer espacio para mí, donde se pone en acto la posibilidad de comenzar a
alojar en el Otro el resto de imposible al que llegué por el análisis. En ese
momento aún no había un saber hacer con ese imposible con el Otro, sino más
bien en una posición de disyunción, de ampliación de ciertas cotas de
separación drástica del Otro y no poder alojar suficientemente su inconsciente
en el Otro. Esto es descripto como primer momento en relación al Otro de la
Escuela en el dispositivo del pase.
Hay
una pregunta anónima, pero muy importante, porque se inscribe en uno de los
ejes fundamentales en los que estamos discutiendo actualmente la vida social y
la de la AMP. Es una pregunta que dice así: “¿Cómo una comunidad analítica
puede orientarse a partir de una asociación infinita de palabras de excepción
suplementarias, aquello a lo que conduce la experiencia del pase? ¿Cómo
articular estas palabras de excepción con una política que sea política de
conjunto?” Bien. Aquí lo que podría diferenciar es justamente una política de
conjunto que se funde en el conjunto como conjunto cerrado, que se funda en el
elemento que excluye el conjunto, de una política que se funde en la lógica de
las leyes, no por lo tanto en el conjunto como un todo cerrado sino como
imposible de cerrar. Allí, entonces, se produce una tensión bien diversa de la
que se produce en la lógica del conjunto como todo, en tanto allí el Uno de la
serie sería el Uno que en rigor soportaría que cada vez se agreguen nuevas
excepciones y cuya relación a la comunidad como idea de conjunto implica una
política institucional que está en relación a un real que no puede no
compartirse, que es el real mismo que se deduce de la teorización de Lacan y
Freud del psicoanálisis, del real del inconsciente. Bien, esto es para seguir
conversando, pues es una pregunta muy importante.
Ahora una pregunta de Gabriel
Lombardi. La voy a leer: “¿Que puede decir en tanto AE que ha atravesado la
experiencia del pase, de la función de la doctrina psicoanalítica como marco
paradigmático (fantasma) donde se inscribe su testimonio? ¿No resulta de ahí
una limitación fuerte para la invención de un saber lateral que conmueva,
sacuda, transforme esta teoría?”. Bien. Por un lado la pregunta dice “nuestra
teoría”. Efectivamente es el punto más importante para poder tener una relación
de reformulación, de conmoción, de sacudida, de transformar una relación, de
transformación, de reformulación de la teoría que permita que tengamos un marco
común, por eso nuestra teoría es la condición de mínima para poder revisar esa
transformación. Esa transformación nunca se puede hacer de cero, de invención
en relación a la teoría sino de reinvención a partir siempre de un resto aún en
una serie de genealogías particulares en las que cada uno inscriba sus
transferencia de trabajo. Pero por otro lado la pregunta inscribe un límite. El
que la teoría misma, en tanto fantasma, se produce como límite a esa
transformación.
Por último las preguntas que están
formuladas a toda la mesa se refieren a la responsabilidad política del AE a la
articulación de la enseñanza y el testimonio a la clínica, ciencia y política.
A mí me parece que de la intervención de Jacques-Alain Miller en el Colegio del
Pase en la Escuela de la Causa se desprende la importancia de tratar como nudo
la clínica, la ciencia y la política y no únicamente quedarse en el par de la
clínica versus la política. Se produce, me parece, a veces, una desviación
entre lo que tiene de más apolítico el testimonio de cada AE como aquello que
tiene que ver con su resto de goce, que no se presta a poder ser fácilmente
alojado en el Otro de la pluralidad de los analistas como dimensión política, y
a su vez queda separadamente del sesgo de la política únicamente reducida
entonces a, simplemente, el agrupamiento del conjunto de los analistas,
degradada, por lo tanto, no en una política como política del psicoanálisis,
referida a un real del psicoanálisis, sino simplemente como formas diversas de
poner en juego acciones de finalidades política que se refieran a intereses
particulares. Aquí lo importante, por lo tanto, es entender que el punto que se
refiere a la ciencia es el único punto de toque de lo real que hace que
justamente tanto en la clínica como en la política refieran a ese real que los
anuda. Por lo tanto el real, incurable de cada AE se traduce como causa de una
transmisión en el seno de la Escuela, en la pluralidad de los analistas pero no
separadamente una cosa de la otra, porque si no, queda reducida la clínica
únicamente arrojada a una lógica intimista de lo privado, y la política
únicamente a una dimensión de lo público y no de una política del síntoma como
política del psicoanálisis. La responsabilidad política del AE es la de hacer
Escuela. Cualquier forma de uso del síntoma que hace cada AE, que atente contra
la Escuela, -y eso además hay que constatarlo, porque puede haber falsas
evidencias allí-, no es, por lo tanto, en tanto Analista de la Escuela, está
haciendo uso de esa nominación, y fundamentalmente creo que allí lo que hay que
localizar es que el Analista de la Escuela tiene como función la hiperrelación
de lo que se presente contingentemente ante cada acontecimiento en la realidad
de su vida asociativa que le concierna y localice este real en juego en función
de la transferencia, para reabrir la transferencia en lo que esta tiene de
función de saber y de deseo. Cualquier forma de síntoma del AE que más bien
vuelva caduco el deseo, para mí, entonces, allí no es en tanto AE que está
ejerciendo su responsabilidad política.
Jacques-Alain Miller - Merci à Florencia Dassen. Avant de donner la parole à Pierre-Gilles Guéguen, je demande aux AE de tenir compte du fait que leurs réponses ne sont qu’une partie seulement du programme de la journée. Je sais que Pierre-Gilles Guéguen a reçu beaucoup de questions.
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IV. -
Réponses de Pierre-Gilles Guéguen
Pierre-Gilles
Guéguen - De German
Garcia : A partir de Wittgenstein, il pose trois questions : premièrement “ Que
fait-on quand on dit ? ”, deuxièmement “ Quelles sont les
conditions de vérité d’une proposition ? ”, troisièmement : “ Comment
le langage fait-il médiation entre des états mentaux et des choses du
monde? ”.
On reconnaît là le style de German
Garcia, qui nous fait partir à un très haut niveau. Mais je pense que cette
question est très bien venue comme point de départ puisque ça permet sans doute
de distinguer deux positions : la position du psychotique dans le monde,
celle qui au fond s’appuie sur des règles qui tentent de constituer le monde et
de tisser sur lui une toile signifiante qui permet de lui donner une dimension
stable, et d’opposer, cette tentative à celle du névrosé qui entre dans le
processus de l’analyse, avec la possibilité d’effectuer une réduction. Cette
opération porte sur la jouissance qui envahit tous les domaines de son monde,
pour l’amener à un point central qui sera le point de passe. Dans cette opération
on peut effectivement dire qu’il ne s’agit pas de décrire le monde, mais plutôt
de réduire la jouissance à un point précis, à partir duquel peut se faire la
passe de l’analysant.
German Garcia prend les choses par
le problème central: celui de la fonction du langage dans la psychanalyse. A
partir du moment où nous parlons avec Lacan du sens-joui, le langage lui-même,
qui apparaissait dans un premier temps comme le Symbolique pur, avec son effet
mortifiant sur la jouissance, se trouve, lui aussi, infiltré de jouissance. Et
donc la sortie de l’analyse ne peut plus se faire simplement par le pointage de
ce qu’est pour un sujet la fonction du père comme corrélative de la nomination,
mais nécessite aussi qu’un acte, au-delà du père, puisse avoir lieu pour toucher
le sens-joui qui s’est infiltré dans l’expérience même de la cure. Et c’est de
cela qu’il s’agit précisément de pouvoir se déprendre, me semble-t-il, à la fin
d’une analyse afin de pouvoir passer au-delà du père.
Une question de Claudine Bonjour soulève
ce thème : “ Le symptôme moins le fantasme = le sinthome ; et le
sinthome = se passer du père à condition de s’en servir. Etes-vous d’accord
avec ces équivalences ou ces déductions? ”.
Je suis d’accord, je vais essayer de
le montrer. Je voudrais simplement ajouter une chose : se passer du père à
condition de s’en servir c’est aussi d’abord s’en servir pour pouvoir s’en
passer. Je ne pense pas qu’il y ait une analyse qui puisse se faire en se
passant du traitement de la question paternelle, c’est pourquoi Lacan avait
dans un premier temps centré le point d’Archimède de la psychanalyse autour du
Nom-du-Père, et c’est pourquoi aussi il va essayer de diffracter ce nom et
introduire d’autres considérations autour de cette question.
Il me semble qu’au fond, pour
répondre peut-être déjà par avance à une question que m’a posée Philippe La
Sagna sur laquelle je reviendrai, ce qui reste à la fin d’une analyse c’est
effectivement quelque chose qu’on pourrait qualifier de S1, d’Un,
mais aussi un noyau de jouissance soit quelque chose qui tient au symbolique,
c’est S1 chu sous la barre, mais aussi petit a, c’est-à-dire
un point où s’intensifie à la fois un noyau de jouissance où s’ombilique le
cœur du symbolique. C’est ainsi que je me représente ce que Lacan a désigné
dans les années 70 comme la Lettre. Evidemment c’est tout à fait essentiel de
pouvoir cerner ce point-là, ce point auquel se réduit finalement la jouissance
de l’analysant et où se trouve son nom de jouissance.
C’est un point qui concentre
beaucoup de choses, et où se rassemblent éventuellement tout l’amour et toute
la haine possibles, un point qui effectivement correspond au premier et au
dernier mot du discours, et où Lacan situe l’insulte. Il ne faut pas reculer devant
ça. Si on fait de la psychanalyse on parle de choses terribles, on parle de la
mort, du sexe, de la violence. Et je crois qu’il ne faut pas s’effaroucher
devant cette dimension qui est peut-être de nos jours préservée seulement dans
la psychanalyse : la dimension du tragique de la destinée humaine.
Question de Kathy Langelez : “ Pourriez-vous
développer ce que vous avez avancé à propos de l’éthique de l’analyse, qui
après l’au-delà du père peut être soutenu par l’analysant et l’analyste? Il y
aurait donc un moment de bascule dans une cure où la position de l’analyste
change, c’est-à-dire il ne serait plus seul à avoir en charge la direction de
la cure mais où celle-ci serait aussi en partie à la charge de
l’analysant. ” Il y a plusieurs questions en une/ Je pense qu’à partir
du moment où l’au-delà de l’Oedipe se profile dans la cure, la responsabilité
qui était d’abord unilatéralisée dans l’Autre devient aussi celle de
l’analysant. Je pense qu’effectivement l’analysant, au fur et à mesure que sa
cure se déroule, devient responsable de son orientation éthique, sur laquelle
l’analyste ne peut plus forcément intervenir. Si nous disons “ l’Autre
n’existe pas ”, il nous faut considérer également qu’il doit y avoir à la
fin d’une cure, un point de rebroussement. Geneviève Morel en parlait hier,
elle parlait de la responsabilité singulière de chacun quand il est devenu AE.
Eh bien! cette responsabilité singulière commence au fur et à mesure que le
lien à l’Autre se défait dans la cure , au fur et à mesure où que se dévoile
que l’Autre n’existe pas.
La question de Marie-Odile Wartel
touche aussi à ce point, elle parle du père mort, du père qui n’existe
pas : le père idéal, comme moi en tout cas j’ai pu l’appréhender dans la
cure avec cette exigence d’un père qui soit un père médecin, un père
guérisseur, c’est aussi une manière de figer la demande adressée au père, une
façon d’en faire un père mort. Le père qui n’existe pas, l’Autre qui n’existe
pas, demande bien autre chose. A partir du moment où l’Autre n’existe pas
s’introduit une dimension politique dans la cure, parce qu’en effet le sujet
doit faire des paris : il doit faire des paris sur l’endroit du monde où il
peut trouver, du point de vue épistémique, ce qu’est la psychanalyse, dans
notre monde ,aujourd’hui. Et là je dis que c’est un virage politique parce que,
à mon sens, c’est l’épistémique qui de ce point de vue dirige le politique. Une
cure, c’est ça, c’est trouver le relais dans le monde où la politique de la
psychanalyse sera le plus proche possible de sa dimension, que Lacan à la suite
de Freud a tant rêvée comme scientifique, et qui en effet sans être
scientifique, est de l’ordre de l’épistémique, du transmissible. Et donc
d’emblée, dans la cure, dès la fin de la cure, la dimension épistémique, la dimension
clinique et la dimension politique, sont absolument nouées. Et c’est pourquoi
je pense, je souhaite en tout cas, qu’il n’y ait pas plusieurs psychanalyses,
je crois qu’il n’y en a qu’une, et que donc nous sommes tous convoqués à
essayer de la faire exister mais aussi à tenter de repérer ceux qui, dans ce
domaine, sont peut-être les plus avancés pour qu’ils nous ouvrent la voie et
nous permettent de les suivre.
Guy Trobas me pose une question : “ Vers
la fin de ton témoignage, tu as, il me semble, mis en jeu l’articulation entre
le dégagement de la pulsion et l’exigence de savoir chez le sujet en question.
Peux-tu en dire un peu plus sur cette articulation plutôt cruciale et
particulière à chacun en fin de cure? ”.
Je veux bien essayer d’en dire un peu plus : Il m’a fallu
consentir au fait qu’il y avait une fixation de jouissance, à laquelle je ne
trouverais jamais de raison. Pourquoi ne trouve-t-on jamais une raison
dernière? Cela veut dire que le savoir ne dit pas tout. Et là effectivement, là
où le savoir ne dit pas tout, ce qui prend le relais, peut se désigner de
différentes manières. On peut dire “ C’est la pulsion ”, je l’ai dit
comme ça. Michael Turnheim, dans un article qu’a cité Anne Dunand, qui a été
publié dans la dernière Lettre Mensuelle, - je peux le citer parce que
c’est un article qui est fait avec tellement de précision, de tact, mais qui ne
laisse pas de doute sur ce dont il s’agit, étant donné les coordonnées de sa
parution -, donc c’est un article qui concerne deux rêves que j’avais faits, il
les analyse avec une précision remarquable pour montrer comment à un moment, il
peut déduire du texte du rêve, point où le savoir ne répond plus, quelque chose
que lui qualifie “ d’impossible à dire ” ; c’est là ce que j’ai
essayé de nommer en utilisant le terme freudien de pulsion.
Une question de Jean-Louis Gault,
qui est une prise de position aussi, donc je lui laisse la part de sa prise de
position et je prendrai la mienne, sa question porte sur : croire au père
mort, croire au père jouisseur, croire à la guérison sont, au-delà des
incidences cliniques des incidences véritablement politiques. Je crois y
avoir déjà un peu répondu, on y répondra encore davantage encore dans la suite.
Une question aussi de Philippe La
Sagna sur l’exception. J’ai parlé en effet d’exclu et je l’ai opposé à
l’exception. L’exclu est celui qui est seul contre tous, il y a l’ensemble et
puis il y a celui qui irait tout seul. L’exception quand on parle des AE, est
un terme à prendre avec précaution. Je pense que si l’AE est effectivement
singulier, s’il peut avoir ou s’il lui est offert de prendre une parole qui
soit une parole singulière, c’est au sens de celui qui est à la fois hors de
l’ensemble et qui est aussi un des éléments de l’ensemble. Ce n’est pas du tout
une exception du même ordre que celle de l’exclu dont j’avais parlé dans mon
témoignage.
Une question d’Alain Merlet, il
m’excusera de ne pas y répondre immédiatement.
Je voudrais pour terminer évoquer un
commentaire de Lilia Mahjoub, que j’ai trouvé extrêmement précis. Elle dit
qu’elle a apprécié mon exposé, je l’en remercie beaucoup. Elle y souligne
quatre points : l’exigence de la guérison, soit le symptôme comme demande ; le
rêve, soit l’inconscient interprète selon la formule de Jacques-Alain Miller ;
l’acting out, soit le défaut, le manque de l’interprétation ; l’acte, soit
l’être exclu décide de sa jouissance pulsionnelle, ou encore possible, ou
encore le mariage impossible de l’être avec l’objet. Je souscris à sa
lecture ;
Enfin, je me suis demandé si
j’allais évoquer ce petit papier, il me touche profondément. Je vais quand même
le lire, parce qu’au fond il a été écrit pour arriver à cette tribune : “ Vous
avez fait la démonstration en acte de l’authenticité de votre passe et de votre
analyse. La rigueur de votre exposé fait preuve. Vous m’avez touché. ”
C’est signé Guy Clastres. Et je dois dire, je suis très ému, Il y a une chose à
laquelle je tiens beaucoup, c’est qu’on me témoigne que ce que j’ai dit a pu
être vivant.
Jacques-Alain
Miller - Merci, Pierre-Gilles Guéguen. Voilà, en une heure, nous
avons pu entendre un président et deux AE. Je propose que dans la trame
complexe que constitue cette Conversation nous passions maintenant à la
Conversation proprement dite. Nous reviendrons ensuite aux présidents, puis aux
AE un peu plus tard, en commençant par Marie-Annick Gobert et Anibal Leserre.
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La Grande Conversation de Barcelone
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Jacques-Alain
Miller - La Conversation n’a pas vraiment de programme. C’est la
liberté de parole, la liberté d’expression - entre guillemets.
Je mets des guillemets à liberté d’expression d’abord parce que
c’est une expression qui ne plaît pas à beaucoup, et qui en effet n’est pas née
dans notre discours, n’est pas prise dans nos coordonnées. La liberté n’est pas
une fonction que nous situons dans notre champ. Mais je ne mets pas des
guillemets à liberté d’expression parce que je suis contre la liberté
d’expression. Je suis pour! Et je suis pour, disons - c’est la formule que
j’avais trouvée, à l’emporte-pièce -, pour augmenter la puissance de parler et
de communiquer de chacun des membres de l’Association dont je suis actuellement
le délégué général. La Conversation, celle-ci comme toutes celles qui ont eu
lieu, est l’exercice en acte de cette puissance, pour le meilleur et pour le
pire. Et donc, la parole est libre. On a chacun à tenir compte que d’autres
souhaitent également s’exprimer, et donc à se modérer. Je le dis pour moi-même
aussi, et j’ai Gennie pour me modérer, et Lucia, et Vicente. Voilà.
Alors, il faut maintenant lancer un
petit peu la Conversation.
Quelles thématiques avais-je décidées pour cette Conversation où
tout peut se dire? J’avais pris comme référence la matrice du discours chez
Lacan : S1, S2, $, petit a, et il me
semblait que pouvaient trouver à s’y loger, sans trop d’artifice, les questions
qui agitent aujourd’hui certains secteurs de l’AMP, et de proche en proche
l’ensemble de l’AMP. J’ai ajouté d’ailleurs un cinquième terme, qui était le
lien lui-même.
J’avais pensé que ce qui trouverait
à se dans “ le lien ”,
c’était ce qui a peut-être été le point de départ, au moins le plus apparent,
de la récente série, si je puis dire : à savoir, la fameuse querelle des
jumelages. Et je me suis réjoui à penser que nous trouverions dans la même
salle Antonio Quinet, Marie-Jean Sauret, François Leguil, Guy Briole, et que,
après les avoir lus polémiquant, nous les verrions sur la scène échanger,
converser, après d’ailleurs que la question des jumelages s’est, me semble-t-il,
apaisée, tout en rebondissant ailleurs sous des formes saisissantes. Et
puisqu’ils ont été les acteurs de cette question des jumelages, je les préviens
que tout à l’heure, c’est-à-dire dans cinq minutes, quand Gennie aura parlé, je
les appellerai sur la scène : Antonio Quinet, Marie-Jean Sauret, Guy Briole et
François Leguil, ceux d’entre eux qui voudront bien.
Gennie m’a dit qu’elle avait préparé
quelque chose qui concernait le lien, et pour lancer l’affaire je vais lui
donner la parole.
Je signale que, étant donné le nombre que nous sommes, c’est-à-dire d’après les chiffres qu’on m’a passés, mille cent, il n’est pas tout à fait possible de faire circuler les micros dans la salle, vous le comprenez bien. Donc, ce qu’il y a, ce sont des micros qui sont fixés sur des pieds - il y en a ici un, deux, trois, un quatrième un peu en retrait. Donc, quand vous voulez prendre la parole pour la Conversation, vous venez vous placer derrière un de ces micros, debout, et vous formez même éventuellement derrière le micro une petite file de deux ou trois personnes, afin que la parole soit plus libre. Quand il y a une assistance aussi nombreuse, c’est la seule méthode qui existe pour participer. Donc, anticipez un peu votre désir de parler en venant vous placer derrière le micro.
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Gennie
Lemoine - Je vous remercie beaucoup, Jacques-Alain, d’avoir accepté
de me placer selon mes souhaits pour ce que j’avais à dire sur le lien. Je
crois qu’il est important aujourd’hui de parler du lien, puisqu’il est un peu
en débat, mis en question.
Ce lien c’est le lien qui fait qu’il
y a une communauté de psychanalyse. Il n’y a pas que des communautés
religieuses, il y a des communautés laïques. Donc nous sommes ici une
communauté unie par un lien.
Qu’est-ce que c’est que ce lien?
L’autre jour, Jacques-Alain Miller a
dit que pour qu’il y ait présence il faut qu’il y ait des corps. Je suis tout à
fait du même avis. Certes, il faut qu’il y ait des corps, et même qu’il y en
ait plusieurs. Il faut du corps pour qu’il y ait de l’un, donc il faut qu’il y
en ait plusieurs pour que chacun trouve son autre dans le voisin. Voilà, nous
avons tout ce qu’il faut. Nous sommes plusieurs, nous sommes même très
nombreux. Et donc nous avons un lien qui nous unit.
Il faut s’entendre sur ce terme
d’unir, qui me paraît très mauvais, parce qu’il ne s’agit pas de faire l’Un,
mais c’est ce qui permet à chacun de faire lien social avec l’autre. Il y a
déjà tout dans les quatre discours bien sûr, mais pour commencer, pour débrouiller
un peu la question, je crois que je vais essayer de débrouiller ces notes très
mal écrites.
Il faudrait distinguer combien de
sortes de liens il y a en discussion.
Il y a d’abord lien naturel. C’est
très primaire ce que je vais dire, spontané, affectif. C’est ce lien qui
conduit par exemple, c’est mon avis, au jumelage entre le Brésil et
l’ACF-Midi-Pyrénées, pour dire les choses comme elles sont. Mais il y en a eu
d’autres, spontanés, affectifs, de parenté presque.
Ensuite il y a les liens
institutionnels, qui sont faits de ce qu’on peut appeler une hiérarchie, une
hiérarchie qui est en [?bise-bille?] avec le gradus, mais tout de même il y a
des gens qui gouvernent, des gens qui reçoivent des instructions. En font
partie par exemple les instances administratives, la permutation, les
nominations, etc.
Et puis il y a le lien
communautaire, qui s’enracine dans le désir, le transfert. Et finalement celui
qui se noue dans l’analyse, la passe, ce qu’on appelle le contrôle et que
j’appelle dialyse - pour ne pas dire contrôle, mais parce que je crois aussi
que c’est plus propre [rires]. Donc, le lien analytique.
N’ont pas manqué des incidents
démontrant qu’une nomination ou une non-nomination à la passe posaient des
problèmes de fonctionnement, d’une part, c’est-à-dire institutionnels, outre
les problèmes que posent les liens naturels - couple de soeurs par exemple dans
une même institution, intrusions affectives de tout genre.
Pourtant, si l’application de la
règle de la permutation peut se défendre, politiquement elle est correcte, il
est certain que la venue perpétuelle de nouvelles personnes peut troubler le
fonctionnement de l’institution. Donc il peut y avoir un effet de l’autorité de
certains pour choisir une personne plutôt qu’une autre, alors cela fait
beaucoup de difficultés. Il faudrait pouvoir en discuter.
On peut se demander où commence la
liberté et où finit la distorsion. Là aussi il y a toujours les mêmes personnes
qui contestent la distorsion. Mieux vaut tout de même de risquer la distorsion,
si sont mises en question les revues par exemple, si sont mis en question les
Séminaires, il vaut mieux la distorsion pour éviter l’appauvrissement de la
pensée, parce qu’on peut toujours parler après une distorsion. Mais s’il y a
appauvrissement de la pensée, on ne peut plus parler. Là je rejoins ce que
vient de dire Pierre-Gilles Guéguen sur l’importance du langage et de la
parole.
En ce qui concerne les revues, si
les responsables signent et gardent l’entière responsabilité de leurs écrits, tout
le risque est pour eux. Ce n’était pas le cas de certaines revues de l’École
Freudienne de Paris, par exemple Scilicet, tout le monde ne signait pas.
Lacan a expliqué pourquoi il signait. Je sais qu’il y a eu des problèmes dans
certaines revues. S’il y a un problème juridique, qu’est-ce qu’il va se passer?
Voyez, nous sommes vraiment là au ras du fonctionnement de l’École.
En ce qui concerne les séminaires,
surtout s’ils sont faits à l’étranger, la directrice du Champ freudien doit
savoir si c’est une initiative privée. Est-ce qu’on peut se réclamer d’une
institution pour obtenir une activité ailleurs?
Nous constatons dans ces exemples
que le lien de fonctionnement, la permutation embraye son moteur sur la
malencontre de l’initiative et de la responsabilité. Cela, du moins, nous
pouvons l’établir, n’est-ce pas? Cela n’a rien d’étonnant, mais encore faut-il
prévoir un accommodement sans concession, c’est-à-dire juste. Voilà cet espace
qui va à l’encontre de l’initiative et de la responsabilité dans notre Ecole.
La classification tripartite posée
au début, lien affectif, lien institutionnel et lien social, ne tient pas bien
longtemps, mais cela nous a permis tout simplement de démarrer.
J’en viendrai donc à poser les
problèmes du lien en m’efforçant d’abord de dire ce qu’il en est du lien
social, parce que c’est le seul essentiel qui fait tenir ensemble les membres
et même les non-membres d’une institution analytique.
Il est clair que le lien
fondamental, qui est le lien social en puissance, c’est le désir qui le crée.
Le désir, comme le dit très justement Carlo Vigano, c’est le style qui garantit
qu’il ne soit pas soumis à la jouissance de l’Autre par vouloir
d’identification. Il ne sollicite pas d’identification. Ainsi le style permet à
chacun d’exprimer son désir sur un mode de semblant particulier, mais qui reste
du semblant bien évidemment. Le désir n’apparaît peut-être, peut-on dire alors
avec Pierre Bruno, qu’avec discrétion. En effet. Il apparaît quand même.
Mais pour Pierre Bruno, la
dialectique permet que le désir consente à la discrétion. Moi je n’en suis pas
très sûre. Et puis pourquoi invoquer la dialectique, si cette dialectique n’est
autre que le jeu du tiers, notre tiers propre à la doctrine psychanalytique
lacanienne plus propre à rendre compte de ce qu’est ce troisième? C’est un en
plus, et puis c’est ça qui cause la différence. Je ne sais pas si Hegel nous
aide beaucoup. Pourquoi ne pas partir de notre expérience seulement? En outre
le mot de dialectique nous est donné comme le drapeau d’une théorie
philosophique, et je trouve toujours dangereux de s’y référer et aussi de s’en
autoriser. Oui, voilà, c’est parce que ma fille est philosophe, me dit en douce
Jacques-Alain [rires], mais je ne le suis pas.
Dans notre théorie se tient le semblant
en effet, ce petit autre, ce petit a, dont il convient d’être dupe,
puisqu’il n’y a pas de surgissement du désir sans sa cause matérielle, qui est
précisément petit a. Ainsi le discours appelé à sustenter notre Ecole et
à produire ce lien social propre à notre société analytique sera-t-il le
discours de l’analyste, en ce que celui-ci favorise le surgissement du désir en
mettant petit a en place d’agent tout simplement. Cela ne fait pas une
association très calme ni très facile. Je n’ai jamais dit que c’était facile de
vivre dans une communauté analytique. Première nouvelle, n’est-ce pas
Jacques-Alain? [rires]
Malgré tout, ce ne sont pas les
bonnes raisons des causes et des vérités objectives, telles qu’elles se sont
déployées ces derniers temps, qui détermineront le lien associatif. C’est le
seul désir de l’Autre.
Voilà je suis tout à fait opposé
pour cette raison, je trouve qu’on a trop parlé, en particulier sur cette
satanée machine qui est Internet, qui a favorisé en effet les délires
particuliers. Parce que comme on ne peut pas tout dire et comme rien n’est
vraiment rationnel, à cause de petit a, eh bien! ce n’est la peine de le
prétendre et de prétendre que l’un a raison et l’autre tort. [Applaudissements]
Alors, ce désir, quand il est à
l’oeuvre dans la cure, produit le transfert.
Jacques-Alain
Miller - Il y a une discipline qu’on s’était imposé à Paris dans
les Conversations, qui était de ne pas applaudir. Nous sommes en effet, ou nous
ne demandons qu’à devenir un groupe, avec des phénomènes de groupe. Nous
essayons au contraire de maintenir une Conversation où chacun parle un par un
pour son compte, et si l’on pouvait éviter les phénomènes de massification que
sont précisément les applaudissements par exemple, ou les sifflets - c’est plus
difficile à faire, on sait moins bien siffler qu’avant -, si l’on pouvait
éviter cette massification ce serait vraiment très allégeant, alors que nous
sommes, comme je l’ai dit, mille cent dans cette salle.
Gennie
Lemoine - Ce désir dont je parle, quand il est à l’oeuvre dans la
cure, produit le transfert, qui est de l’amour. Et voici le lien social propre
à notre société, ainsi défini par l’amour. Je le disais à Colette Soler, un
jour qu’elle parlait de la ségrégation. Ce lien ne simplifie pas notre vie.
Alors pouvons-nous établir une
politique du transfert? Ce n’est pas tout simple. Il n’est évidemment pas
question que l’analyste cède au transport amoureux de l’analysant, qu’il se
serve du transfert politiquement, l’analyse s’en trouverait irrémédiablement compromise.
Alors, qu’est-ce qu’il faut faire?
Certes l’analyste, en fin de cure, aime l’analysant, de cet amour nouveau que
Lacan a défini, mais justement cet amour-là qui est fait du désir sans objet,
il doit continuer à prévaloir mais il n’a plus la caractéristique de favoriser
quelqu’un.
Alors, qu’a voulu dire Lacan quand
il a dit “ Que ceux qui m’aiment encore veulent bien poursuivre ”? Je
n’aime pas beaucoup interpréter Lacan, surtout comme ça publiquement mais après
tout je vais dire ce que moi j’en ai entendu. Je crois que je l’ai dit un peu
hier, j’y ai entendu ce que j’entends dire souvent du transfert sur Lacan,
c’est que c’est un transfert sur son texte. C’est-à-dire, quand on a lu Lacan -
c’est mon cas en tout cas, avant de le rencontrer -, quand on lit deux lignes
de Lacan, on sait qu’on peut faire fond sur tout le texte lacanien, il suffit
d’en lire deux ou trois lignes, ça marche tout le temps. Et beaucoup de
personnes ont un transfert sur le texte de Lacan et non sur sa personne. Ce
n’est pas la même chose. Ce transfert sur le texte, ainsi interprété, fait que
tout son livre peut être considéré comme une contribution particulière à ce que
Jabès, cet écrivain égyptien, a désigné le Livre, c’est-à-dire le livre de
l’humanité, un livre qui se fait tout le temps. C’est-à-dire qu’on met le pied
sur un terrain que l’on construit, et cela justifie le bien dire que Lacan a
posé comme fin du travail analytique, et comme ce qui justifie cette fin qui
permet le bénéfice que la personne qui termine et fait sa passe, par exemple,
parle et écrive, donc elle produit de nouveau le transfert à la mesure de
chacun et selon la particularité de chacun. Ainsi le transfert sur le texte
n’est pas le transfert sur la personne, et il permet de supposer que le livre a
un auteur. Je continue à penser que ce n’est pas le transfert amoureux qui fait
une demande à cet auteur pour sa propre personne, c’était le cas d’Alcibiade et
de Socrate.
Je crois qu’on peut en conclure que
le transfert est ce que le lecteur éprouve avec la rencontre d’un texte dont
l’auteur est supposé. Et le lien social qui se noue à cette occasion est celui
du discours de l’analyste, quand le désir de savoir, qui soutenait la passion
de l’analysant lecteur du livre lacanien, cède en même temps que chute l’objet
du désir, l’analyste qui détient la théorie lacanienne, qui était l’objet du
désir. Ce que l’analysant a à dire, mais qui reste lié à l’enseignement de
l’oeuvre entre autres.
Lacan déclare magnifiquement alors,
que rien n’est plus solide que le lien qui fait, en fin d’analyse, [?de vide
séquenté?]. L’objet a chu. Et les réponses des mille à la Lettre de Dissolution
de Lacan suffit à prouver la force de ce dire.
Alors, l’institution tient, parce
que chacun est à sa place et peut dire son mot. De cette place, chaque analyste
parle ou écrit. Il se produit dans la communauté du transfert sur ces dits ou
ces écrits, tout comme sur le texte de Lacan, et chacun à sa mesure, et de moi
bien entendu, et des autres. Mais des dits et des écrits dont l’auteur est
vivant.
Eh bien! l’École ainsi s’étend à
partir de la cure, à la mesure de ce travail d’amour nécessaire pour qu’il y
ait lien social, et un lien social d’autant plus fort que la cure est arrivée à
son terme. La passe s’offre ainsi à qui peut en écrire.
Donc le produit de la cure est bien
un lien social spécifique, celui que produit le discours analytique instauré
dans la cure, et donc dans toutes nos Ecoles. Ce n’est pas l’analysant qui en
est le produit. Je regrette ce terme malencontreux. La politique du transfert
ne saurait consister à exploiter un tel produit. Le produit de la cure c’est le
S1, ce n’est pas une personne.
Il n’y a donc pas lieu de
s’interroger sur les deux autres sortes de liens, distingués au préalable et
qui n’ont été là que pour permettre de prendre un départ. Mais ces autres liens
demeurent forts dans une Ecole analytique. La raison en est simple : jamais un
discours, fût-il analytique, était un acte sans mélange dans la vie d’une
société, fût-elle analytique, mais les quatre discours tournent et sont
toujours mêlés, ils produisent leur lien spécial propre, et il faut l’épurer
constamment.
Il n’y a qu’une éthique, c’est
celle-là. Celle qui consiste à retrouver le désir. C’est la politique du désir,
comme il y a une éthique du désir. Nous voyons là comment politique et éthique
sont liées.
Mais comme les discours sont mêlés, l’institution analytique a besoin d’un minimum de statuts et de règlements, où nous retrouvons nos deux premières sortes de lien, mais au registre d’une simple pratique de l’institution, donc ni politique ni éthique. J’ajoute que dans ce minimum de statuts il est nécessaire de prévoir une instance critique - je la réclame depuis 1981, mais je sais qu’elle est instaurée à l’AMP -, une instance critique qui fonctionne comme le tiers pour éviter les collusions entre les quatre discours. La fonction critique assure un travail de dissolution qui continuait et donc de libération à la mesure de chacun, car Lacan a défini la dissolution comme ce qui contient une solution implicite, à savoir que chacun est libre quand les liens sont dénoués. Et quand les mauvais liens continuent à être noués évidemment tant que les trois ronds sont noués. Si un seul s’en va, par exemple celui qui dit “ Je dissous ”, alors chacun dans l’École est libre de constituer les mille auxquels Lacan a fait appel.
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III. - Antonio
Quinet, Celso Renno Lima, Ricardo Seldes,
François Leguil, Sonia Alberti, Marie-Jean
Sauret,
Guy
Briole, Pierre-Gilles Guéguen
Jacques-Alain
Miller (avancé sur la scène, debout entre la tribune et la salle)
- D’abord une précision.
Jorge Forbes a trouvé un texte littéraire en portugais, mais je lui précise
qu’il faut qu’il le fasse photocopier, qu’il m’en donne un exemplaire, et qu’il
donne quatre exemplaires aux traducteurs le moment venu.
Alors, j’aimerais beaucoup, s’ils le
veulent bien, qu’Antonio Quinet et François Leguil montent sur cette scène. Je
vais dire pourquoi je tiens spécialement à ce que Antonio Quinet vienne. C’est
à cause de Sonia Alberti, qui a été en France récemment, invitée à Toulouse
dans le cadre du jumelage, du fameux, Rio-Toulouse. Nous nous sommes vus à
Paris, nous avons dîné, et nous avons parlé des tirages qu’il y avait. Je lui
ai demandé ce que, à son avis, je pouvais faire, elle m’a dit : “ Mais
Quinet n’attend qu’un signe de vous ”. Alors je lui ai dit : “ Je
n’en suis pas tellement sûr, je crois que je l’inquiète au fond depuis très
longtemps ”. Mais enfin elle a insisté, elle m’a dit : “ Mais pas du
tout, si je suis venue au Champ freudien c’est grâce à Antonio Quinet qui m’a
fait connaître votre Séminaire, et quand je suis venue à Paris c’est lui qui
m’y a conduite ”. Alors je lui ai dit : “ Sonia, écoutez,
demandez-moi quelque chose et je le ferai ”. Alors elle m’a dit : “ Mettez
Quinet à votre droite, une fois, à Barcelone ”. C’est ce que je voudrais
faire : ma droite est là, si Quinet voulait bien venir à ma droite, merci
Antonio.
Antonio
Quinet (devant un micro dans la salle) - Je peux parler d’ici?
Jacques-Alain
Miller - Antonio
Quinet veut parler d’en bas. Est-ce qu’il a le micro ici, s’il vous plaît, au
centre?
Antonio
Quinet - Je vais parler en portugais. Y a-t-il une traduction en
portugais?
Jacques-Alain
Miller - Il y a une traduction pour le portugais, sauf que moi je
n’ai pas d’écouteurs, et je vais essayer de saisir tout sans écouteurs (on
apporte des écouteurs à JAM). Voilà, heureusement qu’il y a Marlène Belilos
qui me sauve d’un malentendu possible, on a autre chose à faire.
Antonio
Quinet - Acho bastante a propósito que a questão da geminação –
Toulouse e Rio de Janeiro – entre no âmbito do laço. Na verdade, os ataques a
essa geminação começaram antes mesmo que ela fosse efetuada, denotando um
pré-julgamento, a nosso ver, surpreendente, porquanto a geminação tinha sido aprovada
e homologada pela AMP. Antes mesmo que eu chegasse a Toulouse para dar início à
geminação, já havia uma crítica escrita, que depois foi repetida na conversação
de Toulouse de que participei, no dia 1o de março desse ano. Nessa
ocasião já se tentou fazer o que eu chamaria de um processo, e que continua
sendo feito, dessa geminação. Os ataques, inclusive os que se seguiram, se
situam, a meu ver, no âmbito dos disfuncionamentos da AMP que vêm acontecendo.
Eu gostaria de comentá-los aqui com
vocês, observando que, na minha opinião, começaram em 1996, exatamente há dois
anos atrás, em Buenos Aires, no mesmo Encontro Internacional em que
Jacques-Alain Miller começou a acusar Colette Soler de plagiá-lo, e que foi
afirmado que a política da AMP é a política do witz.
A própria verdade jamais foi posta
em prática. Em seu lugar viu-se afirmar, de maneira cada vez mais decidida, a
prática dos processos. Processos de grande espetáculo, começados em Arcachon,
com a mesma acusação a Colette Soler, dessa vez em sua presença, e continuando
nas chamadas conversações, onde sempre existiram os processados. Os efeitos
desse método, na verdade são muito mais nocivos que os conflitos que pretende
tratar.
Se a questão é efetivamente encontrar
soluções, outros meios poderiam ser utilizados, como, por exemplo, recorrer às
instâncias responsáveis. Preferiu-se a tática das conversações. As cartas
abertas a Colette Soler, por exemplo, no Brasil, ou as acusações à geminação na
Internet, tinham também a mesma função. Fazer existir o olhar crítico desse
Outro, que é o público, dessa vez anônimo, o público leitor, voyeur na
contenda.
A estrutura de três pessoas,
necessária para o êxito do witz, segundo Freud, é aqui utilizada para o
processo, que pode ser modulado em fofoca, intriga, calúnia, difamação,
injúria, infâmia. Manifestação da pulsão de morte, que só faz degradar os laços
associativos, como nós temos visto acontecer na AMP. Com Freud sabemos que
Tânatos se encontra em toda relação fusionado com Eros. Em caso de um conflito, pode se acentuar Eros, o simbólico,
ou a vertente real da pulsão de morte, que desagrega, desune, dissocia, e cuja
melhor ilustração Freud nos deu com a guerra.
O que vem acontecendo com a AMP, e
também na EBP, chegou a ponto de provocar a saída de membros cujo trabalho
constituía um dos pilares da escola, como foi o caso de Jairo Gerbase. O que eu
havia designado anteriormente como empuxo à rivalidade, revelou-se, a própria
ação de Tânatos, como empuxo à guerra. Ao colocar brasileiros contra
brasileiros, seção contra seção, fazendo apelo a uns a defenderem seu
território, qualificando um outro de estrangeiro, instigando, intrigando,
segregando, etc.. O Delegado Geral mostra sua maneira de entender a escola –
como um exército, que é feito para a guerra. Com conquistas territoriais,
estimulando o ódio entre pares e inventando guerras. Como, por exemplo, a
guerra dos cartéis do passe da ECF e até mesmo o desencadeamento de guerra às
transferências.
O patético da situação é que essa
ação de empuxo à guerra se conjuga com um semblante fazedor de paz. A definição
de escola feita para o combate, que pode ser lida em Tirade, Tirade
que é o texto que se encontra na abertura do nosso novo anuário da AMP. Tirade,
eu lembro para vocês, é a resposta de Jacques-Alain Miller a Marie-Jean Sauret,
e nós podemos nos perguntar o que vem a fazer esse texto na abertura do anuário
da AMP... Definindo a escola, eu cito: "ela é feita para o combate, ela
não tem o menor interesse sem isso".
É isso então que norteia agora a
AMP, a ponto de servir de abertura do nosso anuário? Para que esse combate seja
interno/externo... mas que seja essa a função da escola, é isso então que me
pergunto agora, para iniciar essa conversação sobre o laço que nos une. [Applaudissements]
Jacques-Alain
Miller - Je peux avoir votre texte, Antonio? Je ne peux pas avoir
votre texte. Bon. Je ne peux avoir ce texte. La Conversation, telle que je la
comprends, ne passe pas par des textes écrits, mais pour lancer le débat je
trouve ça très bien. Alors, il y a à la tribune précisément notre unique AE
brésilien, directeur actuel de l’École Brésilienne de Psychanalyse, Celso Renno
Lima, qui est également de la Section du Minas Gerais avec laquelle notre
collègue Antonio Quinet a été en discussion. S’il le veut bien, je lui passe la
parole, évidemment pour improviser. Vous n’avez pas, je suppose, de texte
préparé ?
Celso
Renno Lima - A questão com Antônio Quinet
resumiu-se apenas àquela do seu seminário de Belo Horizonte. Não há, nem nunca
houve, em momento algum, por parte dos mineiros ou cariocas, uma guerra. Quinet
é uma pessoa muito querida entre nós – pelo menos por grande parte de nós,
mineiros – e a sua transmissão sempre foi muito bem-vinda. A questão se resumiu
– pelo menos até onde posso verificar, e para isso é que eu trabalhei todo esse
tempo – na tentativa de acabar de inserir o Seminário de Antônio Quinet na
Seção Minas Gerais. Esse foi o único problema que aconteceu, não houve em
momento algum uma guerra entre mineiros e cariocas. O próprio Jacques-Alain
Miller sugeriu-nos –a nós, mineiros –, em uma comunicação, defendermos o nosso
território.
A questão de que se tratava era que
nós, da seção Minas Gerais, pudéssemos repassar a nossa posição enquanto
escola, uma vez que fazia parte da Seção Minas receber sempre o que foi chamado
de estrangeiros, na verdade, colegas que vinham fazer a transmissão, e nós, de
Minas Gerais, não estávamos assumindo plenamente o lugar da transmissão da
psicanálise em Belo Horizonte. Essa cidade tem a característica de ter vários
grupos de psicanálise, não é uma propriedade da cidade de Belo Horizonte, o
lacanismo se espalha e é preciso que nós, da EBP, tomemos conta do nosso
território no que diz respeito à transmissão. A conversação de Minas apontou
várias saídas e várias vezes nós voltamos a conversar com Antônio Quinet que se
dispôs a chegar a um ponto de acordo para que o seu Seminário pudesse
continuar, uma vez que eu, como diretor da EBP digo que Quinet é muito
bem-vindo à escola de Belo Horizonte.
Jacques-Alain
Miller - Il se trouve que récemment j’ai été amené à désigner
Ricardo Seldes, secrétaire de l’AMP, comme ce que Romildo Do Rego Barros a
appelé un extime, concernant les difficultés internes de la Section Rio.
Ricardo est là au premier rang, s’il le veut bien j’aimerais qu’il apporte un
témoignage à la file - en fait nous n’avons même as eu le temps d’en parler
ensemble depuis son voyage à Rio à ce titre -, s’il veut bien apporter un
témoignage sur les conflits internes de la Section Rio de L’École Brésilienne
de Psychanalyse. C’est donc maintenant un discours en espagnol que nous allons
entendre.
Ricardo
Seldes - En la conversación que hubo en Río, con la presencia de
Jacques-Alain Miller, se produjo un pedido de una búsqueda por parte del
Consejo y del Delegado General de la AMP de encontrar un modo de retomar los
lazos de trabajo que siempre caracterizaron a la Sección Río en relación al
psicoanálisis. Una Sección, que como he podido comprobar, ha sido siempre de
avanzada en la ciudad en lo referente a su relación al psicoanálisis y sin duda
también en el país. A la semana siguiente he vuelto a ir, justamente para tener
una conversación que se produjo en los mejores términos y donde se plantearon
cuestiones que yo entendí esenciales en relación a la historia de la Sección,
con dificultades en la inscripción incluso hasta en la institución legal de los
estatutos, por problemas burocráticos. Pero también se notó que había una
dificultad, más que dificultad, quizás, había lo que se llamaron las paradojas
del pasaje de lo que había sido el grupo que constituían los psicoanalistas
anteriormente, “Corte freudiano”, a la Sección. Pero todo el tiempo se me
mostró el interés fundamental por inscribir, no sólo legalmente, sino en todo
lo que son los pactos constitutivos de la Escuela Brasilera de Psicoanálisis y
de la AMP. Durante esta conversación, que todo el mundo calificó, como decía
antes, con el mejor espíritu, donde se apreció un “afecto societatis”, aunque
también se pudo decir que había un cierto grado de desconfianza con las
instancias directivas, incluso entre las instancias. A lo largo de la
Conversación se fueron produciendo esclarecimientos, y lo más interesante es
que, al final de esta Conversación, se hicieron propuestas concretas de
trabajo, en torno a 16 ó 17 puntos, en las que todos coincidieron. Propuestas
que por supuesto incluían fundamentalmente un pacto de trabajo entre ellos,
pacto que incluye su relación a la Escuela y a la AMP. Un pacto que sostiene la
necesidad de continuar con el trabajo como modo de salir de la desconfianza que
los ha tenido prisioneros, y quizás aún los tenga, durante este último tiempo,
y que ha impedido un trabajo efectivo; incluso se notaban pequeños problemas
burocráticos. Todo esto se puede ver claramente en la transcripción de las
cintas que están al alcance de quien lo desee. Se puede ver ahí que
efectivamente hay un claro deseo por mantener el psicoanálisis de orientación
lacaniana en Río, en Brasil y en relación a la AMP.
Jacques-Alain
Miller - Merci Ricardo. Peut-être que là François Leguil, qui a
juste à l’instant écrit son texte, voudra dire quelque chose. François Leguil,
je le rappelle, a fait un texte sur Internet qui a beaucoup ému, qui a fait une
sorte d’incident diplomatique dans l’AMP. En effet, avait circulé sur Internet,
ou par fax, le texte contant les cérémonies de l’accord de jumelage
Toulouse-Rio, et je dois dire que je ne l’avais pas lu, parce que, je le
confesse, je suis loin de lire tous les textes qui circulent dans
l’association. Je ne l’ai lu que lorsqu’on m’a eu signalé le texte de François
Leguil, qui, lui, se moquait de la rédaction de cet accord. Tout cela a joué -
c’est certainement contingent - un certain rôle dans le processus en cours. Je
lui donne le micro pour qu’il puisse s’en expliquer.
François
Leguil - Je n'ai pas écrit un texte sur le jumelage, mais trois.
D'abord une lettre en 1996, qui était une réponse à une lettre que vous avait
adressée Juan Carlos Indart, et c'est vrai que le problème que soulevait
Juanqui m'avait beaucoup touché, je le lui avais dit d'ailleurs. Et l'idée du
jumelage m'était venue, parce que ça m'apparaissait quelque chose qui pouvait
intégrer dans le fonctionnement même de l'AMP ce que l'on constatait à chaque
Rencontre, à savoir une certaine pâte humaine. Je veux dire que, à chaque
Rencontre, il y avait comme la célébration secrète d'un tas de petites
rencontres entre les gens, et il me semblait, à la suite de tous les voyages
que nous pouvions faire, à la suite de tout ce que nous pouvions constater
d'échanges entre les gens pendant les Rencontres internationales, et surtout à
la suite de l'expérience tirée de la création de l'ACF, il me semblait qu'on
pouvait effectivement lutter contre un sentiment de centralisation, par la
création de toute une série de transversalités, et c'est comme ça que j'avais
répondu. Vous aviez pris la balle au bond, j'avais d'ailleurs été surpris parce
que je ne m'y attendais pas.
Jacques-Alain
Miller - C'est vous, au fond, l'inventeur du jumelage.
François
Leguil - Ce n'est pas moi l'inventeur du jumelage, ce sont les
municipalités d'Europe, puis du monde entier au début du siècle, je crois. Le
mot était venu dans la lettre que je vous avais faite en réponse à la
publication que vous avez faite de la lettre de Juanqui, et ce mot avait
ensuite été repris.
Quand j'ai lu le compte-rendu du
jumelage Rio-Toulouse, j'ai été très surpris et en même temps un peu joyeux.
J'ai été surpris parce que l'idée que j'avais des jumelages, c'était plutôt
quelque chose qui partait de la base, quelque chose qui s'établissait sur une
longue durée et dans la discrétion. Et là nous avions plutôt la célébration
d'une initiative de leaders, quelque chose d'extrêmement spectaculaire et qui
plutôt se posait comme événement. Effectivement il m'avait aussi paru
surprenant que la spontanéité se trouve encouragée par la recommandation que
chacun puisse envoyer une carte postale à chacun. C'est vrai que [ce sont des
choses,] au fond c'est mon problème, j'aime bien envoyer une carte postale mais
un petit peu comme ça me vient, et ça m'avait surpris que dans un texte la
chose soit recommandée comme une prescription. Pour mon malheur, je rentrais de
Toulon où j'avais fait une conférence dans un lieu magnifique, au pied du Mont
Farron, devant la rade de Toulon, et j'avais commencé ma conférence par toute
une recension des citations que l'on pouvait prendre dans l'enseignement de
Lacan sur les batailles navales. Cela commence dés le Livre I où Lacan dit que,
à propos de Thémistocles et Péricles, Thémistocles donnant aux vaisseaux
l'ordre de quitter le Pirée en allant vers Salamine, Lacan dit que c'est une
intervention analytique. Il y a les commentaires que Lacan fait sur l'amiral
Laborde, je crois que c'est dans ce Séminaire où il dit que Laborde est un con.
Il parle à un moment donné aussi d'une autre bataille navale. Et puis il y
avait ce passage absolument magnifique de "L'Etourdit", où Lacan
compare les batailles navales à des danses. J'avoue que ça m'avait absolument
saisi. Quand j'ai découvert ces citations c'était dans la semaine où j'avais vu
le magnifique film de Marckiewitz, Cléopâtre, où il y a une très belle scène
sur la bataille d'Actium, je crois...
Jacques-Alain
Miller - C'est un aparté : je n'avais pas noté l'importance des
batailles navales chez Lacan, mais cela éclaire l’importance spéciale que Lacan
donne dans Les Formations de l'inconscient à l'histoire de Queneau où tout repose sur la différence entre
les batailles terrestres et les batailles navales.
François
Leguil - Donc je
revenais de Toulon avec ces citations, et il y a eu l'indication du rapport de
Toulouse sur le Lac des cygnes, alors manque de chance! ce n'était pas
Marckiewitz, mais j'avais vu peu avant le fameux film de Billy Wilder,
“ La vie privée de Sherlock Holmes ” où le Lac des cygnes est un
thème récurrent. Paf! j'ai fait la jonction entre les deux, je me suis dit
“ On va rigoler un bon coup ”. J'ai voulu faire dans l'aquatique et
on m'a trouvé vaseux [rires]. Effectivement j'ai bien compris que je n'avais
pas saisi le ton avec lequel l'affaire se posait, et que, si j'avais fait un
calcul, il n'était pas d'une perfection totale. Donc j'ai écrit le troisième
texte, “ Prospérité-hilarité ”, où il me semble que j'ai tenu compte
de ceci, que pour dire que quelque chose est injurieux il faut attendre dans
l’après-coup, puisque dans la définition de l'injure même l'excuse de
provocation est considérée comme absolutoire, et donc l'affaire était close à
partir du moment où j'ai pu dire que je n'avais en aucun cas voulu être
injurieux. Il n'en reste pas moins que je reste toujours très surpris par la
différence de ton qu'il y avait entre le jumelage Rio-Toulouse et toute une
série d'initiatives, que ce soit entre Bruxelles et Tel Aviv, entre
l'Andalousie et la Normandie, entre Val de Loire-Bretagne et l'Angleterre, où
les choses se font de manière de plus en plus dense, de plus en plus riche, et
de façon très discrète. Et là effectivement, je veux en faire l'aveu public, il
y a dans le style qu'a pris le jumelage de Rio-Toulouse quelque chose que je
n'ai pas compris, et peut-être que n'ayant pas compris j'aurais du me taire,
mais je ne l'ai pas fait. Je suis venu ici pour parler de ça, je ne me sens pas
trop justifié à le demeurer, quoiqu'Antonio a parlé d'Arcachon où c'est vrai
que je n'ai pas été muet non plus.
Jacques-Alain
Miller - Qui demanderait la parole? Il ne faut pas la demander, il
faut aller se mettre directement à un micro. Guy Briole, allez au même micro
que Marie-Jean Sauret et après lui. Il faut bien comprendre comment cela
fonctionne : quand on fait passer des micros, on doit lever la main et on
attend que le micro vous arrive ; là, on doit déplacer son corps, c'est-à-dire
que quand on veut parler il faut se mettre en mouvement, pas seulement de la
tête mais aussi des jambes, et on se rend près d'un micro, et le rôle de
l'animateur se réduit à respecter l'ordre dans lequel vous êtes placés. Sonia
Alberti est arrivée au micro central bis, je lui donne la parole, après ce sera
Marie-Jean Sauret.
Sonia
Alberti - C'est une question sur l'observation de Leguil. Je n'ai
pas très bien compris ce qu'il a dit parce que je n'ai pas les écouteurs.
Est-ce qu'il y a dans ton exposé d'aujourd'hui une réflexion sur le fait qu'il
y aurait eu des réunions avant le jumelage? Est-ce qu'il y avait effectivement
quelque chose avant? C'est-à-dire, à partir d'une lettre écrite par Pierre
Bruno, du Conseil de l'École de la Cause freudienne, qui invitait Rio à être le
jumeau de Toulouse, y a-t-il eu une discussion au Conseil de l'École de la
Cause freudienne, quelque chose d'autre qui aurait préparé ce jumelage? Je te
demande d'éclaircir ce point parce que je n'ai pas bien saisi, c'est comme si
tu parlais de quelque chose de secret.
François
Leguil - Je n'ai
absolument pas parlé de quelque chose de secret. Je crois que sur les
préliminaires du jumelage Rio-Toulouse, rien d'autre n'a à en être dit que ce
qu'a dit Antonio Quinet, à savoir que cela avait été approuvé et encouragé par
le Conseil. C'est tout.
Marie-Jean
Sauret - Oui, je suis venu au micro parce que Jacques-Alain Miller
est venu me demander tout à l’heure de monter sur l’estrade, et j’ai décliné
l’invitation en lui disant que je donnerais ma raison. Je vais donc dire ma
raison. Je m’excuse d’ailleurs tout de suite auprès de ceux que ce refus
pourrait heurter. Mais je ne peux pas faire comme si je n’avais pas vu le texte
qui figure dans la Préface de l’Annuaire de l’Association Mondiale de
Psychanalyse, la “ Tirade ” contre Marie-Jean Sauret. Est-ce que
c’est ça l’acte de fondation de l’AMP? Vous m’y situez trop bas, avec quelques
autres, pour que je puisse faire les quelques pas qui m’auraient permis de
monter à la tribune. Est-ce un exemple du noeud entre politique et clinique
pour la psychanalyse? Je me posais une question très bête : Comment est-ce que
- je le fais chaque fois - je vais donner cet Annuaire à mes collègues, à mes
amis qui cherchent un analysant [rires], un analyste - oui, oh! oui -, à
ma famille, à mes enfants? Tiens! imaginez que c’est vous, que c’est une tirade
contre vous, et que vous faites lire ça aux vôtres. Imaginez une seconde. La
question du jumelage Rio-Toulouse - pardon! Antonio -, elle me paraît dérisoire
à côté de celle-là. Comment chacun, ici, peut-il consentir à ce que son nom figure
sur une liste qui a pour chapeau la “ Tirade ” contre Marie-Jean
Sauret? Je demande le retrait de ce texte de ce document officiel [applaudissements].
Guy
Briole - Je
voudrais dire quelques mots à propos des jumelages. En effet, leur démarrage a
été timide, difficile même parfois, et il est vrai qu’on n’avait pas donné de
règles bien précises pour ces jumelages, ils étaient plutôt placés sous le
signe de l’invention. L’idée était que des membres d’Écoles, de communautés de
notre Champ, qui ne se connaissaient pas, se rencontrent, qu’ils échangent, et
qu’ils travaillent ensemble. L’idée de ces jumelages était donc de créer des
liens nouveaux, de provoquer des rencontres élargies. L’esprit était celui-là,
celui d’échanges larges, et non pas celui d’une restriction des échanges. Ces
jumelages se sont mis en place progressivement, et il faut bien constater une
large diversité. Je vais dire quelques mots très rapides de ceux que je connais
et de leurs arguments : le jumelage de l’ACF-VLB et du London Circle autour du
travail en cartels, sur des thèmes cliniques et théoriques ; l’ACF-Belgique et
le Groupe de Tel Aviv à partir de travaux de psychanalystes de Tel Aviv sur des
témoignages de survivants de la Shoah et d’une mise au travail de chacun sur
ces questions ; l’ACF-IdF et le Groupe d’Études psychanalytiques de La Havane
de Cuba à partir d’une rencontre et d’un désir décidé de nos collègues cubains
; l’ACF-Normandie et le Groupe d’Études d’Andalousie ont choisi de se jumeler
pour produire un travail propre à chacun, c’est leur argumentation dans leur
jumelage ; et enfin l’ACF-Méditerranée-Alpes-Provence et le Groupe
Franco-Algérien ont décidé de se jumeler à une question, ce qu’ils ont appelé
“ le malaise dans la citoyenneté ”.
J’ai écrit un texte, “ Le jardin
des jumeaux ”. J’ai, en effet, écrit ce texte à partir de ce qui s’était
passé à Toulouse-Midi-Pyrénées autour de ce qui se mettait en place dans le
projet de jumelage avec la Section Rio de l’EBP. Antonio parlait d’un jugement
préalable, d’une pré-interprétation. Je dois dire que de ce jumelage, on en
avait déjà parlé, avant la Conversation où on était ensemble Antonio, le 14
décembre 1997 lorsque je suis allé avec Jacques-Alain Miller à Toulouse,
rencontrer les membres de cette ACF. Ce jour-là, en effet, nous avions déjà
évoqué cette question de la personnalisation, de la nécessité dans les
jumelages d’élargir les rencontres, et nous avions parlé par exemple, Antonio,
de la traduction de ton livre, dont chacun a souligné l’intérêt. J’avais
indiqué que ce travail de traduction relèverait davantage d’un travail du
Cercle Franco-Brésilien à Paris, que d’un jumelage. Voilà quelques questions
que nous avions avancées. Et c’est vrai, j’ai dû constater qu’à la Conversation
à laquelle tu as assisté, ces petites indications, plutôt amicales et qui
n’avaient pas une valeur de contrainte, n’avaient pas été suivies. Au
contraire, l’orientation se poursuivait plutôt vers des échanges au un par un
ou au deux par deux. Mon texte a été écrit à partir de cette situation.
Pierre-Gilles
Guéguen (depuis la tribune) - Je voudrais simplement dire à
Antonio Quinet que je comprends mal sa diatribe sur l’École et la guerre.
L’“ Acte de fondation ” de Lacan situe l’École elle-même comme une
plate-forme de guerre pour la psychanalyse. Cela me paraît quelque chose qui
devrait être entre nous compris et admis, je ne parle pas de guerre entre nous
mais de guerre pour la psychanalyse. Donc je trouve dans sa tirade à lui, une
obscurité, une confusion des termes qui me paraît gênante.
D’autre part, je voudrais dire à Marie-Jean Sauret que tout de même le texte dont il parle, la Tirade, comprend une remise au point, à laquelle j’adhère, sur la question des AE. Les AE effectivement ne nous paraissent pas devoir incarner des objections au savoir, il me semble qu’au contraire, j’espère l’avoir montré à partir du texte de Michael Turnheim, ils permettent de faire rebondir le savoir dans l’École. C’est plutôt le rôle qui leur serait donné, de permettre à la fois de transmettre quelque chose et surtout que d’autres puissent, à partir de ce qu’ils peuvent fournir et produire, contribuer de manière plus générale à l’étude de la psychanalyse. Donc ce texte, qui critique véritablement la position de Marie-Jean Sauret, est tout à fait fondé.
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IV. Colette
Chouraqui-Sepel, Marie-Hélène Brousse,
Roseane Murray Barros, Yasmine Grasser,
Jacques-Alain Miller,
Bernardino
Horne, Ricardo Seldes, Maria Anita Carneiro Ribeiro,
Gleuza Salomon
Colette
Chouraqui-Sepel - Je voudrais revenir sur l’intervention de Gennie
Lemoine à propos du lien qui unit notre communauté, ou plutôt du style que
pourrait avoir ce lien. Effectivement je me demande si on ne pourrait pas
concevoir une communauté d’analystes, la nôtre en l’occurrence, autrement que
comme une église ou comme une armée. Pierre-Gilles, je crois qu’on peut faire
la guerre pour la psychanalyse autrement que sous forme d’une église ou sous
forme d’une armée. Je propose de le faire sous forme d’un orchestre, d’un
orchestre qui ne vire jamais ni à la fanfare militaire ni au choeur d’église,
mais d’un orchestre symphonique, c’est-à-dire qui ne soit pas non plus
cacophonique. Un orchestre se bat pour la défense d’une oeuvre ou pour
l’interprétation d’une certaine oeuvre. Un orchestre suppose des musiciens, qui
tous ont eu la même partition, qui tous sont soucieux de la défendre, qui ne
s’entendent pas forcément entre eux, qui parfois se détestent. Et des musiciens
parmi lesquels sont élus quelques solistes et un chef d’orchestre. Moi je
proposerais plutôt ce type de communauté, d’autant qu’on peut dire que dans un
orchestre règnent et le désir et le transfert.
Jacques-Alain
Miller - La référence de Colette à l’orchestre me fait penser que
j’avais pris la même métaphore dans l’éditorial du Temps logique n°1 du
21 juin 1996, c’est-à-dire il y a deux ans, où j’avais essayé d’ordonner une
trentaine de lettres qui étaient arrivées pour participer à un débat mondial
sur l’organisation de Barcelone. L’organisation actuelle de notre Congrès et de
notre Rencontre de Barcelone a été discutée dans un débat mondial entre les
membres de tous les Conseils, d’abord par fax, et il y a eu, si mon souvenir
est bon, une trentaine de lettres envoyées de tous les coins des Conseils, et
puis nous avons eu avec les membres de tous les Conseils de toutes les Ecoles
un débat de quatre heures, dont le compte-rendu a été publié, et au cours de
ces débats on a discuté de comment préparer Barcelone. A cette occasion, donc,
j’avais fait cet éditorial.
Simplement, là, nous nous
rencontrons sur cet orchestre. Je disais cela après avoir parlé de German
Garcia : “ Cette logique est incarnée. Elle est là dans les voix
multiples qui font ce numéro.
Pas d’harmonie. Pas de solennité.
Pas d’ennui. Certains feront la moue? Qu’ils la gardent sur le visage. ‘‘Moi
personnellement’’ (comme dit Ropo), j’ai traduit tous les textes en espagnol de
ce numéro.
Vous ferez ici la connaissance de
Juanqui, de German, de Samuel Basz, une des bases de l’École Argentine. Adela
Fryd, c’est la flûte après la trompette, et qui dit : ‘‘Difficile pour la flûte
de se faire entendre si la trompette n’arrête pas, ni la grosse caisse, ni les
cymbales. Comment la flûte à elle toute seule ferait-elle taire la trompette,
la grosse caisse et les cymbales? Et une flûte peut-elle vouloir devenir tuba - tiens!
- comme la grenouille boeuf? - c’était déjà là en 1996 - D’où
l’appel... au chef d’orchestre. Adela décrit des choses à retenir. ”
Oui, bien sûr, il y a des
instruments très divers, il y a des grosses voix, il y a des petites voix.
Parfois les petites voix disent des choses plus intéressantes que les grosses
voix. Et donc il faut parfois arriver à écarter quelques grosses voix pour que
de plus petites voix se fassent entendre. En même temps d’ailleurs que j’avais pris cette métaphore, puisqu’à
l’époque je m’étais occupé du programme de la Rencontre, ce qui n’est pas le
cas cette fois-ci, je m’étais permis de placer la flûte d’Adela Fryd en séance
plénière pour qu’on puisse entendre sa musique.
Le seul problème c’est qu’évidemment
chaque instrument étant différent dans un orchestre, au fond l’orchestre ce
serait : on contribue à faire une symphonie. Non, on ne contribue pas à faire
une symphonie. Nous sommes tous des solistes. C’est ça le problème de
l’Association. C’est pour ça que je ne trouve pas bien placés les
applaudissements. Parce qu’il s’agit de faire que, dans cette masse que nous
constituons, tout de même on puisse entendre chacun comme un soliste. Et chacun
n’a pas le même instrument, n’a pas la même puissance de voix - là nous retrouvons
la puissance -, il y a les ténors, comme on dit, et tout le monde n’a pas la
même puissance de voix. Donc comment faire pour que tout de même on puisse
entendre tout le monde?
Je ne sais pas si vous remarquez la
diversité des AE qui sont nommés, de tous les coins du monde. Si vous pouvez
dire qu’il y a un pattern de l’AE, j’aimerais bien savoir lequel, parce que
eux-mêmes illustrent cette diversité, et en plus ils forment cet orchestre très
spécial qui est un orchestre uniquement composé de solistes. Eh bien! pour
arriver à ça, il faut beaucoup d’attention, il faut beaucoup de passion, et il
faut peut-être un peu de cet amour du réel dont parle Virginio Baïo.
Alors maintenant, je ne sais pas qui
est arrivé d’abord, je donne la parole à Marie-Hélène Brousse et ensuite à
Roseane Murray Barros du Cercle de Londres.
Marie-Hélène
Brousse - Je voudrais faire état de mon sentiment. Après la dernière
Conversation qu’il y a eu à Toulouse j’étais dans un certain enthousiasme, je
me suis expliqué cet enthousiasme comme ce qui a succédé pour moi à un temps
pour comprendre : j’avais compris ce qui se passait. Depuis, c’est un peu
retombé, et une certaine lassitude m’a prise avant d’arriver à Barcelone, qui
s’est tout de suite dissipée devant l’accueil chaleureux que nous avons reçu.
Je vais cependant essayer d’expliquer pourquoi cette lassitude.
Je crois que j’ai longtemps attendu, depuis un an et demi, que
cette agitation, ce malaise qui est devenu une crise, me montre son visage
épistémologique, se transforme en un débat d’idées. Mais il m’est apparu
progressivement qu’il n’y avait là que des intérêts particuliers : l’honneur,
les biens divers et variés, les mois idéaux, les idéaux aussi. A côté des
intérêts particuliers, c’est-à-dire à côté des biens, il y avait donc
nécessairement des revendications à en avoir, à ne pas en perdre, j’ai vu
apparaître les fantômes de chacun. En particulier, je pense à la lettre de
Perena, je peux dire que j’ai vu son fantôme d’Autre, fantôme corrélatif à
chacun d’entre nous.
Le troisième point par rapport à cette lassitude, c’est qu’elle
surgissait aussi du sentiment intense que j’assistais à des tentatives de
destruction d’une Ecole, à partir du dispositif de la passe dans lequel je me
trouve. J’y suis fermement opposée. Donc, je dirai - je reprendrai sûrement la
parole après - que ce qui m’oriente actuellement ce sont les objectifs tels
qu’ils sont justement définis à la fin de la Tirade, des objectifs pour les
années à venir en ce qui concerne la psychanalyse. Je rejoindrai là-dessus ce
qu’a dit Pierre-Gilles Guéguen dans une des réponses aux questions qu’il a
faite. Cela me semble tout à fait nécessaire.
Roseane
Murray Barros - Devo dizer que quando chegou a
minhas mãos, não lembro bem como, uma carta de Quinet sobre a geminação, o
"twinning", fiquei muito surpresa porque de uma certa maneira, a
ênfase era dada na "sameness", na mesmice. Segundo minha concepção
nossa geminação com a ACF é baseada numa diferença. Eu acho que é necessário
respeitar as diferenças; não se pode construir nada baseado numa política da
similitude. Eu acho também que esse jumelage, quando foi traduzido para o
português evoca gêmeos, distorce precisamente
o sentido já que põe o ênfase numa relação imaginária.
Tenho acompanhado de perto e ajudado
a construir o Círculo Londrino; temos passado por várias crises desde há quatro
anos mas acho que um ano atrás, principalmente graças a Eric Laurent quem usou
o dispositivo da dissolução e congelou as atividades do Council of the London
Circle podemos desde então observar é
trabalho efetivo. Isto coincidiu também com nosso twinning, muitos cartéis se
formaram, tivemos uma guia de estudos preparatória para este encontro
reforçando laços não só de amizade mas principalmente de trabalho.
Yasmine
Grasser - Je voudrais évoquer un souvenir avant de parler de la
question du jumelage. C’était le début de mon analyse. Je pensais à l’époque
que l’analyse était un contrat, un pacte, et mon analyste m’a fichue dehors.
Evidemment, lorsque la question des jumelages s’est posée, puisque je suis
responsable du Groupe Franco-Algérien et qu’on a fait un jumelage avec
l’ACF-Naples, il n’était absolument pas question pour moi d’imaginer un
jumelage sur le mode d’un contrat ou d’un pacte, c’est-à-dire que je ne
considère pas que je suis le jumeau d’un autre jumeau. Donc on a cherché
ensemble à quoi on se jumelait, d’abord on était deux groupes, deux
associations différentes, avec des langues différentes, et on s’est dit : il y
a une question qui nous rassemble. Et c’est l’idée qui nous est venue de nous
jumeler à une question, à une problématique. L’idée a sans doute fait son
chemin depuis cette rencontre que nous avons eue. J’ai lu avec beaucoup
d’attention le rapport qui a été fait par Rio-Toulouse, et je me disais que c’était
impossible de se présenter : comment se présente-t-on, comment se déclare-t-on,
est-ce qu’on a une identité à décliner? La question finalement a été résolue,
j’en donne le résultat : nous avons été à l’initiative d’un journal pour mettre
en circulation les questions, et ce journal s’appelle Journal des Exceptions.
Il sera distribué aux membres de l’Assemblée générale et il en restera un
certain nombre d’exemplaires. Je voulais dire ça parce que dans ce journal nous
avons trouvé une difficulté, c’est comment traduire dans les langues le mot de
jumelage. J’ai constaté qu’en espagnol ce n’était pas évident, j’ai eu une
petite discussion avec Beatriz Ramos, le terme n’avait pas l’air d’être
complètement fixé, je ne sais pas s’il l’est ici en Catalogne. J’ai vu aussi
qu’au niveau de la langue anglaise le mot de twinning qui vient d’être
dit et qui circule, mais pour Israël par exemple où l’on parle anglais le terme
de jumelage a été conservé. Je pense qu’il y a une interrogation à travers les
langues sur ce que l’on veut, parce que ce n’est pas la question du contrat
mais celle du désir, sur ce que l’on veut à travers ce terme et pour le mettre
en forme.
Jacques-Alain
Miller - Une ponctuation. En effet, demain sera distribué
gratuitement aux membres de l’AMP le numéro zéro de ce Journal des
Exceptions. Comment s’est créé ce Journal ? J’ai vu arriver un jour
Yasmine Grasser, que vous avez entendue, me disant : “ Nous avons eu
l’idée, entre le groupe franco-algérien et l’ACF-Méditerranée-Alpes Provence,
et se sont joints à nous dans la fièvre quelques autres, nous avons eu l’idée
de faire un journal pour l’AMP. Et nous sommes prêts à le financer nous mêmes,
sans demander un centime aux caisses de l’AMP. ” Qu’est-ce que j’ai eu à
faire? J’ai eu simplement à bénir l’initiative, à dire : “ Je suis
d’accord pour que ce soit un journal de l’AMP ”.
Le premier titre avait été
“ Journal du jumelage ”. Comme c’est un terme un peu discuté, j’ai
proposé “ Journal des Exceptions ”. J’ai inventé le sous-titre
“ Bulletin local de l’Association Mondiale ”, voilà ma deuxième
contribution. Et ma troisième a été de dire : “ Je fais confiance ”.
Cela devrait se passer comme ça plus souvent dans l’AMP. C’est un instrument,
l’AMP, on peut s’en emparer, s’en servir. On s’en sert bien ou on s’en sert
mal. Quand on s’en sert d’une façon qui déplaît à une partie des membres, eh
bien! ils le disent.
Le mot de jumelage a été lancé par
François Leguil. Je l’ai repris au vol. Je ne l’ai pas défini, je l’ai lancé
pour qu’on s’en empare. Nos collègues de Rio et Toulouse s’en sont emparé d’une
certaine façon qui n’a pas plu à François Leguil, il l’a dit. Mais quand nos
collègues de Rio, je crois même Antonio Quinet et Sonia Alberti, m’ont dit
“ Mais alors, faut-il qu’on arrête? ” — ils m’ont demandé ça quand
j’étais à Salvador de Bahia, “ Faut-il qu’on arrête ces échanges? ” —
j’ai dit : “ Mais pas du tout! ”. Sonia a continué de faire ce
qu’elle a voulu à Toulouse. Le fait qu’on critique un ton ou une présentation
ne veut pas dire : stop! Je n’ai jamais dit stop. On m’avait demandé mon avis
avant, j’ai donné mon accord pour le jumelage de Rio. Il est critiqué, je
trouve que la critique peut s’entendre. Je n’ai jamais dit : “ On arrête,
je retire mon autorisation au jumelage Rio-Toulouse ”. Et je suis persuadé
que Sonia Alberti a fait à Toulouse le meilleur travail, pour elle-même et pour
nos collègues du lieu.
On peut penser que parfois je me
sers mal des instruments dont je dispose, qui sont avant tout le oui et le non.
Eh bien! on me fait des critiques, je ne tombe pas à la renverse, je ne demande
pas qu’on retire ce qu’on m’a dit.
Cela a un peu débordé du côté
d’Internet, comme l’a signalé Gennie. c’est vrai. Peut-être cela a-t-il un
petit peu débordé — depuis quinze jours, trois semaines. Je l’avais senti venir
d’ailleurs, vous verrez l’éditorial que j’ai écrit pour le Journal des
Exceptions, c’était juste avant, juste sur le bord où cela allait
commencer. Moi-même, je me suis retiré d’Internet parce que je ne pouvais plus
suivre personnellement ce qu’y s’y passait. Mais imaginez-vous qu’en effet, il
aurait suffi d’un coup de téléphone de ma part aux responsables des listes, qui
sont des listes de l’AMP, pour faire arrêter tout ça, pour faire disparaître le
champ où ça s’exprimait. Et, bien sûr, j’ai dû y réfléchir : quels sont les
intérêts supérieurs de la liberté d’expression? Et j’ai conclu qu’il fallait
laisser ces listes ouvertes, parce que la liberté d’expression, même entre
guillemets, ça ne se partage pas. Et c’est justement quand il y a des abus de
la liberté d’expression, ou qu’on peut ressentir comme tels, que la liberté
d’expression vaut quelque chose. Si on ne peut s’exprimer que pour faire des
éloges aux uns et aux autres... Comme disait Beaumarchais : “ Sans la
liberté de blâmer il n’est pas d’éloge flatteur ”. C’est toujours la
devise d’un grand quotidien parisien qui n’est pas toujours à la hauteur de ce
patronage.
Donc je refuse, tant que je suis
délégué général, de supprimer les listes électroniques existantes, même si ça
fait souffrir certains, et peut-être peut-on s’imaginer que ce n’est pas tout à
fait agréable de ce côté-ci.
Je préfère fonder, à côté, d’autres listes, des listes
supplémentaires. C’est comme Fourier. Dans la Cité de Fourier, les amoureux qui
s’aiment vont ensemble, alors ils ont leur petit pavillon, il y a des amateurs
de mots croisés, ils ont leur pavillon, etc. Donc, multiplions les listes! Il y
a ceux qui veulent s’insulter les uns les autres, qu’ils continuent d’échanger
entre eux! Donc, plutôt qu’une philosophie de la censure, je propose une
philosophie de la multiplicité.
Quand j’ai prononcé quelque chose et
que ça a été transcrit et diffusé, c’est là, il faut le supporter. Ou alors,
simplement, faites un autre texte pour y répondre, et éventuellement me
demander que ce soit diffusé d’une manière comparable. Ca, oui. Mais dire “ Cela ne me plaît
pas, ça m’offense, alors il faut que je déchire ça ”, — moi-même, je peux
avoir parfois ces impulsions, mais jusqu’à présent je n’ai jamais eu recours à
cette censure.
Par exemple, dans la Conversation
sur le signifiant-maître, qui est maintenant un ouvrage traduit en
espagnol, je me suis très longtemps posé la question concernant une phrase
supplémentaire qui avait été introduite
après-coup par quelqu’un. Je n’ai pas pu prendre mon stylo et l’enlever. Et
donc, cela a eu certaines conséquences. Parce que je ne peux pas supprimer un
texte. Et même quand un texte me déplaît très fortement, je peux envoyer une
réplique en demandant que ce soit publié ensuite, mais je n’ai jamais jusqu’à
présent demandé la suppression d’un texte.
Je le dis à propos. C’est ma
position. On peut la considérer comme irresponsable, en tous les cas elle est
réfléchie.
Bernardino
Horne - Voy a
hablar en castellano. Quiero rebobinar un poco la cuestión, hacia atrás,
refiriéndome a Brasil, que comenzó su relación al Campo Freudiano a través de
grupos locales extremadamente fuertes y eficaces en algún sentido. Y también
para decir que el avance, la marcha, hacia la idea de Escuela, fue una marcha
lenta, y más por presión de las bases que por los líderes locales que en ese
momento dirigían y ordenaban los grupos locales. Opción lacaniana, que
hoy es la revista oficial, es decir de la Escuela, fue fundada, de un modo
privado, siguiendo el modelo de entonces, de Uno por Uno, de El
pasador de la Argentina, para poder llevar algunas ideas, para traducir
algunas ideas que circulaban por el mundo, y para las cuales los líderes
locales no tenían oídos. Por ejemplo, la idea de pase, de entrada por el pase y
la lógica del uno por uno. Poco después de la fundación de Iniciativa Escuela,
voy a dar un ejemplo del pasado sobre algo que podría dar ejemplo del presente
de todas formas. Poco después de la fundación de Iniciativa Escuela se decidió
que los carteles no necesariamente deberían inscribirse a través de los grupos
sino que podrían hacerlo directamente a través del Campo Freudiano. Y hubo una
mesa redonda sobre este problema, en Bahía, donde participó Marcela Antelo y un
colega del que no recuerdo el nombre y que creo que se retiró después de ese
momento, y Jairo Gerbase y yo mismo. Allí se acusó a Miller de prácticas
maoístas tendientes a disolver la fuerza de los grupos, que en ese momento eran
la base de nuestro trabajo. Es evidente que este modelo de invertir los
argumentos sigue presente. Se acusa de intervencionismo porque se trata de
avanzar en el concepto de Escuela en el concepto de uno por uno, en el trabajo
hacia el pase etc, etc. Porque también hay ataques a eso en los corredores, en
los pasillos y en los grupos.
Entonces,
yo no creo que el problema central en Brasil sea la cuestión entre lo múltiple
y lo uno, la cuestión en Brasil es entre la Escuela y los grupos y es posible
que eso sea así en otros lugares también. Cuando la asamblea en su fundación,
aprobó el pase hubo un torrente de entusiasmo que arrastró por un tiempo a todo
el mundo y acalló esas voces de alguna forma. Son voces que retornan. Y tienen
razón de retornar, porque han sido arrastrados a un modelo que no les gusta,
que no les interesa. Esa es la verdad. Y ciertas propuestas, propuestas que hoy
existen en otro sentido, implican retornar al modelo del Campo Freudiano,
digamos un modelo federativo, modelo para salir del cual tuvimos que realizar
tantos esfuerzos y tanta lucha. Me parece mucho más claro que avancemos para
adelante, no que retrocedamos para atrás. Y que avancemos en el sentido de
elaborar ideas para la Escuela Una, cada vez más Una, y no hacia una Escuela
múltiple que disfraza el modelo grupal, modelo que es mucho menos democrático,
mucho más autoritario y que da muchas menos oportunidades a todos que nuestro
modelo, aunque éste tenga defectos y que debemos también rectificar.
Maria
Anita Carneiro Ribeiro -
Dois comentários pequenos, um dirigido à colega de Londres que acabou de
falar sobre a twinning, geminação em português, e eu queria esclarecer
para ela que o tema da reciprocidade, que foi entendido como a relação
imaginária especular, foi bastante debatido entre nós até mesmo porque foi
levantado desde a primeira hora por Guy Briole. Houve cartas, comentários,
debate teórico, então, se você não teve acesso a toda esta parte do debate eu
teria o maior interesse de te emprestar os textos, porque este debate já está
bastante ultrapassado para nós.
A segunda observação é sobre o
comentário de Marie Hélène Brousse, que eu achei muito interessante mas que me
faz retornar à fala de Marie Jean Sauret, pois me parece bastante cabível que a
Tirade toque pessoalmente vários colegas no que diga respeito às suas
convicções, a seu ponto, seu momento em à relação a AMP. Porém nós temos que
lembrar que isto é um anuário, nós todos somos membros da AMP, nós contribuímos
com a AMP e nos constituímos a AMP e me
parece que é um assunto para nós debatermos, o fato que na abertura deste anuário
haja um texto que ataca, vamos usar a palavra certa porque ataca mesmo, um
colega nosso da AMP, um só não, uma vez que há também alusões pouco agradáveis
a Colette Soler.
Então, eu acho que no mínimo nos
deveríamos dizer algo sobre isso. Marie Hélène disse o que tinha a dizer e eu
pediria a outras pessoas que dissessem o que têm a dizer. Eu, de minha
parte, me desagrada muitíssimo ter um
anuário cuja abertura tem um texto contra um colega que eu aprecio muitíssimo,
e cujo trabalho no Rio de Janeiro foi um trabalho estimado belíssimo, de alta
qualidade, pela causa analítica. É isto que eu tenho a dizer.
Gleuza
Salomon - Avant je parlais trois langues : portugais, espagnol et
français. Maintenant à Barcelone j’ai appris un peu de catalan. Je crois qu’il
y a à Barcelone ce mélange des cultures et des styles. J’ai même écrit un texte
sur le gothique comme une réduction de style à partir de l’étranger, comme une
acceptation de l’étranger et en même temps quelque chose du symbolique. Je veux
parler aussi de mon trajet qui a commencé en 1978 et je suis au Champ freudien
depuis vingt ans.
Jacques-Alain
Miller - Est-ce qu’il a vingt ans, le Champ freudien? Je n’en suis
pas sûr. Cela a commencé un tout petit peu après. Enfin, c’est comme ma petite
fille, quand elle avait deux ans je lui ai demandé “ Qui est le
chef? ”, elle m’a dit “ C’est moi! ”, et je lui ai dit
“ Depuis quand? ”, elle m’a répondu “ Depuis dix ans! ” [rires].
C’est la même structure.
Gleuza Salomon - J’étais à la Conversation de Rio, de Bordeaux, de Toulouse et de Barcelone. Ce que j’ai vu dans ces quatre Conversations, c’est un point commun : l’intérêt du groupe. Chaque groupe commence à devenir plus fort et demande un leader. C’est un appel à un leader. Quelques-uns prennent cette place parfois de façon malsaine, parfois bien, ça dépend du groupe. Nous connaissons cela. Pour moi, ce moment est un moment très spécial parce que c’est un moment où nous sortons du groupe. Avant, nous étions tous du groupe, dans le sens de commencer à organiser quelque chose de très important, chacun travaillait pour cela dans les cinq Ecoles de l’AMP. Maintenant il faut travailler sur la passe et je crois que c’est cela qui est vraiment difficile, car ce moment de passe touche à un réel et chaque groupe a sa manière de répondre dans son style à cette question. Je crois qu’il faut que tout le monde ait le courage et aussi soit pressé, parce qu’on voit dans le monde actuel le racisme, et maintenant entre nous et dans la psychanalyse, et ça on ne peut pas l’accepter. On dit non.
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V . -
Carmen Gallano, Bernard This, Ropo, Franz Kaltenbeck,
Graça
Pamplona, Marc Strauss, Marie-Hélène Brousse,
Graça Pamplona, Jean-Pierre Klotz, Vera
Pollo,
Rainer
Melo, François Leguil, Jorge Forbes
Jacques-Alain
Miller - Merci. Une précision. Il est 12h 45, on va aller jusqu’à
1 heure et demie. Je demande qu’on ne se mette plus derrière les micros.
Lorsque les interventions qui se présentent ici seront faites, je demanderai à
Jorge Forbes de venir nous lire en brésilien le texte de Chico Bouargue de
Olanda qui servira de note finale.
Carmen
Gallano - Se ha hablado entre nosotros del vínculo entre nosotros,
después de la orientación dada a la AMP. Han hablado varias personas y ha
precisado Marie –Hèléne Brousse la orientación dada a la AMP con el texto de la
Tirade. Se ha hablado también, Jacques-Alain Miller, de libertad de expresión.
Bueno, todo eso me ha hecho preparar rápidamente algunas cosas que quiero
decir. Me excusarán, pero para ser más precisa voy a tomar el papel que acabo
de escribir. Porque está la retórica que fabrica mensajes, que fabrica mensajes
que inciden de formas diversas en la audiencia, pero hay también además de la
retórica hechos, actos que son para mí otra vía de la esencia de la verdad.
Para
mí, el punto de partida de la crisis que estamos tratando de clarificar hoy,
son dos hechos. El primero, el proceso contra Colette Soler apoyado en la
acusación de pompage lanzada por Jacques-Alain Miler. El segundo, la
acusación, con la consiguiente desacreditación y descalificación del cartel B
del pase, de la ECF, acusación lanzada también por Jacques-Alain Miller. El
tercero, después, también, que no es un punto a tratar aquí, porque de eso
hablé en la Conversación de Madrid y en el Consejo de la EEP, la aplicación de
ese estilo después en la EEP, y es el estilo que llamé, lo resumo así: “un
funcionamiento de estado de excepción”. Bien, pero no es el punto en el que
quiero entrar ahora. Ya hablé en otra ocasión.
Luego
desde esos hechos, a mi modo de ver, se ha ido cristalizando una crisis. Desde
el mes de junio, sobre estos hechos, ¿qué he escuchado yo? He escuchado a
Jacques-Alain Miller y a Eric Laurent nuevas interpretaciones sobre los mismos
hechos, nuevas cada día, variables. Pienso, he pensado que si quitas lo que tratan
de justificar con nuevas teorías eso indica... porque así quizás la píldora se
puede hacer más fácil de tragar, pero para mí hay una verdad que resiste a los
efectos de la retórica. Y una verdad que no se eliminará fácilmente por
dolorosa que sea y difícil de llevar. Es que esa píldora para mí, ese imposible
de tragar y se nos atraviesa, porque ¿cómo se puede consentir a ese proceso
contra Colette Soler y al cartel B?
Yo,
particularmente, me reprocho, precisamente, haber
tardado en manifestar públicamente, y con claridad, mi no consentimiento a esas
acusaciones. Porque si ese y otros hechos traducen de facto algunas cosas de la
orientación. del Delegado General, ¿cómo ver en ellas la orientación lacaniana
del Psicoanálisis?. Para mí no es posible. Lo que veo es otra cosa, que es lo
que a mi sorpresa vi también ayer cuando al abrí el Anuario de la AMP. Ya ha
sido dicho por otros, que cómo es posible que se ponga como prefacio a la AMP
la Tirade. En estos hechos que he citado veo que la orientación de la autoridad
responsable se apunta a eliminar a aquellas y a aquellos que en el
psicoanálisis lacaniano de la AMP resisten a la voluntad del Señor. Y entonces
por eso vuelvo a cuestionar: ¿ qué tiene eso que ver, esos hechos, con la
orientación lacaniana del psicoanálisis y con la reconquista del Campo
Freudiano?. Experimento cómo aquél que defiende y desea otra cosa, otro modo
digo, de situarse en la orientación lacaniana, y ahí preciso mi posición. Yo no
me voy a orientar, esa es una diferencia con Marie-Hélène Brousse, que por otra
parte aprecio mucho. Una diferencia: yo no me voy a orientar en este texto de
la Tirade, ni en el final, ni en el principio, ni en el medio del texto, porque
es un texto, es un texto que invita a constituirse en milicia de combate Y no.
A eso digo no. Mi modo de situarme en la orientación lacaniana y en la
reconquista del Campo Freudiano será otra. Entonces he experimentado cómo aquél
que quiere defender otra vía, otra cosa, y lo he experimentado también en carne
propia, la respuesta que encuentra es esa conminación: “ ¡márchese de la
AMP! ” ¿Por qué tendría que responder a esa sugestión de que me marche?.
No lo haré.
Un
último pequeño punto y termino. Ayer otra sorpresa al abrir otro Anuario. Abrí
el Anuario de la EEP y al leer la lista de sus publicaciones me encontré con
que, no me lo podía creer, ¡qué casualidad!, sólo una no está en la lista, es
la publicación: Estudios psicoanalíticos. ¿Por qué esta eliminación de
una publicación monográfica anual de la EEP en la que su directora y su equipo
consultan regularmente con el presidente de la EEP. No lo puedo entender. ¿Eso
es decisión de la autoridad responsable?. Se podrá argumentar cómo... Puede ser
un olvido involuntario. Pero aunque se me dijera que es un olvido, en
psicoanálisis no ignoramos lo que un olvido significa [aplaudissements].
Bernard
This - In utero les jumeaux se battent, donc le jumelage
n’est pas un terme qui me semble adapté. Et quand une mère désigne à droite son
enfant en disant “ Il est méchant, il attaque l’autre ”, il n’y a
qu’une possibilité, ce n’est pas de voler au secours de celui qui est attaqué
parce que le dominant donne des coups de pied et des coups de poing encore plus
férocement, il suffit d’intervenir et d’apaiser celui qui est désigné comme le
plus agressif, le plus méchant aux dires de la mère. Si on réussit à apaiser ce
jumeau, à ce moment-là nous assistons de nouveau à des relations sereines. Ceci
n’est qu’une introduction à ce que je voulais dire concernant le malaise dans
lequel nous sommes. A partir du moment où un Pacte de Clairefontaine nous a
invités à continuer à travailler avec tous ceux qui lisaient Lacan,
Jacques-Alain Miller en était l’au-moins un mais il n’était pas désigné comme
le seul, nous avons continué à travailler. Mais à partir du moment où ceux qui
étaient au départ du Pacte se disputent, je me dis qu’il ne faut plus que nous
nous réunissions au titre d’analystes, nous ne sommes pas dignes de constituer
une Association Mondiale des analystes.
Jacques-Alain
Miller - Parce qu’ils ne se disputent pas, les analystes?
Bernard
This - Si, justement! Mais alors c’est au titre d’analysants que
nous nous rencontrons ici. Et si Lacan nous a indiqué quelque chose
d’important, c’est la création des Analystes de l’École. Seulement je regrette
que les Analystes de l’École soient au service de raconter comment ils ont été
choisis par un cartel qui les a désignés comme des bons, alors qu’il y en a
d’autres qui sont des méchants. Le travail d’un Analyste de l’École, c’est
d’analyser la dynamique de ce qui se vit ici et maintenant au sein de ce
groupe. Je n’entends pas les Analystes de l’École. Lors d’une dernière
Rencontre, j’avais évoqué La Fontaine et cette hydre aux cent têtes, vaut-il
mieux rencontrer un dragon aux cent queues? Qu’est-ce qui est le plus
dangereux? Il est évident qu’un groupe de plus de mille personnes a besoin
d’une direction. Mais n’importe quel navire qui part au combat ou pour une
croisière a besoin d’un commandant. Qu’est-ce qu’il hurle, le commandant, en
Grèce, quand il veut que le navire quitte le quai, et qu’on largue les amarres?
Il crie : “ Analysis! ”
Ropo - Voy a tratar de levantar mi
inhibición de hablar. Simplemente quería ponerme de parte de los que toman
parte y ponerme del otro lado de lo que es la imparcialidad. A mi la
imparcialidad siempre me parece aparente, me inhibe, y no puedo hablar porque
me parece que es imposible ser imparcial. Cuando se pretende ser imparcial se
está escondiendo algún interés. En cambio la gente, si se declara juez y parte,
me parece la gente más amorosa, más realmente imparcial porque es fácil
defenderse de alguien que muestra la paz Y me parece que el verdadero juez
imparcial es el que es juez y parte.
(Jacques-Alain
Miller se retire pour s’installer dans la salle)
Franz
Kaltenbeck - Depuis un certain temps je critique cette institution qui
est l’École de la Cause freudienne. Mais aujourd’hui je regretterais si elle
nous quittait. Elle est en danger. Pourquoi? Parce que j’ai l’impression que
nous sommes en train de perdre un peu notre discours au niveau politique. Je
voudrais indiquer quelques symptômes de cette perte.
Par exemple, quand d’un côté nous vivons un certain nombre de
diktats et quand on veut refuser à quelqu’un qui a fait un texte très mesuré
sur la dictature, je nomme Louis Soler, d’employer ce terme, je trouve cela
scandaleux.
D’autre part, on nous serine
maintenant depuis des mois une théorie sur l’exception unique, devant laquelle
il faudrait vraiment se plier. Eh bien! je vous dis qu’il n’y a pas d’exception
unique, et je peux le prouver mais je ne vais pas le faire ici.
Autre
terme, la démocratie. Non! elle ne nous suffit pas. Qu’est-ce que c’est la
démocratie directe? C’est le court-circuitage des responsables, n’est-ce pas?
Quand on veut éliminer un responsable on fait de la démocratie directe. La
crise, il ne fallait pas en parler par exemple le 17 mai dernier, alors que
c’était seulement un malaise, et ensuite on pouvait encore reparler de la
crise.
Une pulsion, j’ai toujours pensé que
Freud avait raison quand il disait que les deux pulsions, la pulsion de mort et
la pulsion de vie, étaient intégrées. Qu’est-ce qu’on fait à des fins purement
politiques? On les sépare, et on met d’un côté les méchants qui sont du côté de
Thanatos, et de l’autre ceux qui sont du côté d’Eros.
Donc on trafique notre savoir pour renforcer le pouvoir. On
installe une police de langage. Je crois que, quand on essaye de trafiquer le
langage, il faut se défendre. Et donc j’ai proposé à un certain nombre d’amis,
hier, à des analystes de l’AMP que j’ai qualifiés de “ capables ”,
mais tout le monde est invité parce qu’il y a beaucoup de capables, qu’ils se
réunissent pour repenser nos structures politiques et faire des propositions.
On m’a dit que “ capables ” n’était pas le bon terme, donc j’aurai
une autre proposition. J’ai parlé il y a longtemps de l’attention de Lacan et
on pourrait par exemple créer une sorte de base, qui aurait des réflexions, des
propositions, et même qui agirait, et qui s’appellerait “ l’attention
lacanienne ”. Elle défendrait éventuellement tel ou tel collègue quand on
refuse un enseignement, parce que c’est arrivé récemment, ou qui pourrait
également critiquer nos publications, la liberté de publications de certaines
personnes et la non-publication d’autres, elle pourrait également se mêler des
débats sur la passe, par exemple elle aurait été très utile à l’époque du
Collège de la passe. J’invite tout
le monde à se joindre à cette initiative, et je serai prêt à coordonner
éventuellement les personnes qui s’intéresseraient à cette initiative.
Graça
Pamplona - Em primeiro lugar quero dizer que aderi à AMP já em
Caracas, pouco depois que ela foi fundada. Como eu, vários colegas fizeram o
mesmo em Caracas, nos propondo a construir a Escola Brasileira. Então é daí que
penso que gostaria que retornassem à dianteira do anuário a Proposição, a Ato
de fundação e o Pacto de Paris.
Penso que são esses os textos que
devem nortear, pois assim foram norteados os propósitos da AMP, da Escola
Brasileira e, acredito, das outras Escolas.
Em segundo lugar. Celso Rennó é
nosso diretor e tenho certeza que é do lugar de Diretor da Escola Brasileira
como um todo que ele quer e talvez tenha tentado se colocar, malgrado, em
muitos momentos, o que transparece, é um pensar na Seção Minas. Eu quero trazer
à AMP que no Brasil outros colegas dão ensino em outros lugares diferentes das
suas Seções de origem e também recebem pacientes de outros lugares. Talvez para
a Europa seja até surpreendente que no Brasil isto se torne um problema pois
sabemos que vocês estão acostumados a praticar em diferentes cidades e a dar
ensino em diferentes cidades, o que é bem vindo, certamente. Neste período de
conversações no Brasil algumas coisas surgiram e que me trazem inquietação.
Como membro da AMP e membro da EBP.
Transparece de declarações de
colegas a dificuldade dos mineiros desta geração teriam para encontrar em Belo
Horizonte analistas nos quais confiem para tornarem as suas análises, análises
didáticas. E que, por essa razão, estão
procurando analistas fora de Belo Horizonte e, de preferência em Paris. Este
assunto veio a tona nestas conversações e que, de algum modo me preocupa. Penso
que isto se redobra em outro ponto também quando um outro colega considera que
a escola de Lacan contribuiu para que o modo de manejo de Lacan das questões do
grupo analítico contribuíram para que Lacan fizesse da sua escola uma SAMCDA, e
que nesse momento o que teríamos de Lacan é uma escola que se orientava à
passagem ao ato, ato de dissolução. Não entendo jamais o trabalho de Lacan e a
sua proposta institucional como tendo contribuído contra o discurso analítico
mas ao contrário.
O terceiro ponto que surgiu neste
contexto de conversações é a pesquisa de um outro colega a partir de textos das
história da psicanálise de Elisabeth Roudinesco onde concluiu dizendo que
Miller vai ao Brasil tantas vezes para que alguém um dia lhe diga, Miller você
foi o analista do velho Lacan. Eu acredito que este conjunto de coisas traduzem
hoje uma pergunta que nos cabe colocar: aonde estamos hoje com a questão da
transferência? Porque entendo que de um lado surge um certo cerceamento das
transferências analíticas e que isto se rebate no cerceamento do que, de alguma
maneira, nos articulou como conjunto no que chamamos de transferência de
trabalho. É a causa analítica que permite estarmos hoje todos aqui reunidos.
Finalmente, para concluir, eu
gostaria de dizer à Leguil que ele foi alguém muito importante na escola
brasileira e, a nível particular, na Seção Rio, pelos para mi. Pelos momentos que nos foi possível
trabalharmos juntos no Brasil ainda na época da construção da Escola Brasileira
em que ele esteve dando um seminário em Salvador. Queria perguntar à Leguil se
ele entendeu que quando o convidamos no final do ano passado para ir ao Rio dar
algumas conferências no contexto de um jornada, e que nessas jornadas teve
exposições de arte e festas de encerramento, se isso foi espetacular, e se ele
entendeu isto como um espetáculo de líderes também. Porque não foi no lugar de
líder que você veio para nós.
Marc
Strauss — Je voudrais
“ rebondir ”, pour reprendre le terme utilisé précédemment par
Pierre-Gilles Guéguen, à partir de son intervention et de celle de Marie-Helène
Brousse. Ils nous disent tous deux que si guerre il y a, ce n’est pas une
guerre entre nous. Ils qualifient aussi la Tirade de “ mise au
point ”, enfin se disent d’accord avec les objectifs présentés à la fin de
ce texte.
Il n’est pas question de guerre
entre nous. Pourtant, que voit-on?
Pour commencer par un exemple de ce
qui vient de se passer, nous venons d’entendre Pierre-Gilles Guéguen récuser
sans appel une expression de Marie-Jean Sauret, qui avait défini l’AE à partir
de la formule “ objection au savoir ”. Pierre-Gilles invalide cette
expression et y oppose celle de “ rebondir ”. Cette façon de faire ne
me paraît pas pertinente. D’ailleurs, pour rebondir, une balle doit bien
rencontrer un obstacle, une objection dans son trajet initial.
La guerre ne serait pas entre nous,
disent-ils. Mais enfin, que voit-on? Qu’est-ce d’autre ? Antonio Quinet en a
parlé : nous assistons depuis deux ans à une succession de guerres.
D’abord la guerre autour de
l’accusation de pompage.
Puis une dite guerre des cartels.
Ensuite une guerre autour du
jumelage Toulouse/Rio. C’est dans ce contexte que Francois Leguil a fait son
texte, ce qui oriente la lecture de celui-ci, tout comme c’est dans le contexte
de l’accusation de pompage contre Colette Soler qu’il est intervenu à Arcachon.
Ensuite encore il y a eu le problème
de la Présidence de l’ECF.
Enfin, dans de nombreux endroits de
notre monde la situation est tendue : Rio, Madrid, d’autres encore.
Est-ce le meilleur moyen de préparer
une “ guerre ” avec l’IPA, pour la psychanalyse, que de se livrer à
des guerres internes?
La Tirade est peut-être une mise au
point. Mais si c’est le cas, elle se fait en épinglant, en fixant, des
collègues, des membres de l’AMP, à des positions qui ne sont pas nécessairement
justes, et qui de surcroît ont toutes les raisons de leur être intolérables.
Mettre ce texte en tête de notre annuaire cristallise un conflit et en fait une
guerre interne.
Il y a donc deux choses très
différentes. D’une part il y a un objectif affiché, dont je peux dire que je le
partage avec Jacques-Alain Miller, Marie-Helène Brousse et Pierre-Gilles
Guéguen. D’autre part, il y a des méthodes, avec lesquelles je suis en
désaccord, et dont je doute qu’elles soient même compatibles avec l’objectif.
(Jacques-Alain
Miller revient à la tribune pendant l’intervention de Strauss)
Marie-Hélène
Brousse -- Je vais reprendre le dernier point que je n’ai pas
beaucoup développé. Cela fait un an et demi qu’un certain nombre d’entre nous
marquent leur souffrance. J’y suis très sensible, sensible par exemple à la
souffrance qu’a manifestée Marie-Jean Sauret. Pendant le Collège de la passe il
y a eu aussi des moments très durs où chacun d’entre nous souffrait. Ce
processus de séparation, entre nous parfois, produit des effets de souffrance
indéniables, je les entends, je les vois, parfois je les ressens, et je suis
désolée pour Marie-Jean. Mais même quand c’est la mienne, elle est de peu de
poids, pour moi en tout cas, par rapport à ce que je vais dire maintenant. Je
respecte cette souffrance, mais elle ne m’arrête pas, parce que j’ai quelque
chose de plus important qui me détermine. Ce plus important qui me détermine je
le vois précisément à deux endroits de la fin de la “ Tirade ”, mais
aussi dans le débat avec Marie-Jean. Je veux bien qu’on mette mon nom à la
place de celui de Marie-Jean, je me sentirai plutôt honorée.
En tout cas, les deux points en
question sont les suivants.
Le premier est un débat sur le
statut à donner à la parole de Lacan. Gennie parlait de l’écrit. C’est vrai que
c’est un écrit mais un écrit très spécifique, qui préserve sa puissance
d’énonciation. C’est pour ça qu’il compte, et c’est pour ça que, comme Gennie
le disait, on peut y faire fond. Il y a, dans la culture contemporaine, une
tendance très forte à la mortification de l’énonciation dans les textes, en
particulier dans celui de Lacan. Cela se voit dans différents endroits du monde
et aussi dans différents endroits de la société, l’université étant le lieu
majeur de cette mortification de l’énonciation. Donc quand, dans la
“ Tirade ”, Jacques-Alain Miller accentue cette question, j’en fais
même un élément majeur de l’avenir que je veux pour l’enseignement de Lacan au
XXIe siècle.
Deuxième point. Il y a, en cette fin
de XXe siècle, une question à se poser, question qui me détermine :
Est-ce que la psychanalyse franchira ou non le XXIe siècle? Dans Le
savoir du psychanalyste Lacan en parle comme d’un symptôme, même si dans le
Séminaire Le Sinthome il dit que la psychanalyse n’est pas un symptôme.
Il développe tout un paragraphe sur la question, extrêmement complexe,
demandant : Est-ce que ce symptôme survivra ou ne survivra pas au XXIe
siècle? Nous devons prendre cela au sérieux. Mais je suis attachée comme
analysante et comme analyste au discours analytique, je préfère un monde avec
le discours analytique, et considère que l’AMP est un outil fondamental dans
cette lutte. Or, en ce moment, à l’AMP, nous assistons à un processus de
destruction.
Dernier point. Cette question de
rendre vivantes et l’énonciation de Lacan et la psychanalyse au XXIe
siècle, est l’effort à quoi il faut s’atteler. Il faut le dire simplement.
Comme Gennie Lemoine, sans faire de phrases, je dirai donc que je veux entrer
au XXIe siècle avec l’orientation que jusqu’à présent Jacques-Alain
Miller a donnée, à l’étude de Lacan et qui met au premier plan son énonciation.
C’est simple, c’est ça. Pas plus que ça, avec tout le respect que j’ai pour les
personnes humaines, pour leur souffrance, pour la mienne propre. Là-dessus,
intraitable. [Esquisses d’applaudissements aussitôt réfrénés]
Vera
Pollo ¾Queria
colocar uma questão. Ela é mais dirigida para Jacques-Alain Miller. Eu trabalho
como adjunta de Cartéis na Seção Rio e vivemos, nestes últimos tempos,
precisamente do mês de abril para cá, um processo de desintegração completa de
um trabalho que era feito de forma combativa e sem ser guerreiro a ponto de ser
mortífero, mas de forma entusiasmada e combativa. E este ritmo teve que ser
quebrado, o ritmo de publicação, inclusive publicações ao meu ver bastante
sérias, bem feitas com todo o respeito à enunciação de Lacan, onde não se sabia
mais se era conveniente ou não publicar Marie-Jean Sauret, o ritmo teve que ser
interrompido, o Conselho teve que ser consultado com mais cuidado. São uma
série de coisas como estas.
Então, a pergunta que queria fazer a
J.A.Miller é se ele poderia explicar um pouco mais porque na Carta
Madrilenha na parte de Apocalypse now ele esperava a vinda de
Tânatos desde a fundação da EEP e porque esta proximidade da vinda de Tânatos e
a EPB, na sua carta, e porque no Rio quando da conversação da EBP você nos
diz, "me acusam de ditador mas vejam
bem que o Conselho de vocês me levara a tomar uma decisão, a única tal vez, sem
consultar ninguém", enfim, se você poderia falar mais sobre isto.
Jean-Pierre
Klotz - Dans la
psychanalyse on est toujours responsable de ce qu’on dit, de ce qu’on écrit, et
même de la façon dont on est lu - même si on prétend qu’on n’est pas lu comme
on voudrait l’être ou comme on avait prévu de l’être. On ne peut récuser la
responsabilité des suites. On a bien sûr la possibilité de répliquer, de
reprendre, de continuer à parler - comme cela se fait ici dans la Conversation
et dans toutes les autres Conversations.
La “ Tirade ”, pour moi,
n’est pas un texte où l’essentiel est la mise en cause de collègues. La
“ Tirade ” est un texte d’orientation, qui a été produit, certes,
dans certaines circonstances, mais aussi à un moment précis et qui a marqué un
tournant. Son auteur, Jacques-Alain Miller, l’a précisé au moment même où il la
prononçait, c’est contenu dans le texte. C’est un texte d’orientation qui, pour
moi, est particulièrement clair, et qui vise, comme il y est dit, reprenant le
terme de Lacan, la reconquête du Champ freudien. Le terme de reconquête est un
terme qui fait partie du vocabulaire guerrier, du vocabulaire du combat. L’AMP,
les Écoles, sont des organes de combat, d’un combat tourné d’abord vers l’extérieur,
à l’extérieur d’elles-mêmes. Il se trouve qu’il y a sans doute trop de combats
intérieurs en ce moment. On peut le penser ainsi. Il est vrai que pour nous,
l’intérieur et l’extérieur sont noués, souvent.
Eh bien! il me semble que la
“ Tirade ” vise d’abord à aller au-delà de ces combats intérieurs et
à recentrer les choses sur le combat extérieur. Que l’AMP soit un organe de
combat a au moins le mérite de nous éviter de considérer que notre visée
essentielle est notre paix et notre tranquillité. Ce n’est pas dans une
atmosphère de paix et de tranquillité qu’un combat comme le nôtre pourra être
mené. Tous les noms qui sont cités dans la “ Tirade ”, au fond,
peuvent être considérés comme des contributeurs à ce combat. Telle est la bonne
manière, me semble-t-il, de prendre les choses, si on veut bien subordonner à
l’École et à l’AMP l’incidence qu’on peut avoir dans ces affaires. Et quelles
que soient les critiques qu’on veuille émettre, chacun a la possibilité, bien
entendu, comme Marie-Jean Sauret a commencé à le faire, de rectifier, ou de
reprendre, ou de redire, comme il l’entend. Il est parfaitement légitime de le
faire pour qui se croit lésé.
En tout cas, nos Annuaires
commencent par des textes d’orientation, et je trouve que de ce point de vue la
“ Tirade ” vient tout à fait à sa place, telle qu’elle est, d’autant
plus que je n’y vois nulle injure personnelle, au contraire même à l’occasion.
C’est cela l’essentiel. Voilà ce que je voulais dire.
Je suis par ailleurs en accord
complet avec ce que vient de dire Marie-Hélène Brousse, et en particulier avec
ce qui pour moi prime sur tout aujourd’hui : le combat que Jacques-Alain Miller
a initié il y a maintenant de nombreuses années, il faut qu’il puisse continuer
à le mener, à nous y mener, et qu’il ait les moyens de le faire, au-delà des
susceptibilités personnelles. C’est un choix que je ne cesse jamais de faire et
de refaire, ce n’est jamais un choix une fois pour toutes, mais c’est un choix
qui jusqu’à nouvel ordre m’oriente avant toute chose, pour ce qui concerne la
psychanalyse dans son incidence collective.
Rainer
Melo ¾Fiquei
surpresa quando percebi que fazia parte da pauta da Conversação hoje a questão
da geminação porque me parece que foi idéia de Judith Miller esse intercâmbio
entre as escolas e pensei que já tivesse encerrado essa história e percebo que
tem questões mais importantes para serem discutidas aqui como por exemplo a
questão da política da Escola centrada por exemplo na Tirade.
Esta política está trazendo
conseqüências lamentáveis como a saída do nosso colega Jairo Gerbase que sempre
trabalhou pela causa analítica e pela Escola. Também tratar as
conseqüências dos insultos aos colegas
que sempre trabalham, trabalharam para a construção dessa Escola. Na
conversação do Rio, eu falei sobre o Miller político e o Miller teórico. De
forma que o Miller teórico eu o considero brilhante e admiro, então, porque não
na política esse Miller proceder da mesma forma?
François
Leguil - Plusieurs questions ont été posées sur le jumelage, je n’y
répondrai pas, je considère que l’on a plus rien à en dire pour aujourd'hui.
Jacques-Alain Miller a proposé un débat entre Antonio et moi-même, Antonio a
expliqué pourquoi il ne voulait pas monter à la tribune, on doit parfaitement
respecter cela, et après tout on n’est pas obligé de passer la journée à parler
de cela. Cet après-midi, j’aimerais bien intervenir pour dire mon point de vue
sur la mise en série, que ce soit la mise en série que Antonio Quinet a faite,
celle qu’a faite Carmen Gallano, ou celle de Marc Strauss. Cette mise en série
de phénomènes, qui se présentent dans un premier temps comme disparates, et
dans un deuxième temps en continuité, ayant une profonde logique, eh bien ! la
logique, c’est que tout cela traduit l’action d’un homme : quelque chose qui
doit être désormais refusé absolument et tenu pour inacceptable. Mais on peut
prendre la série autrement. On peut la prendre comme le fait que cela traduit à
chaque fois une réponse prise dans un même combat, et à ce moment-là on peut
analyser chacun des faits qui ont été mis dans la série comme étant à chaque
fois quelque chose qui nous est connu, parce qu’une personne offre un type de
réponse à ce qui lui paraît contraire à la poursuite de notre combat. Cet après-midi
j’aimerais beaucoup intervenir pour dire ce que je pense de cette façon de
mettre en série les choses sans dire la logique qu’il y a derrière.
Jorge
Forbes - Poema. Cuando llegué a Barcelona supe que tendría que
escoger rápidamente un texto literario brasileño, que junto con otros textos
serán leídos durante la Conversación. La primera idea que me vino fue de
proponer un texto de un poeta contemporáneo Carlos Drummond de Andrade que se
llama "José" pero no lo hice. No lo hice por tres razones. Primero
por que este texto empieza diciendo “la fiesta acabó, la luz se apagó, el fuego
soñó, la noche expiró y ahora os dejo”. Entonces este texto no es muy animador.
Entonces pensé que no [¿] que la fiesta puede continuar. Entonces escogí otro
autor muy conocido de ustedes, que se llama Francisco Buarque de Hollanda,
Chico, es un poeta, es un escritor y es un músico.[¿] Y la música brasileña
habla para los brasileños más que su literatura pura. Es un texto que dice que
la fiesta puede continuar y al mismo tiempo da una visión (¿dependiente de la
hora de la verdad?). En la conversación cuando decimos que estamos en la hora
de la verdad no quiere decir que sea el juego de la verdad. La hora de la verdad es también saber dar un
paso y a veces ver que la fiesta puede continuar, no siempre una sola fiesta,
que lo mismo puede haber dos fiestas.
Entonces pensé en escojer un texto que cuenta la historia de un maestro sala y una porta estandarte dentro de una otra escuela, de una escuela de samba. Para situarles, es el momento en que la escuela va a salir en la avenida, el maestro sala no ve más a la porta estandarte, la persona que lleva la bandera de la escuela, porque hay una distinción entre sambar en la avenida y entre sambar en las galerías, y se puede entonces optar por la fiesta de la avenida o por la fiesta de las galerías. El texto se llama: “Quien te há visto, quien te ve”. Cabrocha es la mulata que baila bien el samba.
Você era a
mais bonita das cabrochas desta ala
Você era a
favorita onde eu era o mestre sala
Hoje a
gente nem se fala
mas a
festa continua
Suas
noites são de gala
nossa
samba entra na rua
Hoje o
samba saiu
procurando
você
quem te
viu
quem te vê
quem não a
conhece
não pode
mais ver pra crer
quem
jamais esquece
não pode
reconhecer
todo ano
eu lhe fazia
uma
cabrocha de alta classe
de dourado
lhe vestia
pra que o
povo admirasse
não sei
bem com certeza
por que
foi que um belo dia
quem
brincava de princesa
acostumou
a fantasia
hoje eu
vou sambar na pista
você vai
de galeria
quero que
você me assista
na mais
fina companhia
se você
sentir saudade
por favor
não dê na vista
bata
palmas com vontade
faz de
conta que é turista
Jacques-Alain
Miller - Merci. Nous nous retrouverons à 16 heures pour la
deuxième partie de la Conversation. Je prie les AE et les présidents de
m’excuser, mais il était difficile d’interrompre la dynamique de la
Conversation.
Fin de la matinée
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La Grande Conversation de
Barcelone
*****
Jacques-Alain
Miller - Bon, je vois que les opérations postprandiales sont
longues malgré le temps qui avait été donné. La tribune commence à se remplir,
elle est presque complète, mais ne l’est pas tout à fait.
Alors, je vais procéder à la lecture
d’un auteur. Je ne sais pas si c’est un classique, mais c’est un auteur qui
nous intéresse. Il s’agit d’un texte inédit de Jacques Lacan qui vient de
paraître dans la publication que voici, Les Cahiers cliniques de Nice,
numéro 1, de juin 1998. Et vous trouvez en deuxième place dans le numéro la
conférence de Lacan faite à Nice sur “ Le phénomène lacanien ”.
On en connaît le titre parce que
Lacan y fait lui-même référence à son Séminaire RSI de 1974 qui a été
publié dans Ornicar? n°2. Et comme la transcription a été faite à Nice
même où avait été prononcée la conférence, j’ai pensé que c’était le meilleur
lieu pour la publication.
Pendant que la salle se remplit, je
donnerai lecture de fragments de ce texte, que j’ai dû établir à partir de la
transcription.
“ C’est évidemment une
faiblesse que d’avoir accepté ce titre. ”, dit Lacan.
“ Lors de la séance de
réception de mon ami Claude Lévi-Strauss à l’Académie française, il m’avait
semblé que celui-ci élevait l’Académie française jusqu’à l’initiation,
c’est-à-dire réduisait l’initiation à rien. Naturellement, cela me tracassait.
Je lui ai posé peu après toutes les questions qu’il fallait, grâce à quoi je me
suis aperçu que, effectivement, il réduisait l’initiation à ce que comporte
l’accession à l’Académie française, ce qui m’a encore plus affecté - non pas du
tout que je tienne à l’initiation.
Non seulement je n’y tiens pas, mais
je pense, pour tout dire, que l’initiation est toujours un truc assez moche.
(...)
Je tâcherai de vous faire sentir,
pendant cette chose comme ça qui s’appelle une conférence, à quel point je n’y
crois pas, à la nature. Ceci est d’ailleurs frappant - dans une culture, dans
ce qu’on appelle ainsi au nom de la nature - la nature qui serait -, il y a
différentes conceptions de la nature.
Je ne crois pas beaucoup à l’initiation,
tout en le regrettant un peu, comme tout le monde, enfin comme tous les
débiles. Ce que je me sentirais dans la nature... Malheureusement, vu que je
suis analyste, il m’est totalement impossible d’y croire.
L’analyste - au moins ai-je essayé
de faire qu’il y ait des analystes de cet acabit - est quelqu’un qui réalise -
le pire est qu’il faut qu’il le réalise lui-même - que ce dont il s’agit dans
l’effet de toute culture, au fond du fond du tourbillon, je veux dire de ce qui
fait cause - eh bien, c’est un déchet.
Tout le monde ne s’en aperçoit pas,
mais seul a le droit de s’autoriser d’être vraiment un analyste celui qui s’en
est aperçu. Être un déchet est ce à quoi aspire sans le savoir quiconque est un
être parlant - je n’emploie ce terme que parce que je ne sais pas à qui je
m’adresse, vous êtes trop nombreux.
Quiconque est un être parlant est
pris dans ce tourbillon qui est la vraie course de son désir - désir dont vous
avez sans doute appris à l’occasion que c’est l’essence de l’homme. Un certain Spinoza
s’en est aperçu, bien avant que la psychanalyse existât. Dieu merci, il jette
un voile sur ce qu’il en est de l’authentique cause du désir. ”
Je passe.
“ Si j’ai accepté ce défi,
c’est parce que j’admets qu’il y a des effets lacaniens.
De quel ordre sont-ils? Evidemment,
de celui que je veux.
Cela n’a rien à faire avec le
phénomène au sens, disons, le plus sérieux qui est donné à ce terme. Comme il y
a ici, je le suppose, quelques personnes pour s’en douter, c’est celui qui
l’oppose au noumène. Ce sont des histoires de philosophie, de ces choses qui
traînent dans l’enseignement.
(...)
(...) On dit que le phénomène est ce
en quoi les choses, comme on s’exprime, nous apparaissent. Elles ne nous
apparaissent qu’à travers la faiblesse de nos sens, et nous ne soupçonnons pas
ce qui peut en être de leur réel. C’est une vue modeste, mais dont il s’agit
justement de rendre compte.
(...)
Ce que je voudrais, c’est faire que
le discours analytique se tienne assez pour s’enseigner de façon aussi
rigoureuse que la science. Ce qui, pourtant, me rend ce dessein difficile à
réaliser, c’est que, quoiqu’elle en pense, la science ne s’est pas encore
donnée son propre statut.
Bien sûr, me dira-t-on, c’est
l’expérience qui fait son statut. Il est pourtant bizarre et regrettable que
l’expérience ne mène strictement à rien quand l’appareil mathématique ne la
soutient pas. C’est très précisément de cet appareil que, de façon datable, la
prétendue fécondité de l’expérience s’est opérée dans la science.
Quand la science en question,
qu’elle soit physicienne ou biologiste, se targue de trouver sa règle dans
l’expérience, elle omet complètement qu’il n’y a d’expérience sensée que depuis
Galilée, pour l’appeler par son nom. Il a fallu frayer les choses d’une façon
telle qu’on renonce à se servir de ses intuitions, c’est-à-dire de quelque
chose de sorti de l’imaginaire, et qu’on se passe de ce qui va très bien avec
ces intuitions - il s’agirait encore de savoir pourquoi -, à savoir les grands
mots, les mots qui font sens.
Il n’y a pas à dire, moi aussi -
même en voulant frayer ce qu’est l’analyse, je suis forcé d’emprunter de ces
grands mots, des mots qui font sens. Qu’est-ce que c’est, l’imaginaire, le
symbolique, le réel, si ce n’est quelque chose qui fait sens?
Comme vous le voyez, l’exercice de
mettre au pas un certain nombre de gens ensemble sans retomber dans l’ornière
philosophique, n’est pas une petite affaire.
La science elle-même n’ayant
absolument pas éclairé ses principes, à savoir sur quel pied elle danse, je n’ai
strictement d’autre point d’appui que la pratique analytique.
A ceci près que - et je m’en
félicite - ce n’est pas moi qui l’ai inventée. C’est un nommé Freud qui a fait
le travail de l’introduire.
Nous n’allons pas nous mettre à
réfléchir sur le fait qu’il croyait avoir là-dessus l’appui de vérités
scientifiques établies. Dieu sait à quel point il se gargarise de notions dites
énergétiques. (...) Mais jusqu’à nouvel ordre, pour implanter une énergétique
au niveau de la pratique analytique, il faut vraiment tirer les choses par les
cheveux.
(...)
Dans la pratique analytique, ce dont
il s’agit ce n’est pas simplement de chatouiller. On s’aperçoit qu’il y a des
mots qui portent et d’autres pas. C’est ce qu’on appelle l’interprétation.
C’est par là que j’ai commencé à
introduire la sorte de cogitation à laquelle j’invitais les co-praticiens. Je
leur ai demandé de réfléchir (...) sur le sujet de savoir comment ils pouvaient
bien se faire qu’ils opèrent (...) avec les mots. (...)
Quand j’ai introduit cela, il y a
vingt-et-un ans ” - ça c’est ce que Lacan dit en 1974, il se réfère au
Rapport de Rome de 1953 - “ , cela fait du tirage un tout petit peu de
tirage. N’allez pas vous imaginer qu’il y en a eu un très grand. Les
psychanalystes sont comme tout le monde, comme vous, ils sont sourds à ce qui
ne leur plaît pas. Même parmi mes élèves les plus proches, ils étaient
sourdingues à la remarque que je leur faisais, qu’il valait peut-être la peine
de remettre en cause quelque chose de l’acquis pour introduire la question de
comment cela peut-il bien opérer. ”
Bon, on peut peut-être commencer.
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Jacques-Alain
Miller - Ce matin, nous
avons eu, d’après le compte qu’a tenu Lucia D’Angelo, 34 prises de parole. Je
constate que, par rapport à l’écriture sur Internet, le ton et le contenu
étaient plus civils. C’est bien.
A l’heure du déjeuner, une collègue,
que j’aime bien — je l’ai vu passer — m’a demandé, presque les larmes aux yeux
: “ Enfin, est-ce que vous allez dissoudre? ”. J’ai dit :
“ Pourquoi dissoudrais-je? ”. Elle m’a dit : “ Mais est-ce que
vous allez tolérer l’existence d’une opposition dans l’AMP? ”. Je lui ai
dit : “ Je n’ai pas l’intention de demander la dissolution de l’AMP ”.
En effet, je suis d’accord avec
cette collègue — je peux la nommer, c’est Diana Kamienny, argentine de Paris,
française d’origine argentine — je suis d’accord avec les deux mots qu’elle a
prononcés : “ une opposition ”. Il n’y a pas de quoi tomber dans les
pommes pour autant.
Evidemment, avant, apparemment il
n’y avait pas d’opposition. Enfin il y en avait une, mais elle n’était pas
explicite, elle ne se connaissait pas tout à fait elle-même.
Comment est-ce que je vois les
choses de cette matinée? Je le dis parce que plusieurs m’ont interpellé :
“ Mais vous n’allez pas parler ?! ”. Je compte parler demain, je
présente un long rapport, mais je veux bien parler tout de suite aussi, un
petit peu.
Comment m’apparaît cette matinée?
C’est plutôt la bonne surprise. La bonne surprise est que ce n’est pas
strident. Personne ne m’a comparé au roi du Maroc — tant mieux [rires].
Au niveau du contenu, j’ai retenu ce
qu’a dit Bernardino Horne : le débat est celui de l’École et des groupes. Cela
me paraît très exact.
Au fond, quelles sont les interventions
qui ont marqué? Ce sont celles qui mettent en évidence, au sein de l’AMP, ce
que j’appellerai le retour du multiple. Le Champ freudien, les Ecoles, l’AMP,
tout cela est le résultat d’une grande aspiration à l’unité. Et il était sans
doute fatal - on s’en aperçoit après-coup, évidemment - que cela produise un
retour du multiple.
Eh bien! c’est avec cette grille,
disons, que j’ai entendu, au fond sans surprise, Antonio Quinet, Carmen
Gallano, Marie-Jean Sauret, et également - bien qu’il n’ait pas la même
implantation locale - Marc Strauss, dont j’ai perdu une partie de
l’intervention.
Qu’est-ce qu’on a vu avec ces quatre
interventions? Eh bien! on a vu — je parle pour moi, bien sûr —, avec une sorte
d’évidence, qu’ils se sont réunis à l’avance, qu’ils ont synchronisé leurs
interventions, qu’ils se sont donné le mot, qu’ils ont répété, chacun dans son
style propre, la même histoire, qui commence avec le pompage, qui continue avec
le Collège de la passe et le fameux cartel B — dont je signale en passant qu’il
a cinq membres, il y a peut-être des membres de ce cartel qui sont ici et qui
pourraient aussi vouloir parler —, une histoire qui se termine par la même
demande de retrait de l’annuaire de l’AMP, ou la demande d’en enlever la
Tirade.
Il n’est pas question d’enlever ce
texte, d’aucune façon. Ce texte indique exactement ma position. Il indique très
précisément le moment où j’ai compris ce que j’ai dit, à savoir que, pour un
certain nombre dans l’AMP, le grand problème du Champ freudien c’était moi —et
que leur pensée était toute tournée vers moi : comment m’arrêter, comment me
freiner, comment me contrôler, comment m’empêcher, etc — et qu’ils me
considéraient comme une sorte de furoncle, de symptôme, qu’il y aurait une
tumeur qui aurait poussé au milieu de l’AMP.
Ce n’est pas une conception que je
peux partager. Donc, au moment où j’ai aperçu ça - c’est contingent, je l’ai
aperçu en écoutant quelqu’un -, au moment où je l’ai aperçu je l’ai dit. Et
j’ai dit en même temps que cela me paraissait pour le moins un point de vue
très très étriqué, très très médiocre.
Je crois que ce que j’ai aperçu là
est bien là. C’est tout à fait exact, il y a en effet un certain nombre de gens
de l’AMP, de collègues de l’AMP, qui sont réunis par l’idée que le grand problème
c’est moi, et qui depuis lors se réunissent en groupe, se mettent d’accord en
groupe.
C’est d’ailleurs un groupe qui a décidé, il n’y a pas si longtemps :
“ Pas de réconciliation ”. Il y a eu une réunion en forme de nos
collègues où ils ont débattu entre eux pour décider qu’ils ne voudraient pas
s’engager dans le chemin d’une réconciliation.
Il y a donc désormais dans l’AMP un
groupe constitué qui se réunit régulièrement. J’en ai parlé avec Colette Soler, je lui ai dit que je ne
pourrais pas en parler davantage, et je lui ai demandé de nous expliquer
elle-même quel était selon elle le sens de ces réunions - il y en a eu une il y
a deux jours, il y en aura une autre ce soir -, ces réunions de groupe, comme
on dit, nous. Voilà.
C’est donc une première grille de
lecture : il y a un retour du multiple, et des collègues bien implantés à Rio,
à Madrid, à Toulouse, qui se rapprochent, se lient, se réunissent, s’en
prennent au délégué général de l’AMP, s’en prennent souvent également aux
instances responsables de leurs Ecoles —à ma connaissance, ces collègues sont
également en opposition avec les instances responsables de leurs Ecoles.
Deuxièmement, il y a des projets qui
se tissent, d’une sorte de Champ freudien bis qui serait universitaire. Cela se
passe entre l’université de Buenos Aires où enseigne Gabriel Lombardi,
l’université de Toulouse, l’université d’Antioquia près de Medellin où est
Palacio, avec un relais à l’université de San Paulo, également à l’une des
universités de Rio, et à Bahia.
C’est-à-dire que nous avons parmi
nous un certain nombre de collègues qui ont à mon avis — et je serai très
content de les entendre là-dessus —la vieille idée qu’ils pourront, à partir de
l’université, subtiliser au discours analytique son agalma,, qui parfois
sont irrités par les injustices du transfert, et qui préfèrent le modèle
d’organisation du discours universitaire, où chacun est maître chez soi quand
il a sa chaire, où il n’y a pas une énonciation dominante, où un professeur
voisine avec l’autre, tranquillement, sereinement. Il y a des collègues pour
qui ce type d’organisation de discours est plus agréable, leur convient mieux
que le mode plus chaotique, plus sauvage, plus compétitif, qui règne dans nos
associations analytiques.
Périodiquement, on voit en effet des
tentatives de détournement se produire. On a vu celle de N* à une époque.
J’étais bien placé pour en réaliser une à un moment donné, et j’ai préféré ne
pas le faire, et développer le Champ freudien hors de l’université.
Lacan a pris même ça tellement au
sérieux que dans son organisation des quatre discours, il met en quelque sorte
le discours universitaire après le discours analytique. C’est-à-dire : ça
finira à l’université. Eh bien! le jour où le discours analytique sera un
discours mort, où plus personne ne se prêtera à l’expérience, n’en prendra plus
le risque, alors ce sera l’heure d’écrire sur nous, alors ce sera l’heure de
classer les concepts analytiques, et on enseignera la psychanalyse pour faire
des professeurs d’histoire de la psychanalyse.
Il y a quelque chose d’irritant en
effet pour le discours universitaire dans la résistance que lui oppose le
discours analytique. Donc, je vois se mettre en place, disons, une ébauche de
réseau, sur nos marges, je vois des négociations s’ébaucher, au moment où, en
effet, il y a des difficultés internes dans l’AMP. Cela me fait penser aux
images noir et blanc de vieux films américains, où les vautours tournent autour
d’une proie. Je vois ça.
Troisièmement, il y a le désir de l’effacement de l’énonciation.
Ce qui efface de façon majeure l’énonciation, c’est le discours
universitaire, car c’est, au fond, le pompage généralisé. C’est ce qu’on a fait
avec Lacan, et c’est ce qu’on voudrait faire avec nous : tout le travail du
Champ freudien, chaotique, depuis près de vingt ans, ordonner tout ça, en faire
quelque chose d’aseptisé, de recevable, pour être distribué et donner lieu, si
possible, à des diplômes. Cela tourne la tête à des gens, ça, d’être des
maîtres du tampon : on tamponne et on a un diplôme; et quelle injustice de ne
pas pouvoir faire ça avec la psychanalyse ! Et donc, ça les taraude toujours,
de le faire.
Voilà ma grille de lecture pour
cette matinée. Comme dirait l’autre, je peux me tromper. De tout façon, je
continuerai d’écouter. Mais voilà comment je lis les choses.
Alors, ça nous indique de préparer
quoi, ça?
Selon moi, il y a un retour du
multiple. Cela implique donc l’Aufhebung du Un, si je puis dire. Il faut
accentuer l’unité, qui est présente dans le Champ freudien depuis l’origine,
c’est-à-dire faire un pas en avant dans l’unité, pour répondre à ce retour du
multiple.
Ce pas en avant porte un nom, c’est
l’École Une. J’ai dit ce mot à Rio presque par hasard, Ricardo Seldes l’a
entendu. Alors, il est allé à Buenos Aires en disant : Miller parle maintenant
de l’École Une. Et beaucoup ont dit : mais c’est très intéressant, etc. Et puis
cela m’est revenu : alors, qu’est-ce que c’est, l’École Une? Eh bien! je ne
sais peut-être pas tout à fait encore. Mais ce que je sais, c’est que la seule réponse possible au retour du
multiple dans l’AMP, c’est un pas en avant dans la voie de l’unité.
Beaucoup veulent ça, beaucoup
veulent que nous soyons plus proches. D’autres, au contraire, veulent que nous
soyons plus éloignés, rester tranquilles chez eux, et s’unifier seulement au
niveau des chefs de groupe, qui tiendraient de temps un temps un concile. Très
bien. Ce sont deux conceptions tout à fait différentes.
Deuxièmement, puisqu’il y a
actuellement une offensive de type universitaire, très bien : avec l’Institut
du Champ freudien, les Sections cliniques, les Instituts brésiliens, le Centre
expérimental de Buenos Aires, etc, il s’agira là aussi de faire un pas en
avant, parce que c’est notre protection contre le discours universitaire.
Et enfin, au moment où il y a une
tendance à l’effacement de l’énonciation, il faut, plus que jamais, favoriser,
pour chacun des membres de l’AMP, la possibilité de parler dans son style
propre. Je parle des membres un par un - non pas, comme on l’a vu, synchronisés
dans des conspirations qui sont évidemment très vite éventées, vu ce qu’est
notre milieu; il s’agit de faire droit à l’exception multiple, et de faire de
notre réunion une réalité vivante.
Voilà, très simplement, comment j’ai
entendu la Conversation de ce matin, et l’essentiel des réponses qu’il me
semble qu’il faut y apporter. Je ne développe pas davantage, puisque ceux qui
sont membres de l’AMP auront demain à l’Assemblée générale un long rapport de
ma part.
J’ai noté les noms de personnes qui
avaient à parler et qui n’avaient pas pu le faire à la séquence précédente :
Celso Renno, German Garcia, Lilia Mahjoub, et je crois que Colette Soler m’a
dit qu’elle souhaitait intervenir cet après-midi. Je demande à ces collègues,
s’ils désirent parler, de se rendre auprès des micros.
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III. -
Celso Renno Lima, German Garcia, Lilia Mahjoub
Colette
Soler, Pierre-Gilles Guéguen
Celso
Renno Lima - Eu penso que a exposição que
acaba de nos fazer Jacques-Alain Miller, a partir de suas elaborações, e do que
nos trouxe Bernardino Horne, simplifica bastante o que eu tenho para dizer
neste momento.
Durante a manhã, fui chamado a falar
logo depois que Antônio Quinet tomou a palavra. Lembrei que a disposição da
Escola Brasileira, desde há muito tempo, é de acertar as coisas no que diz
respeito a seu Seminário de Minas Gerais. E decerto foi um discurso político,
que não dizia bem a verdade das coisas. Eu quero dizer que essa é a minha
posição, como pessoa que busca, estando na direção da EBP, a direção Una, para
enfrentar a tendência que existe no Brasil –e, pelo que vejo, no mundo– de
volta ao múltiplo.
É um trabalho insano, pois o Brasil
é muito grande. Depois escuto de uma colega, Graça Pamplona, que haveria na AMP
–bem, na EBP, porque ela é colega da Escola Brasileira– um cerceamento das
transferências. Em função disso é que, mais especificamente, intervenho neste
momento. Eu não acredito que em momento algum tenha havido um cerceamento das
transferências. Houve, sim, e vai haver enquanto eu for diretor dessa escola,
um cuidado com a transferência.
Trabalhamos muito, para permitir que
o que conquistamos seja utilizado por pessoas que não vêm trabalhando junto
conosco na construção do Campo Freudiano. Isso eu não admito. Nesse
sentido, faço uma alusão ao uso que se faz da transferência que se conquistou
no Campo Freudiano, para falar em nome próprio. Utiliza-se do agalma
conquistado pela Escola para se trabalhar com grupos que se compõem, em sua
maioria, de pessoas que são contra a escola.
Enquanto eu for diretor da EBP, vou
trabalhar na direção do Um da AMP.
Germán García
- Hay un filólogo español
que se llama Francisco Rico que acaba de hacer una nueva edición del Quijote,
me parece que muy excelente, pero creo que está agotada; al menos yo la estuve
buscando y no la encontré. Escuché un debate por televisión donde estaba
Francisco Rico discutiendo de Cervantes. Los cervantinos discutían dos temas:
si Cervantes era judío y si era homosexual. Los interlocutores de Francisco
Rico, para tomar una posición progresista, dijeron que eso no tenía ninguna
importancia. Y Francisco Rico dijo que sí tenía importancia, porque nosotros no
leíamos al Quijote, sino que leíamos a Cervantes. Y que si leíamos a Cervantes
evidentemente, su lectura iba a cambiar según tuviéramos la certeza o no de
cuáles eran las elecciones de objeto de Cervantes o si Cervantes era judío o
no. Me pareció una observación muy interesante porque yo recuerdo el primer
período de difusión de Lacan en Argentina, donde las personas decían que tenían
transferencia con el texto, que se analizaban con los textos. Pero el gran
secreto de todos nosotros era que no podíamos siquiera imaginar qué práctica se
correspondía a eso. Las cuestiones se resolvían curiosamente en el hábito, es
decir se leía a Lacan, se estudiaba a Lacan y se hacía un análisis habitual, es
decir más o menos imaginado habitualmente.
Me
parece entonces, que - es un punto al menos del recorrido que yo he hecho y he
llegado acá -, decir que esta cuestión, cuando escuché hoy hablar del texto y
de la transferencia con el texto también en algún momento, que esta cuestión se
juega en las personas, en cada una de las personas. Yo recuerdo que en 1980
invité a Miller a Barcelona, justamente a esta ciudad en la que estamos, y él
vino, yo diría hoy por suerte, acompañado de Eric Laurent, y estuvimos aquí
discutiendo todo tipo de cosas: tal, tal y tal. Pero había una verdad. La
verdad en cuestión era que nuestros grupos analíticos - y aquí están muchos de
Buenos Aires que pueden discutir lo que yo digo -, nuestros grupos analíticos
no podían resolver la cuestión ni la articulación a nivel de la Argentina del
psicoanálisis, ni mucho menos darse a una política internacional, a algún tipo
de organización consistente. Es decir, los grupos se agotaban en este juego
unos con otros, etcétera, etcétera. Era realmente una cosa entretenida en un
sentido, agotadora en otro, estimulante también, ¿por qué no?. Esas mismas
personas, con todo, estamos en la Causa. Pero evidentemente yo puedo haber
usado alguna vez cuando íbamos hacia la Escuela la palabra castrum que
es una palabra que me gustó: el castrum de las ciudades. Esos castrum no
constituían las ciudades, eran lugares de la ciudad donde alguien evitaba la
batalla. Yo quiero reivindicar el lenguaje bélico porque sé que es lenguaje, no
porque sea bélico.
Yo
he leído Dinámica de la transferencia, donde Freud dice que cuando se
cerca una capilla no hay que deducir de eso que es el depósito oficial del
ejército, hablando de las resistencias, y hablando de los desplazamientos
resistenciales. También dice Freud que cuando esta batalla transferencial se
transforma por los ideales, se convierte en una batalla dibujada en el cielo, y
no puedo recordar de qué pintor habla, un pintor que hacía las batallas en el
cielo. O sea que me parece que este lenguaje bélico es bastante legítimo y
además podríamos también argumentar con Lacan, que da una cierta épica de
estructura este lenguaje, cosa totalmente necesaria para interesarse. Entonces...
Jacques-Alain
Miller
- Un peintre avec
une bataille dans le ciel, n’est-ce pas Aldörfer?
Germán García - No, es Kauffman o algo por el
estilo, está citado creo en El yo y el ello, cuando habla de la
transformación de las pulsiones en ideales, habla de unas batallas pintadas en
el cielo.
Cuando yo venía subiendo para aquí
me digo, ¿a ver qué tiempo verbal uso?: ¿fue?, ¿qué fue la A.M.P.?, ¿qué habrá
sido la A.M.P.?. No sé que tiempo verbal usar, porque en Buenos Aires, Miller
anunció la A.M.P. a la vez que la Escuela y con ese anuncio yo creo que quedó
la idea de que la A.M.P. era como la proyección internacional del proyecto,
incluso la Escuela misma contenía en su seno ya, miembros europeos, y había una
serie de cuestiones que hacían a garantizar algo de este proyecto y evitar el
retorno de los grupos, y de... Bueno. Digamos que hiciéramos trabajar a Miller
para nosotros y después pudiéramos volver a respetarlo. Iba a ser difícil...
Yo
comentaba el otro día y voy a concluir con esto, porque toco el tema que
planteaba Miller, comentaba que hay un hábito argentino que está registrado en
un libro en la historia de la
Universidad, que consiste en que uno quiere hacerse un lugar en la
Universidad. Está fuera de la Universidad y quiere hacerse un lugar en la
Universidad. En la Argentina la Universidad, más que en Europa, me parece, está
subordinada a la política, van cambiando la gente a medida que van cambiando
los gobiernos. Uno se organiza un Instituto fuera de la Universidad, hace
invitaciones a autoridades extranjeras, va creando una agalma epistémica, y en
el próximo gobierno es rector, catedrático, etc. Así pasaron Ortega y Gasset,
etc.
Creo que lo que nos ocurrió con Miller fue que Miller
fue pero no volvió, es decir que rompió este ritmo tradicional de la Argentina,
esta relación con ir. Y se fue creando otro tipo de relación distinta. Yo
personifico porque hasta hoy que leí el Anuario, por la mañana, no sabía muy
bien como estaba articulada la A.M.P. No tengo una pasión para articular este
tipo de cosas. Sí sé qué tipo de relación hemos tenido con Miller, y sé que hay
algo cierto. Yo recuerdo con vergüenza el hábito argentino de enseñar a Freud,
Freud puro, que consistía en tener al lado los textos de Lacan, y decirle a la
gente cosas supuestamente sacadas de los textos de Freud. Los estratos
alucinatorios de la audiencia eran increíbles porque de pronto alguien daba a
leer a sus alumnos La negación de Freud y se ponía a hablar de la
Aufhebung de Hegel y nadie podía encontrar nada de eso en el texto La
negación de Freud. Yo espero que no haya un retorno de la misma
alucinación, donde nuestra lectura de Lacan sea en realidad la de los textos
escondidos Miller.
Lilia
Mahjoub – J’avais suggéré de rajouter à la thématique proposée pour
cette Conversation, l’amour. Pourquoi ? D’abord parce que c’était une
thématique absente de la liste publiée dans la Dépêche de l’AMP. Ensuite parce
que ça me paraît essentiel. Cette question a été soulevée par certains AE, par
Anne Dunand, par exemple, qui dans son exposé la formule ainsi :
“ Est-ce que l’amour existe ? ”, de la même manière qu’on
interrogerait l’existence de Dieu, à savoir qu’il y aurait là un réel en
question. Et puis, enfin, parce que tout ce qui nous est arrivé par Internet,
ces échanges, me paraissaient vraiment être très loin de la lettre d’amour.
Celui qui écrit une lettre d’amour prend du temps pour l’écrire, car il y met
de son être.
Ce n’était pas non plus la pulsion
qui était à l’œuvre dans ces échanges, car pour celle-ci, comme l’ont fait
remarquer Jacques-Alain et d’autres, il y faut le corps, le corps de l’Autre,
la présence, la chair. C’est ainsi que le corps peut s’approcher par petit
bout, selon la pulsion.
Freud n’a pas confondu les pulsions
avec l’amour, il les a plutôt mis côte à côte dans un texte que vous connaissez
tous et ce pour mieux les distinguer, voire même pour les conjuguer. On
pourrait dire, en effet, que la pulsion toute seule peut se satisfaire de
n’importe quoi, et, à l’extrême, comme il en a été dans ces échanges sur
l’Internet. Mais ça rend malade. Dans la tradition populaire on dit même que ça
rend sourd, et dans notre milieu ce serait plutôt embêtant. J’ajouterai que
cela porte un nom : la jouissance masturbatoire.
Je reviens à l’amour. Ce qui me
paraît important, c’est la conjugaison de la pulsion avec l’amour, car l’amour
est à mettre du côté de la lettre. La lettre d’amour n’est pas une lettre
ouverte, une lettre qui s’adresse à tous. Mon amour, comme le disait Freud, je
ne le donne pas à tout le monde. Je choisis. Sinon il serait déprécié et
personne n’en voudrait. Et puis quand il devient universel, vous savez ce que
ça donne, ça donne la religion, le sens religieux – c’est ce contre quoi Lacan
s’est élevé à la fin de son Ecole. Il disait même, dès 1974, que le réel ne
dépendait pas du psychanalyste, mais que c’était le psychanalyste, et par
conséquent la psychanalyse, qui en dépendait.
C’est pour cela que je voudrais en
venir à ce réel qui concerne l’amour et qui est ici en question. C’est un enjeu
de la fin de l’analyse qui rejoindrait ce que Freud a articulé à propos de sa
première identification, l’identification au réel de l’Autre réel, - telle que
Lacan l’a reprise dans son séminaire en 1975. C’est quand même quelque chose d’un
peu complexe, n’est-ce pas ?. Je dirais que ce premier lien affectif sans
investissement d’objet, est ce qui est à serrer en fin d’analyse, soit un
“ amour sans limite ”, “ hors des limites de la loi ”, pour
reprendre la fin du Séminaire XI consacré notamment à la pulsion. La pulsion en
fin d’analyse n’est pas à confondre avec ce qu’il en advient de l’amour. Il
reste un réel lié au S1, qu’il s’agit de faire résister, via l’amour, pour que
la psychanalyse de disparaisse pas.
Chacun peut être, dans son parcours
analytique, plus ou moins proche de cette question. A ceux qui n’entreverraient
peut-être pas encore ce point, j’aimerais leur adresser une demande : d’en
faire un enjeu pour la suite, autrement dit de ne pas oublier de parier sur
l’amour, sur sa valeur de lettre au-delà de la satisfaction pulsionnelle.
Colette
Soler — Je me place de telle sorte que je puisse regarder mes
collègues sans tourner tout à fait le dos à la tribune.
Mes chers collègues, j'ai souhaité
vous parler. En effet, je crois que chacun aujourd'hui a le sentiment que nous
sommes à ce qu'on appelle, en français, l'heure H — un moment de virage
certain. Je voulais vous parler, puisque ces temps-ci, j'ai plutôt écrit et que
ça ne suffit pas. Nous sommes des tenants de la parole, bien sûr. J'ai été
encouragée, je dois le dire, non seulement par beaucoup, qui m'ont dit :
il faut parler — c'était déjà ma pente —, mais aussi par la réunion que j'ai
eue hier, au déjeuner, avec Jacques-Alain Miller et Ricardo Seldes, au titre du
bureau de l'AMP. Ce fut un déjeuner dont je dirais qu'il était prometteur. J'ai
entendu de la bouche de Jacques-Alain Miller que pour ce qui allait venir
aujourd'hui, et dans la suite d'aujourd'hui, il était prêt à accueillir les
objections, les discussions, les débats — il l'a dit en d'autres occasions,
redit aujourd'hui, écrit aussi — et que même, après tout, ce qu'il appelait une
opposition n'était peut-être pas intolérable. A une condition, disait-il, qu'il
n'y ait pas d'injures — ce qui m'agrée parfaitement. Pour ma part, je crois
n'avoir, dans ces débats, jamais proféré ni injures ni attaques personnelles.
Bon, j'en étais là, quand, le soir,
j'ai ouvert l'annuaire de l'AMP. Et ç'a été pour moi un choc. Je n'ai pas pu ne
pas mesurer le contraste entre le “ pas d'injures ” et certaines
phrases de la préface. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur cette
“ tirade ”. Je ne vais pas le faire ici, surtout que j'ai eu la
surprise d'entendre, ce matin, beaucoup d'interventions qui la concernaient,
cette “ tirade ” — et même des protestations vives.
C'est un texte qui a été prononcé
dans des circonstances précises, et qui se veut, à l'évidence, inspiré par
l'enthousiasme pour la cause analytique. C'est un texte qui mériterait un
commentaire suivi et détaillé, et peut-être le ferai-je, ce commentaire.
En tout cas, dans ses énoncés, c'est
un texte “ pour ” : pour la reconquête du Champ freudien, et
aussi pour l'unité de notre mouvement. Je suis pour ce “ pour ”.
D'autant que la fin du texte précise que cette unité doit en quelque sorte
inclure en son sein, éventuellement, des positions qui ne seraient pas tout a
fait des positions d'harmonie avec le Un de l'ensemble.
C'est un texte pour, mais il y a
aussi, dans ce texte, du “ contre ” : le pour énoncé s'appuie
sur le contre de l'énonciation. Le contre y est nommé, et à plusieurs reprises.
Le contre a un nom général qui est l'Autre — grand A, c'est écrit comme ça. Il
y aurait un Autre de l'Un de la cause, qui serait à l'intérieur, après avoir
été d'abord externe, et qui étant contre le pour, devrait évidemment être
contenu. Je ne me reconnais pas comme Autre de la cause analytique — pas du
tout. Je considère que c'est une imputation. Je ne peux que la rejeter et je la
rejetterai.
L'Autre de l'intérieur est en outre,
nommé : je ne dis pas qu'il n'a en fait que deux noms dans l'esprit de
l'auteur, mais dans ce texte, il y en a deux. Il y a “ Sauret ” et
“ Colette ”. L'un est qualifié : il est précisé qu'il a produit
un texte de faux-semblant. Il est épinglé du style curé et faux-derche. C'est
un peu vif, non, pour quelqu'un qui prétend proscrire l'injure? Quant a moi, on
m'y attribue le pompage et le bâillon que je mettrais sur la communication.
Alors ça, eh bien, je trouve que c'est un aspect du texte qui n'est pas bien...
inspiré!
Et je pourrais dire, Jacques-Alain
Miller, puisque vous aimez les classiques, souvenez-vous du Molière, des Femmes
savantes : “ Le moindre solécisme en parlant vous irrite / Mais
vous en faites, vous, d'étranges en conduite ”. C'est Molière — il faut
donc le prendre légèrement, sans dramatisation.
Je laisse là la
“ tirade ”. Ce que je voulais vous dire avant d'avoir ouvert
l'annuaire, ça concernait, au fond, ce que je vais appeler le
“ problème ”, entre guillemets, de notre communauté aujourd'hui. Je
ne pense pas que ce problème tienne dans l'opposition qui a été formulée :
d'un côté, il y aurait l'École et l'AMP et de l'autre côté, la menace groupale.
Je ne crois pas que la partition
passe de cette façon. La menace groupale, qui existe toujours dès qu'il y a du
collectif, elle est interne à notre ensemble. Et puisque je commence par dire
ce que je ne crois pas, j'ajoute que je ne crois pas non plus que le problème,
ce soit le retour de l'Université. J'ai eu connaissance de cette nouvelle
thèse, Jacques-Alain Miller, hier au déjeuner, par vous. Elle m'a surprise,
venant de vous, mais enfin, je la prends en considération. Si on parle de
l'institution universitaire, je peux bien dire qu'à son égard, je me sens très
libre : j'ai été universitaire, j'ai eu dans l'Université un poste de
grand prestige, et je l'ai quitté sans contrepartie aucune. J'aurais pu
continuer à jaspiner sur Lacan dans l'Université — très tranquillement. Je l'ai
quittée afin d'avoir tout mon temps pour m'occuper de psychanalyse. Je n'ai
donc aucune sympathie secrète pour cette institution, dont tout le monde
connaît les limites, et elles sont grandes.
Par contre, je suis plus surprise de
percevoir dans les propos de Jacques-Alain Miller un amalgame évident entre
l'institution Université et le discours universitaire. Parce que le discours
universitaire n'a pas besoin des murs de l'université — il peut même bien
prospérer dans nos Sections cliniques à l'occasion, et c'est même souvent le
cas, en vérité. De même que, à l'inverse, dans l'université, il arrive que
quelqu'un, pour être analyste, fasse un autre usage de l'énonciation, un usage
qui ne mette pas le savoir en position de semblant.
Alors, les problèmes de notre
communauté : j'ai pris quelques notes, je vais essayer d'être brève. Je
les aborderai à partir de cette question toujours brûlante que Lacan appelait
la garantie des psychanalystes.
Aux standards de l'IPA, qui sont
fallacieux, Lacan a opposé la Passe : l'École de la Passe, la Passe
antinomique du standard et qui consiste à authentifier, pour chaque
psychanalysant venu au bout de son analyse, la solution singulière,
symptomatique, si on veut, la solution singulière à laquelle il est parvenu. La
Passe assure donc la sélection, voire la promotion des “ exceptions ”.
Ce dispositif de la Passe comme laisse donc concrètement ouvert le problème de
l'unification de la communauté.
Retour du multiple, dit-on. Mais
non, le multiple a toujours été là, le multiple constitue même la base de la
communauté. Le problème, c'est de savoir comment une communauté analytique,
quelle qu'elle soit, unifie ses exceptions symptomatiques ou ses singularités.
Alors, quelle est la solution de notre communauté, si nous ne les faisons pas
passer par le standard?
Notre solution, c'est d'asseoir
l'unification du multiple en passant par Un qui est en position d'exception —
Un qui assume en quelque sorte la responsabilité majeure des décisions dans la
direction politique et d'où émane — j'ai cherché le bon terme : Gennie
disait ce matin, instruction, consigne ; le bon mot c'est : directive
— d'où émanent les directives. La fonction de ces directives est effectivement
d'unifier, à la fois sur le plan théorique, le plan de la pensée —celui des
thèmes et des avancées —, et sur le plan pratique de l'action de la communauté.
Nous connaissons les bénéfices, après tout, de cette fonction unifiante des
directives du Un d'exception. Notre communauté s'est constituée grâce à ça. Je
dois dire que je n'avais pas d'objections de principe à cette forme
institutionnelle et j'y ai largement participé. Aujourd'hui, expérience faite —
parce que là, je suis pragmatique aussi —, je vois des problèmes. Alors, où
voit-on les problèmes? Certains ne les voient pas, semble-t-il ; moi, j'en
vois, beaucoup en voient.
Je vois des problèmes au niveau du
fonctionnement institutionnel, et en effet, j'ai dénoncé, je dénonce, je
critique, ce que je peux bien appeler un dysfonctionnement au niveau des
directives de l'Un. Je ne vais pas reprendre les péripéties — elles sont
connues de tous ceux qui veulent les connaître et qui veulent en savoir quelque
chose. Dans expérience, on a vu qu'il pouvait arriver que ce dysfonctionnement
devienne délétère. Il est délétère quand une objection est stigmatisée comme
opposition à la cause analytique. Je prétends qu'une objection n'est pas une
opposition à la cause analytique — même si elle est forte. Il est délétère
quand, alors que l'on dit admettre l'objection, on y accouple une
disqualification de l'objecteur, avec d'ailleurs toujours un effet boomerang,
un effet de retour à l'envoyeur, qui fait que les interlocuteurs sont
immédiatement propulsés sur l'axe a-a', chacun accusant l'autre d'être
en faute contre la cause analytique. Elle se fait délétère encore quand
l'interprétation, l'anticipation interprétative se convertit en imputation
fantaisiste.
Exemple : les “ bis ”
de mes voyages au Brésil. Je dis “ imputation fantaisiste ” : ce
n'est peut-être pas le bon terme, mais il est plutôt gentil. Il y a beaucoup
d'autres exemples, il est inutile d'insister là-dessus. J'appelle ça les
épiphanies de Thanatos désassociatif!
Comment penser ces phénomènes?
L'idée la plus simplette, immédiate, c'est de dire : eh bien voilà, le
mésusage de la place de l'Un d'exception relève des excès du D.G. Bon, il y a
un petit peu de ça, mais je trouve qu'on ne peut pas se contenter de cette
explication. C'est un peu court, parce que, en même temps, comme je l'ai dit,
la formule qui définit notre communauté a une force certaine et a produit des
choses excellentes. Cependant, je ne suis pas là pour l'autocongratulation mais
pour la critique de ce qui est mal inspiré. Alors, je n'ai pas de pente à
accentuer le mauvais usage personnalisé. Je n'ai aucune pente à considérer,
comme Jacques-Alain Miller l'imputait à tout va, il y a un instant, qu'il soit
l'ennemi de l'intérieur — et je pense, en outre, qu'un autre à la place ne
ferait pas mieux, ça je n'en ai jamais douté. Il ferait peut-être autrement,
sans doute, mais pas mieux, car c'est la fonction qui doit être revue.
Alors je crois qu'on peut prendre la
réflexion à un autre niveau et se demander si la solution par l'Un d'exception
n'a pas quelque chose d'aporétique, si elle ne demande pas à être en partie
corrigée, ou plutôt en partie complémentée par des dispositifs de régulation de
ce que j'ai appelé les épiphanies de Thanatos désassociatif. Si on veut entrer
dans la réflexion de son caractère aporétique, on est amené à considérer la
tension qu'il y a entre les exceptions multiples et le un d'exception, et cette
tension-là, qu'on ne me dise pas qu'elle va se résoudre par l'invocation du
consentement subjectif des exceptions multiples à l'Un d'exception. Parce que
la question est seulement de savoir à quoi l'on peut consentir.
Il y a une tension, voire une
aporie, effectivement, entre les directives de l'Un et les singularités du
multiple, et quand Lacan, inventant la Passe, dit qu'il veut des analystes
capables de penser l'expérience de l'École — non seulement l'expérience de leur
cure, mais l'expérience de l'École, ce n'est évidemment pas pour donner
l'exclusivité de ce travail au UN unique. Cette multiplicité n'exclut pas, bien
entendu, et loin de là, que l'élaboration se fasse avec d'autres, dans une
élaboration collective.
Ça n'exclut pas non plus le
transfert de travail, mais ça suppose que chacun pense l'expérience de l'École
sans directives préalables, quitte ensuite à mettre en commun les produits pour
refabriquer de l'Un. Alors franchement, quand ce matin on objectait à
l'expression de Marie-Jean Sauret, disant que le sujet en fin d'analyse est une
“ objection au savoir ”, je trouve que l'objection n'est pas de bonne
foi, en tout cas pas bien comprise, parce que tout le texte de Marie-Jean
Sauret indique que ce qu'il appelle objection au savoir, c'est, si j'ai bien
compris, ce que nous écrivons avec le mathème S de grand A barré et que son
interlocuteur appelle le point d'impossible à dire. Ça ne devrait pas faire une
guerre.
Produire de vrais psychanalystes de
l'expérience de l'École. Lacan considérait, si vous vous souvenez bien, que
c'était la seule chance pour que l'on sorte de la panne théorique de la
psychanalyse — il disait ça en 1967. Cette panne théorique, c'est d'ailleurs
aussi bien une panne éthique.
Où en sommes-nous à cet égard?
Je vais terminer. Je dis que la
psychanalyse doit être orientée — absolument. Et dans l'orientation,
l'épistémique et le politique sont intriqués, mais je crois que l'orientation
ne peut pas déboucher sur une compacité de monolithe, quoiqu'il n'y ait qu'une
seule psychanalyse. Je le crois aussi, comme on l'a dit ce matin. Si on
aboutissait à la compacité de monolithe, les énonciations, multiples,
singulières, seraient étouffées. Ce ne serait plus de l'orientation, ce serait
la secte, à quoi Lacan a toujours voulu parer. Nous n'en sommes peut-être pas
encore là. Au fond, nous avons entendu les A.E. récemment nommés, et chacun des
auditeurs, dans son jugement le plus intime, a pu percevoir le point
d'authenticité de chacun, ses limites aussi bien. Donc, nous n'en sommes pas
là, mais peut-être au bord — un pas de plus et nous y serons.
Je dis donc qu'il faut remettre à
l'étude l'aporie que j'ai évoquée. Remettre cette aporie à l'étude, ça n'est
pas s'en prendre à Jacques-Alain Miller. Remettre cette aporie à l'étude, ce
n'est pas saper les fondements, mais au contraire, c'est essayer de les assurer
un peu mieux [applaudissements].
Jacques-Alain
Miller - Merci. Pierre-Gilles Guéguen m’a fait passer un petit
papier comme quoi il voudrait répondre. Donc Colette Soler, si vous voulez
répondre aussi, autant que vous restiez là. Après ce petit échange, nous ferons
une petite pause simplement littéraire. Je demanderai à Antonio Vicens de nous
lire un extrait qu’il a choisi du Libro de buen amor.
Pierre-Gilles
Guéguen - Je voudrais vous parler, Colette. Vous savez que j’ai
travaillé longtemps avec vous et je continuerai peut-être, sans doute, à le
faire. Vous savez que j’ai beaucoup appris de vos enseignements et que je
reconnais la dette que j’ai à votre endroit. J’apprécie votre ton. Vous êtes restée
silencieuse, je ne vous ai également pas parlé depuis longtemps, je ne savais
pas très bien ce qui faisait entre nous la différence. Je crois qu’aujourd’hui
je suis mieux en mesure de l’apprécier et de vous dire ce qui nous sépare.
Vous parlez d’une communauté
analytique dans laquelle il faudrait quelqu’un qui donne des directives, qui
unifie les points de vue. Je ne vois pas la chose de cette façon.
Colette
Soler - Je dis que nous l’avons.
Pierre-Gilles
Guéguen - D’accord. Eh bien ! je ne vois pas la chose de cette façon
justement. Je pense que cette singularité, à laquelle est mené chacun d’entre
nous au terme de son analyse, suppose une confiance renouvelée, que cette
confiance est un pari, et que si l’Autre n’existe pas il faut faire un pari,
que ce pari porte, en ce qui me concerne, non pas sur ce que je sais ou ce que
disent les uns et les autres, mais sur ce que peut anticiper quelqu’un qui est
au-delà de ce que j’ai encore compris. C’est pourquoi je ne séparerai pas, dans
notre communauté, pas plus que vous ne le faites d’ailleurs, l’épistémique et
le politique, et c’est pourquoi je serais pour, non pas considérer que celui
qui dirige unifie, mais plutôt à l’inverse, que c’est celui qui a une position
d’exception, du point de vue épistémique, qui est le mieux placé pour que
l’intendance suive.
Cela fait bien longtemps que ces questions sont posées. Je parcourais récemment un livre sur “ légitimité et politique ”, on y voit que Max Weber posait déjà ces questions. Si on veut un fonctionnement trop démocratique dans lequel celui qui dirige ne fait qu’unifier, on aboutit à une société des élites, on aboutit à une société fermée dans laquelle la politique et les classes politiciennes sont véritablement la seule question.
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IV. - Jacques-Alain Miller, Antonio Vicens
Jacques-Alain
Miller - Je m’excuse, mais là, je commence à ne plus rien
comprendre. Bon.
Comment voudrait-on que soit dirigée ou que se soit formée l’AMP?
Soyons simples. Quand l’AMP s’est
formée il y avait déjà quatre Ecoles — l’EOL commençant, mais elle a pris son
mouvement et sa consistance assez vite. Les Ecoles, on connaît leur
fonctionnement, ce n’est pas le plus démocratique du monde, ce n’est pas le
moins démocratique du monde, il y a tout une partie qui repose sur des contrepoids,
des équilibres, qui font que les Conseils sont en général composés à partir de
plusieurs sources, non pas tout le monde élu par l’Assemblée générale, mais le
pouvoir statutaire du Conseil est réparti entre l’Assemblée générale, le
Conseil lui-même qui coopte, etc. C’est différent selon les Ecoles, mais cela
repose sur des contrepoids divers, pas du tout sur l’élection directe. C’est la
constitution des Ecoles. Elles ont des Assemblées générales, mais souvent avec
des pouvoirs assez limités : dans l’EOL, l’Assemblée générale a des pouvoirs
aussi limités que ceux que l’Assemblée générale avait dans l’École de la Cause
freudienne pendant près de dix ans, enfin jusqu’en 1993 : pendant dix ans on ne
votait pas directement à l’École de la Cause freudienne, on votait par des
délégués. Et c’est encore le cas à l’EOL.
Alors, je ferai déjà remarquer qu’à
l’AMP, ce n’est pas le cas. Le système démocratique, auquel on est arrivé à
l’École de la Cause freudienne seulement au bout de dix ans et auquel on n’est
pas encore arrivé à l’EOL, est déjà pratiqué dans l’AMP. C’est une petite
remarque de fait : dans l’AMP on s’adresse directement aux membres, c’est
eux-mêmes qui mettent directement leur bulletin dans l’urne, et ils élisent la
totalité de l’exécutif, c’est-à-dire le délégué général. Ce qui n’existe en
effet dans aucune Ecole. Les Directoires sont simplement confirmés, ou choisis
partiellement, par l’Assemblée générale. Or, dans tout le Champ freudien, l’AMP
est la seule association qui d’emblée a remis le pouvoir à son Assemblée
générale, c’est-à-dire à chaque membre directement.
Donc, c’est ici un moment de
démocratie directe. Je m’adresse à vous directement, et chacun de ceux qui
participent ici s’adresse directement aux autres. Et l’Assemblée générale, c’est-à-dire
chaque membre, élit directement la totalité de l’exécutif.
Ce n’est pas beaucoup, la totalité
de l’exécutif, c’est le délégué
général, et de lui procèdent, par délégation, la trésorerie, le secrétariat,
voire d’autres délégués. Tous les deux ans, eh bien! on a la possibilité de
changer le délégué général. On a en attendant la possibilité de faire des
critiques, on a la possibilité de s’exprimer, et d’ailleurs j’ai tout fait, me
semble-t-il, pour augmenter la facilité des membres à s’exprimer, y compris
dans le sens critique. Donc, il faut déjà faire cette remarque.
D’autre part, quel était le problème
de l’AMP? Bien sûr, nous ne sommes pas habitués à agir sur une étendue aussi
vaste, ce n’est pas familier, on ne savait pas très bien ce à quoi pouvait
servir l’AMP. Il y a deux ans, j’ai créé cinq Départements. Je les ai créés
avec l’accord du Conseil.
Je ne sais pas d’où vient l’idée que
c’est moi qui décide tout seul, et qu’après on ne peut plus m’arrêter, etc.
J’ai dit que j’ai passé des heures et des heures pendant deux ans, quatre ans,
six ans, à contacter les différents Conseils, et ils étaient d’accord. Tout le
monde ne le sait pas! Pourquoi? Parce que ça s’est fait entre moi et les
membres des Conseils, et ça n’est pas passé par les membres.
On me reproche donc : pas
d’instance, etc. Mais rappelez-vous, les Ecoles n’existaient pas à un moment,
ou elles étaient faibles, ou certaines sortaient à peine d’une crise, ou
d’autres commençaient seulement à exister, comme l’EOL. Donc, je n’ai pas
voulu, en effet, créer une bureaucratie centrale de l’AMP, superposée aux
Ecoles, et qui leur dicterait leurs lois. Donc, j’ai pensé qu’en effet il
ne fallait pas créer — et je m’en suis
expliqué dans les Assemblées générales précédentes, c’est comme si on avait
tout oublié - je ne voulais pas créer un appareil centralisé trop fort pour ne
pas gêner la construction des Ecoles. Hormis la période de l’Assemblée
générale, je ne voulais pas m’adresser directement aux membres des Ecoles,
par-dessus la tête des Conseils. Et cela, afin de fortifier les Ecoles.
J’ai fait pendant deux ans une Dépêche
où on voyait, comme on dit en espagnol, la [?...?] qu’il y avait entre
les Conseils et moi pour se mettre d’accord. Mais cette Dépêche, je l’ai
réservée aux membres des Conseils. Cela a été en quelque sorte leur privilège
de construire avec moi l’administration de l’AMP. J’ai été un peu pris de
court, tout ça fait bien 150 ou 200 pages machine en petits caractères, je n’ai
pas réussi à le sortir pour l’occasion de cette Assemblée générale, mais tout
ça sera publié intégralement, et on verra qu’il y a des centaines de pages
d’échanges entre les Conseils et moi, et que je n’ai pris à aucun moment une
décision irraisonnée ou solitaire.
J’ai un style qui est ce qu’il est,
mais qui est plutôt participatif. Je demande aux personnes de parler, j’écoute,
je dis moi-même mes doutes, mes variations d’idées, etc, jusqu’au moment où on
tombe sur un point de capiton, sur quelque chose qui ordonne, et à ce moment-là
on avance dans cette direction.
Si je n’ai pas réussi à publier
toute la Dépêche, j’en ai tout de même publié une sélection, que vous
trouverez demain - peut-être vous l’a-t-on déjà donnée à midi. C’est un
document de 120 pages que voici, qui est intitulé “ Rapports à l’Assemblée
générale, et autres documents ”, et vous y verrez, sur six ans — c’est ce
que j’ai pu réunir, j’ai dû arrêter parce que je suis venu moi-même à
Barcelone— vous verrez l’attention et la modestie avec laquelle je pense que
j’ai procédé dans cette direction, non pas du tout comme un cavalier qui s’en
va tout seul et laisse tout le monde sur place. Parce que mon ambition n’est
pas de diriger — mon ambition, il y en a une, c’est de créer de vraies
institutions, c’est-à-dire précisément qui puissent fonctionner sans moi. Il y
a des gens qui créent des institutions, des groupes, et qui s’arrangent d’une
certaine façon, parfois sans le savoir, pour que ces groupes ne puissent pas
fonctionner sans eux, parce que c’est trop complexe, etc. Moi, pas du tout!
Pour l’Ecole de la Cause freudienne,
j’en ai été le dirigeant pendant un moment important. En effet à l’Ecole de la
Cause freudienne, surtout au moment de sa création, j’ai donné le la. A ce
moment-là j’ai inventé tous les mécanismes de l’Ecole de la Cause freudienne :
la permutation, la différence des Conseils et des Directoires, etc. Et on a cru
à ce moment que l’Ecole était identifié à moi. Mais du moment où j’ai quitté
les instances régulières, je ne me suis absolument pas mêlé de la vie
quotidienne, administrative et organisationnelle, de l’Ecole de la Cause
freudienne. Que j’y aie une influence, qu’on me consulte, c’est vrai, mais je
considère que c’est une Ecole qui fonctionne parfaitement bien par elle-même.
Autre exemple. Je ne sais pas
comment je peux en donner un meilleur. Cette année, j’avais pris un peu de
retard dans la rédaction du Séminaire de Lacan que j’avais promis aux Editions
du Seuil, qui devait sortir, etc. Quand je suis rentré d’Argentine, j’ai coupé
toute correspondance avec les Conseils, etc, je n’ai répondu à personne pendant
près de cinq mois. Ce qui est formidable c’est que rien ne s’est passé —
personne ne s’en est aperçu. Je veux dire que, évidemment, les Ecoles sont des
organismes qui se gèrent et qui se dirigent eux-mêmes. Quand elles ont
certaines difficultés, elles me consultent, et c’est ce que j’en ai dit dans
mes rapports précédents.
Aussi bien quand Colette Soler a
présenté un “ Projet de résolution ” qui disait que je gouverne
l’AMP, que je gouverne les Ecoles, etc, — tous les Conseils, du moins les
Conseils de l’ECF, de l’EOL, de l’ECFC, le président de l’EEP, le président de
l’EBP, se sont immédiatement dressés pour dire que c’était parfaitement
inexact. Et je précise que je n’ai jamais demandé aucune de ces réactions à ces
collègues, ils l’ont fait d’eux-mêmes, ils ont considéré d’eux-mêmes que
c’était une description qui n’était pas exacte.
Alors, je lis des considérations
très compliquées sur le mode de gestion des associations. Il m’est arrivé de
parler d’“ autorité authentique ” : en effet, je ne peux pas
consulter tout le temps, je prends parfois mes responsabilités moi-même, je
prends des décisions, dont j’entends rendre compte ensuite. Je n’ai jamais
demandé de chèque en blanc. Moi-même, je tiens à rendre compte tous les deux
ans. Si cela pouvait être tous les ans, je préférerais. Mais est-ce qu’on peut
faire une Assemblée générale de l’AMP tous les ans? Cela paraît difficile.
Peut-être. Moi, dans les réunions, je suis bien connu pour être le dernier qui
veut partir : quand on est à deux heures du matin, je suis encore prêt à
continuer, et les gens essayent de me faire taire pour pouvoir s’en aller.
Donc, je n’ai absolument pas un style de travail comme celui qu’on décrivait.
Finalement, ça se résume à quoi?
Premièrement, il y a des gens ont
été blessés parce que j’ai parlé de pompage au sujet de V*. Comme je l’ai dit,
j’ai écrit trois lignes là-dessus, après avoir fait plusieurs démarches auprès
de l’intéressé, après avoir également demandé à Eric Laurent de s’entremettre.
A un moment, on m’a apporté une revue où j’ai pensé reconnaître une conférence
entière de moi sous un autre nom, j’ai lâché trois lignes, après qu’on m’avait
envoyé une lettre. Voilà ce que j’ai écrit. Que cela ait eu des effets plus
importants, etc, c’est tout à fait exact, mais ce que j’ai signé, c’était ça.
Il y a des gens qui témoignent
qu’ils ont été affreusement blessés par ça. Comme l’a dit Marie-Hélène Brousse,
respectons la douleur, et qu’ils se demandent aussi si ce que je dis est vrai
ou n’est pas vrai. Il ne faut peut-être pas complètement gommer ce moment.
Qu’il y ait le moment de la douleur et qu’il soit respectable, c’est vrai,
respectons la douleur de l’autre. Derrière la mousse qu’on fait, comme dirait
Colette Chouraqui-Sepel, je ne crois pas du tout qu’il y ait les décisions que
j’ai prises, ma gestion, etc, il y a ce que j’ai dit du pompage, qu’un certain
nombre ne me pardonnent pas. Très bien. Je les invite simplement à se demander
aussi “ est-ce vrai ou non? ”, et si c’était vrai, qu’ils se
demandent peut-être ce que ça pourrait me faire, à moi.
Deuxièmement, on me reproche d’avoir
publié des textes concernant le Collège de la passe. A cela j’ai déjà répondu
dans une autre Conversation, je vais répondre ici.
Je vais répondre d’abord qu’il y a
au moins une trace écrite du fait qu’en tant que délégué général, je me suis
inquiété que le Conseil de l’Ecole de la Cause freudienne ait oublié de
convoquer le Collège de la passe. Et j’ai dû, moi, faire une lettre en disant :
“ C’est le dernier moment où vous pouvez convoquer ce Collège, veuillez
immédiatement le convoquer parce que toute l’AMP attend ce Collège de la
passe ”. J’ai envoyé cette lettre à Jean-Pierre Klotz qui était secrétaire
du Conseil à l’époque, avec le texte même de la convocation à envoyer, parce
que c’était le dernier jour où on pouvait convoquer ce Collège de la passe.
Ensuite, quand j’ai ouvert ce
Collège de la passe en tant que délégué général de l’AMP, à côté du président
de l’Ecole, j’ai dit que toute l’AMP attendait les résultats de ce Collège de
la passe. Tout le monde a dit ça : toute l’AMP a les yeux fixés sur ce Collège
de la passe. Donc, à la fin du Collège de la passe, qu’ai-je publié? J’ai
publié le compte-rendu officiel qu’a fait Jean-Pierre Klotz de ce Collège de la
passe. Et je l’ai envoyé à tous les Conseils et à tous les membres de l’AMP. Je
considère que c’était mon devoir.
D’autre part, j’avais écrit environ
quinze petits textes pendant ce Collège de la passe. J’ai décidé de les
publier. Est-ce illégitime que je publie mes propres textes? Où cela va-t-il
s’arrêter, ces reproches? Donc, j’ai décidé de publier mes propres textes. Et
je les ai publiés. Etant par ailleurs délégué général de l’AMP, j’ai pris la
décision de publier mes propres textes avec les trois lettres A.M.P.
Il se trouve que Jo Attié, qui était
à l’époque président de l’Ecole de la Cause freudienne, a décidé, lui,
d’enregistrer les séances du Collège de la passe, ce que je n’aurais jamais
fait. Mais il l’a fait, et comme dans l’Ecole de la Cause freudienne il était
chez lui, je n’ai pas moufté, enfin je n’ai rien dit. Ensuite, Jo Attié, qui
est ici - il donnera son témoignage -, a décidé de lui-même de décrypter les
discussions du Collège de la passe, et de les distribuer aux trente membres du
Collège. Quand vous distribuez un texte à trente personnes, je m’excuse, on est
déjà dans la diffusion publique. J’ai donc décidé de reprendre mes
interventions orales, de les nettoyer un petit peu, et de les diffuser
également. Si c’est cela qu’on me reproche en disant que c’est un acte
tyrannique, je trouve que c’est un petit peu excessif.
J’ai préparé ça au mois d’août, et
quand je suis rentré au mois de septembre, qu’est-ce que j’ai fait? J’ai fait
une lettre aux autres membres du Collège de la passe en leur disant : “ Je
publie sous le sigle AMP le rapport officiel de Jean-Pierre Klotz, mes textes,
et mes interventions orales. Ceux d’entre vous qui désirent que je les publie
également sont priés d’envoyer les documents ”. Eh bien! j’ai publié tout
ce qu’on m’a envoyé.
Voilà mon pêché. Voilà la décision
que j’ai prise — en effet sans consulter auparavant le Conseil de l’AMP, car
c’était ma responsabilité comme délégué général.
On me réclame par ailleurs de la
transparence, etc. Qu’est-ce qu’il y avait de plus transparent que de faire
connaître ça?
Si je l’ai fait connaître, c’est
aussi pour qu’on lise et qu’on voie que je n’ai fait changer aucune décision
des cartels de la passe. Il y a une fois, tous les six ans, où on a le droit, à
l’intérieur du Collège de la passe, de mettre en question les décisions des
cartels de la passe, alors que pendant six années on avale ce qui se passe. Une
fois tous les six ans, on se réunit pour mettre ça en question.
Je crois que ce n’est pas par hasard
qu’on a oublié de convoquer ce Collège, et que j’ai dû, moi, faire le rappel
nécessaire pour qu’il soit convoqué au mois de septembre — parce que, dans un
certain fonctionnement, on préfère l’impunité au fait de rendre compte.
En effet, j’ai posé un certain
nombre de questions au cours de ce Collège de la passe. Il est possible que
certains en ont été surpris ou froissés. Je prétends que c’était ma
responsabilité comme membre de ce Collège d’agir ainsi, et que les résultats
ont été positifs, à savoir que, désormais, le fonctionnement de la passe à
l’Ecole de la Cause freudienne me paraît bien meilleur. On a fonctionné pendant
deux ans avec un secrétariat de deux personnes, et comme une de ces personnes
était en province il restait une seule personne pour assurer le secrétariat de
la passe à Paris, ce qui a produit un certain nombre de dysfonctionnements. Eh
bien! maintenant il y a un secrétariat où il y a quatre personnes, qui est
animé par Alexandre Stevens, et ça marche bien. En tout cas, cela a servi à
quelque chose.
Je vous ferai remarquer d’autre part
que, loin que la mise à ciel ouvert de ces difficultés effraie tout le monde,
il y a plus de demandes de passe que jamais à l’Ecole de la Cause freudienne.
Je résume. On ne me reproche pas
tout ce qu’on dit. On me reproche d’avoir dénoncé le pompage. On me reproche
d’avoir dérangé le ronron qui aurait fait oublier le Collège de la passe, et
qui aurait fait que ce Collège ne serve à rien. Et ensuite, il y a ce que j’ai
appelé le retour du multiple à l’intérieur de l’AMP.
Il y a des pouvoirs locaux qui entendent dicter leurs lois aux
Ecoles. Depuis longtemps on savait que Toulouse avait sa place propre dans
l’Ecole de la Cause, c’était acquis depuis quinze ou dix-sept ans. On a fait
preuve à cet égard d’une tolérance très très grande. Mais lorsque Toulouse a
entrepris d’avoir une projection internationale, il est certain que cela a
produit une certain nombre de dysfonctionnements internationaux. L’idée qu’il
faut des pouvoirs locaux forts et un pouvoir central faible limité par les
pouvoirs locaux, c’est l’âme même du “ Projet de résolution ”. Quand
on dit “ Ce sont les l’Ecoles qui doivent orienter l’AMP et pas le
contraire ”, très bien! c’est le contraire de ce que je fais depuis six
ans. On a le droit de dire le contraire. Mais reconnaissons que c’est le
contraire.
J’ai vu en effet dans ce
“ Projet de résolution ” le point de capiton qui permettait de
comprendre vers quoi allait tout ça : on allait vers un Champ freudien qui
servirait des chefferies locales, ou des chefferies nationales.
C’est la tendance naturelle. Si on
ne fait rien, bien sûr on sera plus proche des gens qui ont la même langue,
plus proche des gens du même quartier ou de la même ville, du même pays. Cette
belle Assemblée qui est ici, ces huit cents personnes, membres et adhérents, la
tendance toute naturelle, c’est que chacun s’éloigne, que chacun soit pris dans
son chez-soi, et puis que, tous les deux ans, comme par une sorte de rite, on
se retrouve pour constater : “ Ah! eh bien! voilà, Untel est un peu plus
par là, Untel est un peu plus par là ”. On constituera finalement un
conglomérat.
Pour que cela n’arrive pas, si nous
ne voulons pas ça, en effet il faut exercer une traction à contre-pente, il
faut aller à contre-courant. Et je vais à contre-courant, je le sais. Mais ce
n’est pas en réprimant : il faut essayer d’entraîner, il faut essayer de
convaincre, il faut essayer de passionner. Je n’ai jamais prétendu être
dépassionné. Je fais ça avec la passion, en effet.
Et ceux qui ont fait le Champ
freudien l’ont fait avec la passion, ils l’ont fait en s’engueulant, ils l’ont
fait en se choquant. Je suis venu pour la première fois à Barcelone à
l’invitation de German Garcia, on s’est disputé. je suis rentré à Paris, j’ai
dit “ Plus jamais je ne viendrai ici ! ”. Rosa Calvet m’a téléphoné,
et je suis revenu, et ça a recommencé, etc. Voilà ce qui a fait l’histoire du
Champ freudien : la chair, la vie, la jouissance du Champ freudien. Bon.
Alors, évidemment, quand on se
contente de dire “ Ah! voilà le brillant rhéteur, voilà celui à qui on ne
peut pas faire confiance ”, on démolit le Champ freudien. On liquide l’AMP
quand on dit ça. Parce que, jusqu’à présent, c’est aussi par ce que j’ai pu
transmettre de ma passion à moi, c’est aussi par là que ça s’est fait.
On vient avec des petites mines :
“ Ah! voilà le gars qui parle tellement bien qu’on ne peut pas s’y
fier ”. Moi, j’éprouve autre chose. J’éprouve que je suis l’esclave de la
parole donnée, j’éprouve que je continue de distribuer le tract de juin 1964 du
Dr Lacan. Je lui ai dit une fois que j’allais faire ses Séminaires, je ne les
fais pas aussi vite qu’on le désirerait, mais je les fais. Bon.
Je ne dirai pas le nom de celui qui
a lancé “ la défiance ”, et qui essaye de saper tous les jours ce que
je dis.
Voilà, je m’excuse, c’est comme dans
la “ Tirade ”, je commence à être un peu vif, il faut que je
m’arrête.
Mais j’aimerais vous la relire,
cette Tirade. Où est-ce qu’il y a une injure, dans la Tirade? J’étais hors de
moi, c’est vrai. Je suis arrivé, j’étais hors de moi, j’ai parlé fort, j’ai été
épuisé par le fait de dire ça, que j’avais simplement pris en notes, j’étais en
eau après! D’accord, il s’est passé quelque chose pour moi, c’est vrai. Mais
même dans ce moment-là, je n’ai pas enlevé un mot de la Tirade. Où y a-t-il une
injure? J’ai dit que quelqu’un avait écrit un texte de faux-semblant. C’est ça,
le comble de l’injure? Donc, qu’est-ce qu’on veut faire croire avec cette
Tirade? Cette Tirade est ce qu’elle est. Je comprends très bien qu’il ne soit
pas agréable à un certain nombre de la trouver dans l’Annuaire : qu’ils
changent de délégué général. Ce délégué général exposera sa politique du ton
qu’il lui conviendra.
J’ai exposée ma politique dans la
Tirade, et en effet j’ai pris cette Tirade pour préface. Bon, je voulais écrire
cette préface dans le style du début, mais après, je n’en ai pas eu le temps,
je n’avais plus d’idée, et j’ai donné ce texte-là parce qu’il me semblait le
plus authentique, parce que c’était le moment où j’ai compris de quoi il
s’agissait à mon avis, et alors, je l’ai mis. Je prétends que ce n’est pas un
texte injurieux, en aucune façon, ce n’est même absolument pas un texte contre
une personne — si j’avais voulu dire Tirade contre X, j’aurais mis Tirade
contre X. C’est une tirade à l’occasion de ce que quelqu’un a écrit, et j’y
expose en effet la continuité d’un combat de trente-quatre ans.
Bon, ça m’a surpris moi-même, ce
fameux trente-quatre ans, j’avais vingt ans à ce moment-là, je ne suis pas
resté aux côtés du docteur Lacan comme ça, mais ça m’est venu en le disant —
trente-quatre ans, une continuité de trente-quatre ans. Et on est à présenter
ça comme un texte injurieux. Bon.
Alors, je dis : Très bien ! Confions dans l’histoire. Est-ce que le texte
de la Tirade de 1998 sera considéré dans l’histoire comme un texte injurieux et
infâme ? Je dis : Non ! Il sera considéré comme étant dans la ligne du même
combat, et comme la preuve que précisément la continuité existe avec le combat
du Dr Lacan.
Excusez-moi de cette tirade.
Antonio Vicens - Voy a contar una fábula
del siglo XIV. Esto significa que nos situamos casi 500 años antes de que
Napoleón inaugurase la época contemporánea con su frase "Ahora la política
es el destino", frase conocida de todos los freudianos por la paráfrasis
que hizo Freud diciendo "La anatomía es el destino". La fábula
pertenece al Libro del Buen Amor del Arcipreste de Hita, Juan Ruiz. Un
curioso y variado volumen que es una compilación de cuentos de lo que en la
época se llamaban "ejemplos", provenientes de fuentes tradicionales.
El ejemplo que voy a leer es para
mí cautivador en su simplicidad y me parece que ilustra lo que es la
transmisión por el malentendido y también el valor de un discurso sin palabras.
Dice así:
_"Así fue, que los romanos leyes no
tenían;
fuéronlas a pedir a griegos, que tenían;
respondieron los griegos que no las merecían
ni las podrían entender, pues tampoco sabían.
Pero que si las querían para de ellas usar,
que antes debían con sus sabios disputar,
para ver si las defendían y merecían llevar:
esta buena respuesta daban para poderse
excusar.
Respondieron los romanos que lo harían con
agrado;
para la disputa prepararon un trato firmado;
mas como no entenderían el lenguaje desusado,
que disputarían por señas, por señas de
letrado.
Pusieron día convenido todos para contender,
los romanos en cuita, no sabían qué hacer,
porque no eran letrados ni podrían entender
a los griegos doctores ni a su mucho saber.
Estando en esta cuita dijo un ciudadano
que tomasen a un campesino, un bellaco romano;
según Dios le enseñase a hacer señas con la
mano,
que tales las hiciese: pues fue un consejo
sano.
Acudieron a un bellaco muy grande y muy
ardid;....
Vistiéronle muy bien con paños de gran valía,
como si fuese un doctor en filosofía;
subió a la cátedra, dijo con bravuconería:
“Vengan aquí los griegos con toda su porfía”.
Llegó allí un griego doctor muy esmerado,
escogido entre griegos, entre todos loado;...
Levantóse el griego con gran tranquilidad,
y mostró solo un dedo que está junto al
pulgar;
luego se sentó en ese mismo lugar;
levantóse el bellaco con gesto de pelear.
Mostró luego tres dedos hacia el griego
tendidos,
el pulgar con los otros dos con él contenidos
a manera de arpón los otros dos encogidos;
sentóse el necio mirando sus vestidos.
Levantóse el griego, tendió la palma plana,
y se sentó luego con su conciencia sana;
levantóse el bellaco con presunción vana,
mostró el puño cerrado, de pelea con gana.
A todos los de Grecia, dijo el sabio griego:
“Merecen los romanos las leyes, no se las
niego.”...
Preguntaron al griego que fue lo que dijera
por señas al romano y qué le respondiera.
Dijo: “Yo dije que hay un Dios; el romano dijo
que era uno
en tres personas, y tal señal hiciera.
Yo le dije que todo estaba en su voluntad;
respondió que en su poder tenía el mundo y
dijo verdad.
Desde que vi que creía en la Trinidad,
entendí que merecían de leyes seguridad”.
Preguntaron al bellaco cuál fuera su antojo.
“Díjome que con su dedo me quebrantaría el
ojo:
y de esto tuve gran pesar y tomé gran enojo.
Respondíle con saña, con ira y con sonrojo
que yo le quebrantaría, ante todas las gentes,
con dos dedos los ojos, con el pulgar los
dientes.
Díjome luego tras esto que le parase mientes,
que me daría gran palmada en los oídos
retiñentes.
Yo le respondí que le daría tal puñada,
que toda su vida la viese vengada.
Desde que el griego vio la pelea tan mal
parejada,
dejóse de amenazar a quien no teme nada.”
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V. -
Dominique Miller, Eric Laurent, Luis Izcovich,
Antonio Di
Ciaccia, Marcus André Veira, Juan Carlos Indart
Dominique
Miller - Je voulais réagir à chaud à cette idée de l’École Une,
parce que je dois dire que ça me soulage un peu et que ça commence à bien
faire. A l’ECF cela fait au moins un an que nous sommes dans ce processus, qui
est un processus de dissolution, de fait. Je ne sais pas s’il en sera question
réellement, mais si ça continue comme ça c’est ça qui va se passer. Je crois
que dans le Champ freudien on ne peut pas concevoir notre communauté avec une
opposition. Le Champ freudien suppose une solidarité, et cette solidarité ne
repose pas du tout sur une homogénéité. Quand on voit les témoignages des AE,
on n’a pas du tout l’impression qu’ils sont tous pareils, ce sont plutôt des
gens assez pittoresques, chacun pour eux-mêmes. Mais il n’empêche qu’il faut
cette solidarité, qui repose donc sur une disparité. On parle de jumelage. Vous
savez très bien que le problème des jumeaux n’est pas de se ressembler, leur
problème c’est d’être différents, d’être séparés justement, de se rendre compte
que, alors que tout est fait pour qu’ils soient le même, eh bien! il y a
quelque chose qui fondamentalement les sépare. Je crois que c’est ce qui
fonctionne et ce qui doit fonctionner par exemple dans les jumelages, et c’est
bien pour cela qu’on parle de jumelage entre pays étrangers, entre terres
étrangères, entre langues étrangères. Et ces jumelages ne sont que la
représentation de ce que nous sommes tous. C’est ça qui fait notre réel, on
connaît ça suffisamment, le non-rapport sexuel. A partir de ça, eh bien! il
faut qu’on ait une solidarité sur une cause commune. Vous savez à quel point
nous étonnons les autres groupes par le fait que là nous sommes mille cent et
que certainement à la Rencontre internationale nous serons deux mille. C’est
parce que nous transmettons que nous avons une cause commune, qui n’est pas du
tout un idéal, qui est un désir. Quand Jacques-Alain parle c’est vrai qu’il est
passionné, et je crois que nous le sommes tous, je le suis là en ce moment
quand je parle. Donc, à partir du moment où il y a une opposition, c’est-à-dire
une désolidarisation, eh bien! les choses éclatent. Je peux vous dire que,
quand on est au Conseil de l’Ecole de la Cause freudienne - je m’excuse, je
parle trop vite -, et que deux de nos collègues, qui ont été choisis pour
participer à ce Conseil, ne sont pas là, eh bien! je peux vous dire qu’on a le
sentiment que ce Conseil de l’Ecole de la Cause freudienne est bancal. Il faut
que nous prenions malgré tout des décisions, que nous essayons de suivre
l’orientation, la bonne marche de l’Ecole, avec un tabouret à deux pieds, et
souvent on n’est pas loin de se demander si on ne va pas se casser la figure.
Je ne sais pas ce qu’il en est du Directoire de l’Ecole de la Cause freudienne,
mais je suppose qu’il en est de même.
Donc je crois que nous sommes dans
un groupe où on ne peut pas admettre des oppositions et des gens qui font bande
à part.
Eric
Laurent - Je voulais aussi intervenir sur le schéma et les
propositions qu’a faits Colette Soler.
D’abord je constatais que, pour la
première partie de son exposé, nous étions d’accord sur le fait qu’il y a une
tension de l’Ecole et des groupes. Tu dis, Colette, qu’il ne faut pas la
prendre comme extérieure, c’est une tension à l’intérieur. Tout à fait
d’accord. C’est effectif que l’on a vu s’exprimer des chefs de groupe qui sont
à l’intérieur d l’Ecole. Ce n’est plus à l’extérieur, maintenant ce
mouvement-là est à l’intérieur.
De même, dans le discours
universitaire, ça peut être aussi bien à l’intérieur. En effet, ce peut être
dans les Sections cliniques, ce peut être un certain usage que font des
collègues, qui sont à l’intérieur et qui en effet ont une tendance à
universitariser, au sens précis de cette extinction de la place de
l’énonciation et de la mise au poste de commande du savoir, sans énonciation
apparente. Simplement il faut veiller à ce que les Sections cliniques en effet
ne tournent pas à ça. En effet on a très peu de chance que l’université nous
protège de l’université, mais on a une petite chance que les Sections cliniques
nous protègent. En tout cas il faudra sans doute y veiller davantage et en
tirer toutes les conséquences.
Le troisième point, c’est un
désaccord plus global sur la présentation de la façon dont tu situes
l’aporétique du Un. C’est une présentation d’une juxtaposition de symptômes
isolés, obtenus par la cristallisation, la purification du symptôme au cours de
l’analyse, et le problème serait de les faire tenir ensemble par ce Un
d’exception.
Jacques-Alain
Miller - J’ai bien noté : Colette Soler parlait d’unifier les
exceptions.
Eric
Laurent - C’est là qu’il peut y avoir en effet des divergences.
Qu’est-ce que la mise au point du symptôme
dans l’expérience quand nous disons soit identification au symptôme, soit
savoir-y-faire avec le réel en jeu ? En effet, les AE en témoignent - ce n’est
pas simplement dans les livres une rumeur qui circule -, avec ce point
impossible en effet, qui peut se dire de différentes façons, avec le S de grand
A barré, on apprend à faire avec un certain réel en jeu. Ce qui permet, par
rebroussement, de s’adresser à un certain type de réel, et chacun sait y faire
avec un certain type de réel.
Dans l’IPA on dit ça par exemple de
la façon suivante : “ Il y a des analystes qui sont excellents pour
analyser la phase sadique-anale ” ; ou “ Il y a des analystes qui
sont excellents pour analyser tel type de symptôme ”. C’est-à-dire qu’on
reconnaît [le point de rebroussement,] qu’il y a un certain savoir-y-faire.
En effet, chacun atteint à la fois
ce symptôme, mais pas du tout qu’il ne l’isole pas ce point-là, ça l’amène à un
certain savoir-y-faire, et par là ça le lie à d’autres symptômes, ça le lie à
un certain mode du réel.
C’est pour ça que je vois plus notre
monde comme une sorte d’algorithme si l’on veut, de série, de niveau, ou de
puissance - c’est le terme qu’avait utilisé Jacques-Alain ces jours - de
savoir-y-faire avec du réel. Le monde que nous avons est un monde très
différencié. Il y a, d’un côté, dans ses Ecoles, des règlements où c’est le
quelconque, la permutation, le tous-pareils, et de l’autre, il y a le
savoir-y-faire avec le réel qui est toujours ce qui échappe au règlement. Et au
fond notre système d’Ecole fonctionne, pas seulement sur le règlement, il
fonctionne sur ce savoir-y-faire, avec ce qui circule entre tout ça, qui peut
être affectio societatis, odio societatis, inertio societatis.
Bref, le bout de réel en jeu qui circule. Et chacun s’adresse à ça. Et ça en
effet ce n’est pas transmissible, on ne peut trouver de solution par décret, et
c’est pourtant le monde que nous construisons.
C’est pour cela que je ne vois pas
du tout ce monde comme Un-tout-seul et le reste, mais plutôt, disons, exceptions
multiples. Il suffit qu’il y en ait un qui réalise l’effectivité du processus,
pour qu’en effet on s’aperçoive alors, que les autres fonctionnent aussi comme
ça, qu’ils ne sont pas simplement définis par leur permutativité, régularité,
etc, qui pourtant est un niveau essentiel, mais par le savoir-y-faire avec le
réel en jeu. C’est là que je dis en effet que ce monde tient, et les
interventions que chacun fait là-dessus, dépendent du point où il en est ; ce
n’est pas interchangeable.
Lorsque par exemple, au début des
cartels de la passe, Jacques-Alain Miller a dit “ Il y a une divergence
entre les cartels, parlons-en ”, en effet il pouvait, lui, la voir, la
mettre au jour, et non pas par une sorte de fantasmagorie, toute la suite a pu montrer
qu’en effet il y avait bien des problèmes. Qui pourrait dire que c’était
simplement une rêverie que de penser à un désaccord? Il y avait un désaccord.
Et il a pu trouver sa forme, trouver une mise au point, permettre une
discussion. C’est-à-dire au-delà des effets de défiance, je pense que c’est
plutôt un témoignage de ce qu’on peut appeler la façon dont chacun intervient
sur le réel en jeu selon ce qu’il sait y faire.
Maintenant, si j’ai bien compris, il
y avait une proposition concrète à la fin de ton exposé, qui était que l’AE
soit analyste de l’expérience de l’Ecole. Eh bien ! il me semble que c’est tout
à fait ce qui se passe. J’ai le sentiment que nous avons des AE qui, de plus en
plus, sont analystes de l’expérience de l’Ecole. Nous avons connu un certain
type d’AE : dans la première crise, en 1989, on en avait un qui était considéré
comme une sorte d’idéal d’AE et qui professait qu’il fallait être loin de toute
l’Ecole, que la meilleure façon d’être analyste de l’Ecole était d’être sur
l’Avantin, très haut. Cet AE ayant été nommé, il a fallu contester cette
conception bizarre et le ramener sur terre. Mais là maintenant on a des AE qui
considèrent normal en effet de parler de la crise politique en cours, de
ramener ça à des points précis de leur analyse, que tout cela ne s’opère pas
simplement au ciel des idéaux mais s’effectue dans un certain type
d’expérience, voire réfléchir sur les modes d’organisation, de structuration,
[ce que nous avons appelé les " gouvernes "] comment chacun va au-delà de cette
figure du père et de son amour équivalent pour tous les symptômes, que sont
pour lui les enfants, eh bien ! au-delà de cet amour pour tous, en effet, ce
qu’est le Un à quoi on peut avoir affaire lorsqu’il s’agit de mettre en oeuvre
une action humaine.
Alors, les AE toujours plus
responsables de l’expérience de l’Ecole, sûrement. Ils sont dans les Conseils,
ils prennent la parole, et je pense qu’il faut les stimuler toujours plus.
Maintenant, qu’il faille aussi bien
voir que ce savoir-y-faire avec le réel de chacun ne se soutient pas sans les
Ecoles, sans leurs règlements, sans leurs procédures parfois lourdes, eh bien
!
en effet c’est exactement comme ça que ça avance ! Le pas en avant que nous
allons faire vers le plus d’unité, l’Aufhebung que propose Jacques-Alain,
ça se fera dans le cadre d’une Ecole qui va supposer encore des procédures, des
règlements, un certain nombre d’équilibres et d’équilibrages qui à chaque fois
doivent être mis au point compte tenu de la particularité de ce pourquoi
l’Ecole est faite.
Nous avons donc un système
extrêmement articulé, réticulé. C’est un monolithe, mais un monolithe entendu
comme un cristal. Le cristal, c’est extrêmement réticulé, et pourtant ça se
présente avec un maximum de compacité. Alors, allons vers le cristal ! C’est un
mode d’organisation, si on suit cette métaphore du monolithe, qui permet de
combiner à la fois la réticulation, une algorithmisation, et pourtant un point
de solidité.
Luis
Izcovich - El psiconálisis de orientación lacaniana atraviesa un
momento histórico. Una página se da vuelta hoy y se anuncia en ella cuales
serán las coordenadas del psicoanálisis para el tercer milenario.
Una fórmula se deduce a partir de
esta conversación y se destaca netamente del resto: el psiconálisis en el siglo
XXI depende de la AMP que es su útil necesario y la Tirade que aparece como
introducción del anuario, es su plataforma. Notemos que la cuestion ya no es
más si el siglo XXI será lacaniano o no. Estamos tan seguros de nosotros en
cuanto al resultado? En todo caso la apuesta ya no es esa. La apuesta se mezcla
con una amenaza: sin la Tirade , la causa esta muerta. Es incontestable que
fórmulas de este orden son un modo de retomar lo que el DG nos indicaba con la
promesa del Apocalipsis. Antes era: sin mí, la nebulosa. Hoy sería, sin la
Tirade, el diluvio.
Muy bien, todo esta muy claro, sólo
que yo digo que no. Yo exprimo (sic) mi solidaridad con los colegas
mencionados en la Tirade y rechazo entonces el contenido del prefacio del
anuario de la AMP.
La amalgama está hecha. El siglo
XXI, es aquél donde se verá lo que se prepara hoy: de lo que se trata es de
hacernos creer que la causa analítica es igual a la fidelidad al DG.
Hay en esto un cambio histórico. En
el 92 fue el Pacto de París con la creacion de la AMP. Se trató de un pacto de
confianza ilimitado en relación al DG, un cheque en blanco. Hoy se miden las
consecuencias. Una de ellas es el anuario. Se acusa en él a Sauret de falso
semblante. ¿Pero qué mejor ejemplo de falso semblante que el de promover la
reconciliación por un lado, y publicar un ataque violento por el otro ?.
Nos decían, Jacques-Alain Miller el
pacificador. ¿Este anuario apunta a la pacificacion? A mi se me plantean
problemas practicos. ¿Podré presentar este documento al exterior de nuestro
campo? ¿A un ministerio por ejemplo que nos pregunta que es la AMP?
Yo digo que sí a la causa, sí a la
ECF, pero no a una deriva, la de la AMP, en la que no reconozco ni el discurso
analítico ni las condiciones necesarias para su existencia.
Se dice en esta conversación que la
posición de cuestionamiento a la politica del DG está basada en intereses
personales. Hay que señalar que el mejor interés en nuestro campo es el
silencio. Si uno está en una instancia de la Escuela, si es eficaz y además
silencioso, es seguro que tiempo después va a pasar a otra instancia.
El mejor nombre del interés personal
es el silencio. Salvo, si se espera que uno hable. En dicho caso el silencio
será acompañado del castigo.
En cambio si se habla sólo debe ser
para testimoniar un acuerdo, el acuerdo con la versión oficial.
El pacto entonces del que se trata
en este momento histórico, es un pacto de exclusión de hecho de una serie de
colegas. Ello implica la renuncia al pacto, que presidió a la creación de la
ECF y al que más tarde presidió a la creación de la AMP: pactos éstos de
solidaridad no entre personas, sino entre colegas que se reconocían en la
orientación lacaniana.
En definitiva, me parece evidente
que realizar el sueño de la unidad es incompatible con la posibilidad de
ofrecer a que cada uno despliegue su talento por la causa analítica. Por lo
tanto, no me parece que las bases actuales de la AMP constituyan el mejor punto
de partida para la reconquista del campo freudiano.
José Monseny
- Aunque voy a repetir
algunas cosas que ya se han dicho voy a fijar mi posición. Mi nombre: José
Monseny, miembro de la EEP. Para mí plantear la cuestión de que aquellos que
han planteado problemas y objeciones sólo defienden los intereses, es un error
de método. Los intereses, es un problema, seguía Lacan, pero están por todas
partes. Hay intereses y hay confort para quedarse también bajo el Uno de la
compacidad. Y a veces, por el contrario, poner cuestiones, plantear objeciones
y riesgos, implica que uno sienta que pueda perder todo aquello que cree tener.
Que para el que ha hecho la experiencia de la desubjetivación sabe muy bien que
en la mayor parte de los casos es fundamentalmente imaginario.
Una
paciente me dijo ya hace bastante tiempo -muchas cosas aprendemos de los
pacientes, no sólo de nuestra propia experiencia- me dijo: "Acabo de
descubrir que en toda mi vida una falta de coraje me ha llevado a realizar
siempre un trabajo infatigable". A veces detrás del trabajo decidido no
siempre y necesariamente hay un amor por la causa.
Para
mí tres cosas son fundamentales. Trataré de exponerlas con claridad. La
primera: ¿hasta qué punto la Escuela puede seguir siendo una Escuela plural, la
Escuela del paisaje que Jacques-Alain Miller me hizo amar y que me hizo ayudar
a entender lo que significaba el ¿...? lacaniano, ¿...? compatible con la
Escuela Una, pero con un sólo límite que debería tener, a mi modo de entender,
allí donde apareciera una concepción verdaderamente distinta del psicoanálisis,
demostrada y fundada en razón y reconocida como irreconciliable. Yo hasta ahora
no he visto esto. Y soy consciente de que mis palabras hacen un cierto eco a
las del Dr. Zilboorg en aquellos tiempos del Discurso de Roma.
Segunda
cuestión para mí fundamental. No creo que todo se reduzca, aunque esté
presente, a la cuestión de la Escuela versus Grupo. Para mí la cuestión
más importante aún es si la Escuela, que es siempre un grupo, podrá seguir
siendo permeable al discurso analítico, al deseo del analista que es deseo de
la pura diferencia.
La
tercera cuestión que para mí es importante, y que me gustaría que pusiéramos
bajo la disputatio y no bajo las disputas, es si puede seguir siendo una
Escuela del Pase, una Escuela creíble, donde todos podamos confiar, y sobre
todo donde podamos innovar y realizar una buena articulación entre el gradus
y la jerarquía.
He
seguido desde los inicios del Campo Freudiano en Barcelona la orientación de
Jacques-Alain Miller. Yo no soy de esos que a veces él dice que le odian. Él lo
sabe muy bien, y los que son mis colegas cercanos también. No sólo no le odio
sino que tengo un gran aprecio, estima y respeto por él. No creo tampoco que él
sea el único problema como en algún momento parece que él entiende que algunos
le dicen. He dicho en muchas ocasiones que la figura feroz y terrible del
superyó se alimenta de muchos de los renuncios que nosotros hacemos. En muchas
ocasiones he dicho a mis colegas que para mí también es un problema una
asamblea muda, y algunas de esas hemos tenido. Creo que ha habido entre eso y
la magnificación de la figura feroz, una cierta relación.
Puse
todo lo que yo tenía en esta Escuela, y no lo digo para hacer ahora un balance,
sino lo digo para decir que tenía confianza en él. Trabajando junto a él, y con
su orientación, he visto durante años favorecer la superación de las
diferencias. Pues bien, no entiendo el modo de llevar las cosas desde Buenos
Aires hasta aquí. No veo la voluntad de hacer una Aufhebung a pesar de
algunos gestos. Tanto la topología como la cronología de los tiempos lógicos de
los debates me parecían erráticos y confusos y algunos, especialmente Internet,
más proclives a favorecer el odio y la segregación. Además, para mi tristeza,
le he oído repetir en los últimos días: "no iré tras de nadie, los puedo perder".
En eso me ha parecido oír un deseo de segregación que teme. Y me pregunto, pero
¿qué Escuela es esa que cada equis tiempo necesita excluir lo diferente o
incluso lo discrepante? ¿No es eso la Ausstossung freudiana? ¿No va eso
en contra de lo que Lacan nos decía de que el psicoanalista a lo real debe
hacerle frente?
Voy
a expresar un Wunsch, y digo un Wunsch porque el deseo es
inconsciente. Aquí en Barcelona, tal como Jacques-Alain Miller escribió en una
ocasión, se cambió la flecha de la tendencia que lleva a la disgregación a los
grupos psicoanalíticos. Mi deseo sería que esa fuese la serie que se repitiese.
No la de las escisiones. También me gustaría, en ese Wunsch expresar que
la propuesta de una Escuela catalana o una Escuela de España en Barcelona no
sea una operación que al compacificar anule la diversidad de voces, o que
reabra divisiones que durante años trabajamos para superar.
Y
quiero añadir para terminar que ha habido y hay efectos de discurso
universitario tanto en el Campo Freudiano, como en las Secciones Clínicas, como
en las mismas Escuelas. Los cuatro discursos abundan por todos los lugares.
Muchas gracias [applaudissements].
(Jacques-Alain
Miller quitte la tribune et va s’asseoir dans la salle)
Antonio Di
Ciaccia - Je voudrais dire deux mots. En premier lieu, comment je
situe tout ce qui se passe ces derniers temps. Je le situe entre la dispute et
la disputatio, disputatio est un terme latin, c’est un débat
argumenté sur un thème souvent indexé du nom d’une personne. J’aurais aimé qu’il
y ait eu moins de dispute et plus de disputatio. Pendant que je me
disais cela, il y a quelques jours à Rome, je suis tombé sur un livre qui
reprenait une disputatio théologique de la première moitié du XIIe
siècle à Paris et qui s’était terminée avec beaucoup d’excommunications et
beaucoup de morts. On n’en est pas là. Or la disputatio permet
d’extraire d’un contexte contingent un enseignement qui n’est pas contingent.
C’est le premier point.
Deuxième point. La disputatio
est souvent indexée, comme je le disais, d’un nom propre. C’est dans cette
optique que j’ai lu la Tirade de Jacques-Alain Miller. En fait, moi-même, je
suis en position de recevoir une tirade. J’étais le plus-un du cartel B de la
passe. Carmen Gallano a parlé d’une disqualification de mon cartel, peut-être
que d’autres membres du cartel le pensent, moi je ne le pense pas. C’est vrai,
le cartel B restera marqué d’une défaillance, défaillance dont je suis
responsable en premier lieu. Mais d’autre part le cartel B restera comme signe
d’une avancée théorique et pratique, par rapport à certains dysfonctionnements
de la passe.
J’ai été très sensible ce matin à ce
que disait Marie-Jean Sauret. Mais je pense que c’est à chacun de nous de
donner à tout cela le statut d’une marque négative ou d’une marque positive.
Merci.
Marcus
André Vieira de EBP-Rio - Eu vou pedir a vontade de vocês para sair um pouco
das questões essenciais para retomá-las desde um ponto de vista local; vou
voltar ao Rio.
Algo me veio durante o almoço,
fiquei com uma dúvida, se eu falava, se valeria a pena voltar a isso. Mas como
continuo achando, vou voltar e por isso fiz duas horas de fila aqui. Rio não
deixa de ser um lugar que reúne aspectos paradigmáticos da crise que a gente
esta vivendo e então eu deixo a generalização a cargo de vocês. Eu queria
trazer algo que me incomodou hoje de manhã. Não da para a gente sustentar a
idéia que no Rio havia um grupo que funcionava muito bem e que houve uma crise
imposta de fora, o que explicaria uma espécie de lógica do processo e da
exclusão. Eu não estou dizendo que Rio
estava em crise, que era um caos, mas Rio tinha seus problemas específicos e na
nossa última reunião ¾ vou
apenas retomar o dito por Ricardo Seldes mas é importante insistir ¾ foi essa
minha posição. Existe uma crise específica do Rio quanto a lógica de poder no
Rio de Janeiro e a maneira em que era exercida e que era problemática. Claro
que casou-se com isso a crise internacional e tornou o momento atual do Rio a
paralisação total como foi dito hoje de manhã. O Rio está tal vez paralisado,
em termos de atos administrativos, por exemplo, por causa deste problema mas
aconteceu uma coisa muito forte no Rio nestes últimos tempos. Certamente
aconteceu algo que era para acontecer. Aconteceu que uma série de pessoas
resolveram se pronunciar, se colocar, tomar posição e dizer não ao tipo de
funcionamento que havia no Rio e que eu acho que independe da crise
internacional. Desse ponto de vista,
devemos suspender a idéia de um vetor de cima para baixo, para mi é horrível,
uma crise imposta e que iria a cortar algumas cabeças num lugar que funcionava
tão bem. Acho que não da para sustentar essa idéia e temos que pelo menos
pensar num círculo ou um outro tipo de funcionamento para poder entender a
crise. A partir de ali tal vez a gente possa generalizar um pouco e pensar que
o que aconteceu no Rio é algo específico e ao mesmo tempo geral.
O que acontece no Rio hoje em dia,
eu acho, permite pensar que é possível
se descortinar uma grande mudança para melhor com uma grande
possibilidade de entusiasmo no trabalho, de um trabalho diferente tal vez do
que se fazia até agora, mas tal vez até com as mesmas pessoas, não sei, mas um
trabalho na minha opinião, muito mais rico ainda.
Isto permite tal vez que a gente
deixe de lado a idéia que haveria uma briga interna entre Rio de Janeiro e
Minas Gerais. Faço parte faz pouco tempo do Conselho da Seção Rio mas foi
discutido e o que ficou claro é que haveria um problema com o seminário de
Quinet em Minas. Nunca houve problemas, nunca aconteceu uma rivalidade desse
tipo entre a Seção Rio e a Seção Minas. Bom, obrigado.
M. X? ( texte
inaudible)
Jacques-Alain
Miller - Une toute petite pause, la lecture d’un poème, très brève.
Juan Carlos Indart va lire en espagnol un petit passage d’un très beau poème
allemand de Hans Magnus Enzerberger, qui s’appelle “ Le naufrage du
Titanic ”. C’est un petit passage simplement sur l’iceberg, et ça mettra
une toute petite ponctuation avant qu’on poursuive.
Juan Carlos Indart - El Iceberg.
El iceberg avanza hacia nosotros
inexorablemente.
Vedlo cómo se suelta
del frente del glaciar,
de los pies del glaciar.
Sí, es blanco,
se mueve,
sí es más grande
que todo cuanto avanza
en el mar,
en el aire
o en la tierra.
Sueños mortales
que una larga caravana
de icebergs atraviesa.
“A doscientos cincuenta pies de altura
sobre el nivel del mar,
destellan sus colores
que son maravillosos
y totalmente diáfanos.”
“Como si fuese un sol
multiplicado
sobre celosías de cientos de palacios”
Mejor es no pensar en lo que pesa
un iceberg.
Cuantos lo han visto
no olvidarán jamás tal espectáculo
aunque vivan cien años.
“Ese espectáculo aguza la imaginación
pero llena el corazón
de un sentimiento de involuntario horror”
El iceberg carece de futuro.
Flota a la deriva.
No podemos hacer uso de él.
Existe, sin duda.
No tiene valor.
La confortabilidad
no es su fuerte.
Es mayor que nosotros.
Siempre y únicamente
vemos su cima.
Es efímero.
No se preocupa.
Nunca progresa,
pero “cuando, parecido
a una inmensa mesa
de mármol blanco,
veteado de azules,
se mueve de improviso y quiebra lo profundo,
todo el mar se estremece”.
En nada nos concierne,
sigue su ruta monocorde,
no necesita nada,
no se reproduce,
y se derrite.
No deja huellas.
Se disipa perfectamente.
Sí, ésa es la palabra:
perfectamente.
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Manoel
Barros da Motta de EBP-Rio
¾ Bem eu
queria tratar de algumas oposições que dão conta do que aconteceu com o Rio de
janeiro e que entram em relação com o quadro geral da AMP. Posso testemunhar de
alguns desses acontecimentos porque fiz
parte do Conselho da seção, estive ligado a Escola desde antes da fundação e
também tive algum papel na edição do livro de Colette Soler. Bem, a primeira oposição que eu gostaria de fazer
é entre a guerra e um pacto. Me parece que em primeiro lugar que essa questão
da guerra existe em Lacan, quer dizer, no coração da teoria analítica isso foi
tomado como tema, naturalmente transformado tendo em vista os objetivos da
psicanálise, quando Lacan articula tática, estratégia e política da psicanálise e todos sabemos que essa
trilogia foi tomada de Clausewitz, um teórico da guerra. Lacan fala que o
psicanalista deve se aparelhar. Não me parece que o combate pela psicanálise
possa ignorar essa dimensão do conflito, da dialética, ela esta presente em
Lacan. Enfim, não é possível esquecer essa dimensão.
Há também a dimensão do pacto, o
pacto que criou a AMP e o pacto que por exemplo foi feito pela AMP e pela EBP
recentemente no Rio de Janeiro e que, em um certo sentido, encerrou uma parte
dos conflitos que existiam localmente. Eu creio que eles podem ser expressos de
uma maneira bastante clara por aquilo que Jacques-Alain Miller disse ou
escreveu, na famosa Tirade, quando ele se refere a opção das exigências
de uma democracia extremamente forte no centro mas que localmente praticam uma política
muito pouco democrática, dura com os oponentes como a que nos vemos existir no
Rio de Janeiro mais ou menos a partir de um ano atrás. Uma série de problemas
que se configuram exatamente nesse quadro surgiram. Uma parte dessas questões pode ser esclarecida a partir dos
textos da Conversação do Rio, as pessoas da AMP podem ter acesso a esses
documentos. Existe um quadro que foi bastante sério, de problemas extremamente
graves que dizem respeito ao trabalho de
colegas, de dis-funcionamentos de instâncias que tem a ver com esse estilo de
política que está comentado na Tirade. Eu diria o contrário, eu diria
que a presencia de Jacques-Alain Miller, do Delegado Geral no Rio de Janeiro a
diferença de produzir uma crise, na verdade ela tornou possível que um bom numero de pessoas das instancias
responsáveis da Diretoria e do Conselho pudessem tomar a palavra. De tal
maneira era um mal-estar fechado, de tal maneira havia angustia, silencio,
imposições absurdas, um poder paralelo, que eu não vou chamar
de ditadura. Acho excessivo, existe um extremismo espantoso na forma em
que se fala de ditadura. Creio que um bom número de argentinos e brasileiros
que passaram efetivamente pela ditadura sabem que no Campo freudiano isso não
existe. No me parece absolutamente que o Delegado Geral, nem as escolas, ao menos com as que eu tive
contato, funcionem dessa forma, nesse quadro. O que me parece realmente é que
há abusos, pode-se pensar que são metáforas, que são imagens, etc. porém há
abusos extremos de certos termos,
imprecisões ou ainda uma tendência que leva para o sentido oposto.
O que diz respeito por exemplo
a questão das citaçoes. Eu estava
trabalhando na edição de um livro de Colette Soler, a edição desse livro
entrava um pouco no quadro do múltiplo como disse Jacques-Alain Miller aqui e
eu assumo a responsabilidade por isso. Havia me parece, um quadro em que por
exemplo, os livros eram produzidos de uma maneira um pouco independente, sem
muita coordenação. Esse livro originariamente havia sido programado para a
coleção que dirige Jacques-Alain Miller, Coleção do Campo freudiano no Brasil.
Problemas com o editor e outros problemas levaram a que esse livro fosse
editado por uma outra editora, uma responsabilidade que eu assumo, eu diria que
ate tenho uma certa culpa, usaria esse termo, efetivamente. Esse livro, Foi me
pedido por Jacques-Alain Miller que a edição desse livro fosse diferida, se
desse um tempo para a edição, para depois desta Assembléia, porque
efetivamente, com o quadro no Brasil, havia problemas aí, alguns que eu próprio
ignorava. Eu concordei com esse aspecto, esse livro deverá ser publicado, não
se tratou absolutamente em momento nenhum de proibição do livro, eu não ouvi
isso de Jacques-Alain Miller. Pelo contrário, perguntou-me se havia outros
projetos, num modelo que não significa censura, pelo menos quanto a minha
atividade de produzir este livro, poderia entrar em detalhes sobre a edição.
Quanto à questão das citações ou
como se diz em francês do pompage, eu não posso efetivamente comentar esse
problema mas me parece que algumas pessoas quando falam ao respeito, em vez de
discutir argumentativamente do que se
trata: o que é citar, o que foi dito, quais são as teses, aonde, etc., tomam
uma posição extremista também dizendo "a obra foi jogada na lama,
etc." coisas desse gênero, que me
parece que para uma comunidade analítica não é muito positivo, não me parece
que seja um bom caminho. A discussão argumentada é algo mais razoável para
levar em conta nessa discussão em relação a esse problema, e não o tipo de
postura que eu vejo ser adotada por muitas falas. Me parece que é preciso
meditar, argumentar reflexivamente e criticamente sobre o que acontece, levar
em conta os documentos, informar-se com maior precisão porque a tendência ao
extremismo leva a graves problemas para a AMP e para o destino da psicanálise.
Rose-Paule
Vinciguerra - Je voudrais poser une question et faire une remarque.
Une question. On a parlé d’aporie
tout à l’heure, et on a souvent opposé, dans les textes qui ont été envoyés sur
Internet, orientation théorique et directives politiques, de Jacques-Alain
Miller nommément ; on a pu lire aussi que politiquement on avait fait confiance
à Jacques-Alain Miller et que c’était une erreur ; on a parlé de
dysfonctionnements récemment découverts. Mais pourquoi ce dessillement
collectif après tant d’années de confiance ? Voilà la question que je pose.
D’autre part, comment rendre compte théoriquement de cette division entre des
dysfonctionnements dans l’ordre politique et par ailleurs une orientation
théorique analytique que l’on trouve fondamentale pour notre champ?
La remarque. On a entendu beaucoup
de revendications au nom du règlement démocratique. Le règlement démocratique
je le respecte ; la preuve c’est que j’attends depuis presque deux heures que
le micro tourne. Cela étant, est-ce qu’il n’y a pas une illusion dans cette
revendication de règlement démocratique? On sait que Lacan a parfois qualifié
la démocratie de démocratie de maîtres. Par ailleurs, une institution
analytique comme la nôtre n’est-elle pas fondée nécessairement sur le
transfert ? Le transfert, dans un de ses derniers Séminaires, Lacan le qualifie
non pas de moyen mais de résultat, du fait qu’il y ait du savoir. Au fond,
toute la question est de se demander si ce savoir, dans notre institution est
au poste de commandement, mortifié, comme on a pu le dire ce matin, ou s’il est
frayé à partir d’une position de bord. De bord c’est-à-dire au joint du réel.
Je pense que Jacques-Alain Miller est à cette place de frayer un savoir à
partir d’une position de bord. Et je pense qu’il faut à ce moment-là tirer les
conséquences politiques du fait qu’il tienne cette place épistémique.
Alexandre
Stevens (texte établi par Alexandre Stevens) - Je voudrais revenir sur
un point qui était présenté par plusieurs comme un des moments d’où s’origine
le malaise, puis la crise que nous connaissons aujourd’hui. C’est ce moment du
début du Collège de la passe, et puis d’une grande partie de sa durée, où il a
été fait état d’une “ guerre des cartels ”. C’est une expression que
reprenait Antonio Quinet ce matin dans sa série des guerres. Carmen Gallano
ensuite, lorsqu’elle évoquait ce qui est à l’origine de la crise actuelle,
mettait en avant deux points : l’accusation de plagiat faite par Jacques-Alain
Miller vis à vis de Colette Soler et, disait-elle, la disqualification du
cartel B par Jacques-Alain Miller.
C’est sur ce point de la
disqualification du cartel B que je voudrais intervenir pour préciser les
choses. Qu’est-ce qui s’est passé au Collège de la passe? Il y a eu en effet un
débat sur une décision d’un cartel. C’est le point nodal, le point majeur de ce
qui se subsume sous le terme de “ guerre des cartels ”, parce que
cette décision a été aussi entendue avec les articulations théoriques différentes
des deux cartels qui avaient été proposées à Buenos Aires deux mois avant
l’ouverture du Collège. Il y a eu un débat nourri, qui est publié, que chacun
peut lire, il y a eu ensuite d’ailleurs un débat sur le père et l’exception,
qui vient absolument à la suite de celui-là, on pourrait le démontrer. Et puis
je pense que l’on peut dire qu’une grande majorité des membres du Collège a
considéré que la décision du cartel B n’avait sans doute pas été la bonne.
Alors certains ont reproché à ce débat de jeter la suspicion, le discrédit sur
la passe. Et ce débat, il faut bien dire que c’est Jacques-Alain Miller qui l’a
mené, initié, soutenu, on peut même dire exigé, contre le dysconfort qu’il
engageait. Et c’est pourquoi sans doute Carmen Gallano, pensant que ce débat
jette le discrédit, et comme c’est Jacques-Alain Miller qui l’a initié, dit
“ Jacques-Alain Miller a disqualifié le cartel B ”.
Au fond, il y a là un choix
politique.
Je reprends les termes de
Pierre-Gilles Guéguen dans le débat de ce matin, qui articulait politique de la
psychanalyse et pari épistémique. Je suis parfaitement d’accord avec ça. Et
c’est justement ce qui fait que je pense que ce débat ne jette pas de suspicion
sur la passe, et pas de discrédit sur le cartel B. Il a discuté une décision du
cartel B, ça n’est pas en tout cas un discrédit sur les personnes, ça n’est
même pas un discrédit sur l’ensemble des décisions d’un cartel. Moi je soutiens
plutôt qu’un tel débat est sain, nécessaire, et que c’est ce débat qui maintient
du crédit à la passe et qui fait que la confiance que nous faisons au
dispositif peut persister. D’ailleurs très concrètement, Jacques-Alain Miller
l’évoquait tout à l’heure, cette confiance dans l’Ecole persiste largement
puisque le nombre de demandes de passe reste extrêmement important.
Je pense au contraire que
structuralement, ce qui jette la suspicion, la défiance sur la passe, c’est le
refus d’un tel débat, cela aurait été le refus d’un tel débat. Evidemment le
refuser au titre que d’en parler risque de jeter le discrédit sur la passe, ne
modifie rien au fait que c’est ce refus même qui jette le discrédit.
Il faut bien voir que ce Collège de
la passe, parce que j’ai entendu aussi Kaltenbeck ce matin qui proposait une
instance de contrôle, qui contrôlerait aussi bien un certain nombre de malaises
de nos collègues, si j’ai bien compris, que les décisions de passe, il faut
bien voir que le Collège de la passe ce n’est pas du tout un ensemble de sages.
C’est tout simplement ceux qui ont été, au cours des six dernières années,
membres d’un des cartels ou du secrétariat, c’est-à-dire des personnes qui ont
eu toutes à prendre de telles décisions. Ce n’est pas un collège de sages, ce
sont des personnes qui se sont engagées dans de telles décisions, et qui au
bout de six ans réfléchissent ensemble pour voir comment ça marche.
Il me semble que si on veut refuser
à un tel endroit un débat sur le processus de décision, et même sur l’une ou
l’autre décision concrète, c’est alors que la passe serait en danger.
D’ailleurs, puisque c’est Jacques-Alain Miller qui nous a forcés à un certain
niveau à ce débat, voilà une des raisons structurales que je vois pour soutenir
son action. Je vous remercie.
José
Rambeau - Je suis un membre encore récent de l’Ecole de la Cause
freudienne par la procédure de la passe. Je voudrais apporter un bref
témoignage de ce que je qualifierai de souffrance discrète, mais pour autant
sérieuse parce que je serais dans l’embarras si les choses continuent, je
serais dans l’embarras s’il me fallait choisir un camp. Je m’explique. Je me
suis engagé à être enseigné par Lacan et son Ecole comme je me suis engagé dans
une analyse lacanienne juste après la mort de Lacan. Je ne l’ai donc pas connu
de son vivant. Ma première entrée à l’Ecole a été en tant qu’auditeur, comme
beaucoup d’entre nous, elle s’est faite par la médiation du Collège freudien
pour formation permanente - je voulais quand même le préciser, c’est une porte
d’entrée. Ce que j’ai tout de suite repéré dans l’enseignement qui était
délivré à l’Ecole de la Cause freudienne, c’est que la transmission de
l’enseignement de Lacan et je dirais même de son énonciation particulière a été
faite au fond par trois personnes. En tout cas, ce qui m’avait saisi, c’est,
qu’il y avait un collège de la transmission de l’enseignement de Lacan, et ce
collège était composé effectivement de Jacques-Alain Miller, Colette Soler et
Eric Laurent. Je n’ai pas de lien analytique avec ni l’un ni l’autre.
Ce que je voulais dire, c’est que ce
collège, cette transmission collégiale de l’enseignement de Lacan, m’a permis
en tout cas dans ma pratique clinique beaucoup d’orientations venant des uns et
des autres. Alors aujourd’hui je me pose la question : pourquoi cette
collégialité n’est pas applicable à l’AMP? Je vous remercie [applaudissements].
Danièle
Silvestre - Vous reconnaîtrez avec moi que le lien associatif en a
pris un coup. Mais il n'y a pas de quoi parler de dissolution!
C'est plutôt le moment d'analyser ce
qui se passe, enfin. Les AE qui sont à la tribune sont bien placés pour le
faire ; c'est même ce qu'on attend d'eux : analyser l'expérience de
l'École, c'est leur fonction, politique. Je vais faire quelques remarques
là-dessus ; ce peut être le traitement que l'on fait subir aux personnes qui
fabrique des opposants, puis une opposition, éventuellement. Mais c'est surtout
la manière dont on maltraite les faits qui provoque le désir d'y aller voir de
plus près — dans les faits — et de les examiner à la loupe. Mettre le texte de
Jacques-Alain Miller, “ la tirade ”, en préface à l'Annuaire de
l'AMP, est une des façons de susciter étonnement et curiosité, voire de
solidariser une éventuelle opposition. Je ne chercherai pas à vous faire verser
des larmes — de crocodile — sur le coup porté à des collègues, mais plutôt à
vous faire vous demander si vous trouvez correct de publier un texte qui en
critique violemment un autre, sans publier cet autre. Quand on lit “ la
tirade ”, on a envie de lire le texte auquel elle répond. Comme membre du
Conseil de l'AMP, si Jacques-Alain Miller m'avait demandé mon avis, je lui
aurais déconseillé de faire ça. C'est une manière de procéder qui ne va pas.
Cela m'est arrivé, à une échelle
moindre, il n'y a pas longtemps: une petite revue, l'Envers de Paris, a publié
un article critiquant un texte de moi qu'elle n'avait pas publié ; j'ai
protesté — Leguil s'en souvient sûrement — en leur expliquant qu'on ne faisait
pas ça ; ça n'est pas correct. Il en va de même avec les publications des
documents du collège de la passe : les textes de Jacques-Alain Miller ont
été publiés l'été 97, seuls, isolés des autres auxquels il répondait pourtant
en général, et diffusés très largement. C'est seulement trois mois plus tard
que les autres textes ont été publiés. Il ne faut pas faire ça. Il y avait
pourtant un secrétariat du collège de la passe, et il y a le Conseil de l'École
qui a en charge de veiller à la bonne marche de l'association. Il ne fallait
pas laisser faire ça. Enfin, on a évoqué encore le cartel B. J'en faisais
partie ; et j'apporterai ceci : le cartel B a été soupçonné d'avoir
pris comme critère de fin d'analyse, comme critère de passe, la séparation
d'avec l'analyste. Mais j'ai appris par une amie qui a fait la passe à l'EEP et
qui m'a autorisée à en parler — elle me corrigera si je ne dis pas exactement
ses termes — que la réponse que lui a donnée le cartel, avec sa non-nomination,
était qu'elle avait atteint la fin de son analyse mais qu'on ne voyait pas
bien... la séparation avec l'analyste. Je vous laisse avec ça.
Pierre
Skriabine - Dire que non à l’exception, c’est ouvrir la porte au
discours du maître. L’exception, on s’en est plaint depuis des semaines dans le
courrier que nous avons reçu. L’exception, a-t-on dit, “ elle fait
souffrir, elle est insupportable ”, et toute une kyrielle de signifiants
stigmatisant le maître dans le vocabulaire de la féodalité a suivi. Je me suis
demandé ce qui pousse ainsi à confondre le signifiant-maître et la fonction de
l’exception d’une part, avec le discours du maître d’autre part. N’est pas là
qu’un déguisement qui recouvre une tentative de faire émerger le maître pour de
bon dans la psychanalyse? J’ai regardé tous ces textes qui nous sont arrivés,
je vous en livre une lecture un peu abrupte, un peu brève, mais voilà.
Au
niveau régional, on voit l’émergence de concrétions d’un pouvoir local assis
sur une base solidement contrôlée. C’est peut-être du registre de l’anecdote,
ce sont des choses qui arrivent toujours, mais ça aussi doit être traité et mis
en question. En tout cas remarquons que c’est de là, là où le maître montre le
bout de son nez, qu’on se plaint le plus de l’exception.
Au niveau le plus global - et là est
l’enjeu majeur -, il y a une conception différente, nouvelle, de l’AMP, qui se
fait jour. En fait, au travers de ce haro sur l’exception - haro bien sûr sur
Jacques-Alain Miller : c’est une AMP du tous frères, à l’occasion jumelés,
et surtout une AMP réglée, dominée par un appareil et des apparatchiks,
éliminant toute dimension possible d’une énonciation. Certes, il y a ici
quelque chose qui est de l’ordre du discours universitaire. Mais il me semble
qu’il n’y a pas seulement cela et que dans cet appareil on retrouve aussi les
vieilles lunes du centralisme démocratique. Alors effectivement avec un tel
discours il me semble qu’il n’y a pas possibilité de composer.
Au niveau des Ecoles enfin, on voit
surgir l’imputation du “ tout ”, étayée par une conception simpliste
et faussée de l’exception. Parce que l’exception n’est pas simplement - et
Lacan aussi le prend sous cet angle-là - ce qui conditionne le tout,
l’exception c’est ce qui ouvre la voie de la série, c’est le niveau épistémique
qui a été évoqué ce matin. L’exception, c’est quelque chose de tout à fait
fondamental chez Lacan. Par exemple dans l’aliénation il faut qu’il y ait un
signifiant Un qui, à un moment, chute, qui soit perdu, qui s’excepte, pour que
l’infini des combinaisons signifiantes soit possible. Cette fonction est
fondamentale. Et puis il y a l’exception évoquée sous le thème du chef
d’orchestre qui permet le un par un, ou encore sous le thème de l’AE qui
relance le savoir.
Ce que je voudrais simplement en
conclure, c’est que, au-delà des effets de pouvoir anecdotiques, il s’agit de
savoir dans quel style nous voulons notre communauté. Pour ma part, c’est
évident que cela ne pourra jamais être dans le sens d’un appareil
bureaucratique . En tout cas ce n’était pas de ce côté-là que Lacan a
imprimé son style.
J’aimerais
qu’on adopte l’expression heureuse de Dominique Laurent, à savoir
“ l’attitude droite devant le signifiant-maître ”, qu’on reconnaisse
la posture de l’exception, pour que justement, des exceptions, il continue à y
en avoir.
L’acceptation de la fonction de l’exception, je le crois, c’est tout le contraire du discours du maître.
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VII. - Pierre
Bruno, Bernard Lecoeur, Gabriel Lombardi
Colette
Soler, Sérgio Laia, Jacques-Alain Miller
Pierre
Bruno — J’ai préparé hier soir le texte que je vais vous lire. Il
se trouve que, malgré l’ampleur du débat qui a eu lieu aujourd’hui, je ne le
trouve pas dépassé. Vous en jugerez.
Auparavant, deux remarques en
réponse à ce que j’ai entendu aujourd’hui :
1) Toujours attentif à ce que dit
Gennie Lemoine je veux simplement préciser à son intention que j’emploie le mot
“ dialectique ” dans le contexte de l’opposition entre
“ dialogue ” et “ dialectique du désir ”, opposition que je
considère comme une référence de Lacan. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai souligné
la nécessaire discrétion — à entendre comme discontinuité — du désir, sans laquelle
sa mutation dialectique n’a pas lieu.
2) Eric Laurent évoque la position
d’un A.E. nommé en 1989, qui soutenait la thèse selon laquelle il y avait un
problème d’incompatibilité entre la nomination comme A.E. et l’exercice de
responsabilités institutionnelles. Je suis d’accord avec lui, mais lui fait
remarquer que son opposition est en miroir, dès lors qu’il tient l’exercice de
responsabilités institutionnelles comme une prime à la nomination. Dans les
deux cas, l’enjeu de la passe en sort brouillé, car la charrue de la politique
est mise — à charge ou à décharge — devant les boeufs — animaux que j’estime —
de la passe.
Le texte maintenant.
Je ne sais quand j’aurai de nouveau
l’occasion de m’adresser à vous. C’est pourquoi je me suis demandé avec une
acuité particulière ce que je voulais vous dire et comment.
J’aurais pu vous dire quelque chose
sur le Collège de la passe puisque, pour moi, c’est de là que tout est parti.
Je n’en dirai que ce qui est relatif au point que j’ai finalement choisi de
retenir. Je crains que dans l’avenir le risque n’existe de voir la passe
tendanciellement réduite à une procédure standardisée d’avancement, et ce
contre la surprise de découvrir, quant à la fin et quant au désir de
l’analyste, quelque chose qui était impensable d’avant.
J’aurais pu vous dire ce qu’il en a
été de mon éviction de la Présidence de l’ECF, motivée par la seule raison que
je n’étais pas prêt à me faire le vaguemestre de la vérité officielle. Je ne
dirai, là-dessus, qu’une seule chose : les douze collègues qui n’ont rien
dit, rien fait, si peu que ce soit, pour contester cette éviction, n’ont pas
sur ce point mon estime.
Mais je concentrerai aujourd’hui mon
message sur ceci, qui commande tout : le risque de dilution du
psychanalytique dans l’éducatif. Mon désaccord raisonne avec “ l’esprit de
l’École ” où la dite “ orientation lacanienne ” tient au constat
que je fais : le Champ freudien est en train de devenir une industrie de
formatage au un par un et sur mesure. C’est une expression étonnante, à la
mesure de l’exploit qu’elle désigne, ou qu’elle vise : réussir une
éducation où les grands, les petits, les maigres, les gros, les verts, les
rouges, les jaunes n’aient plus aucun complexe, à condition de consentir à un
principe éducatif, qui consiste à transformer le désir en demande.
Il y a peu j’ai vu dans les rues de
Paris un camion ou un bus sur lequel était écrit en lettres immenses
l’impératif prometteur : apprenez à penser par vous-mêmes. Or penser par
soi-même ne s’apprend pas mais, comme le savoir, se prend.
Je vais cependant conclure sur un
exemple encore plus probant à mes yeux et qui nous touche de plus près. Il se
trouve qu’il y a trois semaines, quatre-vingt quinze collègues de l’ex-ACF-TMP
sur cent treize ont signé un texte qui annonçait la décision des signataires de
ne pas se rendre à la troisième Conversation de Toulouse. C’est ce texte qui a
été qualifié de pétition par Guy Briole, contre donc l’évidence sémantique et
l’évidence de la lettre, puisque les signataires ne demandaient rien. Ce détail
illustre le trucage éducationnel dont je parlais : on transforme un désir — la
décision — en demande — la pétition. C’est contre cette pente éducationnelle de
la psychanalyse que je prends épistémiquement parti.
Bernard
Lecoeur – Une remarque, brève, pour dire mon profond désaccord avec
une idée qui voudrait s’imposer aujourd’hui. Celle qui consiste à laisser
croire qu’il faudrait compter dorénavant avec une opposition au sein de l’AMP
et au sein des Écoles. Je trouve cette idée exorbitante. Je ne vois pas comment,
à l’intérieur de l’AMP ou d’une instance quelconque – un Directoire par exemple
-, on pourrait œuvrer aux affaires de la psychanalyse si, d’aventure,
s’installait cet état de fait.
Que serait cette instance à
l’intérieur de laquelle il faudrait en permanence faire le décompte des forces
en présence chaque fois qu’une décision doit être prise ? Que serait une
telle instance qui, dans son fonctionnement, devrait intégrer la notion
d’opposition ?
La présence d’une opposition, telle
qu’on nous la dessine aujourd’hui, ne permet aucune prise en compte du réel
situé au cœur des Écoles et de l’AMP. Il me semble que cette idée est un retour
subreptice du maître. Un retour clandestin qui, au nom du respect de la
divergence des points de vue réunis en une opposition, fait passer à la trappe
l’impossible inhérent au groupe. Cela reviendrait, si une pareille idée
trouvait à se concrétiser, à prendre une direction tout à fait contraire à
l’orientation lacanienne.
Gabriel Lombardi - Gabriel Lombardi, de la Escuela de Orientación
Lacaniana. También profesor en la Universidad de Buenos Aires. Es por eso que
ya he sido hoy calificado de universitario. Bien, cuando uno dice esa palabra
entre analistas, la voz se va. Sin embargo, yo no tengo aquí nada que decir
desde el punto de vista de un profesor universitario. Bien por el contrario,
tengo cosas que no sé, preguntas que quiero compartir con ustedes, que en estas
circunstancias me parecen importantes e interesantes también, donde creo que
nos estamos dando espacio para preguntarnos en qué consistiría una Escuela de
enunciación, o un conjunto de Escuelas como la AMP y la enunciación, y que no
sea la enunciación de Uno solo, donde lo que uno dice, que no sea ese Uno solo,
pueda también tener alguna consecuencia, y que no esté todo decidido de
antemano y que se compruebe si está sobre la base, por ejemplo hoy en la Gran
Conversación de Barcelona, que no se compruebe si está sobre la base de que por
ejemplo ya está prácticamente, como me decía hoy alguien a la tarde, ya está
prácticamente fundada la Escuela Única, sin que la mayoría haya participado ni
de la deliberación ni de la decisión.
Me
parece entonces, que personalmente me siento en un momento más de reflexión que
de conclusión, y me parecería muy interesante que sea a partir de este tipo de
conversaciones que una instancia psicoanalítica que tienen derecho a tener la
palabra, a sostener lo que dicen a partir de su enunciación, me parecería
interesante que surja de la lógica de lo que se va elaborando aquí y no de la
enunciación de uno solo. Aún cuando, respecto del Uno solo, yo puedo tener - lo
voy a nombrar ahora porque se trata de un agradecimiento y un reconocimiento
personal - puedo tener un gran reconocimiento y un gran agradecimiento
personal. Así como también en mi historia y en mi acercamiento al psicoanálisis
existió, no directamente Masotta, sino Masotta a través de Germán García, a
través de Juan Carlos Indart, fue por quien conocí los textos de Lacan y de
Freud, y después recién llegó para mí el Campo Freudiano con todo lo que me ha
permitido transmitir de un modo muy universitario que es el principio. Que se
me diga y que se diga a otros colegas universitario en este contexto, me parece
una descalificación, me parece como una manera de no tener derecho a hablar.
Que
se nos diga también que pertenecemos a un grupo y a una oposición, me parece
que también puede ir en el mismo sentido, en un momento en que a lo mejor se
trata de interrogar otra cosa. Se trata de interrogar, a lo mejor, la
orientación misma que sostiene este conjunto de Escuelas. A lo mejor los
síntomas, de los que venimos hablando, de los que yo personalmente he hablado
también en Internet, no se refieren solamente a una sola persona, a una sola
enunciación. A lo mejor los síntomas tienen que ver con la estructura misma que
estamos en este momento interrogando.
Para
mí es, incluso, la enunciación, perdón, la orientación, la orientación en este
momento pensarla como la orientación lacaniana única, hacia un real único, sea
una orientación que tiene algo de equivocado y que hay que revisar. A lo mejor
una asociación de Escuelas montada sobre el eslogan: "El Otro que no
existe", existen sí los síntomas, el partenaire-síntoma, pero el Otro no
existe, es algo que también debería ser revisado.
Personalmente me he preguntado
sobre eso y he consultado los textos. He visto, por ejemplo, que Lacan fundó la
Escuela Freudiana de París y produjo su Proposición sobre la base de una
disyunción entre S1 y S2, una disyunción entre saber y poder. Y que esa
disyunción parece que es fundamental, era verdaderamente fundamental. Pensaba
que la noción misma de Escuela dependía de eso, de la disyunción entre
jerarquía y gradus.
Entonces,
¿cómo resituar esta circunstancia en la cual vemos que hay algo del Otro que no
existe, que se traduce en segregación, en insultos, en distintos síntomas?. He
revisado también otros textos de Lacan y por ejemplo me encontré con todos los
desarrollos que él hace a partir del Seminario de La lógica del fantasma
donde ubica al Otro que no existe como lo que ocurre en el nivel de la
alienación, es decir en el nivel del Uno, del Uno que se repite, mientras que
después, él propone una segunda etapa en la construcción de ese sujeto, que es
la etapa de la separación, y que no es del alejamiento, no es de la ruptura ni
la disolución, es el momento más bien de la disyunción, de la intersección con
el Otro, que incluso es una intersección vacía.
Yo
creo que tenemos derecho a seguir interrogándonos cómo lograr que en la AMP
entonces el Otro exista, cómo lograr que en la AMP no se trate al grupo por la
segregación o por otros procedimientos, tales como hacer como que no existe.
Personalmente no deseo la escisión, no deseo tampoco plantearlo en términos de
guerra, no deseo retirar los alumnos. Deseo una AMP en que el Otro pueda ser
tolerado, en que las divergencias puedan existir incluso en los Consejos
estatutarios y en los Carteles del Pase.
Personalmente
anhelo, para concluir, una Escuela donde la divisa lacaniana scilicet:
"está permitido saber", tenga la vigencia que exige el oxymoron del
deseo para expresarse, en el intervalo que lo imposible cava entre poder y
saber. Y para ello no desdeñaría nada que nos impida iluminar la noche
conceptual que se arma cuando nos aburrimos con producciones acompasadas.
Necesitamos la disyunción, hasta podríamos dejar que nos enseñe sobre la
disyunción el hombre ya humillado por la senectud y, como Milton, por la
ceguera, el bibliotecario Borges, que antes de morir encontró el brío de estos
versos que nunca pudo escribir, sólo dictar a la caridad de una mano ajena,
para retomar el tema del amor planteado por Lilia Mahjoub. “Nadie rebaje a
lágrima o reproche esta divagación de la maestría de Dios que con magnífica
ironía me dio a la vez los libros y la noche”.
Colette Soler
- Je voudrais dire trois choses ; j'ai redemandé la parole, surtout
parce que j'ai oublié un point que j'avais l'intention de dire tout à l'heure.
La première, c'est qu'on ne peut pas
parler sans faire de métaphore et dès qu'on fait des métaphores, on ne sait
jamais où elles vous mènent. Voyez par exemple, vous utilisez la métaphore de
la grenouille et du boeuf, et, aussitôt, le taureau est dans la métonymie. De
même pour le Titanic, on y est revenu tout à l'heure avec le poème sur la
banquise. J'ai été très surprise de cette métaphore du Titanic, parce qu'il est
notoire, on le sait aujourd'hui, et le film récent nous a fait nous en
souvenir, que le Titanic a coulé par la faute du capitaine, de la gloriole de
son capitaine. C'est comme ça que ça s'est passé : métaphore dangereuse
tout de même.
Alors, deuxième point : j'ai
dit en effet, que nous comptions sur le Un pour unifier les exceptions. On
objecte à cette expression, Laurent a objecté : je suis d'autant plus
d'accord avec l'objection que ce qu'il m'a objecté, je l'ai moi-même développé
dans ma première lettre, disant que le ciment réel de notre communauté ce n'est
pas le Un d'exception, mais un certain rapport au réel auquel conduit l'analyse
et qui tient au fait que les différents sujets ont traversé jusqu'à un certain
terme l'expérience de l'analyse. C'est ça qui, au fond, me paraît être le
véritable élément unaire de la communauté. Alors, quand je dis “ le Un
unifie les exceptions ”, je ne veux pas dire par là qu'il les ramène à l'homogène.
Je désigne le registre de notre pratique où les directives de l'Un nous
permettent de nous accorder sur des objectifs précis.
Alors, deux exemples évidents :
comment tous ces sujets si différents de la grande AMP passeraient-ils une
année et plus à tous parler de “ l'inconscient interprète ”, si la
thèse n'avait pas été avancée comme une directive pour le travail? Il n'y a
rien à redire à cela, mais c'est ce que j'appelle un effet d'unification
pratique dans le domaine de la pensée.
Autre exemple : comment tout le
monde se mettrait-il à réfléchir sur la reconquête de l'IPA — là c'est une
expression qu'il faut peut-être corriger : ce sont de nouveaux contacts
avec l'IPA, dit-on —, s'il n'y avait pas eu une directive? Alors, va-t-on me
contester qu'il y a, à ce niveau, unification? Ça me paraît d'une évidence
telle ! C'est au point que Jacques-Alain Miller lui-même, dans les Dépêches
qui ont précédé la Rencontre de 96, avait cru devoir soulever le problème de la
saturation possible sur les thèmes lancés pour préparer la Rencontre.
Je soutiens donc qu'il y a un effet
d'unification pratique grâce aux directives de l'Un. Alors, si l'on veut
évaluer les avantages et les inconvénients, l'avantage on le voit
facilement : ça permet à des personnes très différentes de faire converger
leur travail, d'en parler ensemble, etc. Et ça contribue, en outre, au lien, au
sens le plus positif du terme. L’inconvénient, la limite, c'est peut-être ce
qui fait que Pierre Bruno se trouve induit à évoquer un effet “ éducatif ”.
En effet, l'inconvénient du régime des directives, c'est qu'effectivement ça
invite à s'en remettre à l'Autre. C'est une bonne disposition en soi de s'en
remettre à l'Autre, mais on s'allège soi-même d'autant. Au lieu d'évoquer un
effet éducatif, j'aurais plutôt évoqué, je l'ai déjà fait, un effet
d'immaturité. Ça peut paraître paradoxal, car nous avons une communauté qui est
remarquablement performante pour toutes les activités qui consistent à affirmer
une présence dans le monde, un dynamisme et je dirais un désir qui entraîne.
Regardez ici, cette Rencontre, c'est
un travail énorme, parfait, remarquable, les affiches, les volumes, les
brochures, l'effet rassemblement, etc. Cependant, par ailleurs, malgré tous les
espaces d'interlocution qui se sont développés dans notre communauté — Dieu
sait s'il y en a depuis deux ans, avec les Conversations, en particulier —,
malgré tous ces espaces d'interlocution, le plus souvent nous discutons sur des
conclusions déjà là. Nous ne discutons pas pour élaborer une conclusion dans un
travail collectif, le plus souvent, nous avons déjà la conclusion, nous avons
déjà la thèse, qu'elle soit au niveau de la théorie ou au niveau de la
pratique, et nous débattons en quelque sorte pour l'assimiler, la comprendre,
la justifier, la diffuser. Alors je dis que la contrepartie, c'est l'effet
d'immaturité au niveau des décisions de pensée. C'est comme ça que j'interprète
ce que beaucoup m'ont dit quand j'ai avancé qu'il faudrait que les Écoles
orientent l'AMP : mais vous n'y pensez pas, ils en sont incapables — sans
Jacques-Alain Miller, nos Conseils, comment y arriveraient-ils? Eh bien ! moi,
je devais avoir des Conseils une plus haute opinion qu'on s'imagine, parce que
je pense que les Conseils, ou d'autres instances d'ailleurs, peuvent avoir des
idées bonnes sur la direction de l'ensemble. Ça devrait être, en tout cas.
Enfin, troisième point, rapidement,
parce que c'est ce que j'avais oublié tout à l'heure. Je vais vous parler de Los
Cubanos. Quand j'ai appris que ma proposition ne serait pas en débat,
c'était dimanche, j'ai décidé d'inviter ceux qui pensent qu'il y a des
problèmes à discuter et qui veulent les analyser — en analyser l'origine, la
nature, pour apporter des solutions possibles —, je les ai invités à se réunir.
J'ai fait ça dans la hâte, dans l'improvisation. Certains m'ont déjà reproché
de ne pas les avoir prévenus, mais je ne vois pas comment je l'aurais fait, je
ne savais même pas si ça pouvait se faire, et finalement une première réunion
s'est tenue avant-hier soir à l'hôtel La Habana. Jacques-Alain Miller,
aussitôt, du fait que c'était à l'hôtel La Habana, a qualifié les participants
de “ Cubanos ”. Eh bien, je trouve que ça me convient, les Cubains,
parce que Cuba, ça évoque beaucoup de choses, pas toutes positives, mais au
départ ce fut l'aspiration révolutionnaire. Lacan a pu dire beaucoup de mal de
la Révolution, mais quand même, en 1966, il faisait du révolutionnaire l'une
des trois figures qui nous reste de l'homme de vérité. Alors, la vérité, comme
premier pas, ça me paraît très bien. Dans la psychanalyse, la quête de la
vérité n'est que le premier pas, nous savons qu'il faut aller au-delà, que nous
visons au-delà de la vérité, un réel, mais sans premier pas, pas de second, ni
de troisième!
Il ne s'agit pas de réunions
secrètes, il ne s'agit pas de réunions de factions. Qui peut venir? Tous ceux
qui veulent réfléchir sur l'état de notre communauté. Qui en serait exclu?
Personne en droit, seulement ceux, en fait, qui auraient d'après leur
expérience et leur place, déjà conclu que tout est pour le mieux dans le
meilleur des mondes. Les autres y ont leur place. [Applaudissements]
(Jacques-Alain
Miller qui était assis dans la salle revient à la tribune)
Sérgio
Laia
-
Primeiramente gostaria de reforçar as palavras de Marcus André Vieira, que
falou ha pouco. De fato, não ha conflitos entre a Seção do Rio e a Seção de
Minas Gerais. O que está acontecendo, e isso desde ha muito tempo, antes mesmo
da criação da AMP, é sim, uma certa discussão em torno do seminário de Antônio
Quinet em Minas ¾trata-se
de um problema antigo para a EBP-Minas Gerais e as intervenções recentes de
Miller nos tem permitido resolve-lo.
Em segundo lugar, gostaria também de
trazer uma espécie de testemunho. Parece-me estranho falar de uma posição
monolítica e tirânica do Delegado Geral, na medida em que o que tenho podido
experimentar no Brasil, inclusive antes da própria construção da EBP, é o
quanto as intervenções de Miller promovem uma abertura das discussões e das
posições diferentes, ou seja, algo bem diferente de uma espécie de
vetorialização ou unificação tirânica.
O que me espanta nessa atribuição
que alguns fazem a ele de uma posição
monolítica é o quanto essas pessoas parecem desconhecer tanto o que tem
acontecido nos últimos meses da Internet quanto o fato de que a Internet, pelas
suas próprias características, não consegue ser monopolizadora de qualquer tipo
de debate, pois ¾desde
que qualquer um tenha acesso aos provedores e, no nosso caso, também às listas¾
qualquer um pode intervir sem qualquer tipo de censura.
Como um terceiro ponto, penso que
aqueles que defendem essa idéia de uma tirania personificada em Jacques-Alain
Miller não suportam exatamente o que ele mesmo chamou aqui de sua paixão, de
seu pecado. Parece-me estranho, inclusive, que analistas possam lidar tão mal
com algo da ordem da paixão, do pecado ou mesmo com o advento de uma quebra do protocolo.
O que esses colegas não suportam é
quando Miller não se apresenta, por exemplo, como um Chefe de Estado que tem
toda uma hierarquia a cumprir ¾ é
inconcebível para eles que Miller apareça com sua paixão e, quando isso
acontece, como nesse caso da TIRADE, esses colegas preferem acusa-lo de
tirania.
O que Miller chamou de retorno do
múltiplo na AMP, e mais particularmente na EBP, me parece ser uma tendência bem
evidente. De fato, os efeitos de grupo sempre vão existir, eles fazem parte de
um certo real de nossa experiência institucional. Mas o que acho que está em
discussão, o que não e possível persistir e tem de ser tratado é uma certa
grupalização, um certa tendência desses efeitos de grupo se consolidarem em
grupos efetivos.
Por exemplo, me chama a atenção,
ainda não conseguir entender muito bem o fato de que, no momento em que a
Conversação da AMP acontecia no Rio de Janeiro ha algumas semanas atrás, nos
recebemos pela Internet a carta que foi intitulada "Não iremos a
Toulouse" e que, após essa Conversação, outra vez pela Internet, mas
só em francês e só publicada na AMP-Messager, saiu a demissão de Antônio Quinet
da Diretoria da EBP. Ou seja, me parece muito estranho que Quinet tenha feito
circular essa demissão, por escrito, na lista francesa e não nas outras listas
da AMP.
Por fim eu gostaria de fazer um
pequeno comentário, já que se falou do perigo da metáfora do Titanic. Eu não a
apreendi pelo viés do fracasso daqueles que dirigem, porque eu acho que ela
surge no momento em que a gente vive esse sucesso extraordinário do filme
Titanic. Então, me parece que é nesse contexto muito mais do filme do que
propriamente da tragédia, do acontecimento histórico, que a metáfora deve ser
tomada. Assim, me parece interessante que, por exemplo, haja uma entrevista do
diretor desse filme onde ele nos conta que todo o seu desafio para fazer esse
filme era exatamente o seguinte :
como contar uma historia da qual
todo mundo sabia o que ia acontecer? como tornar essa historia interessante para
as pessoas que já sabiam dela? como transformar o já-sabido em algo agalmático.
Nos nossos termos, poderíamos dizer também: como fazer de um fracasso um
sucesso, ou seja, um procedimento que nos aproxima de uma "política do
Witz". Assim, Cameron, o diretor, inventou esse artificio de colocar nessa
historia que todo mundo já conhecia uma historia de amor. Logo, se por um lado,
em termos do comandante do navio, do ponto de vista histórico, ha um fracasso,
por outro lado, se a gente retoma o Titanic no contexto do filme, o que a gente
vê é como que alguém que dirige faz do fracasso um certo sucesso criando, a
partir desse fracasso, uma coisa que não estava prevista no script, no
protocolo já dado pela história.
Obrigado.
Jacques-Alain
Miller - Je vais dire un mot. Colette Soler a tout à fait tort de
penser que mon opinion serait toujours déjà arrêtée, et que les Conversations
ne servent à rien. Les Conversations me servent beaucoup au contraire.
Colette Soler critique ce qu’elle
appelle les directives. Elle voit dans le fait que, quand je formule
“ l’inconscient interprète ”, on travaille sur ce point, l’effet
d’une directive qui serait dommageable.
Je ferai remarquer d’abord qu’elle a
été la première à être tellement d’accord avec l’inconscient interprète qu’elle
a dit “ tout le monde est d’accord avec ça ”, et c’est même à ça que
j’avais réagi. Mais avec ce genre de critique on ne pourrait même pas se réunir
sur le thème du “ partenaire-symptôme ” ! Ce genre de critique rend
impossible ce type de rendez-vous et de travail en commun dont nous attendons
quelque chose. On pourrait peut-être se réunir sur des thèmes comme “ le
transfert ”, “ l’inconscient ”, “ Freud et Lacan ”,
comme nous l’avons parfois fait dans le passé, mais on ne pourrait pas se
réunir sur des thèmes comme “ le partenaire-symptôme ”.
Je n’aime pas entendre dans la
bouche de Colette Soler le mépris pour les affiches, les merveilleux résultats,
etc, parce que, depuis le début, dans le Champ freudien nous sommes des
militants. Et c’était dans la Nébuleuse qu’on nous critiquait d’être des
militants.
Troisièmement, à qui fera-t-on
croire que c’est un simple groupe de réflexions qui se réunit à l’hôtel Havana?
Quatrièmement, Pierre Bruno pourrait
donner une pensée au fait qu’il y ait un Conseil de quinze personnes, et que
treize, qui n’étaient pas du tout sur les mêmes positions il y a un an, se sont
réunis, et par rapport à leurs deux collègues toulousains. Le Conseil de
l’Ecole de la Cause freudienne l’année dernière était un Conseil très divers,
avec beaucoup de nuances : par quelle opération est-il devenu en six mois soudé
pour réagir comme il l’a fait ? Peut-être faut-il donner une pensée à cela.
Alors, en effet nous sommes là
devant des positions qui ne sont pas claires. On ne saisit pas des thèses. Mais
ce qui m’est devenu clair au terme de cette journée, c’est que ces collègues -
je ne sais pas comment les appeler, je ne dis pas “ une opposition ”,
puisqu’ils refusent d’être une opposition -, ces collègues ont des positions que
l’on appelle, dans les organisations politiques que Pierre Bruno connaît bien,
des positions de liquidation. C’est-à-dire qu’à suivre la critique de l’un, la
critique de l’autre, trop de directives, pas assez de ceci, pas assez de cela,
on terminera par la liquidation de l’AMP. Et donc, ma position est maintenant
tout à fait arrêtée là-dessus : j’entends empêcher la liquidation de l’AMP par
ces collègues. Ils m’ont cherché, ils m’ont déjà trouvé une fois, ils vont
maintenant me trouver une deuxième fois. Je considère qu’ils sont sur des
positions exactement liquidatrices.
Je ne suis pas sûr de pouvoir
empêcher la dissolution de l’AMP. Parce qu’en effet, si ça continue encore
comme ça pendant deux mois, six mois, un an, tout le monde voudra en finir avec
l’AMP.
Mais en tous les cas j’empêcherai la
liquidation du mouvement lacanien. Je l’empêcherai en respectant les statuts à
la lettre, mais en étant absolument déterminé à repousser ceux qui doivent
savoir en leur for intérieur à quel point ils sont inauthentiques.
Nous avons été, Pierre Bruno et moi,
oui, en 1964, dans le même congrès politique. Mais lui est resté là-dedans. Moi
je suis passé chez Lacan. Il y aura toujours entre nous, je l’espère, du
respect, de l’estime, de la parole, mais il y aura toujours entre nous, Pierre,
cette différence, et vous ne la comblerez jamais. Et ce n’est pas en m’imputant
l’éducatif que vous ferez oubli. Quelles sont vos attaches? Je trouve
inauthentique votre position, profondément inauthentique.
Colette Soler trouvait très bien ce
que j’ai fait, ce que je faisais, la manière dont je le faisais, quand elle en
partageait l’éclat.
Demain j’aurai à parler en tant que
délégué général à la fin de son mandat et en tant que candidat à diriger l’AMP
pour les deux prochaines années.
Ce qui orientera mon discours, qui
sera sans doute un peu long, qui est presque entièrement écrit — mais la
conclusion ne l’est pas jusqu’à présent —, c’est la décision de mener le
mouvement lacanien en avant vers plus d’unité, de force, de capacité, de puissance,
afin que, dans les premières années du XXIe siècle, nous puissions
enfin nous affronter à ceux qui occupent le champ freudien. C’est de cela qu’il
s’agit.
Quant aux obstacles actuels qui se
présentent apparemment dans notre groupe, je l’ai déjà dit dans une préface que
j’ai écrite il y a quelques jours : bientôt, cela n’apparaîtra plus qu’un petit
avatar.
***
Ecoutez, il est huit heures du soir,
c’était la limite qu’on m’avait donnée pour l’occupation de la salle. Si vous
voulez bien, pour ce qui est des membres de l’AMP, ils pourront continuer à
parler au cours de l’Assemblée générale.
***
Fin
de la Grande Conversation
de Barcelone
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