LA QUOTIDIENNE

n° 18 - jeudi 29 juin 2000

************************************
SOMMAIRE
- Editorial
- *Le probleme de l'Ecole*, par J.R. Rabanel (Clermont)
- *Tourbillon et recueillement*, par François Leguil (Paris)
- Textes de candidats
- Actes de candidature
______________________________________________________________________

EDITORIAL

Les Français continuent de (se) parler et de (se) chercher. François
Leguil se divise entre *l'un et l'autre* pour composer un extraordinaire
dialogue tourbillonnant. Jean-Robert Rabanel nous fait connaitre l'echo
profond qu'a trouve en lui la derniere reunion du Conseil de l'ECF,
mardi 27 juin, qui fut pour ses participants de l'ordre d'une experience
subjective : *verdad y asombro*. Demain, le dernier jour. - JAM
______________________________________________________________________

APPROFONDIR LE PROBLEME DE L'ECOLE

par Jean-Robert Rabanel

Dans son texte *Le reveil de la garantie* publie dans *LQ* n° 16,
Pierre-Gilles Gueguen signale une crise importante dans le travail de la
Commission de la garantie, qui aurait perdu de vue ses finalites ; qui
serait une *Belle au bois dormant*, ployant *sous le fait anesthesiant
de ceux qu'elle a nommes au fil du temps* ; certains AME seraient
reveilles *au vif des questions de l'Ecole*, d'autres seraient endormis,
etc. Il pose donc la question : comment se servir de la garantie pour
obtenir un effet de reveil dans le discours analytique, alors
qu'actuellement, elle repond seulement a une demande d'integration ?

C'est un questionnement percutant, qui a resonne dans le Conseil,
desormais allege des taches administratives extremement lourdes qui
l'ont occupe depuis deux ans. Pour moi, le questionnement est a
poursuivre, a deplacer, et a elargir.

Interrogeons-nous d'abord sur la garantie que donne le statut de membre.
Le fait d'etre nomme membre eveille-t-il au discours psychanalytique, ou
produit-il un effet soporifique sur une pratique qui commence ?

Mais surtout posons aussi la question des ACF. Qu'en est-il du point de
passage entre les ACF et l'Ecole comme telle ? Y a-t-il continuite entre
les ACF et l'ECF, ou discontinuite ? L'entree dans l'Ecole marque-t-elle
encore une rupture ou la responsabilite envers le discours analytique
change ? Je souhaite que les membres de l'Ecole et son Conseil se
donnent le temps de reflechir a la situation de l'Ecole. Il serait bon
que l'ECF devienne un probleme pour elle-meme, selon la formule de J.A.
Miller mardi soir au Conseil de l'Ecole. Ce serait l'occasion pour que
l'Ecole ait une chance de se saisir elle-meme dans son processus.

Dans la tension entre l'Ecole et les ACF, deux moments politiques nous
sont maintenant plus clairs.

1) Durant la crise, l'ACF a ete un point d'appui pour l'Ecole affaiblie
par la crise, l'autre point d'appui etant les AE en exercice. Nous avons
alors pense la tension dialectique entre l'Un de l'Ecole et le multiple
des ACF a partir des ACF. J'en vois un symptome dans la mise en avant de
l'Un de l'ACF.

2) Au contraire, s'il n'y a pas d'Un interne a l'ACF, si l'Un des ACF
est hors-ACF dans l'Ecole, comme le rappelait J.A. Miller dans sa *Note
prealable*, il faut une autre politique. Il nous faut penser la tension
ECF/ACF a partir de l'ECF. L'ECF doit redevenir une agalma, car elle ne
l'est plus : on recherche seulement sa garantie. Il faudrait que l'Ecole
soit attractive pour les ACF, au-dela de la garantie qu'elle donne.

La premiere politique a ete valable au temps de l'ECF en crise ; bien de
nos collegues qui nous ont quittes etaient contre l'ACF et pour un
elitisme segregatif. Aujourd'hui, la situation etant differente, cette
politique ne peut etre maintenue. L'Ecole doit definir en quoi elle est
agalma, c'est-a-dire en quoi elle cause le desir de reveil, le transfert
de travail. L'Ecole devrait se recentrer sur elle-meme, sur ses taches
propres.

Ainsi, derriere le probleme du mutualisme, se profile un autre probleme,
plus vaste encore, nous venons de le decouvrir. Il faut maintenant
approfondir l'Ecole comme probleme.

29 juin 2000
______________________________________________________________________

TOURBILLON ET RECUEILLEMENT
(extrait d'un dialogue entre l'un et l'autre)

par François Leguil

L'un : Buenos Aires deja, Buenos Aires encore, Buenos Aires enfin ! Nous
y pensons depuis la Catalogne. Cela fait deux ans deja. Mais que font
deux annees, lorsque l'on songe a *la pierre apportee pour l'oeuvre
lointaine* ?

L'autre : ??... C'est de vous ?

L'un : Vous me flattez sans precaution ! La formule, magnifique,
condense la foi laique du docteur Pascal, a la toute fin des
Rougon-Macquart. Elle m'affermit l'esprit et la chair quand les heures
sont longues, de lenteur harcelante, et le geste moins tranche, et le
pas incertain.

L'autre : Tudieu, camarade ! Vous en etes la ? Ne savez-vous donc pas
que la tristesse chez nous est peche, que la retivite est orgueil parce
qu'elle menace notre lien social, qui secrete le consensus comme le
cerveau, selon Engels, secretait la pensee ? Ne savez-vous donc pas que
la morosite chez nous est malfaçon, et que s'exhiber de la sorte, tout
penetre de ses prudences bougonnes, sent bientot le fagot.

L'un : Non pas. Tel qu'en moi-meme regardez-moi, ni triste ni bougon,
relaps moins encore. Je m'interroge seulement sur l'allegresse qui
precede ordinairement les grands voyages - *emporte-moi wagon,
enleve-moi fregate* - et arme l'ambition pour l'aventure hauturiere,
parce qu'etrangement, en ce premier solstice du millenaire, elle tarde
en moi a prendre sa mesure, comme si l'occasion pour une fois maratre
s'obstinait a ne m'en offrir que son debit d'etiage.

L'autre : Eh quoi ! A l'heure de l'Ecole Une, quand il s'agit
precisement de faire ni une ni deux. Reprenez-vous, sapristi : c'est la
premiere Ecole fondee litteralement sans coup ferir ! Est-ce le moment
de barguigner, de vous faire plus maussade que nature ? Alors que tous
et des meilleurs sont la, qui celebrent a bon droit le souffle revenu,
l'inspiration renflouee ; alors que la perspective n'est pas mince qui
ressemble a de nouveaux elans. Vous qui pretendiez preferer aux
mouillages debonnaires ces embruns de gaillard d'avant, n'etes-vous pas
servi ? Ou l'age et quelque amortissement blamable du desir vous
rendraient-ils moins fringant ?

L'un : Degrisez-vous, degrisons-nous ! Je ne veux ici disconvenir ni que
ces ferveurs que vous me montrez sont bel et bien fortes et vraies, ni
qu'il est juste de s'en conjouir. Pourtant ne trouvez-vous pas
singulier, voire imprudent, excessif meme, qu'a peine deux ans passes,
en un combat nouveau, pour des bivouacs quasi-virtuels, nous voila une
fois supplementaire enroles. Cette Ecole Une, j'en mesure la pertinence,
le motif et la sainte opportunite ; mais j'ai du mal, je vous l'avoue, a
vibrer a l'unisson. Rappelez-vous, il y a deux ans, avant Barcelone, ces
cris d'orfraie, ces invectives de demi-sel, ce caquetage indigent et.

L'autre : N'en jetez plus, la cour est pleine ! Le passe, toujours le
passe avec cette polemologie de rencontre ! Ah ! les soldats du fils de
Philippe et de l'acariatre Olympias, pleurant au bord de l'Indus leur
retour vers la couche de l'aimee ! La crise est finie, mon cher. A ne
pas le concevoir, vous m'evoqueriez un autre paradigme guerrier, celui
d'un petit film des annees trente ou, dans son harnachement de Poilu,
Hardy morigene son benet de Laurel, au motif que le grand dadais ne
s'avise plus assez d'occire le Prussien, parce qu'ignore des etats
majors dans sa casemate delaissee par l'histoire en marche, le gros,
tout aussi nigaud que le maigre, ne sait pas que Rethondes a eu lieu
depuis des lustres. Reservons, voulez-vous, ce sort de pitre a nos.

L'un : Brisons la ! Vous allez manquer de charite. Vous avez toutefois
raison de corriger la trop timide disposition qui me tente a chaque fois
que l'Idee semble s'imposer avant l'action qui la verifiera. Assurement,
il y a trop du sceptique dans cette posture. Je reviens pourtant a nos
moutons, a notre moutonnerie plutot. Le mot est blessant et vient sous
la plume de nos contradicteurs, de nos adversaires envieux de cette
capacite de promptitude collective qui contraste avec leur evidente
dilection a tirer leurs affaires a hue et a dia. J'y reviens, parce que,
derriere ce trait injuste et sottement cruel, autre chose m'inquiete, me
taraude quelquefois, sans pouvoir m'assurer qu'il n'y va que des limites
de mon equation particuliere. Cernons les choses sans sobriete :
derriere nos activites effrenees, ou nous paraissons chercher la
substance de ce que nous serions, au lieu d'y voir simplement le lot
incontournable d'une generation qui ne peut oeuvrer depuis la mort de
Lacan que le dos au mur, ne cedons-nous pas aux miroitements d'une
ethique infernale de la dissipation savante ? Ne perdons-nous pas en
profondeur d'elaboration murie, ce que nous gagnons en surface, voues
que nous sommes a nous compter chaque jour plus nombreux ? Cela
n'explique-t-il pas que des reflexes de sauvegarde inquiete engoncent de
routine constante nos quotidiennetes profuses. Le point souvent reste
inaperçu, car nous recouvrons le tout d'un parti pris de louanges
impavides et d'auto-congratulations obligees qui cachent que notre
ambiance, dans notre Champ qui borde *nostrum mare*, n'est plus tres
flibustiere ; nos croissances, certainement heureuses, gonflent
davantage notre entre-nous qu'elles ne nous font cingler.

L'autre : En somme, vous n'etes pas plus sensible que cela au :
levez-vous orages desires, puis deposez au pied du vieux Noe le rameau
de paix, colombes adulees.

L'un : Ah non ! Vous n'y etes pas. Mais pas du tout ! Mauvaise pioche
mon bon ! Vous faites bien sans doute de me persifler en persiflant,
mais ce n'est pas sur le chapitre de l'optimisme et du pessimisme que
j'entends faire halte avec vous, parce qu'en la matiere, comme on
s'exprime familierement, il n'y a pas photo : seul le pessimisme de
l'action permet d'habiller le succes de son manteau de decence et de
transformer l'echec en leçon assimilee. Le lyrisme de commande de nos
commentaires institutionnels peut, pour cette raison, agacer parfois,
mais ne merite pas que l'on s'attarde a ces critiques vetilleuses :
l'affaire demeure venielle.

L'autre : Alors, *Orage et colombe*, vous y venez ?

L'un : Je n'y viens pas, j'accours, je vole et ne me venge point : ce
texte sur l'extime et le grand Bibi , je l'ai lu a la loupe et peut-etre
finalement sans trop de contresens. J'en ai conçu une idee curieuse, a
laquelle je tiens desormais. Ce n'est pas un texte sur l'institution,
sur ses articulations, sur la structure des places qu'on peut y prendre,
c'est un texte sur le tourbillon dans le recueillement.

L'autre : Dans le recueillement, voyez-vous ça ! Vous voulez faire
l'original. C'est beau comme l'antique, le recueillement, et a la fin :
tambourins, cymbales et buccins pour les fastes consistoriaux.

L'un : Vous avez vos pesanteurs, laissez-moi les miennes, autant que je
vous laisse a vos ors, votre myrrhe et l'encens ; je leur prefere, pour
camper ce recueillement que je guigne entre les lignes d'*Orage et
colombe*, les *Chapel Paintings* d'Houston au Texas, que les De Menil
commandaient a Rothko. Si vous ne saisissez pas que nous sommes aux
antipodes du sacre liturgique, relisez l'ami Wajeman et son *Objet du
siecle*.

L'autre : Et vous sortez tout ça de ce factum contre le mutualisme
bureaucratique ?

L'un : C'est que je n'y vois ni factum, ni diatribe. En tous les cas
rien d'*ad hominem*. Et puis vous vous trompez de texte. Celui-la etait
d'avant, mais j'en suis d'accord : faisons de deux, un seul. D'abord,
une mesure d'hygiene : n'otons pas a une reflexion publique sa vertu de
harangue, qui reclame que l'argument soit reçu d'abord a l'epigastre,
pour ne remonter qu'ensuite a la pensee. Le trajet inverse condamne
celui qui ecoute a un exercice de ventriloque. Aussi trouvai-je que la
bureaucratie a bon dos dans la reprise que nous faisons des
interventions de Jacques-Alain Miller. Si, comme chacun, dans notre
heritage dumesilien, je prise les cultes rendus a Jupiter ainsi qu'a
Mars, je leur ai toujours prefere le flamine de Quirinus, avec le
plaisir utile des humbles taches. En clair : qu'on ne se mele pas des
destinees du navire, avant d'avoir connu soutes et sentines. Le peril,
c'est la bureaucratie aux commandes, mais pas d'orientation possible
sans une bureaucratie qui tient le coup, reclame devouement et
savoir-faire. Certes, ce ne sont la que truismes et sentences
prudhomesques, mais qu'allons-nous gagner si nous traitons en
avertissements salubres ce qui est en realite une preoccupation des fins
dernieres du discours analytique ? Ainsi pour le mutualisme, ou je me
noie dans notre concert de louanges, qui entonne la Carmagnole des
anti-mutualistes : plus anti-mutualiste que moi, tu meurs ; les
mutualistes et autres ci-devant a la lanterne ! J'imagine l'auteur de
cette allocution a l'EBP, etonne (litteralement) de voir notre Champ
transforme d'un seul coup (de tonnerre) en mutualite anti-mutualiste !

L'autre : Vous lisez dans ses pensees maintenant ? Heureux homme ! Si je
vous entends bien, personne n'a rien compris, sauf vous qui, avec votre
sagacite ne.

L'un : N'en remettez pas ! Je fais ce que je peux pour identifier non ce
qui m'agace, mais ce qui m'intrigue, parce que j'y prends toute ma part
autant que vous, autant que nous tous. Et puis je ne crois pas que
l'exception soit une forgerie de la cure, qui a bien plus a la reveler
au sujet, afin qu'il consente a la recueillir - le recueillement,
toujours - car ce qui la cause est bien plus torpide que rutilant ;
aussi, au terme du trajet, contribue-t-elle bien moins a la gloire,
qu'elle n'invite a une humilite farouche. Or - et je serais bien aise
que vous me fassiez la grace d'y prendre garde - c'est ainsi que je lis
et que je relis ces quelques lignes qui m'ont saisi. Les voici :
*L'extime. inhibe les additions, il *exceptionalise*. Fi du cap et fi de
ses capitaines : l'extime ne se met pas en evidence, il ne dirige rien.
il se fond dans le paysage. il passe inaperçu, et quand il a fait son
oeuvre, il n'est plus qu'une exception parmi les autres.*

L'autre : Et alors ? Nous aussi savons lire ; quid du recueillement dans
tout cela ?

L'un : Mais, triple buse - pardon de cet ecart impardonnable ; je
m'emporte a des passions trop contraintes - ne sentez-vous donc pas, que
l'extime ainsi campe est presque un personnage de fiction romanesque,
dont la fecondite eclate tres au-dela des articulations logiques que, de
maniere trop precoce, nous tentons de deplier depuis quelques semaines ;
quelque chose, quelqu'un puisqu'il faudra bien a chaque fois lui donner
figure humaine, quelqu'un comme l'utopique Bobi (non : pas Bibi) du *Que
ma joie demeure* d'un Giono premiere maniere, comme l'heroique *Shane*
joue par Alan Ladd dans le film-culte de George Stevens, ou, pourquoi
pas, comme le visiteur scandaleux du *Theorem* d'un Pasolini.

L'autre : Et l'enjeu de prendre l'affaire ainsi, c'est quoi ?

L'un : Un enjeu de silence, figurez-vous ! Vous pensez bien, pas celui
des espaces infinis qui effraie qui vous devinez ; mais un silence de
mi-dire, celui que l'interpretation, ainsi qu'aurait dit Clausewitz,
poursuit par d'autres moyens. Silence d'incitation et de deflation a la
fois. Silence parle en realite. Silence de la verite quand elle frole le
reel pour venir au secours de l'excellence inaccessible, parce qu'elle
n'est rien que l'horizon de nos exigences inassouvies.

L'autre : Voila qui est fort bien parle. La phrase tombe bien, mais
veut-elle dire quelque chose qui dejoue la vanite des eloquences ?

L'un : Sans doute. Si comme l'annonce la citation d'*Orage et colombe*,
l'extime peut etre chacun tour a tour, il sera le glaive pacifique, ou
l'amour propre s'abnegue au profit de ce que le propre de l'amour
accomplit, sans que nul n'ait a s'en prevaloir. Ascese, voyez-vous, que
ce recueillement, mais ascese supreme, car aucune divinite ne sera la
pour faire croire qu'untel ou untel en pourra recuperer la mise.

L'autre : Sacrifice, alors ? Pis : humanisme ?

L'un : Nenni, car la jouissance y est plus que permise : promise.
Promise a tout sujet pourvu qu'il ne s'infatue pas de sa personne, et
qu'il consente a s'ouvrir un peu au plaisir competitif des equipages.
Quel est l'enjeu, demandiez-vous ? C'est le notre lorsque nous souffrons
trop de l'insuffisance notoire de nos productions et qui, si nous n'y
prenons garde, atteindra jusqu'a notre passe qui patira de la corruption
du passable. L'extime y trouvera l'un des grands articles de son cahier
des charges : transformer cette insuffisance en symptome. En faire notre
symptome du genre de celui qui faisait dire a Lacan, parlant pour la
derniere fois a Sainte-Anne, qu'il s'accompagnait d'espoir. Et l'espoir
est bon quand il divise, et la division se mue en bienfait quand elle
fait esperer.

L'autre : Alors, Buenos Aires ?

L'un : Pas d'allegresse, mais davantage : attente sourde, discretement
fievreuse, pugnace comme il convient, et fermes convictions. En bref, la
routine, mais fameuse celle-la.
______________________________________________________________________

TEXTES DE CANDIDATS

*Abramos la caja de Pandora* (1)

par Ana Meyer

Por que con asociacion no alcanza?

La AMP como asociacion, desde el instante de su creacion, que hizo acto
simultaneamente con el de la EOL, opero para permitir el afianzamiento
de las diferentes escuelas en el mundo, desde una etica del bien decir y
con una funcion, la del delegado general, como un extimo a las mismas.

Ahora la Escuela Una, en acto, sera la que nos diga que: *con asociacion
solo no alcanza*.

La Asociacion Psicoanalitica Internacional, fundada por Freud, sostiene
un clima de bienestar, intenta funcionar como un conjunto cerrado y
homogeneo que brinda confort y asegura una *clinica sin angustia*, de
ello esta protegido tanto el paciente en la clinica como el miembro en
la asociacion. Es mas, *el ojo observador*, del que habla Betty Joseph
(2), se convierte en el Panoptico de un analisis, pues *hay un ojo que
dirige al analizante* y no un analista que dirige la cura. Asimismo,
componen esta asociacion un conjunto de lenguas como en una *Torre de
Babel*, donde las muchas corrientes confluyen en una politica y un
psicoanalisis standarizado.

No es esto lo que pienso como Escuela, sino todo lo opuesto. La politica
y la clinica de la orientacion lacaniana seran las del sintoma,
orientadas por lo real. Que significa esto?, que esta politica se
encamine a que un sujeto apueste por ello, que no se trate de una
comunidad de analistas que den sentido, sino que, el dispositivo del
cartel como organo de base de la Escuela y el dispositivo del pase que
da testimonio de un analista, empujen al sin sentido, atravesando el
malestar y no el confort. El valor del sintoma dentro del discurso
analitico, desde lo simbolico hacia lo real sera *un saber arreglarselas
con el goce* (3). En este sentido, podemos decir que el Uno de la
Escuela no es el de la unidad, que habla de la comun medida, tal cual
*El Lecho de Procusto* (4), no se trata de la medida standarizada, ni
para los pacientes, menos aun para los analistas de la Escuela Una, sino
que sera el acontecimiento de lo contingente, aquello que permita que el
sintoma tome valor de invencion.

Entiendo que la referencia al mito de la Hidra de Lerna (5), expuesto
por Eric Laurent en su trabajo sobre la IDR (6) es representativa de los
que hacen uso de sus cabezas como una de las distintas formas de poder
que se debaten dentro de un colegiado, lo mismo que la metafora de:
*Pisandro fue el primero que dijo que la Hidra de Lerna tenia muchas
cabezas, pues queria que pareciera mas aterradora y, al mismo tiempo,
aumentar la dignidad de sus propios versos* (Pausanias:ii.37.4) (7),
como el del beneficio propio. Es por todo esto que apuesto a la IDR
*para rechazar la hidra del Uno compacto, homogeneo y gelatinoso* (8).

Quisiera ampliar este pensamiento con un texto que hoy mantiene su
vigencia:

*Pero esta Escuela no se hizo para el malestar, sus delicias, el veneno
que las brujas destilan gota a gota, ´la vida de grupo'. Se la penso
para poner la ensenyanza de Lacan en practica, para asegurar su
transmision, para funcionar al servicio del psicoanalisis*. *La crisis,
por contra, le va. Nacida de la crisis, se alimentara en la crisis. Es
mi apuesta*.

*La crisis de 1990, la quisiera fria, neta, sin acritud. Es por lo que
hago de ella casi-matema*.

*Asi pues, abro decididamente la caja de Pandora* (9).

En *Los trabajos y los dias*, Hesiodo cuenta que Zeus le envio a
Epimeteo a Pandora y la hizo su esposa. Existia una caja que contenia
todos los males. Estaba cerrada con una tapadera para impedir que su
contenido se escapara. No bien hubo llegado Pandora, picada por la
curiosidad, la abrio y todos los males se esparcieron por el genero
humano. Solo la esperanza que habia quedado en el fondo no pudo escapar,
pues Pandora consiguio cerrar antes la caja (10).

La puesta en acto de la Escuela Una es *una apuesta*, un desafio que
permite que se abra la caja de Pandora para poder crear algo con ese
malestar.

Entonces para que la AMP no se burocratice, es necesaria su interaccion
dialectica a traves de la Escuela Una.

Ya he comenzado a abrir la caja de Pandora!

(1) Miller (J.A.), Acero el abierto, 29/11/1989, Rev. Uno por Uno, enero
1990.
(2) Revista de Psicoanalisis-37o Congreso de la API (Buenos Aires,
1991), APA 2, pag. 308.
(3) Miller (J.A.), Los signos del goce, Buenos Aires Paidos, 1998.
(4) Grimal (P.), Diccionario de Mitologia Griega y Romana, Buenos Aires,
Paidos, 1965.
(5) Graves (R.), Los Mitos Griegos 2, Buenos Aires, Losada, 1967.
(6) Laurent (E.), EOL-Postal, AMP-VARIA 23/06/2000, traducido por
Graciela Esperanza.
(7) Graves (R.), Los Mitos Griegos 2, op. cit.
(8) Laurent (E.), EOL-Postal, op. cit.
(9) Miller (J.A.), Acero el abierto, op. cit.
(10) Grimal (P.), Diccionario de Mitologia Griega y Romana, op. cit.

***

*Le pari de l'Ecole Une*

par Fabien Grasser

L'Ecole Une est un pari necessaire ! Que veut dire Jacques-Alain Miller
dans *La Declaration de l'Ecole Une*, quand il propose comme Lacan pour
son Ecole en 1964, de *trouver dans la reconnaissance d'un non-savoir
irreductible* le ressort de l'invention de l'Ecole Une ? En quoi ce
savoir impossible peut-il etre le moteur, le noyau, l'agalma de cette
Ecole ?

L'experience a montre qu'il y a une tension entre la question de ce type
de savoir et l'AMP, ses Ecoles, les groupes du Champ freudien. Ces
associations, toutes fondees sur des signifiants-maitres qui leur
permettent leur inscription sociale ne reussissent pas a mettre en place
la reconnaissance d'un tel non-savoir. Quels que soient leurs efforts
toujours renouveles pour y parvenir, elles butent chaque fois sur le
surgissement de la revendication du Un ou de la dimension du multiple et
du separatisme.

C'est grace a l'avancee de l'experience de la passe, des temoignages en
serie de ce qu'il en est de la fin de la cure, que l'exigence logique de
la fonction de l'*extime* a vu le jour. L'extime ouvre une issue a
l'impasse associative, il repond en fait aux consequences structurales
de ce qu'il y a de plus intime a l'experience analytique. Si le chiffre
de l'inconscient, le choix de jouissance originel sont irreductibles a
l'interpretation, la cure analytique revele l'operativite toujours
extime du symptome, et permet un savoir-faire d'invention et de
transmission.

Jacques-Alain Miller faisait remarquer a la Conference institutionnelle
de l'ECF du 12 mars, que l'on ne force pas la mise en fonction de
l'extime selon des criteres rationnels ou une simple mise en fonction
d'un signifiant reduit a un usage. L'ECF devra d'abord trouver, inventer
la place de son extime. Il s'agit donc d'apercevoir la necessite de son
insaisissabilite, de sa force de destabilisation, de surprise, soit
d'apercevoir au moins en quoi l'extime cerne pour une Ecole comme pour
un sujet ce qui ne peut pas se savoir, ce que l'on ne parvient pas a
savoir, et qui ne laisse plus place qu'a l'invention.

En somme, si l'on veut tirer les consequences de l'experience analytique
dans le cadre meme de l'Ecole de Lacan, il y a lieu de faire l'analogie
entre la cure et l'Ecole. La cure entraine sur le chemin du
rebroussement du symptome, elle peut permettre d'entr'apercevoir ce
symptome si singulier ne laissant des lors place qu'a l'invention, mais
c'est a condition de consentir a prendre en compte ce qu'il y a toujours
eu d'extime pour un sujet, irreductible au savoir, epure de toute
interpretation, le symptome. Le nevrose meconnait l'extime, il ne veut
rien en savoir, tout comme le maitre qui ne cesse d'essayer de mystifier
le symptome en proposant des plus-de-jouir en toc a consommer.

Par l'experience de la passe, les inventions singulieres des AE ont
commence a introduire la fonction de l'extime dans l'Ecole. Mais il
reste cette tension entre la structure associative et sa maniere de
traiter l'extime, qui peut declencher des reactions unifiantes,
mutualisantes ou morcelantes. La passe a permis a l'Ecole de rebrousser
une bonne partie du chemin du symptome qui la determine, de cerner
toujours mieux la place irreductible de ce non-savoir moteur de
l'invention. L'extime surgit dans l'Ecole sous le nom d'Ecole Une.
Lacan, dans *La troisieme*, nous l'a indique, *la psychanalyse est un
symptome*, et *le symptome, c'est ce qui empeche que les choses marchent
pour le maitre*. Y a-t-il plus extime pour tout un chacun, et pour
l'Ecole aussi que ce *produit de jouissance non interpretee* (definition
du symptome de Jacques-Alain Miller a son cours du 23 novembre 1994), et
non interpretable quand irreductible ?

L'Ecole Une a donc pour fonction l'invention incessante autour du savoir
inaccessible S(A/), pour permettre au discours analytique de resister
encore a la science contemporaine et l'usage qu'en fait la
mondialisation. Ainsi la psychanalyse peut rester un symptome, et c'est
sa condition de survie. L'Ecole Une sera l'extime de l'Ecole de Lacan,
l'extime des Ecoles de l'AMP, du Champ freudien. Poussees par le desir,
invention et transmission s'opposent au savoir de l'Autre dont
l'existence n'est que mirage. Libido et lamelle ne sont-elles pas
immortelles ? (Lacan, Le Seminaire XI)

29 juin 2000
______________________________________________________________________

ACTES DE CANDIDATURE

1 - Elisa Alvarenga (EBP)

O S1 da AMP nos enlaça, o a da Escola Una descompleta, e causa de
desejo. Por acreditar que a Escola Una e uma invençao propicia a trazer
nova vida as Escolas da AMP e, em particular, a Escola Brasileira de
Psicanalise, afirmo o meu desejo de participar da Escola Una e declaro
minha candidatura ao seu Comite de Açao.

***

2 - Ines Lara de Anderson (ECFC en disolucion)

- Con el deseo de trabajar en el proceso ya iniciado de invencion en el
psicoanalisis de una nueva *lengua de los calculos* que en palabras de
Miller, sea capaz de restablecer entre los psicoanalistas la
Conversacion que se volvio imposible debido a la multiplicacion de
lenguas especiales.

- Con el deseo de Lacan que hago mio, de que no se escatime nada para
que todo lo que se haga de valedero tenga la resonancia que merece y en
el lugar adecuado, ahora sin fronteras.

Apuesto a una escuela translinguistica y transnacional, realidad de la
Escuela Una, que desde un tiempo comienza a sentirse y a mostrarse.
Quedara ver en *apres-coup* de lo que somos capaces.

Brindo en *avant-coup* mi compromiso INES vitable de participar y
trabajar por y en ella, y de promover que lo nuevo la invada. Presento
asi mi autopostulacion para el Comite de accion.

***

3 - Julieta Ravard ( ECFC en disolucion)

Quiero presentar mi candidatura al Comite de Accion de la Escuela Una.
El apoyo que le dio Miller al grupo que se reunia en Caracas en torno a
la ensenyanza de Lacan, permitio el Primer Encuentro con la presencia de
Jacques. Desde entonces, hace ya veinte anyos, aposte y decidi trabajar
por el psicoanalisis lacaniano, y no he cedido en ese proposito.
Contribui a la creacion de la Escuela del Campo Freudiano de Caracas, y
he sido miembro activo de la Comision del Campo Freudiano en Venezuela.
La AMP ha dado ya sus resultados y, en especial, le dio al dispositivo
del pase el lugar propio que le corresponde en la experiencia analitica.
La creacion de la Escuela Una nos permite un paso mas en el encuentro
con lo imprevisto, lo inedito, lo no burocratico. Para ese proyecto de
Escuela como experiencia analitica quiero trabajar en estos momentos.

***

4 - Ronald Portillo (ECFC en disolucion)

Al suscribirme enteramente al concepto de Escuela que legara Jacques
Lacan al psicoanalisis, a su formulacion de la Escuela como experiencia
subjetivable, por tanto interpretable, al planteamiento de Ud. Sobre la
contraexperiencia  como fundamento de lo nuevo a crear a nivel de
nuestras instituciones psicoanaliticas, al principio de la Conversacion
Permanente expresada en la *Declaracion de la Escuela Una*, entre otras
distinguidas razones que sustentan nuestra causa psicoanalitica,
propongo mi candidatura al Comite de Accion de la Escuela Una.
______________________________________________________________________

LA QUOTIDIENNE Lettre d'information de l'AMP publiee a Paris
***
Adresser les textes de la maniere suivante :
objet : LQ (suivi du titre)
adresse : jam@easynet.fr
textes attaches en RTF uniquement
***
Responsable de la publication : le delegue general
**********************************************