I

 

 

Le pacte de paris

 

 

 

1

Communiqué du 10 janvier 1992

 

La création de l’Association Mondiale de Psychanalyse a été annoncée à Buenos Aires le 3 janvier dernier.

Le nom de l’Association Mondiale de psychanalyse a été déposé mardi 7 janvier à la Préfecture de Paris.

Les statuts provisoires prévoient deux catégories de membres : les institutions membres, qui seront les Écoles du Champ freudien, et les membres actifs, qui seront les membres de ces Écoles, ainsi que des membres à titre personnel. Il est prévu que les statuts définitifs seront déposés avant le 31 décembre 1992, et que les quatre Écoles actuelles (l’École de la Cause freudienne, l’Escuela del Campo freudiano de Caracas, l’École Européenne de Psychanalyse et l’École de l’Orientation Lacanienne) seront les premières institutions membres.

Le Pacte de l’Association Mondiale avec les quatre Écoles sera signé à Paris le 1er février prochain ; les statuts seront discutés à partir de cette date. L’Acte de Fondation aura lieu à Caracas à l’occasion de la VIIe Rencontre internationale du Champ freudien. Le premier Annuaire paraîtra fin 1992.

Dans la perspective de la Rencontre internationale, des Commissions sont mises en place, qui comprennent des membres des quatre Écoles. Elles présenteront leur rapport en juillet prochain. — Jacques-Alain Miller

 

 

 

2

Communiqué courant janvier

 

L’AMP, dont la création a été annoncée à Buenos Aires le 3 janvier dernier, tiendra sa première réunion le samedi 1er février à Paris, dans les locaux de l’École de la Cause freudienne.

À cette occasion, sera signé entre les représentants accrédités de l’Association Mondiale et des quatre Écoles du Champ freudien un pacte prévoyant la reconnaissance mutuelle des titres, et la dévolution de la qualité de membre de l’Association Mondiale aux membres de ces Écoles, selon les règles qui seront établies par chacune d’elles.

 

 

 

3

Pacte de Paris

1er février 1992

 

L’École de la Cause freudienne, créée et enregistrée à Paris (France) en 1981, représentée par François Leguil, Président, et Guy Clastres, Directeur ;

l’Escuela del Campo freudiano de Caracas, créée en 1985 et enregistrée en 1986 à Caracas (Venezuela), représentée par Manuel Kizer, Président ;

l’École Européenne de Psychanalyse du Champ freudien, créée et enregistrée à Paris (France) en 1990, représentée par Éric Laurent, Secrétaire, et Joan Salinas-Rosés, Président de la première Section ;

l’Escuela de la Orientación lacaniana del Campo freudiano, créée dans le cadre de la "Fundación euro-argentina" enregistrée à Buenos Aires (Argentine) en 1992, représentée par Samuel Basz, Vice-Président, et Jorge Chamorro, Directeur ;

et

l’Association Mondiale de Psychanalyse,

créée et enregistrée à Paris (France) en 1992, représentée par Jacques-Alain Miller, Président ;

 

s’accordent sur la déclaration suivante :

 

Au moment de fonder son École, l’École Française de Psychanalyse, le 21 juin 1964, Jacques Lacan lançait un appel à la "reconquête" du champ freudien, destinée à rétablir la psychanalyse dans sa voie propre.

L’appel de Lacan a retenti au-delà de la dissolution de l’École qu’il avait fondée — retenti par-delà sa mort, survenue le 9 septembre 1981 — retenti loin de Paris, où il vécut et travailla. L’extension croissante, au cours des dix années écoulées, du réseau de la Fondation du Champ freudien (association sans but lucratif), en porte témoignage.

Le moment est venu de faire maintenant le pas suivant.

La fondation, le 3 janvier dernier à Buenos Aires, de l’École de l’Orientation lacanienne, portant à quatre le nombre des Écoles du Champ freudien, a aussitôt ouvert la voie à la création de l’Association Mondiale de Psychanalyse. Cette création ayant reçu l’approbation immédiate des quatre Écoles, rendez-vous a été pris pour le 1er février à Paris, afin de signer le présent document.

 

En conséquence, l’École de la Cause freudienne, l’Escuela del Campo freudiano de Caracas, l’École Européenne de Psychanalyse du Champ freudien, l’Escuela de la Orientación lacaniana del Campo freudiano, et l’Association Mondiale de Psychanalyse, conviennent ce qui suit :

 

- que les quatre Écoles adhèrent ce jour à l’Association Mondiale de Psychanalyse, qui les accepte au titre de membres institutionnels ;

- que les membres des quatre Écoles deviendront automatiquement membres de l’Association Mondiale, suivant les règles qui seront établies par le Conseil de chacune des Écoles ;

- que les titres du gradus analytique décernés par les quatre Écoles selon des procédures établies, seront reconnues par chacune et par l’Association Mondiale.

 

Il est également convenu :

 

- que la première "Convocatoria" de l’Association Mondiale aura lieu à Caracas (Venezuela) en juillet prochain ;

- que l’Association Mondiale tiendra son Assemblée générale tous les deux ans, à l’occasion des Rencontres internationales du Champ freudien, la première ayant lieu en 1994 ;

- que l’Association Mondiale publiera un premier Annuaire, et qu’à cette fin, chacune des Écoles lui communiquera dans les meilleurs délais, sur support informatique, la liste de ses membres pour inclusion dans cet Annuaire ;

- que le montant de la première cotisation annuelle des membres de l’Association sera fixé par les signataires, représentant les quatre Écoles et l’Association Mondiale.

 

Les signataires conviennent enfin d’établir dans les plus brefs délais le texte des statuts de l’Association Mondiale, qui sera annexé au présent pacte.

 

Samuel Basz, Jorge Chamorro, Guy Clastres, Manuel Kizer, Éric Laurent, François Leguil, Jacques-Alain Miller, Joan Salinas-Rosés

 

 

 

4

Entretien sur la cinquième École

avec Bernardino Horne

Paris, le 21 février 1992

 

1

Le 1er février, j’ai dit exactement : "Et maintenant, le Brésil !" J’avais déjà écrit, le 7 janvier : "L’École brésilienne, qui se prépare."

Il suffit de considérer ce que c’est que le Brésil dans le Champ freudien. C’est un ensemble de huit groupes, représentés dans une même Commission ; huit groupes abritant une activité analytique certaine ; assurant des enseignements ; publiant ; participant à des échanges internationaux ; huit groupes dont la plupart, depuis peu, se soucient du contrôle de la pratique de leurs membres. On ne voit pas pourquoi il n’y aurait pas d’École brésilienne du Champ freudien. Et à considérer l’ensemble du Champ freudien, ce sera sans doute la prochaine des Écoles.

Est-ce le premier pas d’un "Mouvement vers l’École" ? Oubliez l’Argentine ! Ce sera très différent au Brésil.

 

2

Votre question contient sa réponse : plutôt sur le modèle continental que sur le modèle français ou argentin.

 

3

La question est complexe. D’une part, la création d’une École est exclue là où il n’y a pas des groupes. Et leur logique est en effet de "se renforcer" autant qu’ils le peuvent. Mais la logique d’École est à l’opposé : c’est ce que j’ai appelé le "uno por uno". Chaque sujet, dans sa solitude, est tenu de s’interroger sur son rapport à la cause analytique. À cette interrogation, le lien groupal fait naturellement obstacle.

Pratiquement, cela s’est traduit, lors de la création de l’EEP, puis de l’EOL, par des velléités, de la part de certains collègues, de "negociar lugares" avec moi. C’est-à-dire d’établir un rapport de force destiné à leur permettre d’entrer dans l’École, non pas "uno por uno" mais "grupo por grupo". Je m’y suis refusé. Une École constituée sur une telle base usurperait son nom.

Comment cela se traduira-t-il au Brésil ? Je n’en sais rien encore. Vous dîtes que des groupes donnent la priorité à leur "renforcement" ? Ils sont parfaitement libres de le faire. Mais par là même, ils prennent le risque de s’éloigner de l’École. Or, dans la période actuelle, la logique d’École l’emporte sur la logique groupale. Donc, ils découvriront peut-être que l’effort même qu’ils feront pour "se renforcer" les affaiblira... Ce sont les ironies de la dialectique !

Ce qui est sûr, c’est que l’École brésilienne ne naîtra pas d’un accord inter-groupal. En tous les cas, pas "la cinquième École" dont vous parliez.

 

4

Personnellement, je suis favorable à la notion d’École brésilienne.

 

5

Oui. Mais n’imitons pas la formule argentine. Il faut définir une nouvelle formule. J’ai l’intention d’en discuter avec l’ensemble des collègues brésiliens présents à Caracas. Ce sera le 29 juillet, le matin, au lendemain de la Journée brésilienne de Caracas, organisée par la Commission du Champ freudien.

 

6

Sur le concept de l’École, j’ai fait cours sous le titre "Le Banquet des analystes" (1989-90). Je vous renvoie aussi à une conférence que j’ai faite récemment à l’Université de Buenos Aires, dont le texte a été établi par J.C. Indart et publié par El Pasador dans la série de ses "Cuadernillos". Publiez-la, si elle vous intéresse.

 

 

5

Présentation

Paris, le 12 août 1992

 

Comme il était prévu par le "Pacte de Paris", signé le 1er février dernier, la Rencontre de Caracas a marqué l’introduction de l’Association Mondiale de Psychanalyse dans le Champ freudien.

L’après-midi du lundi 27 juillet, dernier jour de la Rencontre, s’est déroulé sous l’égide de l’AMP.

Le 29 juillet, les signataires du "Pacte" se sont constitués en Conseil statutaire de l’AMP. Ils ont adopté le texte de ses statuts, nommé son Secrétaire et son Trésorier, le Président et le Vice-président du Conseil statutaire, et décidé du montant de la cotisation 1993 pour les membres (équivalent à 100 USD) ; les membres associés n’auront aucune somme à acquitter cette année.

La parution de l’Annuaire est prévue pour le courant de l’année 1993. La première Assemblée générale se tiendra à Paris en juillet 1994, à l’occasion de la VIIIe Rencontre internationale du Champ freudien sur La conclusion de la cure.

L’Association a pour objet de promouvoir la psychanalyse conformément à l’orientation donnée par Jacques Lacan au champ ouvert par Freud.

Elle réunit les quatre Écoles du Champ freudien actuellement existantes, et associe leurs membres ; elle impulse la création de nouvelles Écoles.

Ses activités sont coordonnées avec l’Association de la Fondation du Champ freudien et l’Institut du Champ freudien.

 

*

Le Conseil statutaire, renouvelé par moitié tous les deux ans, veille à la bonne marche de l’Association.

L’administration est assurée par le délégué général, assisté de plusieurs délégués.

L’Assemblée, qui comprend tous les membres de l’Association, se réunit une fois tous les deux ans à l’occasion des Rencontres internationales du Champ freudien.

 

*

L’Association publie un bulletin d’information qui paraît en plusieurs langues dans différents courriers et revues du Champ freudien.

 

Uno por Uno, publication psychanalytique internationale éditée à Barcelone et à Buenos Aires, paraît sous l’égide de l’Association.

 

Conseil : Manuel Kizer, Président ; Éric Laurent, Vice-président ; Samuel Basz, Jorge Chamorro, Guy Clastres, François Leguil, Jacques-Alain Miller, Joan Salinas-Rosés.

Commission de l’annuaire : Miquel Bassols, Secrétaire ; Dudy Bleger, Antonio Di Ciaccia.

Commission financière : Colette Soler, Marie-Hélène Brousse, Michèle Daubresse, William Hobaïca, Jean-Daniel Matet, Estela Paskvan, Ricardo Seldès, Carmen Gonzalez Taboas.

 

Siège : 74, rue d’Assas, 75006 Paris - France. Fax : (33 1) 45 48 79 38.

 

 

 

6

Préface

de la première brochure de l’AMP

Paris, le 19 août 1992

 

C'est l'adjectif qui a fait jaser.

L'Association Mondiale de Psychanalyse n'est mondiale que par anticipation. À l'heure d'aujourd'hui, elle est surtout latine : bien présente en France, en Espagne et en Italie, elle s'étend tous les jours en Amérique du Sud à partir de l'Argentine, du Brésil, et du Venezuela, et si elle a une antenne en Israël, c'est par l'espagnol. Mais tandis que l'intérêt qu'elle suscite dans le monde slave ne fait plus de doute depuis la chute de l'empire soviétique, l'empire américain, ou, pour mieux dire, l'aire anglophone lui reste fermée, même si l'on s'y met à l'inconscient-langage sous la forme de la narratologie ; quant à la Germanie, c'est terra incognita.

En somme, l'Association Mondiale n'est mondiale que par modestie. On ne pouvait manquer, dès lors qu'elle portait ce nom, de la comparer à l'Association internationale de Psychanalyse, et comment ne l'aurait-on pas estimée chétive, la nouvelle-née, au regard de l'énorme organisation héritière de Freud, vieille de quatre-vingt ans ? Néanmoins, on peut aussi penser que ce qui compte n'est pas ce qui est grand, mais épuisé et décadent, mais bien ce qui est petit et qui grandit ; que tous les vents portent maintenant les dits de Lacan aux quatre coins de la terre, et que cela ne saurait rester sans conséquences ; que les plus lucides des "orthodoxes" sont "lacaniens" in petto, et songent à une conversion de Constantin... Mais c'est un conte : IPA et AMP, rien de commun. Il se peut que le freudisme authentique remontant à contre-courant le flux de la civilisation universelle auquel il n'a contribué qu'à se dénaturer, ne s'y maintienne à flot qu'au prix de consentir à une position d'éternelle subversion, nécessairement minoritaire.

Spéculations, et spéculations vaines, si elles font oublier qu'en dehors des quatre solides Écoles naviguant de conserve sous le même sigle, il y a les esquifs, les petits groupes, les isolés, qui poursuivent, ici et là, un travail inspiré. Que l'AMP soit mondiale veut dire qu'elle les épaulera.

 

*

On trouvera ici reproduit le texte de l'Acte de fondation par lequel Lacan créa son École le 21 juin 1964 ; l'Association Mondiale n'en veut point d'autre, et c'est à lui que se réfère le Pacte de Paris de février dernier.

On verra que les statuts de l'AMP sont encore à peine ébauchés. Quant à ses membres, on peut difficilement en avoir la liste avant quelques mois.

Cette Association Mondiale est donc une esquisse. Cela n'empêche pas d'agir, bien au contraire. — JAM

 

 

 

7

Note sur quelques problèmes institutionnels de la passe

Paris, le 21 mars 1994

 

La prochaine introduction de la passe à l’ECFC, l’EEP et l’EOL donnera naissance à un ensemble de problèmes institutionnels inédits quand l’ECF était seule à pratiquer la passe. Ces problèmes concerneront en particulier l’adresse de la demande de passe. Il s’ensuivra une casuistique difficile à anticiper. On s’en remettra au jugement de chaque Secrétariat de la passe, et à la coordination étroite à établir entre eux. La constitution d’une jurisprudence étendue et complexe rendra certainement nécessaire l’institution par l’AMP d’une instance de référence.

Je me propose dans cette note de poser certains problèmes dont l’apparition est imminente, et d’en proposer la solution. Je destine cette lettre au Conseil de l’AMP comme à ceux des Écoles. J’attends les opinions, les arguments, les questions. Je m’en remets à leur jugement pour ce qui est de la diffusion de cette note. Il est difficile de croire qu’elle puisse rester confidentielle.

 

A

Partons de la demande de passe. À quelle École devra-t-elle être adressée ?

Une simple répartition géographique ne serait pas ici opératoire, dès lors que les analyses elles-mêmes franchissent toutes les frontières. On ne voit pas que la demande de passe ne puisse être adressée au même lieu que la demande d’analyse. J’en conclus que la demande de passe peut être adressée aussi bien à l’École dont le candidat fait partie qu’à celle dont fait partie son analyste.

Je vois là un véritable principe, pour autant que la demande de passe est une conséquence de la demande d’analyse.

 

B

L’application de ce principe appellera des précisions, dont certaines se découvrent aussitôt.

1 - On imagine mal un sujet se présenter simultanément à la passe dans deux Écoles différentes, ou, ayant échoué dans l’une, se précipiter dans l’autre, ce qui rend nécessaire une consultation des Secrétariats entre eux.

2 - S’il n’y a pas répartition géographique des demandes de passe, il y a répartition linguistique. La passe à l’ECF se fait en français ; à l’ECFC et à l’EOL, elle se fera en espagnol ; à l’EEP, en espagnol, français et italien.

 

C

À partir de ces données, on peut répondre à la question de savoir si un membre d’une autre École en analyse à l’ECF peut faire la passe dans cette dernière. Réponse : on ne voit pas ce qui peut y faire objection, dès lors qu’il parle français, sinon parfaitement, du moins suffisamment bien.

 

D

Mais qu’en est-il du cas suivant ? Un sujet peut vouloir faire la passe dans une autre École que la sienne, bien qu’il ne soit pas en analyse avec un membre de cette dernière, et ce, afin d’échapper à des effets de proximité, de familiarité. Faut-il l’interdire ?

Je dis que cela n’est certainement pas un droit, que l’on fait normalement la passe dans l’École à laquelle on appartient. Néanmoins, faut-il exclure a priori ce déplacement de l’adresse ? Pourquoi de telles demandes ne seraient-elles pas appréciées cas par cas ?

Qui apprécierait ? Je propose que cela soit d’abord le Secrétariat de la passe de l’École dont est membre le candidat, et en second lieu, si la réponse est positive, le Secrétariat de l’École ainsi sollicitée.

 

E

Autre problème, concernant cette fois la nomination des passeurs.

Un analyste nomme un passeur. Ce passeur exerce-t-il sa fonction dans l’École dont il est membre, dans celle dont l’analyste est membre, dans les deux à la fois ? Et qui décide ?

Ma réponse : il exercera sa fonction dans une seule de ces Écoles, celle dont le Secrétariat de la passe sera averti par l’analyste en question. Une seule condition s’impose à ce choix : que le passeur ait fait son analyse dans la langue véhiculaire de l’École où il exercera comme passeur.

Peut-on imaginer de déroger à cette condition si le passeur est parfaitement bilingue ? Je dis oui, à la condition exprès que le fait soit indiqué par l’analyste au Secrétariat de la passe, qui appréciera.

 

F

Enfin, une question sur l’"Analyste de l’École".

Si l’on admet qu’un passant se présente devant le jury d’une École autre que la sienne, dans laquelle des deux exercera-t-il ses fonctions s’il est nommé AE ?

Réponse : dans la sienne, celle de la zone géographique où il réside.

 

G

L’ordre de problèmes qui est ici dégagé pour la première fois concerne l’articulation des différentes procédures entre elles. Fallait-il attendre que celles-ci soient établies ? Non, car cet ordre de problèmes a sa pertinence propre, et ne dépend nullement du détail des procédures. Partir de l’avenir est conforme à notre doctrine dite de l’après-coup.

D’ailleurs, est-ce l’avenir ? Déjà nous y sommes. C’est moins-une. — J.-A. Miller

 

 

 

8

Avant-propos du premier Annuaire

Paris, le 31 mai 1994

 

Douze années se sont écoulées entre la dissolution de l’École freudienne et la création de l’AMP (janvier 1980-janvier 1992). Un cycle est clos. Transmise depuis Paris, l’orientation imprimée par Lacan à la psychanalyse inspire désormais plusieurs Écoles autonomes, actives dans les grands pays latins.

 

*

La répartition en Écoles distinctes n’a qu’une finalité opératoire. Les six cents membres dont ces pages d’annuaire recueillent les noms, ne constituent pas seulement une liste : ils forment une véritable communauté, presque un ordre, voué à la reconquête du champ freudien. Ce n’est pas rien que de donner existence sur une partie du globe à une pratique alternative de la psychanalyse. Cette alternative, minoritaire, est aussi la seule qui apporte à la découverte de l’inconscient la réponse logique qu’elle appelle ; d’où la persévérance de ses tenants.

 

*

L’œuvre de Lacan n’avait pas besoin des membres de l’AMP. Dans la culture, elle eût très bien survécue sans eux, ayant de quoi retenir par son texte nu. Mais dans la psychanalyse, elle eût été intégrée par l’IPA à son patrimoine, au prix d’être amputée de toute conséquence pratique et institutionnelle. Certes, l’opération est en cours, mais elle se dénonce pour ce qu’elle est : un déménagement, une imposture vaine.

 

*

Les taches prioritaires qui se proposent à l’AMP pour les deux prochaines années sont connues :

- c’est la création de l’École brésilienne, qui devrait intervenir avant la Rencontre de 1996 ; les secteurs d’Iniciativa-Escola sont prêts à se dissoudre pour lui donner naissance ; les Journées de Rio de Janeiro en avril prochain pourraient en donner l’occasion ;

- et c’est l’introduction de la procédure de la passe dans l’EEP et dans l’EOL.

 

*

L’équivalence des titres décernés par les différentes Écoles, signifie que le gradus est unique. Si le gradus unique s’affirme dans les faits, il fera tout naturellement de l’AMP une sorte de super-École. Ce ne serait pas une aberration, au point où nous en sommes du développement des techniques ; mais des forces centrifuges s’exerceront. L’avenir dira.

 

*

Les objectifs de l’Association seront discutés lors de l’Assemblée générale du 14 juillet. Il s’en faut de beaucoup que l’AMP soit vraiment mondiale ; et le perfectionnement de la pratique est une tache sans fin. Tels seront pour les années à venir les deux versants de l’action de l’AMP.

 

*

En dépit du soin que le Secrétaire de l’Association a apporté à la confection de ce premier Annuaire, il est inévitable que des erreurs s’y soient glissées ; celles qui lui seront signalées se verront corrigées dans le second, qui paraîtra pour la Rencontre de 1996, à Buenos Aires. — Jacques-Alain Miller

 

La réalisation de cet Annuaire a été assurée par Miquel Bassols, Muntaner 499, 5° 4a - 08022 Barcelona. Tél : (34-3 ) 211 25 12. Fax : 418 68 21.